Actualité - Le déficit commercial et la chute de l'industrie manufacturière aux États-Unis
- Entrevue, K.C. Adams, journaliste du Marxiste-Léniniste -
Nous avons interviewé K.C. Adams sur l'état actuel du capitalisme monopoliste aux États-Unis.
LML: L'argumentation habituelle qui déplore le sort des travailleurs américains et réclame des investissements aux États-Unis attire l'attention sur le déficit commercial de ce pays. Si seulement les États-Unis adoptaient ce que les exposants de cette argumentation appellent le commerce équitable, ils cesseraient d'exporter des emplois en Chine et investirait dans les usines aux États-Unis. Le sénateur Bernie Sanders disait récemment: «À chaque année nous voyons les conséquences d'un libre-échange sans retenu. Et à chaque année nous continuons de perdre. Notre déficit commercial total l'année dernière se situait à 763 milliards $, ce qui comprend un déficit de 232 milliards $ dans le commerce avec la Chine. En fait, cela fait trente années de suite que nous enregistrons un déficit commercial, c'est-à-dire depuis que le Congrès a accordé le pouvoir de «la voie rapide» à la branche exécutive en 1975.
«Au cours des six dernières années, nous avons perdu plus de trois millions d'emplois dans le secteur manufacturier. Selon l'Economic Policy Institute, notre déficit commercial avec la Chine depuis l'adoption de la loi sur la normalisation des relations commerciales avec ce pays en 2000 a entraîné la perte de 1,8 million d'emplois américains; et nos déficits commerciaux avec le Mexique et le Canada depuis l'adoption de l'Aléna en 1994 nous ont coûté plus d'un million d'emplois.
«Non seulement l'industrie manufacturière est-elle en train de s'effondrer, mais nous avons également perdu 644 000 emplois très rémunérateurs dans le secteur de l'information de janvier 2001 à janvier 2006, ce qui représente 17,4% de la main-d'oeuvre de ce secteur.»
Pouvez-vous commenter ces affirmations?
KCA: En général l'ampleur du déficit industriel accumulé des États-Unis dans le commerce extérieur, qui atteignait la somme record de 836 milliards $US en 2006, est mal comprise ou faussée. Lorsqu'on analyse la signification du déficit commercial des États-Unis, il faut tenir compte de l'hégémonie du dollar américain. Le déficit commercial de ce pays n'est pas comme les autres déficits commerciaux à payer en valeur ajoutée américaine. Le déficit américain a deux grandes caractéristiques:
1) Il représente le vol direct de la valeur ajoutée de pays plus faibles. Les monopoles américains achètent des marchandises bien en-deçà de leur prix de production. Ce vol de la valeur ajoutée qui devrait normalement aller aux travailleurs et aux gouvernements de ces pays (parmi lesquels il faut inclure la Chine) a donné naissance à de puissants monopoles de la vente du détail comme Wal-Mart, Target, Circuit City, Best Buy, Home Depot, etc. Le déficit commercial masque le vol de la valeur ajoutée. Il est une transaction couverte par un emprunt, lequel s'ajoute à la dette nationale. Tant que l'empire américain domine le monde, sa dette nationale n'est pas un problème, puisqu'aucun pays n'osera réclamer le remboursement. Une demande générale de remboursement mènerait à l'effondrement du dollar au point où la dette extérieure ne vaudrait plus grand-chose en valeur matérielle.
2) L'emprunt pour couvrir le déficit commercial et les dépenses militaires est une fraude à laquelle participent les pays plus faibles pour pouvoir continuer d'exporter leurs produits aux États-Unis à prix réduits. La Réserve fédérale américaine imprime des dollars que la Chine, le Japon et d'autres achètent volontiers. C'est l'hégémonie du dollar américain en action.
L'impression de dollars permet de saisir une valeur matérielle réelle de la valeur ajoutée volée aux pays plus faibles. Le droit de monopole américain permet d'acheter des biens matériels réels en échange de papier monnaie, et la plupart des dollars ainsi utilisés ne reviennent jamais aux États-Unis pour y être échangés pour une valeur matérielle réelle.
Le vol de marchandises des pays plus faibles est semblable à bien des égards au vol colonial de l'or et de l'argent durant la conquête du Mexique et de l'Amérique du Sud. Les populations locales produisaient les marchandises, par l'extraction de l'or et de l'argent, et les colonialistes s'en emparaient en forçant les esclaves à travailler jusqu'à la mort ou en ne payant que ce qui est strictement nécessaire à l'existence. La valeur ajoutée réclamée par les peuples conquis n'était qu'une petite fraction de la valeur totale du marché qu'ils créaient. On assiste à une situation semblable sous l'impérialisme, les marchandises étant achetés des pays plus faibles en ne payant que le stricte minimum aux travailleurs de ces pays et en payant les réclamations des gouvernements et des propriétaires des moyens de production des pays plus faibles avec du papier monnaie qui ne coûte pratiquement rien aux pays impérialistes. Les impérialistes investissent aussi directement dans les industries exportatrices des pays plus faibles pour s'emparer directement de la valeur ajoutée et contribuer à un développement unilatéral axé sur l'exportation.
Le sénateur Sanders veut maintenir la classe ouvrière américaines comme réserve de l'oligarchie financière. Il sait que cette situation favorise la section dominante de la classe capitaliste américaine mais n'ose pas le dire. Les autres capitalistes de l'industrie manufacturière qui ont été touchés par les nouveaux arrangements n'ont pas le pouvoir de changer les choses mais ils se font entendre. Le plus dangereux pour la classe ouvrière des États-Unis et du Canada est de tomber dans le piège qui consiste à blâmer les travailleurs chinois ou indiens. Le problème, c'est notre élite dominante et le fait que nous n'avons pas le pouvoir politique de changer la direction de l'économie.
LML: On blâme souvent la croissance extraordinaire de la Chine pour ce qu'on appelle le déclin des États-Unis.
KCA: Il faut éviter de juxtaposer ce qu'on appelle la croissance extraordinaire de l'industrie chinoise et parasitisme et la putréfaction du capitalisme à maturité dans les pays de la Triade (Amérique du nord, Europe et Japon).
Tout développement capitaliste est basé sur l'expansion des moyens de production aux dépens des moyens de consommation. Les premiers développements capitalistes apparaissent toujours comme «extraordinaires» lorsque comparés à la petite production ou à la stagnation relative du capitalisme à maturité.
Le masse d'habitants ruraux déplacés vers les villes par la destruction de la petite production subit un appauvrissement intolérable. Leur réclamation à la valeur ajoutée réalisée, lorsqu'ils se trouvent du travail, est si piètre qu'ils n'ont pratiquement pas d'impact en tant qu'acheteurs des marchandises qu'ils produisent. On retrouve également dans les villes une section des travailleurs mieux payés et des couches moyennes. Dans de grands pays comme la Chine et l'Inde, cette section est considérable. À mesure que les travailleurs arrivés dans les villes s'orientent et s'organisent, ils mènent la lutte de classe pour accroître leurs réclamations à la valeur ajoutée qu'ils produisent et pour de meilleures conditions de travail.
Ce phénomène est particulièrement destructeur pour les pays où il y a un taux élevé de propriété étrangère et qui s'appuient sur l'exportation de produits à bon marché. La réclamation des travailleurs et des gouvernements de ces pays à la valeur ajoutée qu'ils produisent est très petite. Une bonne partie de cette valeur ajoutée quitte le pays grâce à l'exportation de marchandises au prix du gros, un prix bien en-deçà de l'équivalent international du prix de production de ces marchandises. La différence entre le faible prix du marché payé pour leurs marchandises dans les pays de la Triade et un prix de production approximatif basé sur le temps de travail moyen est accaparée par les pays de la Triade.
Il y a un brin de vérité dans la propagande de Wal-Mart aux États-Unis quand elle parle d'une augmentation générale des salaires pour les résidants de la communauté où elle ouvre un magasin à cause de la baisse des prix, même si elle-même détruit les petites entreprises locales et verse les salaires les plus bas possible. Ce brin de vérité est attribuable au fait qu'il se produit un transfert réel de la valeur ajoutée réalisée en Chine et dans d'autres pays vers les pays de la Triade.
LML: Une bonne partie du nouvel investissement de l'oligarchie financière internationale est investie dans la production de nouveaux moyens de production, surtout dans les pays qui sont en train de passer de la petite production à la grande production industrielle. Certains disent que cet investissement devrait rester dans les pays de la Triade.
KCA: Oui, c'est un autre facteur qui contribue à créer une situation économique intenable. Ce développement de nouveaux moyens de production dépasse le développement des conditions sociales nécessaires à la réalisation de la valeur ajoutée produite par ces nouveaux moyens de production. Aujourd'hui beaucoup de pays à l'extérieur de la Triade réalise une production en exportant vers l'Amérique du Nord, l'Europe et le Japon. Mais le pouvoir d'achat des masses dans les pays de la Triade continue de baisser à cause de l'offensive antisociale et de l'abandon du contrat social avec la classe ouvrière organisée. La consommation aux États-Unis, par exemple, est de plus en plus dépendante de l'emprunt à l'étranger par l'émission de dollars américains, lesquels sont achetés dans une grande mesure par la Chine, le Japon, la République de Corée et d'autres pays d'Asie du Sud-Est et de l'Est. Dans une situation pareille, d'importantes crises se préparent car une partie importante du produit social demeure non réalisée et une partie de la capacité industrielle demeure non utilisée et parce qu'on assiste à une rivalité violente pour les marchés et à des guerres coûteuses avec des armées et des pays plus puissants.
La circulation de biens ne peut pas être détachée de la production de biens. Les profits réalisés dans les secteurs de la circulation proviennent en réalité de la valeur ajoutée créée dans les secteurs de la production. C'est un important dilemme pour le système capitaliste monopoliste et pour le peuple. L'oligarchie financière internationale a inventé d'innombrables façons de tondre le mouton deux fois et même plus, surtout maintenant que le capital peut être envoyé à l'étranger par voie électronique presque sans restriction. La réclamation totale des propriétaires des actions, de la dette et de propriété foncière à la valeur ajoutée réalisée mondialement ne cesse d'augmenter et il en reste de moins en moins pour les travailleurs et les gouvernements, surtout dans les pays opprimés. De grandes sections de la population sombrent dans la pauvreté et les conditions de vie et de travail se détériorent rapidement. L'économie socialisée du monde connaît un développement très inégal et le sous-développement, puisque l'oligarchie financière internationale accaparent des sommes aux dépens des réclamations des travailleurs, des programmes sociaux et des autres projets d'édification nationale. L'économie capitaliste monopoliste mondiale est engagée dans une spirale de crises vers l'effondrement général dans les conditions d'une rivalité inter-impérialiste féroce pour les marchés, les ressources et les travailleurs, tandis que le système impérialiste d'États glisse inexorablement vers la guerre, régionale et mondiale.
LML: Certains disent que pour arrêter la chute économique des États-Unis devraient imiter le Japon et s'engager plus énergiquement dans l'offensive antisociale et la restructuration du contrat social de l'après-guerre. Pouvez-vous commenter cette affirmation?
KCA: Il y a une tendance à présenter le Japon comme un pays qui a surmonté ses contradictions intérieures. L'Europe est également présentée de cette façon mais avec un peu moins d'enthousiasme. On applique à ces pays la vieille notion de l'«exceptionnalisme américain» mais du point de vue du parasitisme et de la putréfaction. Si seulement les gestionnaires américains adoptaient le «toyota-isme» comme méthode de gestion ou si seulement ils concentraient davantage sur l'investissement industriel plutôt que d'emprunter et d'acheter des marchandises à bon marché de l'étranger, dit-on, les symptômes du parasitisme et de la putréfaction seraient moins graves. Il y a même une conception centrée sur le capital qui déplore «les coûts élevés de l'aristocratie du travail», c'est-à-dire les travailleurs industriels spécialisés, comme facteur contribuant au déclin industriel aux États-Unis. Sous la surface on trouve ceux qui se plaignent que le capitalisme américain n'a pas été assez impitoyable dans le vol des réclamations de sa propre classe ouvrière, surtout la section mieux rémunérée qu'on appelle «aristocratie du travail». Certains prétendent que le Japon a réussi à dépasser le capitalisme américain en taxant davantage la classe ouvrière, ayant ainsi obtenu des avantages pour ce qui est de la productivité et de la baisse des prix des marchandises, qui sont présentées comme des signes de prospérité économique.
On n'a pas raison de se préoccuper de l'agonie de l'économie américaine, incapable de combattre les tendances fondamentales du capitalisme. Les économistes marxistes ont fait preuve de manque quand il s'agit d'analyser comment le capitalisme monopoliste a combattu les tendances telles que la chute du taux de profit et comment il se sert de sa position dominante pour manipuler les prix, etc. Les États-Unis sont en train de s'approprier les ressources naturelles et les travailleurs de la «périphérie» de l'Amérique du Nord. Ils ont déplacé une bonne partie de leur production industrielle à l'extérieur des régions des États-Unis où sont traditionnellement concentrées les industries métallurgiques vers les régions moins encombrées par le vieux contrat social. Ils restructurent le contrat social avec le Chapitre 11 (loi sur la protection de faillites) et d'autres méthodes qui ont des conséquences ravageuses sur l'économie socialisée. Ils ont une réserve quasi inépuisable de travailleurs grâce à la migration légale et illégale de gens qui viennent aux États-Unis où ils sont forcés de travailler à des salaires très bas et dans de piètres conditions et qui sont dans une situation précaire légalement. Ils ont remplacé la capacité de consommation des travailleurs restructurés par l'emprunt et par le vol de marchandises à bon marché de la Chine et d'ailleurs. Bien que les contradictions inter-monopolistes soient intenses, leur pouvoir n'est pas contesté de façon sérieuse pour l'instant car la majeure partie de la classe ouvrière n'est toujours pas convaincue de la nécessité d'avoir son propre programme politique indépendante. Celle-ci demeure une réserve de l'effort de domination mondiale de l'impérialisme américain tant que sa lutte pour ses droits est ainsi sapée. Elle doit s'opposer activement à servir de réserve à la classe dominante et doit se constituer en une force politique et économique indépendante. Tout cela sans nier que les contradictions qui tenaillent l'impérialisme américain sont aiguës et qu'elles ne seront résolues que par la lutte de la classe ouvrière organisée suivant son propre modèle, sa pensée et sa conception du monde. Mais il est faux de croire que les contradictions mèneront inexorablement les États-Unis à leur effondrement. Avant d'y arriver ils auront déclenché des guerres contre leurs rivaux pour se remettre en selle ou s'y seront consumés, comme ils ont déjà commencé à le faire de diverses façons.
Les pays les plus puissants de la Triade, surtout ceux de l'empire américain, menacent de terreur et de guerre les peuples et les gouvernements qui cherchent à se libérer de la poigne de fer du système impérialiste d'États. Mettant à profit la force du nombre et de l'organisation, les travailleurs peuvent faire échec aux impérialistes et établir de nouveaux arrangements pour garantir le bien-être de la population et voir à ce que les réclamations de la classe ouvrières, des employés touchant un traitement et des gouvernements à la valeur ajoutée réalisée aient préséance et que l'activité et les réclamations de l'oligarchie financière internationale soient restreintes et finalement éliminées.
Le défi pour les peuples du monde, c'est de s'organiser pour restreindre le droit de monopole, bâtir une économie socialisée pro-sociale et autosuffisante et établir des gouvernements anti-guerre qui garantiront le bien-être de tous.
LML: Il est courant d'entendre dire que la richesse d'une économie se mesure par la prospérité des marchés boursiers. On inculque aux travailleurs l'idée de la toute-puissance des marchés boursiers. Pouvez-vous commentez cette affirmation?
KCA: Les marchés des actions, des marchandises, des instruments dérivés et des changes sont des institutions dépassées de l'oligarchie financière internationale et ils ont un effet destructeur sur l'économie socialisée. Ils ne jouent aucun rôle utile ou positif, même pour ce qui est de recueillir des capitaux pour l'investissement. Au contraire, ils sont nuisibles puisqu'ils servent à renforcer l'emprise des monopoles privés sur la population, à détourner la valeur ajoutée des programmes sociaux et autres projets publics utiles et à accentuer la tendance mondiale à l'enrichissement des riches et à l'appauvrissement des pauvres.
Dans une certaine mesure les marchés boursiers ont remplacé les banques traditionnelles comme moyen de réunir les épargnes des travailleurs. Des milliards de dollars de fonds d'épargnes de travailleurs sont investis dans des actions par des institutions comme les fonds mutuels et le régimes de retraite, les régimes d'épargne-retraite des gouvernements et même le Régime de pension du Canada et du Québec. Les milliards de dollars d'épargnes des travailleurs ainsi rassemblés sont mis en circulation sous le contrôle ferme du capital monopoliste.
Lorsque les médias monopolisés font des campagnes à propos de l'extrême volatilité des valeurs des actions, et disent que les régimes de retraite sont menacés par la chute de la valeur des actions, ce qu'il faut retenir c'est l'échec du système actuel à épargner l'argent gagné par les travailleurs à la sueur de leur front, l'échec à garantir la sécurité économique de la population et l'échec à protéger l'économie socialisée contre la récession et pire encore.
Les marchés boursiers et les bourses de marchandises agissent strictement dans le domaine de la circulation de la valeur ajoutée accumulée. La valeur accumulée réalisée est le produit social créé par la classe ouvrière qui est vendu (réalisé) et transformé en argent.
Tout gain réalisé de l'investissement international à titre de dividendes, gains en capitaux sur les actions, obligations, marchandises ou monnaies, paiements d'intérêts, loyer, frais de courtier, etc. provient de la valeur ajoutée réalisée sous forme d'argent. Tout gain de l'investissement, lorsqu'échangé pour de l'argent, doit correspondre à une valeur ajoutée réellement produite et vendue. Lorsqu'un investisseur emprunte de l'argent au Japon au taux d'intérêt le plus bas, change ses yens en dollars américains, investit les dollars américains à un taux d'intérêt supérieur ailleurs dans le monde, tout gain pour le prêteur japonais, le changeur de monnaie et l'emprunteur ou investisseur est réclamé à une valeur ajoutée réellement produite. La même règle vaut pour ceux qui maraudent sur les marchés financiers internationaux avec de puissants ordinateurs pour profiter d'écarts temporaires entre le prix pour à la fois vendre et acheter des marchandises et empocher des profits instantanés. Les profits réclamés par ces spéculateurs doivent correspondre à une valeur ajoutée réellement produite.
La seule source de valeur ajoutée réalisée est la production matérielle lorsqu'elle est vendue. La réclamation d'un investisseur à la valeur ajoutée réalisée signifie la perte de l'équivalent en valeur ajoutée réalisée pour les autres revendicateurs (travailleurs, employés touchant un traitement; autres propriétaires de valeurs, de dette et de la terre; gouvernements). La même chose se produit lorsque la valeur des actions monte et que ces actions sont échangées pour de l'argent. Un gain en capital de l'augmentation de la valeur d'une action correspond à une valeur ajoutée réalisée quelque part dans le monde. La seule source de valeur ajoutée réalisée est la production lorsqu'elle est vendue pour de l'argent.
Le fondement politique de l'échange international d'actions, de devises, d'obligations et de marchandises repose sur la force militaire et d'autres forces de coercition par les pays de la Triade pour maintenir tous les pays dans les confins du système impérialiste d'États. Le fondement économique de l'échange international d'actions, de devises, d'obligations et de marchandises repose sur la réclamation d'une partie toujours plus grande de la valeur ajoutée réalisée dans la production par les propriétaires internationaux du capital.
Si la quantité de valeur ajoutée réalisée n'est pas suffisante pour correspondre à des actions dont la valeur a été augmentée par différents truchements, il se produit ou bien une dévaluation générale des actions, ou bien un vol des réclamations d'autres revendicateurs à la valeur ajoutée réalisée. La pression pour trouver plus de valeur ajoutée réalisée pour correspondre à la surenchère des actions mène souvent à l'exigence que les réclamations de la classe ouvrière, des employés recevant un traitement et des gouvernements soient réduites. L'offensive antisociale fait partie de cet effort. Sauf que toute réduction des réclamations des travailleurs baisse leur capacité d'acheter le produit social. Réduire la capacité des travailleurs d'acheter le produit social a pour effet de concentrer la valeur ajoutée réalisée entre les mains de l'oligarchie financière internationale, ce qui mène à un développement économique encore plus inégal vers les produits de luxe, la guerre et l'investissement à rendement rapide. Pendant ce temps les conditions de vie et de travail du peuple se détériorent.
Lorsqu'on ne trouve pas de valeur ajoutée réalisée en quantité suffisante pour correspondre aux actions boursières surévaluées, il y a dévaluation générale des actions. La surévaluation des actions boursières pendant une période prolongée mène à l'épuisement graduelle des sources de toute provenance. Les investisseurs qui demandent à recevoir la valeur monétaire de leurs gains en capitaux se rendent compte qu'il n'y pas d'acheteur pour les actions surévaluées. Il se produit alors une ruée sur les marchés boursiers pour la vente d'actions, tout comme il se produit une ruée vers la banque lorsque les gens apprennent que la banque n'a plus les réserves minimales en argent comptant requises pour payer tous les comptes.
Le produit social échangé pour de l'argent est ou bien consommé ou bien transformé en moyens de production. L'argent reçu de la vente du produit social, après soustraction des coûts de production, est divisé entre trois groupes de revendicateurs de la valeur ajoutée: la classe ouvrière et les employés touchant un traitement; les propriétaires du capital sous forme d'action, de dette et de propriété foncière; les gouvernements.
Une partie de l'argent reçu par les trois groupes de revendicateurs de la valeur ajoutée n'est pas immédiatement échangée pour des produits et services mais est remise en circulation sous forme d'épargnes. Pour une section de la classe ouvrière et des employés touchant un traitement, une partie de leur réclamation à la valeur ajoutée retourne en circulation à titre d'épargnes dans des banques, des fonds mutuels et des régimes de retraite et donc, par la suite, dans des actions boursières et des obligations.
Depuis le déclenchement de l'offensive antisociale et avec la croissance de l'insécurité d'emploi que cela entraîne, beaucoup de travailleurs se tournent vers les épargnes individuelles ou collectives pour s'assurer un moyen de subsistance plus tard. Les gouvernements et les monopoles refusent de faire avancer la société et de mettre au point des politiques qui garantissent le bien-être de tous par l'investissement dans les programmes sociaux et d'autres mesures progressistes. Ils encouragent délibérément le phénomène d'épargnes individuelles et collectives et d'investissements sur le marché boursier comme substitution à la responsabilité gouvernementale. L'offensive antisociale et l'insécurité qu'elle cause poussent les travailleurs à rechercher la sécurité individuelle ou collective dans les épargnes et les fonds de retraite qui se retrouvent au bout du compte entre les mains de l'oligarchie financière.
LML: Les gens s'inquiètent de ce qu'il adviendra des épargnes des travailleurs et surtout des régimes enregistrés de retraite.
KCA: Il est compréhensif que les bouleversements sur les marchés boursiers internationaux créent une inquiétude que les épargnes pourraient ne plus être là lorsque les gens en auront besoin. Ils sont encore plus inquiets quand ils savent que les régimes enregistrés de pensions peuvent s'effondrer si le rendement sur l'investissement à la bourse ne suffit pas. Beaucoup de régimes de pensions sont sous-financés à cause du rendement boursier insuffisant, que ce soit à cause d'une baisse des taux d'intérêts, de la chute de la valeur des actions ou du refus des employeurs de s'acquitter de leur responsabilité envers les régimes de retraite. Les monopoles invoquent alors du sous- financement des régimes pour attaquer les régimes de pension à prestations déterminées. Ils cherchent à affaiblir ou à détruire par diverses manoeuvres les régimes enregistrés de pension des travailleurs, les autres avantages sociaux et même leurs moyens de subsistance, comme l'ont vu récemment les travailleurs de Universal Handling Equipment à Hamilton.
LML: Nous pouvons donc conclure que la méthode utilisée par les gouvernements fédéral et provinciaux pour payer les riches en remettant à l'oligarchie financière les épargnes des travailleurs est dangereuse et n'est pas une garantie?
KCA: En effet, les épargnes des travailleurs restent piégées dans la circulation de la valeur accumulée réalisée (capital) sous le contrôle des riches. Il y a entre une intense rivalité pour s'emparer de la valeur accumulée réalisée qui comprend les campagnes de dénigrement et de peur, le jeu, la corruption et la violence et la guerre de l'État.
La rivalité extrême pour le gain monopoliste privé de la circulation de la valeur accumulée réalisée, qui comprend les épargnes des travailleurs, prend une dimension internationale et comprend la manipulation des valeurs des actions, des monnaies et des principales marchandises. Cela comprend aussi le jeu sur les marchés boursiers et les bourses de marchandises. Les monopoles les plus puissants se servent de leur influence, de leurs postes de direction et de leur propriété des actions et des bourses pour escroquer les travailleurs et utiliser leurs épargnes comme véhicule pour se transférer la richesse à eux-mêmes.
LML: Comment les travailleurs devraient-ils réagir à la perspective d'une récession et d'une chute soudaine de la valeur des actions?
KCA: Ces possibilités soulignent l'urgence d'établir des rapports de production harmonieux et avancés. Il est nécessaire mais aussi possible d'établir de nouveaux arrangements qui garantiront le bien-être de tous, qui garantiront les épargnes que les travailleurs ont accumulées à même leurs réclamations à la valeur ajoutée et qui les garderont hors de la portée de l'oligarchie financière.
En défendant la dignité du travail en défendant leurs droits, les travailleurs privent les monopoles et les gouvernements à leur service de la capacité de leur enlever ce qui leur appartient de droit. Les épargnes des particuliers et des gouvernements ne doivent pas être mises à la disposition de l'oligarchie financière internationale, que ce soit à titre d'actions boursières ou par d'autres instruments financiers sous le contrôle privé des monopoles. Les épargnes doivent rester au Canada et au Québec sous le contrôle de l'État et peuvent être investies dans des projets qui servent le bien public, comme dans les programmes sociaux et la construction d'une économie socialisée autosuffisante. C'est le programme du Parti marxiste-léniniste du Canada: Arrêtez de payer les riches et augmentez les investissements dans les programmes sociaux.
LML: Merci beaucoup.
(Le Marxiste-Léniniste - 28 mai 2007)
Libellés : États-Unis, La lutte des peuples pour restreindre le droit des monopoles
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