lundi, juillet 09, 2007

Actualité - Comment les riches voient l'«opportunité historique» créé par le 11 septembre

VI. Vers une politique énergétique populaire-

Voici la sixième partie de l'article «Comment les riches voient 'l'opportunité historique' créée par le 11 septembre». Pour les parties précédentes: Première: LML 7 mai 2007; Deuxième et troisième: LML 16 mai 2007; Quatrième: LML 4 juin 2007; Cinquième: LML 11 juin 2007.
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L'opposition à la Politique énergétique continentale sous le diktat des monopoles mène à la formulation d'une politique énergétique populaire au service d'une économie pro-sociale et autonome et du bien public.

La «crise énergétique» a été l'excuse de l'État pour subventionner des mégaprojets, comme Syncrude. L'ère des mégaprojets s'est terminée avec les récessions du début des années 1980.

Mulroney a aboli la Politique énergétique nationale (PEN) et, avec le début de l'offensive antisociale, il a amorcé la déréglementation des prix du pétrole et du gaz naturel. Lorsque les prix du pétrole ont chuté dans les années 1980, le premier ministre de l'Alberta Don Getty a baissé les redevances sur l'exploitation du pétrole et étendu le système de subventions directes à d'autres secteurs, comme l'industrie forestière. On estime que ces programmes pour payer les riches ont permis de verser 19 milliards $ directement dans les poches des monopoles du pétrole, de la construction et des forêts.

Après Getty, le gouvernement de Ralph Klein a radié plusieurs prêts gouvernementaux aux monopoles et a établi de nouveaux arrangements avec les secteurs du pétrole, du gaz naturel et de la construction. Malgré les discours grandiloquents à propos de mettre fin à l'ère des subventions directes, les nouveaux arrangements sont que l'État investit plutôt dans l'infrastructure provinciale nécessaire à l'exploitation des sables bitumineux. Ces investissements surpassent de beaucoup les redevances d'exploitation. La construction de projets garantie par l'État sont une autre façon de payer les riches.

Les redevances

Le régime de redevances à payer à la Couronne pour l'exploitation des ressources naturelles vise surtout à étouffer la colère publique face au contrôle privé de l'exploitation de ressources qui sont du domaine public. L'établissement de redevances à payer en fonction du nombre de barils de pétrole extraits et de droits de coupe en fonction du nombre d'arbres abattus crée l'illusion que le public tire quelque chose de l'exploitation de ses ressources naturelles et que les intérêts privés sont forcés de payer une sorte de loyer. C'est jouer sur la conscience libérale des «pratiques équitables» dans la braderie des ressources naturelles, lesquelles sont d'ailleurs souvent situées sur des terres non cédées des Premières Nations. Tant qu'ils ne règlent pas les comptes avec cette conscience libérale, les Canadiens demeurent paralysés par les querelles insignifiantes à propos de la quantité de redevances et ne s'appuient pas sur le principe fondamental que les ressources naturelles appartiennent entièrement au peuple et doivent par conséquent servir le bien public. Il s'agit d'affirmer le droit public et non pas de négocier la cession de droits au nom de l'équité et de l'accommodement raisonnable d'intérêts contraires.

Cette conception de l'exploitation des ressources naturelles centrée sur l'être humain n'a jamais eu beaucoup d'influence dans les cercles officiels du Canada. Elle a pour principe que les ressources naturelles sont publiques, qu'elles doivent le rester en toute circonstance et que le public doit tirer tous les avantages de la transformation des ressources naturelles en produits utilisables. Les intérêts privés y participent uniquement à titre d'entrepreneurs payés pour un travail réel ou à titre d'investisseurs tirant un rendement déterminé. Les intérêts privés ne peuvent jamais contrôler le produit social comme tel, que ce soit le pétrole ou le bois, le gaz naturel, le nickel, l'or, l'uranium, etc., et encore moins la distribution en gros et les prix. Les ressources naturelles sont une partie du fondement de la vie et de la société modernes, l'autre partie étant le facteur humain. Le facteur humain a pour l'essentiel été affranchi de la propriété privée, mais l'autre pilier de la vie et de la société, nos ressources naturelles, demeure assujetti au droit et à la propriété monopolistes. Le facteur humain ne peut progresser et s'épanouir, faire avancer la société et pleinement humaniser l'environnement social et l'environnement naturel à moins de former un tout avec les ressources naturelles de la planète, libérées de l'emprise de l'intérêt étroit et du droit de monopole.

Les redevances et l'impôt sur le revenu des sociétés

Pendant que l'État maintient l'illusion que les redevances représentent un «rendement» pour les propriétaires des ressources, dans les faits elles sont un impôt sur le revenu des sociétés. Dans la comptabilité centrée sur le capital, les redevances apparaissent dans la colonne des coûts de production et les sociétés peuvent les déduire de leurs impôts. L'impôt sur le revenu des sociétés et des particuliers, les frais fédéraux et la TPS sont les principaux moyens dont dispose le gouvernement fédéral pour mettre la main sur une partie de la valeur ajoutée réalisée. Le gouvernement fédéral remet une partie de ces revenus aux provinces.

L'Alberta peut accroître sa réclamation à la valeur ajoutée en augmentant les redevances et l'impôt foncier ou en instituant une taxe de vente provinciale. Les redevances réduisent les réclamations du fédéral à la valeur ajoutée (en réduisant l'impôt sur le revenu des sociétés) et sont une source de conflit entre monopoles rivaux et entre les différents niveaux de gouvernement. L'argent accumulé par le gouvernement avec les redevances, l'impôt sur le revenu et la taxe de vente est une source importante de financement direct des opérations des monopoles et pour la construction des infrastructures nécessaires. Il sert aussi à défendre les empires privés contre les réclamations du peuple et celles des empires rivaux. Les conflits sur le partage des revenus gouvernementaux sont la plupart du temps résolus en fonction de l'influence de tels ou tels monopoles auprès du gouvernement provincial et du gouvernement fédéral.

Les monopoles de l'énergie agissent à l'échelle internationale et misent sur différents gouvernements. Ils tentent souvent de rallier la population de leur côté. Toutes ces contradictions entre les monopoles et entre leurs États-clients détournent les travailleurs de leur politique indépendante et du principe fondamental que la valeur ajoutée de l'extraction des ressources naturelles doit aller au peuple. Les travailleurs doivent également lutter pour que la valeur ajoutée contrôlée par le gouvernement soit investie dans les programmes sociaux et pour une économie qui suffit à ses besoins et qui se développe dans tous les secteurs et toutes les régions, plutôt qu'une économie servant à payer les riches et à participer dans des guerres d'agression impérialistes, comme l'occupation de l'Afghanistan.

Lors du vote sur le budget fédéral, on a pu voir comment les monopoles jouent avec les gouvernements provinciaux et fédéral et à quel point les vieux arrangements institués avec l'Acte de l'Amérique du Nord britannique sont anachroniques et en mal de renouveau. Le budget a donné lieu à un âpre conflit entre les provinces et le gouvernement fédéral au sujet de la péréquation et du partage des réclamations gouvernementales sur les revenus du pétrole et du gaz naturel en Saskatchewan et sur les côtes de Terre-Neuve et Labrador et de la Nouvelle-Écosse.

Les redevances et les sables bitumineux

Le gouvernement albertain tire des redevances de l'exploitation des sables bitumineux directement des projets en cours suivant une formule basée sur une comptabilité des revenus et dépenses centrée sur le capital.

Le taux de redevance et d'imposition de l'exploitation du pétrole brut conventionnel est calculé suivant une forme qui tient compte de l'investissement total, de l'âge et de dépréciation des immobilisations et du prix annuel moyen du baril de pétrole. En 2006, les redevances sur le pétrole conventionnel étaient en moyenne de 7,15$ le baril.

Le taux de redevance et d'imposition pour les sables bitumineux est calculé différemment. Les projets de sables bitumineux ont toujours été basés sur une formule de «revenus moins les coûts». Au début elles étaient négociées cas par cas et en 1997 le gouvernement albertain a institué un calcul universel à des conditions encore plus favorables pour les monopoles. L'Institut Pembina calcule que les redevances moyennes pour l'exploitation des sables bitumineux étaient de 2,29$ le baril de 1997 à 2005. Depuis que le système a été implanté, l'impôt sur le revenu des sociétés a baissé, l'impôt fédéral passant de 28% à 21% et l'impôt provincial de 15% à 10%.
La baisse des réclamations du gouvernement albertain à la valeur ajoutée se traduit par une hausse des réclamations des monopoles pétroliers et une réclamation un peu plus élevée du gouvernement fédéral.

Le régime de redevances et d'imposition des sables bitumineux impose le rendement du capital-actions pour un projet donné, pas pour l'ensemble des opérations du monopole. Les monopoles pétroliers ont réussi à manipuler le régime pour faire baisser les redevances et impôts sur le baril.

Le régime de redevances et d'imposition pour les sables bitumineux est basé sur les revenus et dépenses de chaque projet et sur la réclamation des propriétaires du capital-actions à la valeur ajoutée. Les coûts de production, notamment les coûts fixes de construction, peuvent être amortis de manière à maintenir le taux de redevances et d'imposition sur le capital-actions à 1% jusqu'à ce que le monopole ait récupéré ses «coûts». Ensuite les redevances sont fixées à 1% du revenu brut ou 25% du revenu net. Les usines sont construites en phases, et à chaque nouvelle phase le projet revient au taux fixe de 1%.

Ce sont des conditions d'exploitation extrêmement avantageuses pour les monopoles des sables bitumineux. Elles encouragent l'exploitation rapide sans s'occuper des conséquences pour l'environnement social et l'environnement naturel. Cela stimule l'emprunt, puisque les réclamations des propriétaires de la dette à titre de frais et intérêts ne sont pas considérées comme un profit mais comme un coût de production pouvant servir en pratique à réduire le taux de redevances et d'imposition. Un monopole pétrolier peut se prêter à lui-même de l'argent, en passant par une filiale ou par une entreprise financière ayant les mêmes actionnaires, puis déduire les frais et intérêts à titre de coût de production.

Voici un autre cas de créativité comptable: Le monopole paie une redevance de 1% pour l'exploitation des sables bitumineux jusqu'à ce que le rendement du capital-actions d'un projet donné par rapport à l'investissement total (c'est-à-dire le taux de rendement du capital action) dépasse le taux en vigueur des obligations à long terme du Canada. Mais le taux de rendement du capital-actions est facilement manipulé. On peut en effet déduire les réclamations à la valeur ajoutée à titre de coûts de production, notamment les réclamations des travailleurs pétroliers, des employés à traitement et des directeurs, les frais et intérêts, le loyer, l'impôt foncier et la taxe de vente. Toute la valeur ajoutée est considérée comme un coût de production, sauf la partie réclamée par les propriétaires du capital-actions.

Avec cette formule, les redevances totales sur l'exploitation des sables bitumineux de 1995 à 2005 n'étaient que de 4,4 milliards $. L'augmentation du prix du pétrole a entraîné une hausse des redevances en 2006-2007, les monopoles recouvrant leurs «coûts» plus tôt que prévu. Mais on s'attend à ce que les redevances chutent à nouveau en 2007-2008. On prévoit que les redevances sur la valeur ajoutée des sables bitumineux vont tomber à environ 2,00$ le baril au moins juqu'en 2015 parce que de nouvelles usines sont construites en phases. Les monopoles pétroliers étendent leurs empires privés avec un rendement du capital-actions garanti, des paiements de frais et intérêts, des gains à la bourse et les réclamations extravagantes des directeurs. Si le projet d'oléoduc Keystone est approuvé, permettant l'expédition de bitume brute aux États-Unis, les redevances vont baisser encore plus car les monopoles vont se vendre de la bitume à eux-mêmes, à des prix fixés par eux. On assistera à un phénomène: les redevances totales vont chuter pendant que la production va grimper.

Cet arrangement, qui sert en partie à détourner la classe ouvrière et la société civile de l'affirmation de leurs droits de propriété des ressources naturelles, se résume à une braderie éhontée de nos ressources naturelles.

Il faut alors se demander où est passé le rendement pour le public? Il a investi des dizaines de milliards de dollars d'argent public dans les projets pétroliers et les travailleurs y ont investi leur travail qui, en fin de compte, est le seul facteur qui transforme le pétrole en produits utilisables.

Une économie qui suffit à ses besoins

Le gouvernement albertain ne songe jamais à lier la vente des ressources naturelles à la construction d'une base industrielle avec un secteur manufacturier intégré qui suffit à ses propres besoins et une augmentation des investissements dans les programmes sociaux. Les Canadiens sont de plus en plus convaincus que la vente des ressources naturelles doit être liée à des obligations d'investissement proportionnel dans les industries de base et le secteur manufacturier à l'échelle régionale et nationale et dans les programmes sociaux. La vente du pétrole et du gaz naturel aux États-Unis doit être soumise à de telles obligations. L'expédition de bitume brute est particulièrement destructrice et le projet d'oléoduc Keystone et toute proposition future d'expédier la bitume brute doivent être interdites par la Commission nationale de l'Énergie parce qu'elles vont à l'encontre du bien public.

Le gouvernement de l'Alberta décrit comme suit l'«avantage principal» à brader nos ressources naturelles et à se soustraire à ses responsabilités sociales concernant les sables bitumineux: «Le gouvernement partage les risques d'investissement plus qu'avec le système conventionnel de redevances.»

Voilà la conception centrée sur le capital du rôle du gouvernement: partager les risques de l'investissement privé. Cet arrangement en particulier, où les risques sont non seulement partagés mais à toute fin pratique éliminés, est très avantageux pour certains monopoles. L'État consacre des milliards de dollars à la construction des infrastructures, les ressources naturelles du pays sont remises à des monopoles privés, le gouvernement américain compte sur le pétrole albertain pour alimenter sa machine de guerre et les redevances sur l'exploitation des sables bitumineux ne sont payées qu'après l'obtention d'un certain rendement garanti sur le capital-actions.

Avec tout l'argent qui afflue dans leurs coffres en banque, faut-il se surprendre que les monopoles du secteur de l'énergie deviennent de grotesques empires privés qui dictent la politique nationale et étrangère du Canada? Les Canadiens doivent trouver le courage et la force organisationnelle et politique pour placer ces monstres énergivores sous contrôle et commencer à restreindre leur pouvoir et leur autorité.

Les Canadiens, et la classe ouvrière et les résidants de l'Alberta plus particulièrement, se font dire que la braderie des ressources naturelles, notamment le pétrole et le gaz naturel, est la voie de la prospérité. On dit que la tragédie du 11 septembre 2001 a créé une «opportunité historique» (pour restructurer l'économie canadienne pour qu'elle soit encore plus subordonnée à l'économie américaine). Mais on omet de dire que les monopoles de l'énergie grugent l'économie socialisée et sont payés par l'État pour le faire. Les travailleurs du pétrole exercent un des métiers les plus difficiles qu'on puisse trouver. Ils travaillent pendant plusieurs mois de l'année dans un froid glacial, dans des camps isolés et dans des conditions incroyablement dangereuses. Ils font un travail saisonnier, imprévisible et dépourvu de toute sécurité. Ils viennent de tous les coins du Canada durant les années d'essor économique, souvent arrachés à leurs familles et communautés, pour finalement se retrouver à la rue quand l'essor fait place à la récession. Aujourd'hui c'est de partout dans le monde qu'ils proviennent, à titre de «travailleurs invités», une forme d'esclavage. La classe ouvrière ne peut accepter que l'État s'occupe des propriétaires du capital-actions et se soustrait à toute responsabilité envers la sécurité et le bien-être des travailleurs du pétrole?

L'État canadien assume la fonction de saisir les ressources naturelles énergétiques et d'en faire la propriété privée des monopoles. Il nie aux Canadiens et aux Premières Nations leur droit de propriété et de contrôle de toutes les ressources naturelles et bloque l'utilisation de l'entière valeur ajoutée produite à même les matières premières pour le bien public.

Les sables bitumineux sont exploités par la subvention de l'exportation du pétrole aux États-Unis, ce qui veut dire subventionner la machine de guerre américaine. La classe ouvrière et le peuple n'ont aucun contrôle sur la production de l'énergie ou sur l'utilisation de cette grande richesse naturelle à l'avantage de l'économie socialisée du Canada et des peuples du monde. Une poignée de monopoles, étrangers pour la plupart, contrôle le secteur de l'énergie. Ils décident quand et comment exploiter ces ressources, où expédier le pétrole et quelle direction l'économie doit prendre. Ils considèrent les décisions qu'ils prennent comme étant privées.

Les monopoles voient la «guerre contre la terreur» de George W. Bush comme une occasion d'offrir un «approvisionnement sécurisé» d'énergie à des prix monopolistes. Leur point de départ est leurs intérêts étroits, pour lesquels ils sont tout à fait disposés à sacrifier la souveraineté du pays, les droits ancestraux des peuples autochtones, le bien-être de la classe ouvrière et l'environnement naturel et social.

Les ressources énergétiques du Canada se trouvent sur des terres publiques et sur de vastes territoires non cédés des peuples autochtones. Les propriétaires des terres se voient nier le droit de décider de leur utilisation. C'est une situation qui préoccupe de plus en plus. Le processus d'extraction du pétrole des sables bitumineux a un impact environnemental énorme. Si les monopoles continuent d'utiliser le gaz naturel pour produire la valeur nécessaire au processus d'extraction, il faudra plus que toute la production envisagée avec le projet d'oléoduc de la vallée du Mackenzie pour fournir aux États-Unis les cinq millions de barils par jour demandés. Les médias parlent beaucoup ces temps-ci de la nécessité de bâtir des centrales nucléaires même si les coûts sont énormes. Avec le mode d'exploitation en découverte, il faut déterrer et déplacer deux tonnes de sables bitumineux pour chaque baril de pétrole produit. Il faut aussi d'énormes quantités d'eau, provenant ou bien de la rivière Athabasca ou des aquifères sous-terrains, ce qui met des réserves d'eau en péril.

Les projets d'exploitation des sables bitumineux ont pour seul but d'alimenter la machine de guerre des États-Unis et d'entretenir la culture de l'automobile qui requiert un approvisionnement en combustibles fossiles impossible à soutenir. Il faut une discussion et un engagement politique de la classe ouvrière et du peuple. Il faut discuter de ce que les travailleurs peuvent faire pour changer la direction de l'économie en leur faveur. Il faut répondre au problème posé et à résoudre: Le peuple peut-il, sans avoir le pouvoir politique, décider des politiques énergétiques, mettre les ressources naturelles sous contrôle public et établir une Politique énergétique populaire au service d'une économie pro-sociale qui suffit à ses besoins et au service du bien public?

La propriété et le contrôle publics de la production et de la distribution du pétrole, du gaz naturel et des autres sources d'énergie sont urgents. Qu'il s'agisse des peuples autochtones, des travailleurs qui extraient le pétrole et construisent les oléoducs et des communautés, qu'il s'agisse du peuple canadien dans son ensemble, tous bénéficieront de l'élimination du contrôle privé des ressources énergétiques et du pouvoir politique. Une fois en mesure de suffire à ses propres besoins de pétrole, le Canada peut fixer ses prix de manière à servir un projet d'édification nationale. Les ressources énergétiques sous contrôle public, les Canadiens seront en position d'exercer un contrôle sur les autres aspects importants, comme les méthodes d'exploitation et leurs conséquences sur l'environnement social et naturel, la quantité et le prix, à qui vendre le surplus et ainsi de suite.

Les ressources naturelles sont du domaine public et doivent le demeurer en toute circonstance et c'est le public qui doit bénéficier de la transformation des ressources naturelles en produits utilisables. La lutte pour établir le contrôle public est une composante de la lutte pour établir un gouvernement anti-guerre au Canada et bâtir une économie socialisée pro-sociale et qui suffit à ses besoins, au service du bien public.

(Le Marxiste-Léniniste, par Peggy Morton)

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vendredi, juin 29, 2007

Actualité - Le cycle de négociations de Doha agonise sous les récriminations

Les pourparlers pour relancer le cycle de Doha sur la diminution des tarifs douaniers sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se sont soldés par un échec à la fin de la semaine dernière. Plusieurs signes indiquent que les divisions pourraient être insurmontables.

Les discussions qui ont eu lieu à Potsdam entre les membres du G4 (les Etats-Unis, l’Union européenne [UE], l’Inde et le Brésil) avaient pour but de définir les grandes lignes d’un accord pour sortir de l’impasse les discussions entre l’ensemble des 150 membres de l’OMC.

L’échec était une répétition de l’effondrement des discussions à six qui ont eu lieu il y a un an, même si à cette occasion les récriminations étaient quelque peu différentes. L’an dernier, cinq partis tendaient à blâmer les Etats-Unis. Cette fois, les Etats-Unis et l’UE se sont ligués contre le Brésil et l’Inde.

Le ministre indien du Commerce, Kamal Nath, a accusé les pays riches d’arrogance et d’inflexibilité. « Ce n’est pas qu’une question de chiffres. C’est une question d’attitude. Les Etats-Unis ne réalisent pas que le monde a changé », a-t-il dit au Financial Times.

Quant à eux, les Etats-Unis et l’UE ont dit que l’Inde et le Brésil n’ouvraient pas véritablement leurs marchés aux produits manufacturiers en échange de réductions des subventions agricoles américaines et des réductions de tarifs européens.

Selon le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, « Il est apparu de la discussion [sur les biens industriels] que nous ne pourrions pas distinguer de changement commercialement substantiel ou important dans les tarifs des économies émergentes. » Nath a unilatéralement déclaré que les pourparlers étaient terminés et a quitté sans autre consultation, a-t-il déclaré.

Nath a dit que les Etats-Unis offraient de plafonner leurs subventions agricoles à dix-sept milliards de dollars, une réduction de cinq milliards par rapport à son offre précédente, mais une somme qui demeure toujours beaucoup plus élevée que les douze milliards que demandent l’Inde et le Brésil.

En échange, l’EU et les Etats-Unis ont demandé un plafond de dix-huit pour cent pour les tarifs sur les biens industriels dans les pays en voie de développement. Le Brésil et l’Inde offrent trente pour cent et disent que toute diminution de ce plafond dépendra de la réduction des subventions américaines aux fermiers.

La représentante américaine au Commerce, Susan Schwab, a maintenu que les Etats-Unis et l’UE étaient prêts à faire des concessions, mais que la montée de la Chine en tant qu’exportateur manufacturier augmentait les inquiétudes au sein des pays en voie de développement quant à une augmentation de la concurrence.

Les pourparlers ont commencé « plutôt bien, l’UE et les Etats-Unis faisant des progrès sur les différends portant sur l’agriculture. Puis, nous sommes passés aux biens manufacturiers et soudainement, nous étions à différents niveaux ». Le « recul » apparent de l’Inde et du Brésil par rapport à des offres précédentes de diminutions de tarifs faites lors de sessions de négociations antérieures a pour cause « principalement leurs inquiétudes quant à la Chine ».

En regardant les différentes affirmations et négations, il est clair que les différents partis ont de bonnes raisons de ne pas voir le cycle de Doha se résoudre.

Depuis un certain temps, il est clair que les Etats-Unis sont plus intéressés à des accords bilatéraux et à des ententes de commerce régionales qu’à obtenir un accord général au sein de l’OMC.

En ce qui concerne l’Union européenne, les diminutions des tarifs sur les produits de l’agriculture sont une question politiquement explosive dans plusieurs pays, particulièrement en France.

Quant aux politiciens indiens, l’échec des pourparlers leur offre l’occasion d’essayer de gagner la faveur des agriculteurs en blâmant les Etats-Unis et l’UE.

De retour à New Delhi, Nath jeta le blâme sur les Etats-Unis, affirmant que le refus de réduire leurs subventions dans le domaine de l’agriculture était injuste pour les pays en développement. « Tous offrent quelque chose sauf un pays qui dit que “ rien de ce qui est offert ne m’intéresse”. »

Nath a déclaré qu’il était « très malheureux que les demandes des pays développés soient complètement irréalistes, injustes et inéquitables. Les pays développés doivent cesser de présenter faussement la situation, c’est ce qui est le plus important. »

Les commentaires de la presse indienne ont exprimé du ressentiment à l’égard des Etats-Unis et ont offert une perspective différente sur les enjeux traités par les médias occidentaux.
Un article du Hindu a soutenu que, bien que les marchandises industrielles aient toujours constitué une « pomme de discorde », ce fut l’ouverture des marchés de l’agriculture dans des pays comme l’Inde qui fut particulièrement sujet à controverse.

« La position du gouvernement indien a toujours été la même : les questions de l’agriculture de subsistance et la question plus générale de la sécurité alimentaire au pays ne peuvent jamais être sacrifiées sur l’autel du libre-échange. Plus particulièrement, on ne peut permettre aux produits de l’agriculture hautement subventionnés provenant des Etats-Unis et de l’Union européenne de submerger l’agriculture indienne. »

Un commentaire publié lundi dans le Business Standard déclara qu’il semblait que le « cycle de Doha était fichu, et c’était peut-être aussi bien ainsi ».

« Dès le départ, il était clair que cette ronde de négociations n’allait pas mener à grand-chose. La mondialisation et les disparités de revenus qui en ont résulté ont créé des pressions politiques internes qui font que de telles concessions sont extrêmement difficiles à faire. Par exemple, comment dites-vous à 300 millions de fermiers indiens, qui luttent déjà pour leur survie, que les importations moins chères sont bonnes pour eux ? »

L’article affirmait que la seule chose qui pourrait mettre fin à la querelle, qui se déroule depuis cinq ans, était le fait que les pouvoirs du président américain autorisés par le Congrès et lui permettant d’accélérer les négociations arrivent à échéance sans possibilité de renouvellement.
« Lorsque la puissance dominante mondiale ne voit aucun avantage important dans le multilatéralisme, elle sera nécessairement poussée à le faire échouer. Et le commerce n’en est que l’exemple le plus récent. Le processus est en cours depuis plusieurs années et a débuté lorsque les Nations unies se sont fait remettre à leur place. »

Les inquiétudes du Japon face à l’effondrement des pourparlers furent reflétées dans un commentaire publié dans le Yomiuri Shimbun. Celui-ci affirmait que l’échec de n’avoir pu surmonter l’impasse lors des discussions de Potsdam, ainsi que l’exclusion du Japon des pourparlers, constituaient « de sombres faits qui doivent être sérieusement pris en considération ».

Le journal déclara que toutes les puissances du G4 devaient être tenues responsables de l’échec des négociations et que le Japon devait maintenant faire de « douloureuses concessions » concernant l’ouverture de ses marchés afin d’adopter « un rôle majeur dans les négociations ».

Ces commentaires expriment la crainte sous-jacente existant dans les milieux dirigeants et commerciaux de nombreux pays que l’effondrement des négociations du cycle de Doha pourrait marquer la fin définitive du multilatéralisme tel qu’il a caractérisé les relations commerciales depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Comme David Woods, analyste commercial et ancien porte-parole de l’OMC, a déclaré à l’agence Reuters, un effondrement du cycle de Doha pourrait entraîner une intensification des conflits commerciaux entre les grandes puissances qui ont déjà formulé des plaintes à l’organisme mondial du commerce sur des produits tels que le maïs, le coton, les avions et les pièces automobiles. Le protectionnisme pourrait aussi commencer à s’intensifier, aggravant ainsi les tensions qui couvent déjà entre la Chine et ses partenaires commerciaux, tels que les Etats-Unis.

(World Socialist Web Site, par Nick Beams)

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samedi, juin 23, 2007

Actualité - Non à la guerre! Non au Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité!

- Collectif Échec à la guerre et Alliance canadienne pour la paix, 14 juin 2007 -

Les 21 et 22 août prochains, se tiendra au Château Montebello, dans l'Outaouais québécois, la troisième rencontre des leaders canadien, étasunien et mexicain — Harper, Bush et Calderon — dans le cadre du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité (PSP). Le Collectif Échec à la guerre et l'Alliance canadienne pour la paix dénoncent ce partenariat des plus hautes sphères économiques et politiques des trois pays parce qu'il n'améliorera ni la sécurité ni la prospérité des populations et qu'il est contraire à leurs aspirations. Nous appelons tous les organismes et tous les individus qui prônent la paix à protester contre la guerre et le PSP au mois d'août.

Le Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité (PSP) a été signé par le premier ministre Paul Martin et les présidents Vicente Fox et George W. Bush, le 23 mars 2005. Puis est venu le second sommet, à Cancun, en mars 2006, où Stephen Harper représentait le Canada.

Les reportages médiatiques sur ces rencontres ont passé sous silence les enjeux cruciaux qui fondent ce «partenariat»: l'extraction et la livraison accélérées des ressources pétrolières et hydrauliques canadiennes à l'économie étasunienne; l'approfondissement du partenariat économique avec les États-Unis à condition d'adopter la guerre comme élément central de politique étrangère; le prétexte de la «sécurité nationale» pour justifier le secret entourant la nature précise des discussions et des accords conclus.

Garantir et accroître les profits des plus grandes entreprises

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, George W. Bush déclarait «vous êtes avec nous ou vous êtes avec les terroristes». Cette année-là, la seule directive qu'avait reçue Paul Celluci, lors de son entrée en fonction comme ambassadeur des États-Unis au Canada, était de faire en sorte que les dépenses militaires canadiennes augmentent de façon très importante. Au cours de son mandat, il répétera inlassablement que, pour les États-Unis, «la sécurité est plus importante que le commerce». Le message était clair: à moins d'adopter le même agenda «sécuritaire» que les États-Unis, nos relations commerciales pourraient en souffrir.

C'est dans ce contexte qu'en janvier 2003 le Conseil canadien des chefs d'entreprises (CCCE) lance son Initiative nord-américaine de sécurité et de prospérité dans laquelle il prend notamment position pour la «frontière intelligente», pour la sécurité de l'approvisionnement étasunien en ressources énergétiques canadiennes, pour le bouclier antimissile, pour l'accroissement des dépenses militaires et pour l'interopérabilité des forces armées canadiennes et étasuniennes. En avril 2004, dans un document d'orientation intitulé Nouvelles frontières:

bâtir un partenariat Canada-États-Unis pour le 21e siècle en Amérique du Nord, le CCCE adhère totalement au credo de Bush: «La croissance de l'économie mondiale et l'avenir du Canada (...) dépendent essentiellement des mesures que nous et les autres pays appliqueront pour faire échec aux menaces incessantes du terrorisme et des états hors-la-loi. Bref, pour le Canada et pour le reste du monde, la sécurité économique et la sécurité physique sont devenues inséparables». En avril 2003 et en avril 2004, le CCCE tiendra même ses réunions printanières à Washington, en y associant plusieurs dirigeants politiques et militaires étasuniens.

Et en avant pour la guerre!

Le changement du rôle international des Forces canadiennes (FC) vers des opérations guerrières en partenariat avec l'armée étasunienne s'est effectué progressivement, depuis une quinzaine d'années, sans débat public et à l'insu de la population. C'est en février 2005 qu'il a été officialisé dans le budget du gouvernement libéral qui annonçait la plus forte augmentation des dépenses militaires depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale (12,8 milliards de dollars sur 5 ans). Le mois suivant, faisant écho au puissant lobby des grandes entreprises canadiennes et reprenant presque textuellement leurs orientations, est signé le PSP. La signification réelle de ce «partenariat» allait commencer à se préciser dans les mois suivants.

Le 19 avril 2005, le nouvel Énoncé de politique internationale (EPI) du gouvernement Martin annonçait son intention d'accroître les forces régulières des FC de 5 000 membres et les forces de réserve de 3 000 membres et de doubler la capacité d'intervention rapide de l'armée canadienne à l'étranger. Et en juillet 2005, on annonçait que les troupes canadiennes en Afghanistan seraient déplacées de Kaboul à Kandahar, et qu'en février 2006, 1 400 soldats de plus seraient envoyés dans cette zone. Des nouvelles accompagnées de déclarations du nouveau Chef d'état-major de la Défense, Rick Hillier, se réjouissant de pouvoir pourchasser ces «ordures» terroristes et de voir enfin l'armée canadienne jouer son vrai rôle «d'être capable de tuer des gens».

Des politiques anti-démocratiques

Répondant aux voeux des grandes entreprises au Canada — qui sont aussi celles qui profitent le plus des contrats militaires et ‘sécuritaires' — le Gouvernement du Canada a donc imposé à la population une politique étrangère guerrière qu'elle continue par ailleurs de rejeter en majorité.

De plus, tel que cela a été révélé il y a quelques mois seulement, au nom du même partenariat, on vise à quintupler l'exploitation des sables bitumineux en Alberta d'ici à 2030, rendant d'autant plus farfelue la prétention du gouvernement conservateur actuel de se préoccuper de l'impact des gaz à effet de serre et de vouloir respecter l'esprit du Protocole de Kyoto. Sur cet enjeu, l'écart entre les politiques du gouvernement et la volonté de la population est encore plus patent.

Le troisième sommet du PSP réunira un président étasunien dont les politiques sont appuyées par à peine le quart de sa population, un président mexicain dont l'élection est hautement contestée et un premier ministre canadien d'un gouvernement minoritaire. Les ententes qu'ils concluront à Montebello, sans débat parlementaire et sans discussion publique, n'auront aucune légitimité. Le Collectif Échec à la guerre et l'Alliance canadienne pour la paix appellent donc la population québécoise et canadienne à réaffirmer son opposition aux politiques guerrières, anti-environnementales et anti-démocratiques du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité et à protester contre la tenue du sommet du PSP.

Non aux guerres d'occupation en Irak et en Afghanistan! Non au saccage accéléré de notre planète! Non au Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité!

(Le Marxiste-Léniniste)

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samedi, juin 16, 2007

Actualité - Les États-Unis attaquent le Venezuela : la « liberté de presse » en tant que prétexte pour une intervention

La secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a profité de l’ouverture de l’assemblée générale de l’Organisation des Etats américains (OEA) le lundi 4 juin à Panama City pour intensifier la propagande américaine contre le gouvernement nationaliste de gauche du président du Venezuela, Hugo Chavez.

Après que le gouvernement vénézuélien ait décidé de ne pas renouveler le permis de diffusion de RCTV, une chaîne de télévision vénézuélienne qui était impliquée en avril 2002 dans une tentative avortée de putch contre Chavez inspirée par Washington, Rice a appelé l’OEA à lancer une enquête immédiate sur cette décision et sur l’état de la liberté d’expression au Venezuela.
Rice a déclaré : « La liberté d’expression, la liberté d’association et la liberté de conscience ne sont pas des épines dans le pied du gouvernement. Etre en désaccord avec votre gouvernement n’est pas non patriotique et, très certainement, ne devrait pas être un crime dans aucun pays, particulièrement une démocratie. »

Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Nicolas Maduro, a rejeté l’attaque, accusant Washington de violer la souveraineté de son pays et ridiculisant les efforts de Rice pour faire la leçon au Venezuela sur les droits de l’homme. « L’OEA devrait former une commission spéciale pour se pencher sur la violation quotidienne des droits de l’homme à la frontière sud des Etats-Unis, a-t-il dit. Combien de prisonniers y a-t-il à Guantanamo ? Où les ont-ils kidnappés ? »

Prenant la parole à Prague le mardi suivant, le président Bush a aussi attaqué le Venezuela. « Au Venezuela, des dirigeants élus ont recours à un populisme superficiel pour démanteler des institutions démocratiques et pour resserrer leur emprise sur le pouvoir », a-t-il dit.
Le Sénat américain a aussi critiqué le Venezuela, votant une résolution en défense de RCTV qui fut soutenue par les deux candidats en avance dans la course pour choisir le candidat présidentiel du Parti démocrate, Hillary Clinton et Barack Obama.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme se sont aussi jointes au concert des critiques, y compris l’organisation douteuse Reporters sans frontières, dont une part substantielle du financement provient du National Endowment for Democracy (Fondation nationale pour la démocratie), une agence fondée par Washington pour la réalisation d’opérations politiques autrefois dévolues à la CIA.

Les inquiétudes de Washington quant à la liberté de presse sont très sélectives. Il vaut la peine de souligner que la campagne de dénonciations sur le sort de RCTV se produit au même moment où le silence règne sur les attaques tous azimuts sur la presse d’un des alliés clés de Washington dans la « guerre au terrorisme ». Le dictateur pakistanais, le général Pevez Musharraf, a promulgué un décret le lundi 4 juin donnant à son gouvernement le pouvoir de fermer tout réseau indépendant de télévision. Le régime a systématiquement bloqué la diffusion de chaînes de télévision qui faisaient des reportages sur la crise constitutionnelle grandissante suivant le limogeage du juge en chef du Pakistan par Musharraf.

L’hypocrisie de l’administration Bush sur la question de la liberté de presse a clairement été montrée dans une conférence de presse du département d’Etat du lundi 4 juin. Le porte-parole du département a dénoncé « les gestes anti-démocratiques du gouvernement du Venezuela », il a réclamé que le RCTV « soit de nouveau en opération » et a fait l’éloge des manifestations organisées en grande partie par les formations anti-gouvernementales de droite qu’il a qualifiées de lutte pour la « démocratie ».

Lorsqu’on lui a demandé quelques minutes plus tard ce qu’il pensait de la répression des médias au Pakistan, le porte-parole est resté très circonspect, se limitant à déclarer que Washington « suivait la situation de proche ». Il a continué ainsi : « C’est une question qui concerne le peuple pakistanais et le gouvernement pakistanais doit le résoudre dans le cadre de sa propre loi. »
Mais c’est précisément le cas au Venezuela. Les problèmes ont été résolus légalement, le gouvernement ayant le pouvoir d’accorder ou de refuser le droit aux sociétés de diffusion privées d’utiliser les ondes publiques, dans la mesure où cela est bénéfique à la population.

RCTV n’a pas été démantelé, ses directeurs n’ont pas été arrêtés ni son équipement confisqué. Son permis est échu et n’a tout simplement pas été renouvelé. Sa fréquence hertzienne a été offerte à une nouvelle station de télévision publique, TVes — Venezuela Social Television.
Il est aussi à noter que moins de deux mois auparavant, le gouvernement d’Alan Garcia au Pérou a retiré d’un coup les droits de diffusion de deux stations de télévision et de trois stations de radio, car ces dernières auraient soutenu une grève. Encore une fois, aucune indignation de Washington.

Le fait que RCTV, davantage reconnu pour ses soap-opéras (telenovelas) et ses jeux télévisés que pour ses commentaires politiques, se voit refuser le renouvellement de son permis n’est certainement pas une attaque sur la liberté de presse. La chaîne est libre de continuer à diffuser sa programmation via le câble ou le satellite, mais ne peut utiliser les ondes publiques. De plus, la compagnie conserve les droits de diffusion pour deux stations de radio.

La véritable question à se poser est pourquoi cette station n’a-t-elle pas été fermée plus tôt et pourquoi sa direction n’a-t-elle pas été arrêtée et poursuivie en justice et pourquoi un traitement similaire n’a-t-il pas été imposé aux autres diffuseurs qui profitent toujours du permis refusé à RCTV.

RCTV fait partie d’un réseau étroitement lié de sociétés médiatiques qui appartiennent à l’oligarchie financière et de propriétaires terriens du Venezuela et qui reflètent ses intérêts.

La principale raison évoquée par le gouvernement dans son refus de renouveler le permis de RCTV sont les agissements de la chaîne durant le coup d’Etat droitier soutenu par l’administration Bush qui avait brièvement destitué Chavez, le président du pays élu par vote populaire, et porté au pouvoir une junte d’officiers militaires et de dirigeants patronaux. Le coup d’Etat fut déclenché le 11 avril 2002, sous le prétexte d’une présumée répression gouvernementale contre des manifestants anti-gouvernementaux, et se termina deux jours plus tard face à une rébellion massive des travailleurs vénézuéliens et des couches opprimées opposées à la junte. Chavez, qui avait été fait prisonnier par les leaders du coup d’Etat, fut relâché et reconduit au palais présidentiel.

Il faut noter que Washington n’essaya même pas de cacher sa satisfaction face au coup d’Etat qu’il avait aidé à préparer, déclarant légitime la junte qui remplaça brièvement Chavez et n’émettant aucune protestation alors que cette dernière abolissait la constitution, démantelait l’Assemblée nationale et forçait la fermeture des médias télé, radio et imprimés que l’on croyait être des partisans du gouvernement Chavez.

Le décret gouvernemental refusant le renouvellement du permis de diffusion de RCTV cita sa « participation active dans le coup d’Etat d’avril 2002 » et ses « appels à des actes de sabotage de l’économie nationale ».

La station joua un rôle direct d’appui lors du renversement illégal d’un gouvernement élu. Il diffusa d’abord délibérément une fausse description des événements qui fut utilisée comme prétexte pour le coup d’Etat, à savoir les affrontements entre une manifestation organisée par l’opposition (défendue activement par RCTV) et les partisans du gouvernement Chavez, le 11 avril 2002. Des coups de feu qui causèrent la mort de 18 personnes et qui en blessèrent 150 autres furent présentés comme l’oeuvre de tireurs pro-Chavez, alors qu’en réalité des tireurs avaient fait feu dans la foule qui défendait le palais présidentiel de la manifestation de l’opposition.

La chaîne rapporta ensuite que Chavez avait démissionné volontairement, alors que les propriétaires de la station savaient bien que le président vénézuélien avait été arrêté illégalement et était détenu à une base militaire. Au cours des événements d’avril, la station se transforma en un centre de propagande pour les planificateurs et les partisans du coup d’Etat.
Ensuite, lorsque des centaines de milliers de travailleurs vénézuéliens manifestèrent pour s’opposer au coup d’Etat et exiger le retour au pouvoir de Chavez, RCTV ne présenta plus aucune nouvelle, diffusant plutôt des dessins animés et de vieux films.

Lorsque l’opposition, encore avec l’appui de Washington, organisa une grève des employeurs et un arrêt de l’industrie pétrolière fin 2002 et début 2003, RCTV prit encore une fois ouvertement la défense de ces actes.

Mais il faut noter que le comportement de RCTV ne diffère pas, ou à peine, de toutes les autres grandes chaînes de télévision privée au Venezuela, incluant Venevision, propriété du magnat cubain-vénézuélien des communications, Gustavo Cisneros, et Globovision, l’affilié vénézuélien de CNN, qui en avril 2002 avait donné les ondes à l’amiral Hector Ramirez, alors chef de la marine vénézuélienne, pour diffuser un appel à tout le personnel militaire à se joindre au coup. Les deux possèdent encore leur permis de diffusion.

Venevision, qui va bénéficier significativement de la perte par RCTV de son permis, a conclu une entente avec le gouvernement Chavez qu’elle allait cesser de faire de l’agitation directe pour son renversement. RCTV avait rejeté toute discussion avec le gouvernement et maintenait son hostilité ouverte. Globovision est également tombé dans la ligne de feu du gouvernement, qui l’accuse de diffuser des messages subliminaux faisant la promotion d’actions anti-gouvernementale et même de l’assassinat du président.

Les sondages ont indiqué qu’une majorité de Vénézuéliens s’oppose à la fermeture de RCTV, et l’opposition de droite a saisi l’occasion pour tenter de ressusciter le mouvement pour le renversement du gouvernement. Depuis que RCTV a été retiré des ondes, il y a eu plusieurs manifestations étudiantes, organisées et dirigées en large mesure par les partis d’opposition. Un certain nombre d’entre eux ont dégénéré en émeutes et bagarres avec la police.

L’opposition est capable de faire de l’agitation sur la question de la « liberté d’expression » en relation avec RCTV, essentiellement parce que le gouvernement Chavez a attendu plus de cinq ans avant d’agir contre la compagnie pour son rôle dans le coup de 2002. Et il n’a encore rien fait pour traduire en justice les responsables de la tentative de renversement. Le refus de traduire en justice les organisateurs du coup en faveur d’une politique de « réconciliation » et de « dialogue » avec la droite est une indication claire de la nature de classe du gouvernement Chavez.

Alors que le programme limité de réformes sociales et de nationalisations de Chavez a reçu un large appui populaire, il dirige un gouvernement nationaliste bourgeois qui, en dernière analyse, repose sur des sections de l’élite dirigeante capitaliste du Venezuela et de l’armée. Malgré ses prétentions socialistes, toutes les institutions essentielles de l’état capitaliste, l’armée, le parlement et la bureaucratie gouvernementale, demeurent intactes, alors que les principaux leviers économiques du pouvoir, particulièrement le capital financier, demeurent entre les mains de l’oligarchie dirigeante traditionnelle du Venezuela.

Les leçons de l’histoire de l’Amérique latine sont claires. Dans la mesure où les masses ouvrières vénézuéliennes placent leur confiance dans ce gouvernement pour contrer une autre tentative de coup, ils font face à d’énormes dangers.

Il faudrait rappeler que la campagne de déstabilisation de la CIA au Chili, culminant en 1973 avec l’un des plus sanglants coups dans l’histoire de la région, avait commencé avec une campagne fabriquée en défense de la « liberté de la presse » autour du quotidien de droite El Mercurio, le porte-étendard d’un réseau de journaux, de stations de radio et d’agences de publicité. La CIA avait dépensé des millions de dollars dans le journal, l’utilisant pour diffuser sa propagande de désinformation antigouvernementale, tout en coordonnant une campagne internationale dénonçant le gouvernement du président Salvador Allende pour sa soi-disant suppression de la « liberté d’expression ». Cette fausse accusation avait été lancée suite à un arrêt de travail et la décision du gouvernement de réduire ses achats de publicité dans le journal.

Le tumulte actuel généré par les États-Unis à propos de RCTV a toutes les caractéristiques d’une campagne de déstabilisation similaire. Il ne devrait y avoir aucun doute que le but ultime de Washington est l’imposition d’un régime fantoche qui garantirait aux conglomérats américains de l’énergie un contrôle illimité des vastes réserves de pétrole et de gaz du Venezuela. A cette fin, ils font encore une fois la promotion d’un coup et préparent ultimement une intervention militaire américaine directe.

La lutte pour contrer de telles menaces est uniquement possible par la mobilisation politique révolutionnaire des masses ouvrières vénézuéliennes indépendamment du gouvernement Chavez.

(World Socialist Web Site, par Bill Van Auken)

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jeudi, juin 07, 2007

Actualité - Comment les riches voient l'«opportunité historique» crée par le 11 septembre (IV)

L'opposition à une politique énergétique continentale sous le diktat des monopoles invite à une politique énergétique au service d'une économie pro-sociale indépendante et du bien public.

Voici la quatrième partie de l'article «Comment les riches voient l'«opportunité historique» crée par le 11 septembre». Pour la première partie, voir LML No. 36 du 7 mai 2007. Pour les deuxième et troisième parties, voir LML No. 38 du 16 mai 2007.

L'ALÉNA et l'énergie continentale

L'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) garantit un flot continu de pétrole et de gaz naturel canadiens aux États-Unis. L'alimentation en énergie de l'économie socialisée du Canada, en particulier l'envoi d'énergie produite dans l'Est canadien vers l'Ontario, le Québec et les Maritimes n'y est même pas considéré. L'accès américain au pétrole extra-côtier sur la côte est du Canada passe même avant les besoins des Maritimes (voir la note en exergue).

Les clauses de l'ALÉNA concernant le pétrole et le gaz naturel canadiens sont un exemple de soumission coloniale aux intérêts et au diktat des États-Unis.

1) L'ALÉNA prévoit que le prix du pétrole et du gaz naturel exporté aux États-Unis doit être équivalent au prix du marché canadien. Les États-Unis dictent ainsi la politique économique et sociale du Canada qui n'a rien à voir avec le libre-échange. Les peuples des pays exportateurs d'énergie cherchent toujours à établir un prix intérieur qui est différent du prix de l'exportation sur les marchés internationaux afin de favoriser un développement industriel intérieur indépendant et les programmes sociaux.

2) Selon l'ALÉNA, il est interdit de fixer une limite quantitative aux exportations d'énergie canadienne aux États-Unis et l'approvisionnement en énergie doit être partagé de façon proportionnelle en cas de manques. Si, pour quelque raison, la production d'énergie canadienne baisse, le Canada doit continuer de fournir aux américains une quantité de pétrole et de gaz naturel qui est équivalente à ses exportations aux États-Unis des trois années précédentes. Ces clauses de l'ALÉNA constituent de fait une restriction à l'échange. En interdisant de fixer une limite quantitative aux exportations vers les États-Unis, on s'ingère dans le commerce de l'énergie à l'intérieur du Canada et dans le développement de marchés diversifiés à l'étranger.

L'ALÉNA bloque ainsi le développement industriel du Canada en ce qui concerne les produits manufacturés à base de pétrole et il encourage l'exportation d'énergie brute aux États-Unis. Cela n'est pas du libre-échange mais de l'annexion! L'ALÉNA est une camisole de force qui étouffe le développement d'une économie canadienne multilatérale indépendante.

L'ALÉNA n'est pas une forme de libre-échange de l'énergie avec les États-Unis mais plutôt une relation inégale et à sens unique avec un seul client. L'ALÉNA restreint le commerce du Canada dans le domaine de l'énergie et nuit au développement de bonnes relations avec le reste du monde.

L'ALÉNA interfère avec le droit du Canada d'adopter des définitions modernes en matière de commerce international. Selon les définitions modernes, les conditions de l'échange sont marquées par la responsabilité sociale.

L'ALÉNA empêche les canadiens de planifier l'environnement naturel et social, et surtout la planification centrée sur l'humain basée sur le facteur humain/conscience sociale. Le libre-échange centré sur l'humain peut se faire seulement entre peuples libres. Avant que le libre-échange devienne une réalité, il faut que les peuples soient libres, qu'ils aient leur mot à dire et soient en contrôle afin de pouvoir humaniser l'environnement naturel et social. L'ALÉNA représente le libre échange des monopoles, en opposition aux droits des peuples des trois pays.

On a juste à considérer le désastre socialement irresponsable que les monopoles de l'énergie sont en train de créer en Alberta et dans les trois pays. Comment les canadiens peuvent-ils prendre contrôle de leurs vies et de l'économie socialisée, dans une démocratie moderne, quand le libre-échange signifie dans les faits la liberté pour les monopoles les plus puissants de faire ce qu'ils veulent en toute impunité?

L'incohérence de la situation, du point de vue de l'édification nationale, se voit du fait que les Maritimes, le Québec et l'Ontario dépendent largement des importations pour leur pétrole alors que l'Alberta sert les besoins des États-Unis. Même le pipeline de pétrole qui relie Sarnia en Ontario à Montréal a été inversé, et il livre maintenant du pétrole importé de Montréal à Sarnia, plutôt que du pétrole de l'Ouest canadien vers Montréal. Les monopoles les plus puissants appliquent consciemment une politique annexionniste qui sépare les Prairies et la Colombie-Britannique de l'Ontario, du Québec et des Maritimes afin de pouvoir désintégrer le Canada plus facilement et le dissoudre dans les États-Unis des Monopoles de l'Amérique du Nord.

Un autre élément crucial de la «sécurité de l'énergie» des États-Unis est l'élimination des barrières réglementaires. Le Conseil canadien des chefs d'entreprise (CCCE), un organisateur et bras politique très actif des plus puissants monopoles, écrit à ce sujet: «Si le Canada désire renforcer son rôle de fournisseur sûr d'énergie à l'Amérique du Nord et utiliser cet atout comme moyen de faire avancer ses intérêts plus larges, une réforme de la réglementation au pays constitue une première étape cruciale. Il est urgent que les gouvernements fédéral et provinciaux rationalisent les procédés d'approbation réglementaire qui régissent le développement de nouvelles sources d'énergie et de l'infrastructure de manière à rendre les décisions plus opportunes et prévisibles. Les chevauchements de juridiction et la lenteur des procédés réglementaires pourraient facilement frustrer la capacité du Canada d'assurer un approvisionnement sûr en énergie même à l'intérieur du pays.»

Par la rationalisation des «procédés d'approbation réglementaire», on entend l'élimination de toute restriction du droit de monopole et un chèque en blanc aux monopoles de l'énergie et des autres secteurs pour qu'ils agissent en toute impunité, hors d'atteinte du Parlement canadien, des législatures, de la société civile et du corps politique. Les monopoles et une poignée de membre de l'appareil exécutif des gouvernements, triés sur le volet, décident de tout en secret et loin des yeux, des oreilles et des cerveaux du peuple, et sans que le peuple ait ni mot à dire ni aucun contrôle sur ce qui se passe.

Au moment où le gouvernement de l'Alberta prédit des rentrées de 400 milliards$ d'ici 2015 avec les projets des sables bitumineux, les monopoles veulent éliminer toute barrière à l'exploitation des ressources énergétiques du Canada, garantir leur utilisation sans restriction pour les exporter aux États-Unis et ainsi s'accaparer une quantité sans précédent de valeur ajoutée.

Le CCCE exprime très clairement sa politique annexionniste: «Le Canada a un rôle critique à jouer pour assurer la sécurité de l'énergie du continent dans trois domaines: la pleine exploitation des sables bitumineux de l'Alberta, le développement des réserves de gaz naturel du fleuve Mackenzie et du littoral arctique et le transport du gaz de la marge septentrionale de l'Alaska sur le territoire du Canada; l'élaboration de règles compatibles en matière de réglementation des flux et de l'infrastructure de l'électricité. (c'est-à-dire de la privatisation des flux d'électricité vers les États-Unis — PM)»

Les monopoles procèdent à toute vitesse dans les trois champs de l'annexion énergétique avec l'aide totale des cabinets provinciaux et fédéraux. Les réunions secrètes tenues à Banff et à Houston en 2006, entre des membres choisis des gouvernements et de l'industrie, sont un exemple des nouveaux arrangements où les décisions sont prises en secret par des organisations non élues. Toute considération pour le bien-être du peuple, les droits héréditaires des Premières nations, la destruction de l'environnement ou pour une économie canadienne multilatérale et indépendante est vue comme une limite inacceptable au droit de monopole. Toute initiative centrée sur l'être humain sera considérée au mieux comme un simple énoncé de politique ou encore on fera de la désinformation dans les média monopolisés au sujet d'initiatives frauduleuses — on peut lire à ce sujet l'article de Gary Zatzman dans le LML No. 36 du 7 mai 2007 «Exemption pour les projets de sables bitumineux», qui expose la désinformation du parti au pouvoir au fédéral au sujet de son initiative environnementale à l'occasion de la Journée de la terre).

L'ALÉNA et l'Accord de libre-échange (ALE) ont montré en pratique qu'il est illusoire de parler de «libre-échange» avec les États-Unis dans les conditions de l'impérialisme. L'ALÉNA et l'ALE ont été promus comme une façon d'assurer un libre accès aux exportations canadiennes aux États-Unis et d'exempter le Canada du protectionnisme américain. Ils ont conduit à une grande distorsion dans l'économie canadienne socialisée, qui dépend presque totalement maintenant des exportations aux États-Unis, surtout de matières premières, de même qu'à un affaiblissement sérieux du secteur manufacturier au Canada (247 300 emplois manufacturiers perdus depuis 2002), à l'élargissement des différences régionales, à un développement inégal des secteurs économiques et à l'annexion. Des régions entières du pays sont devenues totalement dépendantes de l'exportation de matières premières, de produits semi-finis et du tourisme. Le Président directeur général américain de Stelco, Rodney Scott, a à ce sujet déclaré récemment que l'aciérie va dorénavant se consacrer à la production de plaques d'acier, qui sont de simples plaques rectangulaires d'acier brut.

L'exemple du bois d'oeuvre a montré que le libre-échange et le protectionnisme sont tous deux considérés comme légitimes quand il s'agit de fixer les conditions d'échange entre le Canada et les États-Unis et d'annexer les canadiens dans l'empire américain. Après que les États-Unis aient imposé de lourdes redevances sur le bois d'oeuvre canadien, le Canada a signé une «entente» alors que l'Organisation mondiale du commerce, l'ALÉNA et des tribunaux rendaient des verdicts qui n'étaient pas en faveur des États-Unis dans ce dossier. En plus d'autres aspects protectionnistes, l'entente donne au Canada une «part» du marché américain qui est plus petite qu'elle ne l'était avant l'entente et une fois cette part du marché atteinte, des redevances protectionnistes commencent à s'appliquer. L'impérialisme américain applique à la fois le libre-échange et le protectionnisme. Il ne cherche pas à établir le libre accès aux marchés de chaque pays mais plutôt à déclarer cet accès une question de sécurité nationale afin de le soumettre à ses intérêts nationaux. Lorsqu'un pays est coincé dans ce que les États-Unis appellent leur sécurité et leurs intérêts nationaux, les forces armées et les agences d'espionnage américaines interviennent directement.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a fait remarquer, lorsque l'Accord de libre-échange a été signé, que pour qu'il y ait libre-échange, il ne doit y avoir aucun pouvoir qui menace la liberté et l'indépendance des peuples. Le libre-échange est pour les peuples et les nations libres.

Les gouvernements Chrétien et Martin voulaient un système basé sur des règles, mais les États-Unis ont ouvertement déclaré et montré en pratique qu'ils ne se soumettraient à aucune loi internationale. Ils ont élevé l'anarchie au rang d'autorité. Le CCCE, pour sa part, avertit le peuple canadien que s'il veut garder accès aux marchés américains, il doit garantir aux États-Unis tout ce qu'ils demandent du Canada pour pouvoir mener leurs guerres d'agression et d'occupation et renforcer leur nouvel ordre mondial. Les Canadiens discutent et sont de plus en plus en train de se rebeller contre l'annexion, la participation aux guerres américaines et la braderie des ressources du pays. Ils élaborent des tactiques pour restreindre le droit de monopole et extirper le Canada des griffes de l'empire américain. Un des sujets à traiter, c'est le développement d'une politique énergétique au service d'une économie pro-sociale indépendante et du bien public qui va contrer la politique énergétique continentale annexionniste

(A suivre)

Note

Certains disent qu'il y a plusieurs façons de limiter l'exportation d'énergie aux États-Unis, tout en respectant les règles de l'ALÉNA, qui n'ont pas été essayées. En principe, on pourrait limiter les exportations d'énergie en haussant les prix, mais les prix sur le marché domestique devraient aussi être haussés. L'article 603 de l'ALÉNA permet aussi les permis d'exportation d'énergie, selon les normes du GATT, l'accord sur le commerce international. Si des permis étaient requis, cela donnerait du contrôle à l'Office (canadien) de l'énergie (ONE). L'ONE a le mandat de s'assurer que les exportations sont en sus des besoins nationaux prévisibles. En pratique, cependant, aucun permis n'est requis pour les contrats à court terme (moins de deux ans), et ils représentent 80 pour cent des exportations de gaz naturel et presque toutes les exportations de pétrole. L'ONE n'émet donc presque pas de permis. L'ONE pourrait agir dans les cas de non-respect du marché. Lorsque le gouvernement du Nouveau-Brunswick s'est plaint que les canadiens n'avaient pas le même accès au pétrole extra-côtier de l'est que les clients américains, l'ONE a accepté d'entendre la plainte mais elle ne l'a pas appuyée. Le gouvernement albertain et les monopoles du gaz naturel ont dit que la plainte du Nouveau-Brunswick était illégale en vertu de l'ALÉNA. L'ONE n'a pas repris cet argument mais il a tout de même rejeté la plainte.

Les accords de partage proportionnel contenus dans l'ALÉNA n'ont jamais été testés eux aussi. Les règles n'établissent pas clairement si le niveau des exportations d'énergie par contrats à court terme, qui ne font pas l'objet de permis et dont le statut n'a pas été étudié, devrait être maintenu dans les années subséquentes. Il est possible qu'au nom de la sécurité des approvisionnements des États-Unis, les contrats à court terme seraient inclus dans les accords de proportionnalité de trois ans.

* Peggy Morton est la secrétaire de l'Alberta du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) et candidate du PMLC dans Edmonton Centre.

(Le Marxiste-Léniniste, par Peggy Morton)

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lundi, juin 04, 2007

Actualité - Le déficit commercial et la chute de l'industrie manufacturière aux États-Unis

Franc-Parler publie la première tranche d'une entrevue réalisée par Le Marxiste-Léniniste portant sur la situation économique aux États-Unis, plus précisément sur les perspectives pour la classe ouvrière dans la période actuelle. Franc-Parler considère qu'une attention importante doit être accordée à la situation économique mondiale à l'heure où l'impérialisme américain menace et pille différents peuples. La compréhension des mécanismes de l'économie politique contre la désinformation sur la source de la richesse et les attaques tout azimut contre les travailleurs s'affirment dans la nécessité d'ouvrir la voie au progrés de la société et la constuction d'une économie socialisée auto-suffisante.

- Entrevue, K.C. Adams, journaliste du Marxiste-Léniniste -

Nous avons interviewé K.C. Adams sur l'état actuel du capitalisme monopoliste aux États-Unis.

LML: L'argumentation habituelle qui déplore le sort des travailleurs américains et réclame des investissements aux États-Unis attire l'attention sur le déficit commercial de ce pays. Si seulement les États-Unis adoptaient ce que les exposants de cette argumentation appellent le commerce équitable, ils cesseraient d'exporter des emplois en Chine et investirait dans les usines aux États-Unis. Le sénateur Bernie Sanders disait récemment: «À chaque année nous voyons les conséquences d'un libre-échange sans retenu. Et à chaque année nous continuons de perdre. Notre déficit commercial total l'année dernière se situait à 763 milliards $, ce qui comprend un déficit de 232 milliards $ dans le commerce avec la Chine. En fait, cela fait trente années de suite que nous enregistrons un déficit commercial, c'est-à-dire depuis que le Congrès a accordé le pouvoir de «la voie rapide» à la branche exécutive en 1975.

«Au cours des six dernières années, nous avons perdu plus de trois millions d'emplois dans le secteur manufacturier. Selon l'Economic Policy Institute, notre déficit commercial avec la Chine depuis l'adoption de la loi sur la normalisation des relations commerciales avec ce pays en 2000 a entraîné la perte de 1,8 million d'emplois américains; et nos déficits commerciaux avec le Mexique et le Canada depuis l'adoption de l'Aléna en 1994 nous ont coûté plus d'un million d'emplois.

«Non seulement l'industrie manufacturière est-elle en train de s'effondrer, mais nous avons également perdu 644 000 emplois très rémunérateurs dans le secteur de l'information de janvier 2001 à janvier 2006, ce qui représente 17,4% de la main-d'oeuvre de ce secteur.»

Pouvez-vous commenter ces affirmations?

KCA: En général l'ampleur du déficit industriel accumulé des États-Unis dans le commerce extérieur, qui atteignait la somme record de 836 milliards $US en 2006, est mal comprise ou faussée. Lorsqu'on analyse la signification du déficit commercial des États-Unis, il faut tenir compte de l'hégémonie du dollar américain. Le déficit commercial de ce pays n'est pas comme les autres déficits commerciaux à payer en valeur ajoutée américaine. Le déficit américain a deux grandes caractéristiques:

1) Il représente le vol direct de la valeur ajoutée de pays plus faibles. Les monopoles américains achètent des marchandises bien en-deçà de leur prix de production. Ce vol de la valeur ajoutée qui devrait normalement aller aux travailleurs et aux gouvernements de ces pays (parmi lesquels il faut inclure la Chine) a donné naissance à de puissants monopoles de la vente du détail comme Wal-Mart, Target, Circuit City, Best Buy, Home Depot, etc. Le déficit commercial masque le vol de la valeur ajoutée. Il est une transaction couverte par un emprunt, lequel s'ajoute à la dette nationale. Tant que l'empire américain domine le monde, sa dette nationale n'est pas un problème, puisqu'aucun pays n'osera réclamer le remboursement. Une demande générale de remboursement mènerait à l'effondrement du dollar au point où la dette extérieure ne vaudrait plus grand-chose en valeur matérielle.

2) L'emprunt pour couvrir le déficit commercial et les dépenses militaires est une fraude à laquelle participent les pays plus faibles pour pouvoir continuer d'exporter leurs produits aux États-Unis à prix réduits. La Réserve fédérale américaine imprime des dollars que la Chine, le Japon et d'autres achètent volontiers. C'est l'hégémonie du dollar américain en action.

L'impression de dollars permet de saisir une valeur matérielle réelle de la valeur ajoutée volée aux pays plus faibles. Le droit de monopole américain permet d'acheter des biens matériels réels en échange de papier monnaie, et la plupart des dollars ainsi utilisés ne reviennent jamais aux États-Unis pour y être échangés pour une valeur matérielle réelle.

Le vol de marchandises des pays plus faibles est semblable à bien des égards au vol colonial de l'or et de l'argent durant la conquête du Mexique et de l'Amérique du Sud. Les populations locales produisaient les marchandises, par l'extraction de l'or et de l'argent, et les colonialistes s'en emparaient en forçant les esclaves à travailler jusqu'à la mort ou en ne payant que ce qui est strictement nécessaire à l'existence. La valeur ajoutée réclamée par les peuples conquis n'était qu'une petite fraction de la valeur totale du marché qu'ils créaient. On assiste à une situation semblable sous l'impérialisme, les marchandises étant achetés des pays plus faibles en ne payant que le stricte minimum aux travailleurs de ces pays et en payant les réclamations des gouvernements et des propriétaires des moyens de production des pays plus faibles avec du papier monnaie qui ne coûte pratiquement rien aux pays impérialistes. Les impérialistes investissent aussi directement dans les industries exportatrices des pays plus faibles pour s'emparer directement de la valeur ajoutée et contribuer à un développement unilatéral axé sur l'exportation.

Le sénateur Sanders veut maintenir la classe ouvrière américaines comme réserve de l'oligarchie financière. Il sait que cette situation favorise la section dominante de la classe capitaliste américaine mais n'ose pas le dire. Les autres capitalistes de l'industrie manufacturière qui ont été touchés par les nouveaux arrangements n'ont pas le pouvoir de changer les choses mais ils se font entendre. Le plus dangereux pour la classe ouvrière des États-Unis et du Canada est de tomber dans le piège qui consiste à blâmer les travailleurs chinois ou indiens. Le problème, c'est notre élite dominante et le fait que nous n'avons pas le pouvoir politique de changer la direction de l'économie.

LML: On blâme souvent la croissance extraordinaire de la Chine pour ce qu'on appelle le déclin des États-Unis.

KCA: Il faut éviter de juxtaposer ce qu'on appelle la croissance extraordinaire de l'industrie chinoise et parasitisme et la putréfaction du capitalisme à maturité dans les pays de la Triade (Amérique du nord, Europe et Japon).

Tout développement capitaliste est basé sur l'expansion des moyens de production aux dépens des moyens de consommation. Les premiers développements capitalistes apparaissent toujours comme «extraordinaires» lorsque comparés à la petite production ou à la stagnation relative du capitalisme à maturité.

Le masse d'habitants ruraux déplacés vers les villes par la destruction de la petite production subit un appauvrissement intolérable. Leur réclamation à la valeur ajoutée réalisée, lorsqu'ils se trouvent du travail, est si piètre qu'ils n'ont pratiquement pas d'impact en tant qu'acheteurs des marchandises qu'ils produisent. On retrouve également dans les villes une section des travailleurs mieux payés et des couches moyennes. Dans de grands pays comme la Chine et l'Inde, cette section est considérable. À mesure que les travailleurs arrivés dans les villes s'orientent et s'organisent, ils mènent la lutte de classe pour accroître leurs réclamations à la valeur ajoutée qu'ils produisent et pour de meilleures conditions de travail.

Ce phénomène est particulièrement destructeur pour les pays où il y a un taux élevé de propriété étrangère et qui s'appuient sur l'exportation de produits à bon marché. La réclamation des travailleurs et des gouvernements de ces pays à la valeur ajoutée qu'ils produisent est très petite. Une bonne partie de cette valeur ajoutée quitte le pays grâce à l'exportation de marchandises au prix du gros, un prix bien en-deçà de l'équivalent international du prix de production de ces marchandises. La différence entre le faible prix du marché payé pour leurs marchandises dans les pays de la Triade et un prix de production approximatif basé sur le temps de travail moyen est accaparée par les pays de la Triade.

Il y a un brin de vérité dans la propagande de Wal-Mart aux États-Unis quand elle parle d'une augmentation générale des salaires pour les résidants de la communauté où elle ouvre un magasin à cause de la baisse des prix, même si elle-même détruit les petites entreprises locales et verse les salaires les plus bas possible. Ce brin de vérité est attribuable au fait qu'il se produit un transfert réel de la valeur ajoutée réalisée en Chine et dans d'autres pays vers les pays de la Triade.

LML: Une bonne partie du nouvel investissement de l'oligarchie financière internationale est investie dans la production de nouveaux moyens de production, surtout dans les pays qui sont en train de passer de la petite production à la grande production industrielle. Certains disent que cet investissement devrait rester dans les pays de la Triade.

KCA: Oui, c'est un autre facteur qui contribue à créer une situation économique intenable. Ce développement de nouveaux moyens de production dépasse le développement des conditions sociales nécessaires à la réalisation de la valeur ajoutée produite par ces nouveaux moyens de production. Aujourd'hui beaucoup de pays à l'extérieur de la Triade réalise une production en exportant vers l'Amérique du Nord, l'Europe et le Japon. Mais le pouvoir d'achat des masses dans les pays de la Triade continue de baisser à cause de l'offensive antisociale et de l'abandon du contrat social avec la classe ouvrière organisée. La consommation aux États-Unis, par exemple, est de plus en plus dépendante de l'emprunt à l'étranger par l'émission de dollars américains, lesquels sont achetés dans une grande mesure par la Chine, le Japon, la République de Corée et d'autres pays d'Asie du Sud-Est et de l'Est. Dans une situation pareille, d'importantes crises se préparent car une partie importante du produit social demeure non réalisée et une partie de la capacité industrielle demeure non utilisée et parce qu'on assiste à une rivalité violente pour les marchés et à des guerres coûteuses avec des armées et des pays plus puissants.

La circulation de biens ne peut pas être détachée de la production de biens. Les profits réalisés dans les secteurs de la circulation proviennent en réalité de la valeur ajoutée créée dans les secteurs de la production. C'est un important dilemme pour le système capitaliste monopoliste et pour le peuple. L'oligarchie financière internationale a inventé d'innombrables façons de tondre le mouton deux fois et même plus, surtout maintenant que le capital peut être envoyé à l'étranger par voie électronique presque sans restriction. La réclamation totale des propriétaires des actions, de la dette et de propriété foncière à la valeur ajoutée réalisée mondialement ne cesse d'augmenter et il en reste de moins en moins pour les travailleurs et les gouvernements, surtout dans les pays opprimés. De grandes sections de la population sombrent dans la pauvreté et les conditions de vie et de travail se détériorent rapidement. L'économie socialisée du monde connaît un développement très inégal et le sous-développement, puisque l'oligarchie financière internationale accaparent des sommes aux dépens des réclamations des travailleurs, des programmes sociaux et des autres projets d'édification nationale. L'économie capitaliste monopoliste mondiale est engagée dans une spirale de crises vers l'effondrement général dans les conditions d'une rivalité inter-impérialiste féroce pour les marchés, les ressources et les travailleurs, tandis que le système impérialiste d'États glisse inexorablement vers la guerre, régionale et mondiale.

LML: Certains disent que pour arrêter la chute économique des États-Unis devraient imiter le Japon et s'engager plus énergiquement dans l'offensive antisociale et la restructuration du contrat social de l'après-guerre. Pouvez-vous commenter cette affirmation?

KCA: Il y a une tendance à présenter le Japon comme un pays qui a surmonté ses contradictions intérieures. L'Europe est également présentée de cette façon mais avec un peu moins d'enthousiasme. On applique à ces pays la vieille notion de l'«exceptionnalisme américain» mais du point de vue du parasitisme et de la putréfaction. Si seulement les gestionnaires américains adoptaient le «toyota-isme» comme méthode de gestion ou si seulement ils concentraient davantage sur l'investissement industriel plutôt que d'emprunter et d'acheter des marchandises à bon marché de l'étranger, dit-on, les symptômes du parasitisme et de la putréfaction seraient moins graves. Il y a même une conception centrée sur le capital qui déplore «les coûts élevés de l'aristocratie du travail», c'est-à-dire les travailleurs industriels spécialisés, comme facteur contribuant au déclin industriel aux États-Unis. Sous la surface on trouve ceux qui se plaignent que le capitalisme américain n'a pas été assez impitoyable dans le vol des réclamations de sa propre classe ouvrière, surtout la section mieux rémunérée qu'on appelle «aristocratie du travail». Certains prétendent que le Japon a réussi à dépasser le capitalisme américain en taxant davantage la classe ouvrière, ayant ainsi obtenu des avantages pour ce qui est de la productivité et de la baisse des prix des marchandises, qui sont présentées comme des signes de prospérité économique.

On n'a pas raison de se préoccuper de l'agonie de l'économie américaine, incapable de combattre les tendances fondamentales du capitalisme. Les économistes marxistes ont fait preuve de manque quand il s'agit d'analyser comment le capitalisme monopoliste a combattu les tendances telles que la chute du taux de profit et comment il se sert de sa position dominante pour manipuler les prix, etc. Les États-Unis sont en train de s'approprier les ressources naturelles et les travailleurs de la «périphérie» de l'Amérique du Nord. Ils ont déplacé une bonne partie de leur production industrielle à l'extérieur des régions des États-Unis où sont traditionnellement concentrées les industries métallurgiques vers les régions moins encombrées par le vieux contrat social. Ils restructurent le contrat social avec le Chapitre 11 (loi sur la protection de faillites) et d'autres méthodes qui ont des conséquences ravageuses sur l'économie socialisée. Ils ont une réserve quasi inépuisable de travailleurs grâce à la migration légale et illégale de gens qui viennent aux États-Unis où ils sont forcés de travailler à des salaires très bas et dans de piètres conditions et qui sont dans une situation précaire légalement. Ils ont remplacé la capacité de consommation des travailleurs restructurés par l'emprunt et par le vol de marchandises à bon marché de la Chine et d'ailleurs. Bien que les contradictions inter-monopolistes soient intenses, leur pouvoir n'est pas contesté de façon sérieuse pour l'instant car la majeure partie de la classe ouvrière n'est toujours pas convaincue de la nécessité d'avoir son propre programme politique indépendante. Celle-ci demeure une réserve de l'effort de domination mondiale de l'impérialisme américain tant que sa lutte pour ses droits est ainsi sapée. Elle doit s'opposer activement à servir de réserve à la classe dominante et doit se constituer en une force politique et économique indépendante. Tout cela sans nier que les contradictions qui tenaillent l'impérialisme américain sont aiguës et qu'elles ne seront résolues que par la lutte de la classe ouvrière organisée suivant son propre modèle, sa pensée et sa conception du monde. Mais il est faux de croire que les contradictions mèneront inexorablement les États-Unis à leur effondrement. Avant d'y arriver ils auront déclenché des guerres contre leurs rivaux pour se remettre en selle ou s'y seront consumés, comme ils ont déjà commencé à le faire de diverses façons.

Les pays les plus puissants de la Triade, surtout ceux de l'empire américain, menacent de terreur et de guerre les peuples et les gouvernements qui cherchent à se libérer de la poigne de fer du système impérialiste d'États. Mettant à profit la force du nombre et de l'organisation, les travailleurs peuvent faire échec aux impérialistes et établir de nouveaux arrangements pour garantir le bien-être de la population et voir à ce que les réclamations de la classe ouvrières, des employés touchant un traitement et des gouvernements à la valeur ajoutée réalisée aient préséance et que l'activité et les réclamations de l'oligarchie financière internationale soient restreintes et finalement éliminées.

Le défi pour les peuples du monde, c'est de s'organiser pour restreindre le droit de monopole, bâtir une économie socialisée pro-sociale et autosuffisante et établir des gouvernements anti-guerre qui garantiront le bien-être de tous.

LML: Il est courant d'entendre dire que la richesse d'une économie se mesure par la prospérité des marchés boursiers. On inculque aux travailleurs l'idée de la toute-puissance des marchés boursiers. Pouvez-vous commentez cette affirmation?

KCA: Les marchés des actions, des marchandises, des instruments dérivés et des changes sont des institutions dépassées de l'oligarchie financière internationale et ils ont un effet destructeur sur l'économie socialisée. Ils ne jouent aucun rôle utile ou positif, même pour ce qui est de recueillir des capitaux pour l'investissement. Au contraire, ils sont nuisibles puisqu'ils servent à renforcer l'emprise des monopoles privés sur la population, à détourner la valeur ajoutée des programmes sociaux et autres projets publics utiles et à accentuer la tendance mondiale à l'enrichissement des riches et à l'appauvrissement des pauvres.

Dans une certaine mesure les marchés boursiers ont remplacé les banques traditionnelles comme moyen de réunir les épargnes des travailleurs. Des milliards de dollars de fonds d'épargnes de travailleurs sont investis dans des actions par des institutions comme les fonds mutuels et le régimes de retraite, les régimes d'épargne-retraite des gouvernements et même le Régime de pension du Canada et du Québec. Les milliards de dollars d'épargnes des travailleurs ainsi rassemblés sont mis en circulation sous le contrôle ferme du capital monopoliste.

Lorsque les médias monopolisés font des campagnes à propos de l'extrême volatilité des valeurs des actions, et disent que les régimes de retraite sont menacés par la chute de la valeur des actions, ce qu'il faut retenir c'est l'échec du système actuel à épargner l'argent gagné par les travailleurs à la sueur de leur front, l'échec à garantir la sécurité économique de la population et l'échec à protéger l'économie socialisée contre la récession et pire encore.

Les marchés boursiers et les bourses de marchandises agissent strictement dans le domaine de la circulation de la valeur ajoutée accumulée. La valeur accumulée réalisée est le produit social créé par la classe ouvrière qui est vendu (réalisé) et transformé en argent.

Tout gain réalisé de l'investissement international à titre de dividendes, gains en capitaux sur les actions, obligations, marchandises ou monnaies, paiements d'intérêts, loyer, frais de courtier, etc. provient de la valeur ajoutée réalisée sous forme d'argent. Tout gain de l'investissement, lorsqu'échangé pour de l'argent, doit correspondre à une valeur ajoutée réellement produite et vendue. Lorsqu'un investisseur emprunte de l'argent au Japon au taux d'intérêt le plus bas, change ses yens en dollars américains, investit les dollars américains à un taux d'intérêt supérieur ailleurs dans le monde, tout gain pour le prêteur japonais, le changeur de monnaie et l'emprunteur ou investisseur est réclamé à une valeur ajoutée réellement produite. La même règle vaut pour ceux qui maraudent sur les marchés financiers internationaux avec de puissants ordinateurs pour profiter d'écarts temporaires entre le prix pour à la fois vendre et acheter des marchandises et empocher des profits instantanés. Les profits réclamés par ces spéculateurs doivent correspondre à une valeur ajoutée réellement produite.

La seule source de valeur ajoutée réalisée est la production matérielle lorsqu'elle est vendue. La réclamation d'un investisseur à la valeur ajoutée réalisée signifie la perte de l'équivalent en valeur ajoutée réalisée pour les autres revendicateurs (travailleurs, employés touchant un traitement; autres propriétaires de valeurs, de dette et de la terre; gouvernements). La même chose se produit lorsque la valeur des actions monte et que ces actions sont échangées pour de l'argent. Un gain en capital de l'augmentation de la valeur d'une action correspond à une valeur ajoutée réalisée quelque part dans le monde. La seule source de valeur ajoutée réalisée est la production lorsqu'elle est vendue pour de l'argent.

Le fondement politique de l'échange international d'actions, de devises, d'obligations et de marchandises repose sur la force militaire et d'autres forces de coercition par les pays de la Triade pour maintenir tous les pays dans les confins du système impérialiste d'États. Le fondement économique de l'échange international d'actions, de devises, d'obligations et de marchandises repose sur la réclamation d'une partie toujours plus grande de la valeur ajoutée réalisée dans la production par les propriétaires internationaux du capital.

Si la quantité de valeur ajoutée réalisée n'est pas suffisante pour correspondre à des actions dont la valeur a été augmentée par différents truchements, il se produit ou bien une dévaluation générale des actions, ou bien un vol des réclamations d'autres revendicateurs à la valeur ajoutée réalisée. La pression pour trouver plus de valeur ajoutée réalisée pour correspondre à la surenchère des actions mène souvent à l'exigence que les réclamations de la classe ouvrière, des employés recevant un traitement et des gouvernements soient réduites. L'offensive antisociale fait partie de cet effort. Sauf que toute réduction des réclamations des travailleurs baisse leur capacité d'acheter le produit social. Réduire la capacité des travailleurs d'acheter le produit social a pour effet de concentrer la valeur ajoutée réalisée entre les mains de l'oligarchie financière internationale, ce qui mène à un développement économique encore plus inégal vers les produits de luxe, la guerre et l'investissement à rendement rapide. Pendant ce temps les conditions de vie et de travail du peuple se détériorent.

Lorsqu'on ne trouve pas de valeur ajoutée réalisée en quantité suffisante pour correspondre aux actions boursières surévaluées, il y a dévaluation générale des actions. La surévaluation des actions boursières pendant une période prolongée mène à l'épuisement graduelle des sources de toute provenance. Les investisseurs qui demandent à recevoir la valeur monétaire de leurs gains en capitaux se rendent compte qu'il n'y pas d'acheteur pour les actions surévaluées. Il se produit alors une ruée sur les marchés boursiers pour la vente d'actions, tout comme il se produit une ruée vers la banque lorsque les gens apprennent que la banque n'a plus les réserves minimales en argent comptant requises pour payer tous les comptes.

Le produit social échangé pour de l'argent est ou bien consommé ou bien transformé en moyens de production. L'argent reçu de la vente du produit social, après soustraction des coûts de production, est divisé entre trois groupes de revendicateurs de la valeur ajoutée: la classe ouvrière et les employés touchant un traitement; les propriétaires du capital sous forme d'action, de dette et de propriété foncière; les gouvernements.

Une partie de l'argent reçu par les trois groupes de revendicateurs de la valeur ajoutée n'est pas immédiatement échangée pour des produits et services mais est remise en circulation sous forme d'épargnes. Pour une section de la classe ouvrière et des employés touchant un traitement, une partie de leur réclamation à la valeur ajoutée retourne en circulation à titre d'épargnes dans des banques, des fonds mutuels et des régimes de retraite et donc, par la suite, dans des actions boursières et des obligations.

Depuis le déclenchement de l'offensive antisociale et avec la croissance de l'insécurité d'emploi que cela entraîne, beaucoup de travailleurs se tournent vers les épargnes individuelles ou collectives pour s'assurer un moyen de subsistance plus tard. Les gouvernements et les monopoles refusent de faire avancer la société et de mettre au point des politiques qui garantissent le bien-être de tous par l'investissement dans les programmes sociaux et d'autres mesures progressistes. Ils encouragent délibérément le phénomène d'épargnes individuelles et collectives et d'investissements sur le marché boursier comme substitution à la responsabilité gouvernementale. L'offensive antisociale et l'insécurité qu'elle cause poussent les travailleurs à rechercher la sécurité individuelle ou collective dans les épargnes et les fonds de retraite qui se retrouvent au bout du compte entre les mains de l'oligarchie financière.

LML: Les gens s'inquiètent de ce qu'il adviendra des épargnes des travailleurs et surtout des régimes enregistrés de retraite.

KCA: Il est compréhensif que les bouleversements sur les marchés boursiers internationaux créent une inquiétude que les épargnes pourraient ne plus être là lorsque les gens en auront besoin. Ils sont encore plus inquiets quand ils savent que les régimes enregistrés de pensions peuvent s'effondrer si le rendement sur l'investissement à la bourse ne suffit pas. Beaucoup de régimes de pensions sont sous-financés à cause du rendement boursier insuffisant, que ce soit à cause d'une baisse des taux d'intérêts, de la chute de la valeur des actions ou du refus des employeurs de s'acquitter de leur responsabilité envers les régimes de retraite. Les monopoles invoquent alors du sous- financement des régimes pour attaquer les régimes de pension à prestations déterminées. Ils cherchent à affaiblir ou à détruire par diverses manoeuvres les régimes enregistrés de pension des travailleurs, les autres avantages sociaux et même leurs moyens de subsistance, comme l'ont vu récemment les travailleurs de Universal Handling Equipment à Hamilton.

LML: Nous pouvons donc conclure que la méthode utilisée par les gouvernements fédéral et provinciaux pour payer les riches en remettant à l'oligarchie financière les épargnes des travailleurs est dangereuse et n'est pas une garantie?

KCA: En effet, les épargnes des travailleurs restent piégées dans la circulation de la valeur accumulée réalisée (capital) sous le contrôle des riches. Il y a entre une intense rivalité pour s'emparer de la valeur accumulée réalisée qui comprend les campagnes de dénigrement et de peur, le jeu, la corruption et la violence et la guerre de l'État.

La rivalité extrême pour le gain monopoliste privé de la circulation de la valeur accumulée réalisée, qui comprend les épargnes des travailleurs, prend une dimension internationale et comprend la manipulation des valeurs des actions, des monnaies et des principales marchandises. Cela comprend aussi le jeu sur les marchés boursiers et les bourses de marchandises. Les monopoles les plus puissants se servent de leur influence, de leurs postes de direction et de leur propriété des actions et des bourses pour escroquer les travailleurs et utiliser leurs épargnes comme véhicule pour se transférer la richesse à eux-mêmes.

LML: Comment les travailleurs devraient-ils réagir à la perspective d'une récession et d'une chute soudaine de la valeur des actions?

KCA: Ces possibilités soulignent l'urgence d'établir des rapports de production harmonieux et avancés. Il est nécessaire mais aussi possible d'établir de nouveaux arrangements qui garantiront le bien-être de tous, qui garantiront les épargnes que les travailleurs ont accumulées à même leurs réclamations à la valeur ajoutée et qui les garderont hors de la portée de l'oligarchie financière.

En défendant la dignité du travail en défendant leurs droits, les travailleurs privent les monopoles et les gouvernements à leur service de la capacité de leur enlever ce qui leur appartient de droit. Les épargnes des particuliers et des gouvernements ne doivent pas être mises à la disposition de l'oligarchie financière internationale, que ce soit à titre d'actions boursières ou par d'autres instruments financiers sous le contrôle privé des monopoles. Les épargnes doivent rester au Canada et au Québec sous le contrôle de l'État et peuvent être investies dans des projets qui servent le bien public, comme dans les programmes sociaux et la construction d'une économie socialisée autosuffisante. C'est le programme du Parti marxiste-léniniste du Canada: Arrêtez de payer les riches et augmentez les investissements dans les programmes sociaux.

LML: Merci beaucoup.

(Le Marxiste-Léniniste - 28 mai 2007)

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dimanche, mai 20, 2007

Actualité - Comment les riches voient l'«opportunité historique» créée par le 11 septembre (II et III)

L'opposition à une politique énergétique continentale sous le diktat des monopoles invite à une politique énergétique au service d'une économie pro-sociale indépendante et du bien public.

(Voici les deuxième et troisième parties de l'article «Comment les riches voient l'«opportunité historique» créée par le 11 septembre». Pour la première partie, voir LML No. 36 du 7 mai 2007.

II. Le partenariat sur la sécurité et la prospérité de l'Amérique du Nord
Le 23 mars 2005, deux ans après que le Conseil canadien des chefs d'entreprises ait émis l'appel à la création d'une Initiative sur la sécurité et la prospérité, le premier ministre du Canada Paul Martin, le président du Mexique Vicente Fox et le président des États-Unis George W. Bush se réunissaient au Texas d'où ils allaient annoncer le Partenariat pour la sécurité et la prospérité en Amérique du Nord.

À l'époque le PCC(M-L) a écrit: «Ils y ont officiellement adopté la tendance au pouvoir monopoliste absolu en Amérique du Nord, lorsque les pouvoirs décisionnels sont concentrés entre les mains des exécutifs dominants, la fraude de la démocratie représentative servant à cacher cette dictature des monopoles.

«Le communiqué annonçant le partenariat énonce des mesures spécifiques pour changer, si nécessaire, ou renforcer et codifier dans la loi les arrangements actuels qui définissent l'activité des monopoles et leur rapport avec le peuple, les autres entreprises et l'environnement social et naturel, en faveur du droit de monopole et en supplantant le droit public sur tous les fronts. L'entente de partenariat est un autre exemple de la transformation de l'État canadien, passant d'arrangements sociaux-démocrates au service du capital monopoliste depuis la Deuxième Guerre mondiale, à des arrangements fascistes au service des sections les plus réactionnaires du capital monopoliste. C'est un autre accord avec les États-Unis qui nie le droit à l'autodétermination des peuples canadien et mexicain, y compris des peuples autochtones et du Québec, ce qui revient à nier leur droit d'être. Il impose également la dictature à la classe ouvrière et au peuple des États-Unis. La négation du droit souverain à l'indépendance du Mexique et du Canada et du droit des peuples des trois pays de disposer d'eux-mêmes renforce le droit de monopole partout en Amérique du Nord. Elle fait planer le danger que les trois pays soient détruits pour constituer les États-Unis des Monopoles d'Amérique du Nord, un regroupement extrêmement réactionnaire.

«Tout effort déployé contre la création des États-Unis des Monopoles d'Amérique du Nord! Annexion non! Souveraineté oui! Un autre monde est possible!»

Les branches exécutives des gouvernements du Canada, du Mexique et des États-Unis se sont rencontrées à nouveau à Cancun, Mexique, les 30 et 31 mars 2006. C'était la deuxième rencontre annuelle sous les auspices du Partenariat pour la sécurité et la prospérité en Amérique du Nord (SPP). Dans le communiqué conjoint émis par Stephen Harper, George Bush et Vicente Fox on lisait:

«Sécurité énergétique de l'Amérique du Nord. Un approvisionnement durable, sûr et abordable d'énergie est essentiel pour alimenter l'économie nord-américaine. La collaboration dans les domaines de l'innovation, de l'efficacité énergétique et du développement technologique, y compris la mise en marché de ces technologies, favorise la sécurité énergétique. Nos gouvernements renouvellent leur engagement [...] de facilitation du commerce comme moyen d'atteindre nos objectifs communs de sécurité énergétique et de développement durable.»

Le PCC(M-L) écrivait:

«Pour gagner la victoire dans la concurrence mondiale et la guerre pour l'empire et l'hégémonie, les monopoles d'Amérique du Nord ont besoin d'une base forte et solide à partir de laquelle attaquer, conquérir et maintenir leur domination dans le monde. La stabilité de cette base est mesurée par le contrôle politique et policier de la classe ouvrière et du peuple par l'oligarchie financière. La stabilité pour les monopoles nécessite la négation de la volonté politique du peuple de s'unir dans l'action pour défendre ses droits à partir d'intérêts communs qui sont à l'opposé des intérêts de l'oligarchie financière sur tous les fronts: en matière politique, économique, sociale et culturelle.»

Même avant la signature du PSS en mars 2005 on avait assisté à la création d'un groupe de travail sur l'énergie par les ministres responsables de l'énergie du Canada, des États-Unis et du Mexique, avec pour objectif déclaré d'«améliorer la coopération énergétique en Amérique du Nord» et «améliorer le commerce énergétique et les inter-relations conformes à l'objectif de développement durable pour le profit de tous.»

Le concept de «pétrole et gaz naturel nord-américains» était par ailleurs le point de départ des délibérations du groupe de travail. Sauf que c'est sans préciser que les États-Unis ont besoin du pétrole tandis que le Canada et le Mexique ont des «réserves» de pétrole. Le Mexique possède les plus grandes réserves de pétrole brut conventionnel, estimées à 24 milliards de barils, puis viennent les États-Unis avec 22 milliards de barils et le Canada avec 4,4 milliards. Mais lorsqu'on inclut les sables bitumineux, les réserves du Canada se chiffrent bien au-delà de 300 milliards de barils de pétrole récupérable. La vaste majorité des raffineries se trouvent aux États-Unis.

III. La consommation et la production mondiales du pétrole alimente la machine de guerre des États-Unis

Quatre-vingt-cinq virgule six millions de barils de pétrole sont consommés à tous les jours, et 20,8 millions aux États-Unis seulement. En 2004, les États de la région du golfe Persique, en Asie occidentale, qui sont les plus grands producteurs au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), représentaient 29% de la production mondiale de pétrole. Le Canada, le Mexique et les États-Unis représentaient ensemble 19% de la production mondiale. L'ensemble des pays de l'OPEP représentaient 40% de la production mondiale de pétrole en 2004, comparativement à 38% en 2003.

L'OPEP regroupe l'Algérie, l'Angola, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Indonésie, l'Iran, l'Irak, le Koweit, la Libye, le Nigéria, le Qatar et le Venezuela. L'Égypte, le Mexique, l'Oman et le Soudan ont assisté à sa dernière assemblée à titre d'observateurs. Le Canada n'est pas et n'a jamais été membres de l'OPEP. La Chambre des communes n'a jamais discuté de l'adhésion du Canada à l'OPEP bien que nous soyons un exportateur important de pétrole. Sur les douze pays membres, l'Irak et le Koweit sont sous occupation américaine, le pétrole de plusieurs autres est sous le contrôle de monopoles internationaux privés, notamment en Afrique subsaharienne, et d'autres sont directement la cible de menaces et de pressions des impérialistes américains, notamment l'Iran et le Venezuela.

Au début du siècle, l'OPEP a accru sa production sous la pression des États-Unis, malgré l'opposition de l'Iran et de l'Irak. La production s'est accrue en 2000 après une année restrictive durant laquelle l'OPEP a fait tripler le prix du pétrole brut, qui est passé de 10,00$ à 32,00$ le baril.

La gestion de la production de l'OPEP

Récemment, l'OPEP a réduit sa production. À sa réunion du 14 décembre 2006, les pays membres (à l'exception du gouvernement fantoche de l'Irak) se sont entendus pour réduire la production de 500 000 barils par jour à compter du 1er février 2007. Ils ont également rapporté que leur décision antérieure de réduire la production de 1,2 million de barils par jour à compter du 1er novembre 2006 a été suivie. Au total il s'agit d'une réduction de 1,7 de million de barils par jour.

Le rapport présenté à la réunion de décembre prévoit que la demande mondiale du pétrole augmentera de 1,3 million de barils par jour en 2007, mais on prévoit également que les pays producteurs qui ne sont pas membres de l'OPEP vont accroître leur production de 1,8 million de barils par jour en 2008. «Les incertitudes économiques sur le plan international, la décélération de la croissance et la forte hausse de l'approvisionnement par les pays qui ne sont pas membres de l'OPEP concourront à créer un important déséquilibre au deuxième trimestre de 2007», lit-on dans le rapport.

À la réunion de Téhéran, en novembre 2006, Mohammed Barkindo, secrétaire général de l'OPEP, a dit que l'organisation prévoyait une demande de 28,1 millions de barils par jour pour les pays membres, soit environ 1,6 millions de moins que ce que l'OPEP avait produit en septembre 2006.

Le gouvernement américain prétend qu'en juin 2006 la production de pétrole de l'Irak est revenue à son niveau d'avant l'invasion, soit 2,5 millions de barils par jour, pour la première fois depuis le début de la guerre. Des analystes américains parlent d'une augmentation possible allant jusqu'à 8 millions de barils par jour.

L'OPEP prévoit que la croissance de la demande moyenne annuelle du pétrole sera de 1,6% entre 2007 et 2025, soit 36% au total. Les pays en voie de développement, en particulier ceux d'Asie, devraient assumer les quatre cinquièmes de cette hausse et leur consommation devrait doubler pour atteindre 53 millions de barils par jour.

L'exportation des ressources énergétiques du Canada aux États-Unis représente maintenant plus de 10% de toutes les exportations de biens et services. Environ la moitié de toute la production de pétrole et de gaz naturel est exportée aux États-Unis tandis que l'est du pays continue d'importer le pétrole de l'étranger.

(À suivre: IV. L'ALÉNA et l'énergie continentale.)

(Le Marxiste-Léniniste, par Peggy Morton)

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