mardi, octobre 31, 2006

Actualité - Restructuration chez Bombardier: Moyens de subsistance détruits, moyens de subsistance ajoutés

Les planificateurs du monopole Bombardier ont annoncé simultanément la destruction de 1 330 moyens de subsistance à Montréal et Belfast et l'ajout de 800 à Toronto.

Bombardier, qui n'a qu'un seul concurrent mondial important sur le marché des avions régionaux (la brésilienne Embraer), s'explique dans un communiqué de presse: «La restructuration de l'industrie du transport aérien se poursuit, avec l'octroi de relativement peu de commandes d'avions régionaux dans la catégorie des appareils de 70 à 90 places au cours des dernières années. Cette situation devrait s'améliorer comme en font foi les nombreuses campagnes de vente que nous menons activement. Toutefois, nous devons faire preuve de prudence et gérer de manière proactive la cadence de production de nos biréacteurs CRJ700/900 à court terme, afin de nous assurer d'atteindre notre objectif d'une rentabilité accrue et de garantir notre réussite à long terme. Cela signifie qu'il faut prendre des décisions difficiles mais nécessaires.»

La «décision difficile» entraîne la destruction d'une usine et la perte de 685 moyens de subsistances dans son usine de montage de Montréal et 645 à celle de Belfast, en Irlande du Nord.

Mais il y a un autre côté à la gestion «prudente» des moyens de production de Bombardier et à son plan pour «harmoniser la cadence de production de ses avions régionaux avec la demande actuelle du marché». Bombardier, qui emploie environ 55 000 personnes dans le monde, réparties également entre ses usines d'avions et ses usines de train, ajoute: «Alors que le niveau des commandes pour les biréacteurs régionaux de plus grande capacité pose toujours des défis, le carnet de commandes pour les turbopropulseurs augmente. En outre, les commandes et les livraisons d'avions d'affaires continuent d'augmenter année après année.»

La concurrence monopoliste engendre le pessimisme et la destruction et l'optimisme et la croissance. Si l'«harmonisation de la cadence de production de ses avions régionaux avec la demande actuelle du marché» mène au pessimisme, c'est l'optimisme qui domine quand il s'agit du «niveau des commandes» pour les turbopropulseurs. Les opérations de Bombardier connaîtront simultanément une contraction et une expansion, avec j'ajout de «800 emplois aux installations de Toronto où sont fabriqués les avions de Série Q».

La planification secrète de Bombardier, en réaction à la «demande du marché» et à la concurrence monopoliste, aboutit simultanément à la destruction et à la construction d'usines et de moyens de subsistance. Pour toute personne pensante, c'est inacceptable. Bombardier est l'industrie manufacturière de l'aéronautique et des trains au Canada. L'État canadien et le trésor public au niveau provincial, en particulier au Québec et en Ontario, au niveau municipal et au niveau fédéral, sont fusionnés à Bombardier de mille et une façons. Que les propriétaires du capital de Bombardier daignent l'admettre ou pas, ce monopole est une entreprise publique entièrement socialisée, sous tous les aspects sauf celui de la propriété et du contrôle. L'absence de propriété et de contrôle publics devient particulièrement évidente quand il s'agit de la planification et des annonces comme celle-ci.

Qui prend les décisions à l'entreprise publique socialisée Bombardier? Il n'y a pas de débat et de prises de décisions dans les institutions publiques sur l'avenir du monopole au Canada, même quand on sait quelle quantité de ressources humaines, matérielles et financières y a été investie. Les mesures annoncées servent-elles le bien public? Le public n'a accès à aucune autre information que celle contenue dans les communiqués de presse intéressés du monopole et le radotage à leur sujet dans les masse-médias. Les conséquences d'une décision de cette importance pour Montréal, Toronto et Belfast sont énormes.

Bombardier base ses décisions sur une seule considération: le rendement sur la valeur accumulée (le capital) contrôlée par les principaux propriétaires de la compagnie. Et ce rendement dépend des perspectives de gagner la bataille contre les concurrents et de la nécessité de s'ajuster au niveau actuel et prévu de la demande. Et même ces aspects-là ne sont pas discutés et leur conséquences évaluées publiquement. Nombreux sont ceux qui croient que la planification d'une entreprise publique socialisée doit prendre en considération ses responsabilités envers le facteur humain, l'environnement social et naturel et l'économie sociale intégrée.

Le droit de Bombardier d'embaucher et de licencier à volonté est le même qu'on retrouve à la base de la planification monopoliste qui fait présentement des ravages dans les industries de la forêt et de l'automobile. La classe ouvrière et les employés à salaire doivent mettre le pied à terre et dire: Non à la planification monopoliste! Il est inacceptable à l'âge moderne qu'un petit groupe de propriétaires de capitaux décide secrètement de l'avenir d'un monopole et d'une industrie complète. Ces décisions sont une question de vie ou de mort pour la population, les communautés et leurs moyens de production. Qui décide? Ce n'est pas le public, et pourtant c'est lui qui doit décider et le public réclame des institutions par lesquelles prendre et faire appliquer des décisions à partir d'analyses et d'une information complète. Ce n'est plus acceptable que de petits groupes prennent des décisions en privé sous prétexte que c'est de leur richesse personnelle qu'il s'agit. Leurs décisions ont un impact direct sur des milliers de moyens de subsistance, sur l'avenir d'usines et de communautés, mais ils font à leur guise, impunément, en vertu d'un contrôle et d'une propriété privés d'avoirs publics.

La classe ouvrière et les employés à salaire n'acceptent plus plus d'être considérés comme «un moyen de production» à être soumis aux caprices des propriétaires du capital. Ils refusent le droit de monopole d'embaucher et de licencier sans égard aux conséquences pour les autres. Ils ne sont pas des pièces d'une machine. Ils ne sont pas des «coûts de production». Ils sont le facteur humain dans la création de la valeur ajoutée. Ils sont les bâtisseurs de toute richesse quand ils transforment la matière première en avions, en trains, en maisons et en automobiles.

Le public n'accepte plus que les moyens de production, la valeur accumulée créée par les travailleurs, soit utilisée ou détruite de cette façon. Il n'accepte plus que les principaux propriétaires de la production et des réseaux de distribution et que les gouvernements à tous les niveaux tournent le dos à la conception moderne qui dit que la production socialisée entraîne une responsabilité sociale. Il refuse le droit de monopole de tourner le dos à la responsabilité sociale envers l'environnement social et naturel et envers le bien public.

La destruction de moyens de subsistance et d'usines chez bombardiers, dans le secteur forestier et à Ford Motor ne doit pas passer! Les monopoles n'ont pas le droit de décision. Le public doit décider!

Un autre monde est possible!

(Le Marxiste-Léniniste)

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