vendredi, mai 25, 2007

Actualité - L’armée libanaise assiège un camp de réfugiés palestiniens

Au moins 60 personnes sont décédées dans les deux premiers jours de violents combats qui ont eu lieu entre l’armée libanaise et la milice extrémiste sunnite, Fatah al-Islam, basée dans le camp de réfugiés palestiniens Nahr al-Bared près de la ville de Tripoli, au nord du Liban. Des responsables gouvernementaux de la sécurité ont dit que 27 soldats, 15 militants et 24 civils étaient morts. Le nombre réel pourrait être beaucoup plus élevé étant donné qu’il n’y a pas au moment d’écrire cet article de données précises sur les victimes dans le camp densément peuplé.

Selon des responsables libanais, les combats ont commencé tôt dimanche après que la police ait effectué des descentes dans des lieux soupçonnés d’être des caches du Fatah al-Islam à Tripoli, à la recherche d’individus impliqués dans un vol de banque le jour précédent. Fatah al-Islam a répondu en s’emparant de postes de l’armée hors du camp Nahr al-Bared, ce qui a provoqué de violents échanges de tirs lorsque les troupes libanaises ont tenté de reprendre leurs positions. Les combats ont continué lundi, sauf pour un court cessez-le-feu.

L’armée libanaise a appelé des centaines de soldats en renforts, appuyés par des tanks, des véhicules blindés et de l’artillerie, et a ouvert le feu sur des bâtiments dans le camp. Un article du Deutsche Welle a rapporté que des navires de guerre patrouillent les eaux côtières environnantes pour complètement boucler le secteur. « C’est une véritable zone de guerre, il y a beaucoup de tirs de tank et ils viennent juste de détruire un bâtiment en entier avec des obus de 50 mm », a dit un passant au journal britannique, Guardian.

Les troupes libanaises n’avaient pas lundi entrepris de pénétrer dans le camp de réfugiés dont l’entrée est interdite selon un accord intervenu en 1969 entre pays arabes. Mais un réfugié, Sana Abou, a dit au réseau de télévision Al Jazeera : « Il y a beaucoup de blessés. Nous sommes assiégés. Il manque de pain, de médicaments et d’électricité. Il y a des enfants sous les ruines. »

Un autre résident a déclaré à la BBC par téléphone : « En réalité, la situation est si grave parce le camp ne fait qu’un kilomètre carré et environ 40 000 personnes vivent dans ce kilomètre. Beaucoup ont été tués ou blessés. »

Les combats furent les plus sanglants depuis qu’Israël, dans une guerre menée l’an dernier contre la milice chiite du Hezbollah avec le soutien des États-Unis, a rasé une bonne partie du Sud-Liban ainsi que des parties de Beyrouth et d’autres villes. Les combats sont les plus durs au Nord-Liban depuis la guerre civile confessionnelle de 1975-90.

Le gouvernement du premier ministre Fouad Siniora a immédiatement mis la violence sur le compte de la Syrie, déclarant que Damas créait délibérément l’instabilité au Liban pour miner les tentatives de l’ONU visant à établir une cour internationale pour juger les suspects de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik al-Hariri. Siniora a déclaré dimanche : « Les coups qu’a portés Fatah al-Islam à l’armée libanaise sont un crime prémédité et une tentative dangereuse de déstabiliser [le Liban]. »

La Syrie a nié tout lien avec Fatah al-Islam et a fermé deux de ses frontières avec le Liban en réponse aux combats. Le dirigeant du groupe Shaker al-Abssi aurait été emprisonné par Damas en 2003 pour avoir comploté contre le gouvernement syrien. Il a fui au Liban l’an dernier après avoir obtenu sa libération et est actuellement recherché en Syrie pour d’autres accusations. Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moualem a dit aux médias : « Nos forces sont à leur recherche, même en collaboration avec l’Interpol. Nous rejetons cette organisation. Elle ne sert pas la cause palestinienne et ne cherche pas à libérer la Palestine. »

Fatah al-Islam embrasse l’extrémisme islamique et ne cache pas sa sympathie pour al-Qaïda, mais il nie publiquement entretenir des liens avec cette organisation. Abssi a été condamné en Jordanie, en même temps que l’ancien dirigeant irakien d’al-Qaïda Abou Moussab al-Zarqaoui, pour le meurtre du diplomate américain Lawrence Foley en 2002. Les deux furent condamnés à mort. En mars, Abssi a déclaré au New York Times : « C’est Oussama Ben Laden qui déclare les fatwas [avis juridiques]. Si ses fatwas respectent la Sunna [loi islamique], nous allons les mettre en oeuvre. » Le groupe serait constitué d’environ 150 à 200 combattants.

Le gouvernement libanais a blâmé Fatah al-Islam pour avoir perpétré deux attentats contre des autobus en février, dans une zone chrétienne à l’extérieur de Beyrouth. En réaction, l’armée avait renforcé sa présence autour du camp Nahr al-Bared et avait déclenché, le mois dernier, une opération de répression contre les extrémistes islamiques, exacerbant ainsi les tensions. Selon le magazine Time, jusqu’à 200 personnes de Tripoli et du nord du Liban auraient été détenues par les forces de sécurité, sous l’accusation d’être liées à al-Qaïda, de construire des armes et de planifier des attaques.

Il est tout à fait possible que certaines sections du gouvernement Siniora aient délibérément provoqué la présente confrontation et accusé la Syrie afin de rediriger l’attention internationale sur le Liban. La semaine dernière, Siniora a demandé à l’ONU de préparer le procès Hariri, malgré le fait que le parlement libanais n’ait pas accepté cette mesure. Au même moment, les affrontements permettent à l’armée d’affaiblir davantage Fatah al-Islam et d’accentuer la sécurité autour des camps palestiniens à travers le pays.

Le Christian Science Monitor a cité le ministre antisyrien des Télécommunications, Marwan Hamade : « Nous les avons enfermés à l’intérieur de Nahr al-Bared et nous allons utiliser des moyens populaires et politiques ainsi que l’armée pour nous débarrasser de Fatah al-Islam. »

Selon le Times de Londres, des dizaines de partisans de droite du Mouvement de l’avenir dirigé par Saad Hariri, le fils et héritier politique de Rafik Hariri, sont rassemblés à l’extérieur du camp de réfugiés. Walid Hussein a déclaré au journal : « Nous sommes ici pour aider l’armée. Nous leur avons apporté des munitions et de l’eau. » D’autres ont incité l’armée à démolir le camp.

« Nous aimerions que le gouvernement détruise ce camp au complet et tous les autres. Les Palestiniens ne créent que des ennuis », a déclaré Ahmad al-Marooq au New York Times.

Il existe douze camps de réfugiés palestiniens au Liban, dans lesquels sont entassées environ 350 000 personnes. Les réfugiés, qui furent chassés d’Israël à la fin des années 1940, ainsi que leurs descendants, vivent dans une misère terrible, n’ayant pas les pleins droits pour travailler et manquant de services de base. L’ancien ambassadeur à l’ONU du Liban, Khalil Makkawi, a déclaré à CNN : « La situation parle d’elle-même. Ces camps sont devenus des terreaux fertiles pour les fondamentalistes et les extrémistes. » Bien que certaines sections du gouvernement Siniora aimeraient assurément prendre directement contrôle des camps, un geste aussi provocateur replongerait probablement le pays dans la guerre civile.

Le lien américain

L’administration Bush a immédiatement soutenu le gouvernement Siniora. Le porte-parole du département d’Etat américain, Sean McCormack, a déclaré que l’armée libanaise réagissait de « manière légitime » contre « des provocations de violents extrémistes ». Il s’est toutefois empêché de blâmer directement la Syrie. Tony Fratto, porte-parole à la Maison-Blanche, a appelé à l’arrêt des affrontements, affirmant : « Nous croyons que toutes les parties devraient adopter une position moins violente. »

À première vue, la déclaration des Etats-Unis semble inhabituellement modérée. Washington avait antérieurement accusé la Syrie et l’Iran d’appuyer le Hezbollah et d’autres groupes « terroristes » au Liban. L’administration a justifié son occupation néocoloniale de l’Irak et de l’Afghanistan au nom de sa « guerre contre le terrorisme » globale contre Oussama ben Laden et al-Qaïda. On ne peut pas, bien sûr, en faire dire beaucoup à une brève déclaration officielle, qui peut être motivée par bien des considérations politiques. Mais dans tout le débat médiatique pour établir qui soutient le Fatah al-Islam, il n’est fait aucune mention des liens avec les Etats-Unis soulevés par le vétéran journaliste Seymour Hersh dans son long article intitulé « The Redirection » publié dans le New Yorker en février.

Hersh a donné un compte rendu détaillé du virage dans la stratégie de l’administration Bush au Moyen-Orient suite aux élections de mi-mandat au congrès en novembre dernier. Dans un geste visant à intensifier la pression sur l’Iran, Washington s’est engagé dans une rafale de gestes diplomatiques visant à forger une alliance entre les soi-disant Etats Sunnites, incluant l’Arabie Saoudite, l’Egypte, la Jordanie, pour isoler le régime chiite à Téhéran. L’appui au gouvernement de Siniora au Liban, qui a été sérieusement affaibli par l’invasion ratée d’Israël et l’appui massif pour le Hezbollah, était un élément important de la stratégie américaine.

Cependant, comme le soulignait Hersh, la nouvelle stratégie américaine n’était pas limitée à la diplomatie, mais incluait un appui secret aux groupes sunnites extrémistes opposés au Hezbollah chiite. La monarchie saoudienne était également étroitement impliquée en fournissant des fonds en passant par ses alliés sunnites au Liban. Hesrh expliquait : « Les officiels américains, européens et arabes à qui j’ai parlé, m’ont dit que le gouvernement de Siniora et ses alliés permettaient à une partie de l’aide de se retrouver entre les mains de groupes radicaux sunnites qui font apparition dans le nord du Liban, dans la vallée de Bekaa, et autour des camps palestiniens dans le sud. Ces groupes, bien que petits, sont vus comme des contrepoids au Hezbollah; au même moment, ils sont liés idéologiquement avec al-Qaïda. »

L’ancien officier du renseignement britannique, Alastair Crooke, soulignait en particulier l’apparition du Fatha al-Islam au camp de Nahr al-Bared l’an dernier. « Le gouvernement libanais donne de l’espace pour permettre à ces gens d’y venir. Ça pourrait être très dangereux… On a rapporté que dans les 24 heures [de leur formation], des gens qui disaient représenter les intérêts du gouvernement libanais leur ont offert des armes et de l’argent – pour s’en prendre au Hezbollah, peut-on supposer », a t-il expliqué à Hersh.

Il n’est pas possible de vérifier si une telle offre a été faite. Mais on ne peut pas exclure que l’administration Bush, en collaboration avec le gouvernement Siniora et la monarchie saoudienne, ait cherché à manipuler une milice liée à al-Qaïda pour ses propres fins politiques.

Après tout, l’origine d’al-Qaïda se trouve dans la grande guerre sainte de la CIA contre le régime pro-soviétique d’Afghanistan dans les années 1980. Il n’est également pas impossible que l’un des joueurs impliqués ait décidé que le danger d’un autre « revirement » était trop élevé et se soit finalement retourné contre le groupe.

Quoi qu’il en soit, les Etats-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient sont responsables de la déstabilisation du Liban et ont directement ou indirectement contribué à la dernière flambée de violence sanglante au camp de réfugiés de Nahr al-Bared.

(World Socialist Web Site, par Peter Symonds)

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jeudi, janvier 25, 2007

Actualité - Les puissances occidentales accusent l’Iran et la Syrie d’avoir orchestré la grève générale au Liban

Les partis de l’opposition et les syndicats libanais ont appelé hier à la fin de la grève générale qui a provoqué des heurts violents avec les partisans du gouvernement du premier ministre Fouad Siniora.

Trois personnes ont été tuées et 133 blessées lors de combats au Liban mardi 23 janvier alors que des centaines de milliers de manifestants répondaient à l’appel de syndicats soutenus par le Hezbollah et Amal, tous deux des partis chiites, et le Courant patriotique libre (CPL) chrétien.

Les médias se sont concentrés sur les aspects sectaires du conflit – des foules d’opposants principalement chiites faisant face à des partisans du gouvernement de Siniora qui est composé des partis sunnite, druze et chrétien. De vives tensions étaient visibles, il y a eu des coups de poing et des jets de pierre. Mais comme de coutume, le seul à être tenu pour responsable de cet état de fait a été le Hezbollah qui a été accusé d’agir pour l’Iran et la Syrie contre un gouvernement soi-disant démocratique. Siniora a dit au Kyoto News japonais que le Liban « paie le prix de décisions imposées venues de pays étrangers, tels l’Iran et la Syrie ».

« Les décisions prises par l’opposition au Liban sont des décisions venant de l’extérieur, comme de l’Iran et de la Syrie », a-t-il réitéré.

« Ce qui est en train de se produire, c’est une révolution et une tentative de coup d’Etat », a dit à Al Jazeera le dirigeant chrétien et ancien chef militaire Samir Geagea.

Le porte-parole du département d’Etat américain, Sean McCormack a fait des déclarations similaires, disant que « des factions libanaises alliées à la Syrie bloquent les routes, empêchent les gens de se rendre à leur travail ou à l’école et entravent le travail des services de sécurité…Ces factions essaient d’utiliser la violence, les menaces et l’intimidation pour imposer leur volonté politique au Liban. »

En réalité, le Hezbollah était quasiment le seul à s’opposer publiquement à la violence sectaire. De plus, il s’est mis en tête de ce qui est en fait une protestation politique et sociale populaire de masse, principalement de chiites appauvris qui s’opposent à un régime pro-occidental qui n’a pas de mandat réel pour gouverner. Le gouvernement a été maintenu au pouvoir avec l’aide de milliers de soldats européens et est décidé à mettre en place un programme économique qui plonge tous les travailleurs et paysans du Liban dans une pauvreté abjecte qui ne cesse de croître.

Hezbollal, Amal et le Courant patriotique libre ont retiré du gouvernement en novembre dernier la totalité des six ministres qu’ils y avaient à eux trois et exigent de ce gouvernement qu’il démissionne et organise de nouvelles élections pour un gouvernement d’unité nationale. En décembre, 1 800 000 personnes avaient manifesté à Beyrouth et un piquet des bâtiments gouvernementaux du centre commercial de Beyrouth, impliquant des milliers de personnes, est maintenu depuis.

Le gouvernement Siniora a rejeté toutes les demandes qui lui avaient été faites et a cherché au contraire à imposer des mesures d’austérité dictées par les puissances occidentales. Et ce, dans un pays qui s’étant à peine remis de l’impact de la guerre civile de 1975-1990 a ensuite été détruit pour une bonne part par la campagne de bombardements de 34 jours menée par Israël, invasion terrestre et blocus qui a débuté le 12 juillet de l’an dernier. L’agression israélienne a eu pour conséquence plus d’un millier de victimes, le déplacement d’un million de Libanais et des dégâts considérables sur les routes, les ponts, les bâtiments, les centrales électriques et autre infrastructure vitale. Associé à la dislocation économique, les Nations unies ont estimé à 15 milliards de dollars le coût de cette guerre.

La dette publique du Liban s’élève à la somme considérable de 41 milliards de dollars.

Une conférence internationale de donateurs en août dernier a promis la somme dérisoire de 1,2 milliard de dollars. Mais celle-ci s’accompagne d’exigences de la part du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale que le gouvernement libanais réduise ses dettes internationales en augmentant les impôts, en réduisant les dépenses et en privatisant les industries publiques telles le réseau électrique, les télécommunications et l’eau. De même que les pertes d’emploi que cela implique, il y a aussi des exigences de plus grande « flexibilité » du marché du travail dans une situation où de nombreux travailleurs n’ont toujours pas un toit.

Les syndicats et partis de l’opposition ont rejeté les propositions d’augmentation d’impôt, d’augmentation des prix du carburant et les privatisations projetées et ont exigé des augmentations de salaire pour les employés à bas salaire.

Sheikh Naim Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah a dit, la veille de la grève, que l’opposition n’était pas seulement confrontée au gouvernement, mais à « une conspiration internationale contre nous. Car les Etats-Unis contrôlent chaque détail du gouvernement. »

Le même jour, le dirigeant du Hezbollah, Sheikh Hassan Nasrallah a demandé à ses partisans d’« éviter insultes et slogans sectaires » et a ajouté « s’ils tuent mille des nôtres, nous ne ferons pas usage de nos armes contre eux. »

Le reporter chevronné du Moyen-Orient pour le journal britannique The Independent, Robert Fisk a décrit les manifestations comme «un champ de bataille sectaire violent.» Il a remarqué que des partisans sunnites du gouvernement exhibaient des portraits de Saddam Hussein afin de provoquer les opposants chiites. Il a reconnu que les « dizaines de milliers de combattants du Hezbollah étaient de loin les hommes les plus disciplinés dans les rues de Beyrouth ».

« J’ai parcouru cinq kilomètres à pied jusqu’au terminal (de l’aéroport), pour finalement trouver le Hezbollah qui protégeait à la fois l’aéroport et les soldats libanais qui le gardaient », poursuivit-il.

S’opposant à ce qu’il décrit comme une déclaration simpliste, à savoir que ce qui est en train de se produire serait « une tentative de coup d’Etat par les forces de Syrie et de l’Iran », Fisk écrit que « les chiites sont les opprimés, les pauvres, les dépossédés, ceux qui ont toujours été ignorés par les chefs et patriarches du gouvernement libanais – car dans un sens ceci est aussi une révolution sociale – et de l’autre il y a la population sunnite tant aimée de [premier ministre assassiné] Hariri et les druzes et chrétiens toujours loyaux à l’égard des forces libanaises qui étaient les alliés d’Israël en 1982 et qui ont massacré les Palestiniens des camps de Sabra et Chatila ainsi qu’une majorité d’innocents libanais qui avaient voté pour mettre au pouvoir le gouvernement Siniora. »

La grève a été interrompue tandis que Siniora s’envolait pour une seconde conférence internationale de donateurs qui se tient à Paris et débute aujourd’hui jeudi. Y assistent plus de 30 pays donateurs principalement occidentaux et arabes ainsi que des institutions internationales. Siniora a décrit la grève comme une tentative de sabotage de cette réunion qu’il a qualifié de plus grand espoir pour la survie du Liban.

Il n’en est rien.

Les analystes s’attendent à ce que soit collectée une somme globale d’aide tournant autour de 5 milliards de dollars. Mais seule une fraction de cette somme sera allouée à des projets de reconstruction. La plus grande part servira à éponger la dette à court terme du Liban, autrement dit retournera dans les coffres des gouvernements impérialistes et institutions financières, laissant les dettes à long terme du Liban atteindre des sommets toujours plus élevés. Le reste servira à payer les salaires de l’armée libanaise afin qu’elle puisse réprimer l’opposition dans les quartiers chiites dans le sud du pays. Et une fois de plus, tout argent donné dépendra de la mise en place par le gouvernement des réformes exigées par le FMI et la Banque mondiale.

Mardi dernier, le président français Jacques Chirac a dit que la conférence de Paris était « urgente » parce qu’« il y a des choses à payer : il y a l’armée libanaise qui maintenant occupe heureusement le sud du Liban, et doit être payée ; les armements qui doivent être achetés ; tout le fonctionnement du Liban qui doit être assumé. »

Chirac s’est lui aussi fait l’écho des déclarations selon lesquelles l’opposition au gouvernement libanais était orchestrée ou du moins exploitée par l’Iran et la Syrie.

« Je ne fais pas d’ingérence dans les affaires du Liban », a dit le dirigeant du pays qui a envoyé le plus de soldats au Liban et il a ajouté qu’il y avait ceux « qui profitent pour créer des difficultés sociales ».

« La communauté internationale veut que les voisins du Liban cessent leurs ingérences dans ses affaires intérieures et la traitent comme un pays indépendant souverain », a-t-il ajouté.

Les dénonciations d’une ingérence iranienne et syrienne au Liban se produisent dans un contexte où les Etats-Unis ne cessent leurs provocations contre l’Iran et que se met en place une présence militaire considérable dans le Golfe.

Washington avait apporté son soutien total à Israël pour le bombardement et l’invasion subséquente du Liban l’an dernier. L’objectif des Etats-Unis et d’Israël était de détruire le Hezbollah, peut-être d’annexer le sud Liban et de réduire le pays au statut de fait de protectorat américain. Mais ceci n’était conçu que comme étape initiale d’une guerre plus large visant à des changements de régime en Iran et en Syrie.

Du point de vue de l’administration Bush, cet objectif n’a pas encore été atteint, du fait en partie de l’échec de l’offensive israélienne au Liban face à la résistance massive conduite par le Hezbollah. Et il en va de même pour Israël – malgré des révélations la semaine dernière selon lesquelles les gouvernements d’Ariel Sharon et d’Ehoud Olmert avaient tous deux cherché un accord avec la Syrie lors d’entretiens secrets qui s’étaient poursuivis jusqu’aux premiers jours de la guerre de juillet 2006 alors même que les Etats-Unis recommandaient vivement une attaque directe sur Damas.

Israël a dit « suivre de près » les évènements au Liban et a accusé le Hezbollah de servir les intérêts de l’Iran. Un jour avant le début de la grève générale au Liban, des soldats israéliens avait fait un exercice de combat contre des soldats déguisés en combattants du Hezbollah dans un village simulé arabe dans une base militaire proche de Tzeelim au sud d’Israël.

La crise politique crée par les revers d’Israël au Liban l’an dernier ont conduit à la démission la semaine dernière du général de corps aérien Dan Halutz de son poste de chef d’état major des forces armées.

Il a été remplacé lundi par Gaby Ashkenazy, commandant d’infanterie chevronné, qui d’après Olmert et le ministre de la Défense Amir Peretz allait, avec succès, « mettre en pratique les leçons de la guerre du Liban ».

Parmi les cercles dirigeants israéliens, la critique majeure concernant Halutz, ancien commandant de l’armée de l’air, a été de dire qu’il s’appuyait trop sur une campagne aérienne contre le Hezbollah et qu’il aurait dû monter une invasion terrestre (mieux planifiée) beaucoup plus tôt.

Ashkenazy faisait office de directeur du ministère de la Défense depuis qu’on avait donné la préférence à Halutz en 2005. Mais son expérience du combat comprend le poste de commandant de brigade adjoint lors de l’invasion israélienne du sud Liban en 1982 et chef de la brigade d’infanterie d’élite Golani de 1994 à 1996, une des unités d’infanterie ayant les plus hautes décorations des Forces de défense israéliennes. Il a aussi dirigé le commandement nord de l’armée dans les dernières années avant le retrait du Liban des troupes israéliennes en 2000.

(World Socialist Web Site - Chris Madsen)

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dimanche, janvier 07, 2007

Actualité - Battle lines drawn as Israeli allies among Arab regimes meet to coordinate the fight against the Iran-Syria axis

Bethlehem - (21 December 2006) - It has been revealed to Ma'an News Agency that a secret meeting between Israeli Prime Minister Ehud Olmert, Lebanese Prime Minister Fuad Siniora, the political advisor to the Egyptian president, Osama El Baz and the head of Saudi national security, Prince Bandar, was held two months ago, during the Eid feast following Ramadan, in Sharm el Sheikh.

The source, a specialist in Israeli affairs, added that the meeting, which was held in the residence of the Egyptian president, lasted for five hours in which the participants discussed mutual coordination and cooperation between Egypt, the Kingdom of Saudi Arabia, Israel and its allied forces in Lebanon, to jointly face the Tehran-Damascus axis and the coalition of militant groups such as Hamas, Hezbollah and Islamic Jihad.

The Israeli Prime Minister allegedly told the Lebanese Prime Minister that the international presence in southern Lebanon, and the American support given to their friends, "has created a path, along which lies an unprecedented opportunity to get rid of the Iranian and Syrian allies in Lebanon", the source added.

The source also confirmed that Lebanese Prime Minister Siniora told his Israeli counterpart that his government insists on the spread of law and order throughout the country, and to dismiss and disarm any militia, including the arms of Hezbollah, and to end the presence of any groups or people who are pro-Iran or pro-Syria.

(Maan News Agency)

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samedi, janvier 06, 2007

Actualité - La longue route d’Israël vers la guerre de Juillet (Partie II)

Le Hezbollah en ligne de mire

Mais revenons en arrière, un an plus tôt pour être précis. L’assassinat spectaculaire de Hariri, le 14 février 2005 et la « révolution des cèdres » qui s’ensuivit eurent pour conséquence de provoquer - une fois versées les inévitables larmes de crocodile - l’euphorie des dirigeants « démocrates » occidentaux. En effet ces évènements leur faisaient espérer un effet domino : dans la foulée de la démocratisation du Liban, les masses populaires se soulèveraient à Damas et à Téhéran et renverseraient successivement les régimes syriens et iraniens. Ces messieurs-dames de « l’Internationale démocratique » voyaient déjà se profiler à l’horizon « le nouveau Proche-Orient. »

À vrai dire le diktat permanent - et pressant - de l’administration Bush junior exigeant la soumission « démocratique » du Proche et Moyen-Orient reçut un premier camouflet dès les premières élections « libres et démocratiques » au pays du Cèdre. Le 19 juin 2005, après quatre tours, le résultat des élections n’était pas tout à fait du goût des pouvoirs en place à Washington et Tel-Aviv, malgré la victoire de l’opposition pro états-unienne et antisyrienne. Au grand dam d’Israël et du grand frère états-unien le Hezbollah « prosyrien », à la fois parti politique et milice armée, remporta avec son allié, le parti chiite « Amal » 35 sièges de députés sur 128 au Parlement libanais - un succès confortable.

Tant pour les empereurs romains de Washington et leurs projets de mise en coupe réglée du Proche et Moyen-Orient au profit de leurs intérêts politiques et économiques, que pour les dirigeants de Tel-Aviv, qui rêvent d’une balkanisation de la région sous l’hégémonie d’un Grand Israël, le Hezbollah, un parti politique qui défend le pluralisme, la démocratie ainsi que la mise en œuvre de réformes économiques et politiques, constitue, une épine dans le pied - voire pire.

Encouragé par son succès aux élections, le parti chiite alla même jusqu’à réclamer, lors de la formation du nouveau gouvernement libanais, le portefeuille des Affaires étrangères. Aussitôt on sonna le tocsin à Washington, le secrétariat d’État dépêcha sa chargée de mission pour le Proche-Orient, Elisabeth Dipple, qui s’envola pour Beyrouth où elle provoqua la chute du premier cabinet Siniora. Les chiites refusant de lâcher le morceau, elle dut intervenir de nouveau peu de temps après et menacer : « Il sera difficile pour les États-Unis de négocier avec un ministre des Affaires étrangères proche du Hezbollah. ». Le président Bush et le président français Chirac exigèrent alors l’application de la résolution 1559 de l’ONU qui a conduit au retrait des troupes syriennes hors du Liban mais prévoit également le désarmement du Hezbollah. C’est seulement quand cette résolution serait intégralement appliquée, affirma Chirac, que « la communauté chiite pourra pleinement prendre part à la vie politique, économique et sociale du Liban. ». [1]

Si les choses s’étaient déroulées selon les désirs des dirigeants du « Pays béni de Dieu » , de la « Terre Sainte » ainsi que de la « Forteresse Europe », le Hezbollah aurait été désarmée depuis longtemps. En effet il a été mis au ban des nations par les États-Unis qui l’accusent d’être une « organisation terroriste », d’être responsable de l’attentat contre le quartier général des US Marines à l’aéroport de Beyrouth (qui fit 242 morts en 1983), l’auteur de nombreux enlèvements et de prôner l’éradication d’Israël. Quand le bruit courut à Beyrouth que le député « prosyrien » Nabih Berri, leader du parti chiite « Amal » - et président du Parlement libanais depuis 1992 - serait maintenu à son poste, le voisin du Sud vit rouge. Le soir même l’opinion internationale fut informée par une porte-parole de l’armée israélienne que les Syriens avaient ouvert le feu sur les soldats israéliens stationnés sur les hauteurs du Golan au sud de la ville de Qunaytra. Personne n’ayant été touché, « les forces israéliennes avaient renoncé à riposter, pour éviter l’escalade. »

Israël qui, au cours de la guerre des Six Jours en 1967 avait occupé - en violation du droit international- les hauteurs du Golan, déposa aussitôt une note de protestation auprès des troupes onusiennes de maintien de la paix qui surveillent depuis 1973 l’application du cessez-le-feu entre les deux pays. Le jour même un représentant du gouvernement syrien démolit l’affirmation des Israéliens : « C’est un mensonge. Quelques jeunes gens ont tiré des fusées de feu d’artifice pour célébrer l’anniversaire de la libération de Qunaytra et de la fin de l’occupation israélienne. ». De fait les Israéliens s’étaient retirés de cette région en juin 1974, après avoir rasé la ville et environ 122 villages syriens.

Cet incident sur les hauteurs du Golan coïncidait avec la livraison par la Russie à la Syrie, pour plusieurs centaines de millions de dollars, de missiles russes sol-air dernier modèle destinés à combattre les hélicoptères et les avions volant à basse altitude. La transaction était motivée par des attaques répétées de l’armée de l’air israélienne contre de prétendues « cibles terroristes » situées en territoire syrien et le survol en 2004 du palais présidentiel syrien par des avions militaires israéliens. Israël et les États-Unis avaient vainement protesté contre cette transaction et le général Shakedi, commandant de l’armée de l’air israélienne, redoutait que ces missiles, qui peuvent être tirés depuis l’épaule, ne soient en fin de compte mis à la disposition du Hezbollah libanais ou « d’organisations terroristes » opérant en Irak.

Lorsque, fin juin 2005, la forteresse de béton hyper-armée qu’est devenu Israël a fait manœuvrer ses blindés et menacé de lancer une opération militaire d’envergure contre Gaza si les organisations palestiniennes du Hamas et du Jihad islamique maintenaient leurs attaques contre Israël, le Hezbollah redevint à nouveau la cible privilégiée de ceux, aux États-Unis et en Israël qui rêvent d’une conversion démocratique forcée pour les pays arabes de la région. Selon eux, cette milice, formée jadis pour « libérer Jérusalem » constitue sans nul doute la principale menace pour la stabilité au Moyen-Orient. Les services secrets israéliens prétendirent même que « la Syrie avait donné au Hezbollah et à ses alliés palestiniens le feu vert pour attaquer Israël à partir du Liban. » En conséquence le Hezbollah portait la responsabilité de la plupart des attaques lancées à partir de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, étant donné qu’il faisait passer des armes des munitions dans Gaza à partir du Liban et recrutait des auteurs d’attentats.

De fait l’émergence du « Parti de Dieu » est une conséquence directe de l’invasion du Liban par l’État sioniste. Le prétexte à l’attaque du Liban en 1982 fut en effet la légende selon laquelle les commanditaires de l’attentat contre l’ambassadeur israélien à Londres se trouvaient au Liban. Mais en réalité le but de cette invasion brutale était l’élimination de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) qui, sous la direction de Yasser Arafat, menait à partir de Beyrouth la lutte contre Israël, un État artificiel, fondé par la force, épine dans la chair de la Palestine.

Le Hezbollah, crée à l’époque avec l’aide de l’Iran et de la Syrie, appela les chiites vivant dans le Sud du pays à prendre les armes contre la puissance occupante et promit en échange aux couches défavorisées une aide sociale et la prise en charge de ses besoins. En retour, le ministre israélien de la Défense de l’époque, Ariel Sharon, fit réduire Beyrouth en cendres et massacrer de sang-froid la population civile palestinienne. Après quoi, les troupes israéliennes se replièrent sur le Liban-Sud, où elles furent, des années durant, la cible des attaques du Hezbollah. Le retrait définitif d’Israël, en 2000, est encore célébré chaque année par le parti comme une victoire personnelle. C’est grâce à cette victoire que le Hezbollah acquit la stature de principale force politique libanaise et mit ses promesses à exécution : elle mit en place des réseaux sociaux qui prirent en charge plus d’un million de Libanais vivant à la limite du seuil de pauvreté. « Ce n’est plus un secret depuis longtemps déjà que nos associations humanitaires sont financées par l’Iran » dit en juin 2005 un porte-parole du Hezbollah. Et les unités armées du parti défendent, avec l’accord du Parlement libanais, nos frontières au Sud contre « notre ennemi public n°1 », c’est à dire Israël.

Le 29 juin, l’annonce officielle de la nomination de Nabih Berri au siège de Président du Parlement fit sortir les Israéliens de leurs gonds et ils envoyèrent des avions de combat et des hélicoptères larguer des roquettes sur des cibles situées dans la zone frontalière entre Israël et le Liban. À en croire les Israéliens il s’agissait d’une riposte à un tir de mortier par la milice du Hezbollah dans la zone occupée des « fermes de Cheba » dans le triangle frontalier entre la Syrie, Israël et le Liban. Au cours de ces combats un soldat israélien et un milicien du Hezbollah trouvèrent la mort. Selon une mise en garde d’Israël, le Hezbollah cherchait à ouvrir un nouveau front dans le Nord de la zone frontalière. Israël déposa une protestation auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies et l’ambassadeur israélien auprès des Nations Unies, Dan Gillermann, rendit le gouvernement libanais responsable de ces incidents. : « Le gouvernement de Beyrouth doit immédiatement désarmer le Hezbollah. ». Le Conseil de sécurité s’empressa dès le lendemain d’exiger du gouvernement de Beyrouth « l’arrêt immédiat de toute attaque à partir de son sol. » Des députés du Hezbollah au Parlement de Beyrouth apportèrent un démenti et reprochèrent de leur côté à Israël d’avoir violé l’espace frontalier : « C’est pour cette raison qu’ils ont été attaqués. »

Dès cette époque la démarche du fac-totum des États-Unis, Israël, était claire : Tel-Aviv voulait mettre sous le nez de la « communauté internationale » les activités prétendument « terroristes » du Hezbollah et de son complice, la Syrie. Le soutien - proclamé haut et fort par le « monde démocratique » - au désarmement complet de la « milice » pour le bien d’Israël serait obtenu lors d’un prochain « incident frontalier » aussi artificiel soit-il. Rumsfeld, le secrétaire à la Défense des États-Unis était encore moins enclin au compromis. Il jugeait plus avantageux, aux dires de sources proches des milieux de la « guerre contre le terrorisme », de créer « une agitation » dans la plaine de la Békaa au voisinage de la frontière syrienne en positionnant des unités spéciales états-uniennes face aux bases militaires du Hezbollah afin « de provoquer les troupes syriennes à engager le conflit, chose qu’ils feront certainement si nous les provoquons. ». L’ange de la mort états-unien prévoyait ensuite de chasser le président Assad de son poste, couper le soutien logisitique que la Syrie est censée fournir à la résistance palestinienne, confisquer les armes de destruction massive qu’on trouverait en Syrie et enfin détruire le Hezbollah pour le plus grand profit des sionistes [2]. Mais ce projet d’une intervention directe de la démocratie américaine au Liban fut rapidement écarté.

Un attentat contre le cheikh Nasrallah déjoué

Cependant une intervention directe d’un autre genre était prévue pour avril 2006. Mais les services secrets de l’armée libanaise purent la prévenir. Au cours du premier week-end d’avril 2006, l’armée arrêta neuf « membres bien entraînés d’un réseau » , dont huit Libanais et un Palestinien, qui complotaient pour assassiner le chef du Hezbollah chiite, le cheikh Sayyed Hassan Nasrallah. Ce « groupe d’individus organisés, tous professionnels et bien entraînés » avait planifié l’attentat pour le 28 avril, c’est à dire lors de la prochaine séance du « dialogue national » qui se déroulait alors entre les chefs des fractions politiques libanaises rivales.

Le général de brigade Saleh Suleiman, porte-parole de l’armée, déclara que l’affaire en était « au stade de la préparation » et n’avait pas encore atteint le « stade de l’exécution. ». La bande avait espionné depuis début mars tous les déplacements de Nasrallah et était équipée de roquettes anti-chars qui, le jour de l’attentat devaient faire sauter le véhicule blindé du chef du Hezbollah. Les autorités mirent la main sur un important arsenal de lance-roquettes, grenades à main, fusils à pompe, fusils mitrailleurs, pistolets et silencieux ainsi que toute une batterie d’ordinateurs et de CD-ROM.

Selon le quotidien libanais As Safir, il était prévu qu’un tir de roquettes de fabrication états-unienne fasse sauter Nasrallah et son véhicule blindé, le 28 avril à Beyrouth. Selon les interrogatoires des 15 délinquants appréhendés et menés par Rashid Mizher, juge militaire, 90 personnes au moins étaient impliquées dans la préparation du crime. Certaines d’entre elles auraient épié le convoi de Nasrallah 40 jours durant, tandis que d’autres auraient transformé un garage en cache d’armes, où ils auraient dissimulé des roquettes américaines, des fusils mitrailleurs russes et des grenades à main chinoises. Les organisateurs avaient aussi essayé de se procurer du C4 et autres explosifs, car ils projetaient d’autres assassinats de personnalités ainsi que des attentats à l’explosif, y compris contre des mosquées. Hussein Rahal, porte-parole de la milice, confirma ces dires auprès de l’AFP.

Les conjurés - qui avaient été arrêtés à proximité du quartier général du Hezbollah au Sud de Beyrouth, furent d’abord interrogés par des hommes appartenant aux services secrets militaires avant d’être remis aux mains du juge des affaires militaires. Selon certains informateurs libanais ils auraient été inculpés le lundi suivant « de tentatives d’actions visant à détruire l’autorité du gouvernement » et de détention d’armes. Les autorités poursuivirent leur recherche d’autres complices et tentèrent de démasquer les commanditaires, c’est à dire « tout État ou parti qui financerait, entraînerait et équiperait le réseau. »

Les arrestations suivirent de peu la déclaration de la Secrétaire d’État aux affaires étrangères des États-Unis, Condoleezza Rice, à Washington, selon laquelle les relations du « Parti de Dieu » avec Téhéran et Damas « sont le problème le plus important auxquels les Libanais ont à faire face en ce moment. »

Bien qu’à cette époque Washington accordât un délai au gouvernement libanais pour - comme nous l’avait expliqué Madame Rice - « lui permettre de résoudre ses problèmes internes par le dialogue national » elle s’en tint inébranlablement à l’exigence de désarmement de toutes les milices du pays, et en premier lieu du Hezbollah, conformément à la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Cela n’empêcha pas Rice, ni la fraction du monde qui est partie en guerre contre le « terrorisme international », d’observer un silence total au sujet de la tentative d’attentat contre le chef de la milice. Ni l’ONU, ni les chefs politiques en place à Washington ou Bruxelles, ni les grands médias internationaux n’eurent un mot pour féliciter les services secrets de l’armée libanaise d’avoir démantelé cet important réseau terroriste. Sans doute les grands noms du monde politique se sentaient-il mal à l’aise car ces « terroristes » avaient visé uniquement le secrétaire général de la milice chiite : c’est à dire le chef d’une organisation dont il est de notoriété publique qu’elle figure sur la liste des organisations terroristes si chère au cœur de George Bush [3].

Ce qui pourrait bien en outre avoir coupé le souffle à « l’Internationale démocratique » est la pénible révélation que les inculpés étaient en possession de permis de port d’armes qui leur avaient été fournis de manière détournée par le parti au pouvoir : un ancien député, membre du groupement politique « Future Movement » (FM) conduit par Saad Hariri, principal allié des États-Unis et fils de l’ex-Premier ministre libanais assassiné en 2005, avait procuré aux conjurés des permis de port d’armes de différentes catégories. Cet ancien député est Salim Diyab, ancien directeur de campagne de Hariri junior, ancien ami intime de Hariri senior et toujours considéré comme étant le « chef offensif de la branche politico-militaire » de son parti. Dès juillet 2005, Diyab avait fait distribuer des armes à ses partisans. Un membre du Parti socialiste progressiste druze, partenaire de coalition avec le FM, fut également arrêté par le police. Le chef de ce dernier parti est Walid Joumblatt, le caméléon politique libanais, et vitrine de la « révolution démocratique » qui après l’assassinat de Hariri fit passer en force, avec l’appui des États-Unis, la tenue « d’élections libres » au Liban qui aboutirent au retrait de la Syrie.

Joumblatt et Hariri junior - qui ne manquent jamais une occasion de désigner la Syrie comme commanditaire des crimes au Liban, se retrouvaient soudain également mis en cause dans cette affaire louche.

L’anéantissement du réseau terroriste avait préservé le pays des troubles politiques internes. Selon des informations qui ont filtré des milieux libanais du renseignement, le groupe terroriste comptait sur l’assassinat de Nasrallah pour provoquer dans le pays des tensions religieuses sectaires entre sunnites et chiites - à l’image de ce qui se passe en Irak. Le président Emile Lahoud réclama une enquête approfondie et mit en garde les ennemis qui s’en prennent à l’unité nationale libanaise. Il rappela que Nasrallah avait, selon lui, apporté une contribution essentielle à la libération du Sud-Liban et a toujours travaillé pour la paix de la nation. Le Premier ministre Fouad Siniora déclara que « tout projet de ce type constituait une menace pour la paix civile. » Le porte-parole du Parlement, Nabih Berri, pensait à l’époque qu’Israël se cachait derrière ce complot afin de ruiner le dialogue national - un Liban réunifié et en paix représentant un « danger » pour l’ennemi public n°1 sur la frontière Sud. Berri ajouta que toutes ces opérations visaient en fait la Syrie, pour le punir de son soutien au Hezbollah libanais. [4].

Des bombes à sous-munitions sur le Liban

Le dimanche 28 mai 2006 un groupe d’inconnus tirait trois roquettes Katiouscha contre un campement militaire israélien dans le nord du pays, près de Safed. Cette attaque, dans laquelle un soldat israélien fut légèrement blessé, provoqua une escalade de la tension sur la frontière entre les deux pays, à un niveau jamais vu depuis des années. Bien que les responsables des milices libanaises, parmi eux Sheikh Naim Qaouk, représentant du Hezbollah chiite pour le Liban Sud, aient rejeté la responsabilité de ces tirs de roquettes, le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz déclara qu’il ne tolèrerait pas « qu’on tire sur Israël » , et ordonna huit campagnes de bombardement sur des villages dans les collines de Nuamah, au Sud de Beyrouth, ainsi que sur des camps du Front Populaire pour la Libération de Palestine (FPLP), près de Sultan Yaacoub dans l’Est du pays. Les avions de chasse israéliens tirèrent même des fusées à retardement, qui explosent après dix minutes. Simultanément Israël bombardait des localités libanaises le long de la frontière, tuant un combattant palestinien ainsi qu’un milicien du Hezbollah et endommageant sérieusement plusieurs maisons.

Le lundi suivant on découvrait, dans les zones bombardées, des « Cluster-Bombs » , des bombes à sous munitions qui projettent leur sous-bombes sur une vaste zone et augmentent ainsi la possibilité des « dommages collatéraux ». L’usage de ces bombes est une violation du droit humanitaire international et est interdit par la Convention de Genève : entre 5 et 10 % des sous-bombes n’explosent pas à l’impact et restent éparpillés dans la nature, représentant un danger équivalent aux mines anti-personnel pendant de nombreuses années. Leur petite taille et leur couleur vive les rend particulièrement attractifs pour des enfants. Des unités de l’armée libanaise s’empressèrent donc de neutraliser ces terribles engins de guerre israéliens.

L’ONU, elle, s’empressa le jour même non pas de condamner Israël pour son usage d’armes interdites par les conventions internationales mais de sermonner le Liban pour « son attaque contre son voisin israélien » : « Il est de la responsabilité des autorités libanaises de faire respecter la Ligne bleue (définie par l’ONU) et d’empêcher toute attaque dans cette zone » déclara Milos Strugar, conseiller du commandant de la FINUL au Liban.

Une source anonyme lança la rumeur que le Jihad islamique palestinien aurait tiré les roquettes pour venger la mort d’un de ses commandants, Mahmoud Al-Majzoub, tué le 26 mai 2006 par l’explosion d’une voiture piégée dans la ville sud-libanaise de Sidon. Le chef au Liban du Jihad islamique, Abou Imad Rifaï, démentit cette « rumeur mensongère », accusant le Mossad en retour : l’attentat « fait partie de l’escalade de la violence israélienne contre le peuple palestinien, et notamment contre le Jihad Islamique ».

A Beyrouth, le gouvernement condamna également l’attentat, affirmant, « qu’il porte la marque de l’occupation israélienne » . Même pour le Premier ministre Fouad Siniora « Israël est le suspect principal ». Particulièrement significatif est le type de bombe télécommandée utilisée à Sidon : 500 g d’explosif hautement comprimé ayant le même effet que 5 kg d’explosif conventionnel. Selon les services de sécurité libanais, ce type de bombe avait déjà servi l’année précédente pour assassiner l’ancien chef du parti communiste libanais George Hawi et le journaliste Samir Kassir : « Les éclats et billes d’acier, trouvés en grand nombre sur le site de l’explosion, prouvent que la bombe était une mine spécialement conçue pour assassiner des personnes de manière ciblée, et elles sont identiques à ceux trouvés sur les lieux de l’attentat contre Hawi et Kassir ». A l’époque, Shakib al-Aein, chef du Jihad islamique au Liban Sud, avait affirmé : « Israël vient de commettre une erreur stratégique ». Et en effet, l’ONU enquête également sur les attentats contre Hawi et Kassir dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafik Hariri, le 14 février 2005 [5].

Un mirage crée par les services secrets

Après ce ballet d’ombres on assista à une nouvelle phase de la bataille de propagande contre le Hezbollah. Les États-Unis, qui ont tué des centaines de milliers de personnes en lançant les bombes nucléaires « Fat Man » sur Nagasaki et « Little Boy » sur Hiroshima, avaient ajouté une nouvelle dimension dans leur campagne contre le programme nucléaire iranien. Début juin 2006, à Washington, des représentants des services secrets, s’inquiétaient publiquement de la possibilité que « l’État voyou » iranien puisse « dans les prochaines semaines, utiliser les nombreux et vastes réseaux de la milice chiite Hezbollah au Liban pour mener des attaques contre des cibles occidentales. ». Aux dires de l’Associated Press les services secrets auraient « détecté des signaux montrant que des convoyeurs de fonds, des officiers recruteurs et des militants du Hezbollah pourraient être utilisés pour fournir une assistance logistique à des projets d’attentats contre des intérêts occidentaux ». L’administration Bush et ses alliés se montrèrent convaincus que l’Iran pourrait ordonner des attentats terroristes. D’autres « experts » affirmaient même qu’une « unité secrète » du Hezbollah avait été constituée avec pour unique but l’élimination du vice-président états-unien Dick Cheney.

Simultanément, le média en ligne Yedioth Internet affirmait que, « Israël a mis en garde les services secrets d’Europe et des États-Unis contre la possibilité que des cellules du Hezbollah organisent des attentats lors de la Coupe du monde de football en Allemagne ». Téhéran utiliserait cette stratégie pour, « prouver sa capacité de nuisance à la communauté internationale et l’avertir de possibles représailles terroristes au cas où le pays serait attaqué militairement ». Le quotidien israélien Ha’aretz, de son côté, croyait savoir que le Hezbollah disposait désormais de fusées ayant une porté de 200 km et donc capables de frapper toutes les grandes villes israéliennes. Seule puissance nucléaire de la région, l’État d’Israël se refusa à commenter ces informations.

Quelques jours plus tard ce fut au tour de la station de télévision libanaise LBC de cibler le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Sayyed Hassan Nasrallah. Dans un « sketch » on demandait à son sosie si la milice accepterait de déposer les armes en échange d’un retrait israélien de la région dite « des fermes de Chebaa », occupée par Israël. Le faux « Nasrallah » rétorqua qu’il n’en était pas question, on avait encore besoin de ces armes pour « libérer la maison de Abu Hassan, à Detroit, de ses voisins juifs ». Des milliers de chiites protestèrent à Beyrouth, Baalbek, Sidon, Tyr et Nabatijeh contre ces calomnies, incendièrent des pneus et érigèrent des barricades, barrant par exemple la route menant à l’aéroport international de Beyrouth. Le « vrai » Nasrallah calma le jeu en demandant à tout le monde, « de cesser de manifester et de rentrer chez soi ». La station de télévision LBC a été fondée en 1980 par les Forces Libanaises, qui se sont distinguées par leur collaboration étroite avec Israël lors des 15 ans de guerre civile au Liban.

Assassinats sur ordre du Mossad

Au beau milieu de tout cela, une nouvelle tempête se déclencha - à nouveau grâce au travail d’enquête des services secrets de l’armée libanaise. La sécurité militaire enquêtait sur l’attentat à la voiture piégée, le 26 mai 2006, à Sidon qui avait causé la mort d’un haut cadre du Jihad Islamique, Mahmoud Al-Majzoub ainsi que de son frère. Mi-juin 2006, les services secrets libanais débusquèrent un réseau terroriste installé par les services secrets israéliens au Liban, réseau dont faisaient partie ceux qui avaient commis l’attentat de Sidon. Parmi les 7 membres du groupe interpellés se trouvait Mahmoud Rafé, un Libanais de 59 ans originaire du village druze de Hasbaya. Rafé est un gendarme libanais à la retraite, ancien membre des Forces de sécurité intérieure (FSI). Il a indiqué à la police avoir été recruté en 1994 par le Mossad et que son groupe avait été entraîné en Israël et équipé de technologies dernier cri par le Mossad, qui dirigeait toutes ses opérations. Parmi les autres personnes arrêtées se trouvait un autre officier des FSI à la retraite, Charbel Samara. Rafé avoua avoir organisé pour Israël, au cours des dernières années, plusieurs attentats au Liban contre des cadres de la milice du Hezbollah ainsi que contre des factions palestiniennes pro-syriennes. L’assassin avait également fait partie de l’Armée du Liban-Sud, une milice crée et armée par Israël lors de l’occupation du Sud-Liban, de 1982 à 2000 .

Elias Murr, ministre de la Défense libanais, indiqua, le jeudi 15 juin 2006, qu’un avion israélien avait déclenché à distance l’explosion de la voiture piégée à Sidon : « Les informations obtenues jusqu’ici permettent de déduire de manière très vraisemblable que la détonation de la voiture piégée a été déclenchée par un avion israélien qui suivait les mouvements de la voiture en question par le biais d’une caméra de surveillance, montée sur un camion pisteur. ». Le ministre Murr précisa également que « c’est la première fois en 30 ans d’interventions militaires israéliennes au Liban, qu’une opération est menée à l’aide de technologies aussi sophistiquées. Face à une telle suprématie dans la technologie terroriste et les explosifs, nul n’est à l’abri nulle part ». [6]

A la télévision, l’armée libanaise présenta les pièces à conviction de l’attentat de Sidon ; parmi celles-ci figure une caméra israélienne d’un type particulier, des permis de conduire et des papiers d’identité falsifiés ainsi qu’un système d’air conditionnée modifié pour permettre le transport d’explosifs et un haut-parleur piégé. L’armée déclara que l’équipe terroriste avait finalement opté pour l’utilisation d’une portière de voiture bourrée d’explosifs et passée en contrebande au Liban.

L’armée libanaise précise en outre, dans son communiqué : « L’enquête de la sécurité militaire montre que ce réseau terroriste sophistiqué était en contact depuis plusieurs années avec le Mossad israélien et que ses membres ont été formés par lui, en Israël comme à l’extérieur du pays. Le réseau (...) a été équipé, par les services israéliens, des matériel permettant la communication et la surveillance discrète ainsi que l’identification des cibles visées. Figurent également des documents falsifiés et des sacoches à double-fond. » Le Mossad fournissait également les munitions.

Outre le récent attentat de Sidon qui avait fait deux morts, le chef du réseau terroriste avoua l’assassinat des cadres du Hezbollahd Ali Hassan Dieb, le 6 août 1999 à Arba et Ali Saleh, le 2 août 2003, l’assassinat par une voiture piégée, de Jihad Ahmad Jibril, fils du commandant du Front Populaire pour la Libération de la Palestine, Ahmad Jibril, une tentative d’attentat déjouée par la police le 18 janvier 2005 près de Al-Zahrani et enfin une bombe près de Jissr Al-Nameeh le 22 août 1999, qui visait un cadre du mouvement palestinien.

Le ministre de l’Intérieur refusa, au cours de sa conférence de presse, de rattacher ce réseau terroriste à la série d’attentats qui avait secoué le Liban après l’attentat à la bombe contre l’ancien premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005. Le ministre Murr avait lui-même été la cible d’un de ces attentats : à Antelias, à l’Ouest de Beyrouth, une voiture garée sur le bord de la route avait explosé au passage de sa voiture, le blessant grièvement. Mais, selon Murr « il n’y a pour l’instant aucune indication permettant de relier les suspects arrêtés (...) et les attentats à la bombe » étant donné que, selon lui, « les techniques de fabrication des bombes ne sont pas les mêmes ».

A noter toutefois que, selon certaines sources d’information au Liban, le chef du réseau terroriste, Rafé, aurait avoué avoir « joué un rôle de soutien logistique dans d’autres opérations » . Il aurait ainsi, depuis le printemps 2005, livré des sacoches noires contenant des bombes à divers endroit de Beyrouth Est, du Mont-Liban et du Liban-Sud. Le ministre libanais de l’Intérieur indique de son côté : « des commandos spéciaux israéliens livraient par voie maritime des sacoches remplies d’explosifs à Rafé, qui les réceptionnait au nord de Beyrouth. »

Rafé a également affirmé avoir, lors de certaines actions criminelles, travaillé avec Hussein Khattab, membre du FPLP. Le Palestinien, qui dirige son propre réseau et est accusé d’avoir commis des assassinats et des attentats pour le compte du Mossad, a entre-temps disparu de la circulation et se cacherait en Israël. Son épouse, qui avait été arrêtée et interrogée, a fourni des informations importantes qui, aux dires de certains enquêteurs, pourraient ouvrir de nouvelles pistes dans l’enquête. Aux dires de Rafé, Khattab aurait participé à l’attentat de Sidon du 26 mai et à la voiture piégée du 20 mai 2002 qui avait tué Jihad Ahmad Jibril, le fils d Ahmad Jibril, chef du FPLP Commandement général [7].

Hussein Khattab, qui aurait été recruté en 1982 par le Mossad alors qu’il se trouvait dans une prison israélienne, a été libéré en 1985 suite à un échange de prisonniers et travaillait depuis cette date pour les Israéliens. Après l’assassinat du fils Jibril il avait été emprisonné pendant six mois par le FPLP en Syrie (où cette organisation est basée) avant d’être remis aux services de sécurité libanais. Mais ceux-ci le laissèrent en liberté.

Pour Nicholas Blanford, dans un article du Times du 15 juin 2006 : « les récentes révélations de réseaux d’espionnage israéliens au Liban pourraient aboutir à des implications surprenantes, dans le cas Hariri comme dans celui des 14 attentats à la bombe, assassinats et tentatives d’assassinat qui l’ont suivi et qui sont inclus dans l’enquête de Serge Brammertz ».

« L’affaire prend une tournure particulière quand on sait que Hussein Khattab, membre palestinien du réseau d’espionnage (…) est également le frère de Cheikh Jamal Khattab, un imam radical qui est soupçonné d’avoir recruté des combattants arabes pour Al-Qaïda en Irak. » [8]. Certains auteurs se sont saisis de ce fait pour envisager une relation entre le Mossad et Al-Qaïda, si pour autant cette organisation existe vraiment.

Mais il y a une relation bien plus importante qui nécessiterait qu’on s’y intéresse de manière urgente - et notamment dans l’enquête sur la mort de Hariri. Le frère de Hussein Khattab, le Cheikh Jamal Khattab, est un étroit collaborateur de Cheikh Abou Obeida. Or Abou Obeida est la personne qui a apporté son aide à Abou Adas quand celui-ci était à Ain Al-Hilweh. Et Abou Adas est désigné par le premier rapport Mehlis comme étant le kamikaze responsable de l’attentat contre Hariri.

Mehlis lui même confirme la relation entre Abou Adas et Cheikh Abou Obeida : le service de sécurité Al-Ahbash a établi que Adas « allait souvent à Ain Al-Hilweh » pour rendre visite à Abou Obeida, celui-ci occupant les fonctions de « représentant du chef de Jund Al Sham » et « chef par intérim du groupe terroriste Asbat Als Ansar » [9]. L’enquêteur allemand a toutefois rejeté ces informations comme étant peu fiables. Mais c’est précisément parce que cette information est rejetée par Mehlis un enquêteur amateur, dont les rapports pour le conseil de sécurité de l’ONU oscillent entre la fiction et la vérité, qu’il faudrait la vérifier de manière approfondie.

Pour le président libanais Emile Lahoud ces révélations apportent la preuve que « Israel n’a cessé de tenter de saboter le Liban ». Il déclara que les enquêtes se poursuivraient et que les résultats seraient remis à l’envoyé de l’ONU, Serge Brammertz, qui dirige la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Hariri ainsi que sur 14 autres attentats terroristes.

Le premier ministre libanais Fouad Siniora félicita la sécurité militaire pour sa découverte des réseaux du Mossad et affirma : « Nous considérons ces agissements comme des actes d’agression contre notre pays ». Le gouvernement de Beyrouth décida alors de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU sur cette affaire, dès que l’enquête serait terminée. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Fawzi Salloukh exprima son espoir que le Conseil de sécurité se préoccuperait également « des violations continuelles de l’espace aérien libanais par des avions militaires et des avions de chasse israéliens qui ont été utilisés dans la planification des activités terroristes contre le Liban » [10]. Quant au ministre libanais de l’Information, Ghazi Aridi, il se mit à rêver que la communauté internationale, au vu « des preuves accablantes fournies par son pays, en viendrait à condamner l’agression constante et les intentions belliqueuses d’Israël. ».

Les autorités israéliennes, de leur côté, qui nient toute implication dans les attentats du 26 mai à Sidon contre le chef du Jihad islamique, refusa de réagir aux déclarations de Rafé. Seul le quotidien israélien Jediot Aharonot réclama une commission d’enquête sur la question [11].

Meir Dagan, le chef du Mossad, dans la tourmente

Mais le prochain coup de tonnerre fut encore plus impressionnant. Aux dires du service d’informations israélien Debka File c’est Meir Dagan lui-même, le vieux compagnon d’armes d’Ariel Sharon et actuel chef du Mossad, qui aurait recruté le criminel Rafé. L’agent emprisonnée avoua avoir été recruté en 1989 par Dagan pour mettre en place un « centre logistique et d’informations qui préparerait le terrain aux opérations israéliennes contre les cibles visées par l’État hébreu » [12]. En 1981 l’officier de Tsahal Meir Dagan avait occupé le poste de commandant du Sud-Liban sous occupation israélienne. Il y avait organisé des attentats à le voiture piégée destinés à éliminer des cadres palestiniens. Quand il fut nommé chef du Mossad en 2002 il s’empressa d’appliquer cette méthode d’assassinat ciblés au Liban [13].

Lors de leurs actions au Pays du Cèdre, les services israéliens prenaient grand soin de ne jamais informer leur collaborateurs libanais de la véritable « cible » de l’opération. Leur rôle était « simplement » de déposer des « éléments » à certains endroits secrets afin qu’ils soient récupérés, le moment venu, par leurs « collègues » israéliens. Ainsi, dans le cas Majzoub, deux agents du Mossad arrivèrent avec de faux passeports via l’aéroport de Beyrouth, trois jours avant l’attentat. A Sidon ces agents préparèrent la voiture piégée et quittèrent le pays peu de temps après « le succès de l’opération ». Les collaborateurs libanais obtenaient de « l’équipement » depuis Israël par voie terrestre entre Kfarkila et Chebaa ainsi que via des liaisons maritimes clandestines. Rafé, formé en Israël, était en contact direct avec le Mossad depuis sa maison à Hasbaya et utilisait des communications codées ; Israël lui avait fourni un ordinateur dernier cri, des appareils d’enregistrement ainsi que des faux passeports, documents et licences. Lors de la perquisition, les enquêteurs trouvèrent également un appareil électronique qui permettait de transmettre les coordonnées de « cibles » désignées aux avions israéliens.

Les libanais étaient excédés. Le 24 juin 2006, deux semaines avant le début de la guerre, le ministre libanais des affaires étrangères, Fawzi Salloukh, déclara que « son pays se réservait le droit d’en appeler au conseil de sécurité de l’ONU afin que celui-ci se penche sur l’espionnage du Mossad israélien, récemment mis à jour au Liban ». Salloukh déclara également vouloir communiquer les informations recueillies sur le réseau d’espionnage israélien et les personnes impliquées au Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Le ministre était en colère car l’ONU n’avait pas inclus cette affaire dans son rapport mensuel. « Cette affaire est très dangereuse, notamment à cause de la violation de l’espacé aérien libanais par les Israëliens. » [14].

Quand les Libanais eurent enfin le courage de déposer une plainte auprès du Conseil de sécurité de l’ONU contre Israël pour « sabotage continuel et violation de l’intégrité territoriale », le représentant à l’ONU Gere Pederson, l’ambassadeur britannique James Watt et l’ambassadeur états-unien à Beyrouth, Jeffrey Feltman s’agitèrent comme des poules face à un renard et se mirent à tirer les ficelles pour sortir leur compère israélien d’affaire.

Feltmann eut une idée ; selon sa manière de voir les choses ce n’étaient pas « les services secret libanais, mais le Hezbollah » qui aurait « débusqué » le réseau d’espionnage, ce qui consisterait « une tentative (de la part du Hezbollah) de dépasser les attributions dont il dispose au sein de la coalition gouvernementale. ». Pour le Monsieur-Je-Sais-Tout des États-Unis, « un tel facteur risquerait d’avoir une influence négative sur les relations libano-états-uniennes et affecterait également l’aide militaire au pays ».

De son côté, David Satterfield, le conseiller pour l’Irak de la secrétaire d’État Condoleeza Rice, alla jusqu’à avertir Damas que « la stabilité de la Syrie ( !) risquait d’être menacée par l’extrémisme en Irak. ». Selon lui le Hezbollah ne se contentait pas d’agir sur le frontière sud-libanaise contre « l’ennemi héréditaire » israélien mais qu’il avait participé également « activement, aux côtés de l’Iran, à des actions violentes (en Irak) qui avaient causé la mort de soldats irakiens, états-uniens, britanniques et d’autres pays de la coalition. La participation iranienne à cette violence est multiforme mais son aspect le plus nocif est probablement la dissémination d’engins explosifs sophistiqués, et il faut mettre fin à cela. ». Satterfield refusa de donner des détails, se contentant de brandir sous le nez de « l’Internationale démocratique » la même affirmation déjà proférée par Dagan : c’est l’Iran et son « bâtard » le Hezbollah qui sont directement responsables de la terreur et des attentats à la bombe en Irak.

Mi-juin 2006, lors d’une conférence de presse avec le belliqueux Donald Rumsfeld, le général George Casey, commandant de l’armée US en Irak, enfonça le même clou : « Nous avons quelques indications que le Hezbollah est utilisé pour certaines actions d’entraînement des Iraniens ».

Le but de toute cette agitation et de ces élucubrations états-uniennes étaient de mettre un frein à l’apparition de questions de plus en plus nombreuses et qui demandaient si - plutôt que la Syrie - ce n’était pas Israël qui était impliqué dans l’attentat contre l’ancien Premier ministre Rafic Hariri.

Assassinat de Hariri : ne pas ignorer la piste israélienne !

L’auteur du présent article envoya, le 26 juin, une lettre ouverte à Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies et à Serge Brammertz, responsable de la commission d’enquête internationale et indépendante des Nations Unies (UNIIIC), chargé de trouver les coupables de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais. La lettre leur fut remise directement, son texte fut également publié sur Internet tandis qu’une traduction arabe était publiée en première page du quotidien libanais Ad Diyar :

Très chers Messieurs,

Grâce au travail d’enquête efficace de l’armée libanaise, la commission d’enquête internationale et indépendante des Nations Unies (UNIIIC) se trouve depuis quelques jours dans une situation avantageuse qui susciterait la jalousie de tout enquêteur criminel de par le monde ayant à résoudre une affaire dont les auteurs sont inconnus. Monsieur Brammert a à sa disposition une bande de malfaiteurs sous les verrous, dont l’interrogatoire permettra peut-être d’obtenir de nouvelles pistes permettant d’éclaircir l’enquête sur le crime commis contre Rafic Hariri voire d’identifier ses véritables instigateurs.

Comme vous le savez, la sécurité militaire libanaise a récemment débusqué deux réseaux terroristes mis en place par le Mossad, service secret israélien et qui pratiquaient depuis des années de l’espionnage, du sabotage, des assassinats et des attentats à la voiture piégée au Liban, contre des palestiniens et des activistes du Hezbollah. Une de ses dernières victimes est Mahmoud Majzoub, chef du Jihad islamique, assassiné en mai dernier à Sidon par une voiture piégée. Il semblerait que ce soit un avion militaire israélien qui a détonné la bombe, via un laser. En outre la bande a avoué entre autres l’assassinat des cadres du Hezbollah Ali Saleh en 2003, Ali Hassan Dieb en 1999 et Jihad Jibril 2002.

Il s’est avéré que c’est Meir Dagan, l’actuel chef du Mossad, qui a personnellement recruté l’un des « chefs » du réseau terroriste, en l’occurrence le druze Mahmoud Rafé. Ce dernier a avoué avoir été recruté en 1989 par Dagan pour mettre en place un centre d’appui logistique et de collecte d’informations afin de préparer le terrain aux opérations israéliennes contre des cibles terroristes. Les Libanais étaient chargés de convoyer l’équipement nécessaire aux opérations et de le déposer aux endroits où leurs « collègues » israéliens pourraient les récupérer. Ainsi, dans le cas Majzoub, deux agents du Mossad dotés de faux passeports sont arrivés trois jours avant l’attentat à Beyrouth. Ils ont préparé la voiture piégée à Sidon avant de quitter le pays peu après le « succès » de l’opération. Les collaborateurs israéliens obtenaient tout leur équipement d’Israël, par le bais d’une connexion terrestre entre Kfarkila et Shebaa ainsi que par des voies maritimes clandestines. Rafé, formé en Israel, était directement en contact avec le Mossad depuis sa maison à Hasbaya et communiquait par le biais de systèmes codés ; Israël lui avait fourni un ordinateur dernier cri, des appareils d’enregistrement ainsi que des faux passeports, documents et licences, et autres équipements. Lors de la perquisition, les enquêteurs ont également trouvé un appareil électronique qui permet de transmettre les coordonnées de « cibles » désignées aux avions israéliens. En 1981, Dagan, officier de l’armée israélienne, était commandant du Sud-Liban occupé et responsable de la campagne de voitures piégées contre des chefs palestiniens. Quand, en 2002, il est devenu le chef du Mossand, il a réactivé, au Liban, cette méthode d’assassinat.

Indépendamment de la décision du Liban d’user ou non de son droit de déposer une plainte contre Israël auprès du Conseil de securité de l’ONU pour « sabotage continuel et violation de son territoire » , il est important que vous, Messieurs, agissiez sans tarder afin de ne pas perdre de temps et nuire à l’enquête. L’opinion mondiale préférerait connaître aujourd’hui plutôt que demain la vérité sur les responsables de l’attentat ignoble qui a coûté la vie à Rafic Hariri.

En conséquence, au nom également de nombreux amis de la vérité et de militants pour la paix à travers le monde, je vous prie d’étendre le champ de votre enquête sur l’assassinat de Hariri et de vous pencher sur l’hypothèse d’une implication d’Israël et du Mossad ainsi que de leurs collaborateurs locaux.

Etant donné que ce type d’actions criminelles du Mossad - comme l’a montré le cas Majzoub - ne peut être mené sans l’approbation du premier ministre israélien, je vous invite, très cher Monsieur Annan, à permettre à l’UNIIIC - s’il le faut par résolution du conseil de sécurité de l’ONU - d’interroger les responsables du gouvernement israélien, et en premier lieu le premier ministre Ehud Olmert et le chef du Mossad, Meir Dagan. En effet, comme le montrent les enquêtes de la sécurité militaire libanaise, Israël dispose d’une vaste expérience et d’un savoir faire pointu dans le domaine criminel et lâche de l’organisation d’attentats à la voiture piégée.

Par ailleurs l’UNIIIC et Serge Brammertz ainsi que ses enquêteurs zélés ont la chance unique de pouvoir pénétrer un appareil terroriste agissant à un niveau logistique et technique très élevé, ce qui leur permettra d’obtenir la réponse à de nombreuses questions encore ouvertes dans leur enquête - ou au moins de mieux comprendre et comparer certaines éléments. Et notamment de découvrir avec quelles méthodes high-tech l’attentat contre Hariri a été exécuté.

Comme on dit dans le métier, suivez cette piste tant qu’elles est encore tiède.

Bien sûr, parallèlement à ceci vous devriez vérifier si le témoin douteux Mohammad Zuheir al-Saddiq, interrogé par Detlev Mehlis, n’appartiendrait pas lui aussi à un tel réseau du Mossad. N’oubliez pas que que c’est à cause de ses déclarations très douteuses que les anciens policiers Ali Al Hajj, Jamil El Sayyed, Mustafa Hamdan et Raymond Azar sont emprisonnés depuis 2005 et maintenus en confinement solitaire... et ce alors que aucune preuve valide n’ait été produit contre les accusés. Une telle situation, et vous le savez d’expérience est indigne des démocraties européennes. Je vous prie donc de vérifier sans tarder si, outre les motivations de vengeance politique il existe des preuves véritables justifiant le maintien en garde à vue de ces hommes. Si c n’est pas le cas, alors, conformément aux principes d’un État de droit, ces quatre présumés innocents doivent être remis en liberté. S’il devait s’avérer que le droit libanais n’est pas adapté à ce genre de situation, alors je vous prie, M. Kofi Annnan de faire pression sur les responsables libanais, s’il le faut en les menaçant d’une plainte pour possible violation des droit de l’homme.

Je vous prie de bien vouloir étudier l’hypothèse d’une implication israélienne sans trop tarder. Cette piste pourrait s’avérer être la clé de la résolution de l’enquête sur l’abominable assassinat de Hariri. Je vous souhaite de réussir dans cette entreprise et que, par une approche objective, vous résolviez rapidement l’affaire et pourrez bientôt annoncer les résultats à l’opinion internationale.

Salutations respectueuses

Jürgen Cain Külbel, Berlin Auteur de l’ouvrage « Mordakte Hariri. Unterdrückte Spuren im Libanon » , Mars 2006 [15]


Quatre jours avant le début de la guerre, les agents du Mossad en Liban étaient plaçés en alerte
Entre-temps, les préparations de guerre israéliennes étaient entrées dans leur dernière phase. Le 7 juillet le Daily Star nous informait que, « l’armée israélienne se trouve depuis deux semaines en état d’alerte maximale » le long de la frontière libanaise « et a recommencé ses violations du territoire aérien libanais » [16].

Quatre jours plus tard, le mardi 11 juillet 2006, le bulletin d’informations de la chaîne de télévision Al Manar, annonce que le gouvernement libanais exige du Conseil de sécurité de l’ONU à New York une résolution - ou au moins une déclaration - condamnant au nom du droit international les activités terroristes menées par Israël sur le territoire libanais depuis le début de l’année. Le bulletin d’Al Manar précise que cette exigence « embarrasse les États-Unis et la France ». Le bulletin indique par ailleurs que des sources diplomatiques anonymes au Liban ont indiqué que « des pays occidentaux exercent des pressions sur Beyrouth afin qu’il n’exige pas du Conseil de sécurité la convocation d’une réunion à propos des réseaux du Mossad à l’étranger. » [17] ».

Le ministère des Affaires étrangères libanais a confirmé le jour même que « parmi ceux qui ont fait pression sur les représentants du gouvernement libanais » pour amener Beyrouth à abandonner ses exigences vis à vis du Conseil de sécurité, « se trouvait également l’ambassadeur états-unien Jeffrey Feltman ». Le ministère des Affaires étrangères libanais poursuit en « regrettant que les puissances occidentales pratiquent une politique du deux poids/deux mesures mais que Beyrouth continuera à exiger une réunion du Conseil de sécurité sur la question » [18].

Quelques heures plus tard, la milice du Hezbollah fit prisonnier les deux soldats, offrant ainsi un prétexte à la machine militaire israélienne de lancer sa guerre inhumaine et planifiée de longue date contre le Liban. Mais malgré les bombardements les services de sécurité libanais continuèrent leur travail.

Ainsi, le journal arabophone de Beyrouth Liwaa annonçait le 27 juillet 2006 que les autorités avaient arrêté 53 personnes depuis le début de la guerre, « pour avoir pactisé avec l’ennemi et lui avoir transmis des informations et fait des repérages sur des localités qui ont ensuite été attaqués par des avions de combat et des navires du guerre ennemis. ». Le quotidien de Beyrouth Ad Diyyar écrivait la veille que plus de 70 agents avaient été arrêtés jusqu’à présent, soupçonnés d’espionnage au profit de l’ennemi , 20 d’entre eux rien que dans les banlieues Sud de Beyrouth.

Le dimanche auparavant, le quotidien libanais réputé Al Safir avait publié un article relatant qu’un « des hauts cadres de ce réseau d’espionnage » avait avoué lors de son interrogatoire que, « quatre jours avant la capture des deux soldats, Israël avait placé tous ses agents en alerte maximale et avait fourni des consignes et des technologies aux agents dormants afin qu’ils surveillent les différents centres ainsi que les bureaux du parti Hezbollah, sur tout le territoire libanais mais avant tout dans la banlieue Sud de Beyrouth ».

Toujours selon ce quotidien une « personnalité haut placée dans les services secrets israéliens », aurait fourni des informations sur « un réseau étendu sur le territoire libanais, composé de nombreux agents israéliens à Beyrouth et dans le Sud-Liban, et actif depuis de nombreuses années ». La police libanaise aurait ainsi arrêté un « Israélien qui aurait avoué avoir marqué plusieurs bâtiments à Beyrouth avec de la poudre phosphorécente afin qu’ils soient précisément repérés et bombardés par l’aviation israélienne. Cet agent aurait également mené la police à des caches contenant des appareils sophistiqués et des équipements d’espionnage ». L’article poursuit, « les membres de ce réseau avaient accès à des technologies sophistiquées et des appareils de communication dernier cri qui permettaient d’identifier précisément des cibles dans la banlieue Sud de Beyrouth, de les marquer et de guider les bombardiers israéliens vers ces cibles. ». La chaîne de télévision Al Arabija avait déjà annoncé le 20 juillet 2006, que les espions avaient préparé les bombardements avant même le début des hostilités en communiquant à l’armée israélienne des « informations sur des cibles vacantes. Selon le journal Liwaa, les agents israéliens utilisent également des peintures phosphorescentes pour faciliter le travail des pilotes des avions bombardiers. »

Dans le milieu du renseignement, on estime que « les aveux des suspects arrêtés ces derniers jours pourraient permettre de débusquer un certain nombre de cellules d’espionnage israéliennes au Liban ». De source informée, on apprend que, « l’étendue des actions menées par le réseau d’espionnage découvert ces derniers jours dépasse de loin tous les autres réseaux découverts jusqu’à présent. » A ce jour l’armée israélienne a, bien évidemment, refusé tout commentaire à ce sujet. » [19]

En conclusion

Malgré la guerre inhumaine d’Israël contre le Liban et les enquêtes des autorités libanaises sur l’ampleur des activités criminelles du Mossad au Pays du Cèdre, les « leaders démocratiques » du monde occidental continuent à refuser ne serais-ce que d’envisager l’hypothèse que l’État d’Israël puisse être impliqué dans l’assassinat de Hariri et dans la campagne d’attentats qui a ensuite secoué le Liban.

Le président français Jaques Chirac, dont l’esprit se refuse apparemment même à considérer les résultats des enquêtes des services de police libanais, a continué à tonner, au beau milieu de la guerre, que la Syrie devait enfin accepter de participer à l’enquête sur les auteurs de l’attentat contre Hariri - il ne fait peu de doute qu’il parlait également au nom de ses compères en Angleterre, aux États-Unis, en Israël et ailleurs.

Et son ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy a mis en garde la Syrie, le 25 août 2006 au micro de la radio RTL, « de ne pas instrumentaliser le conflit israélo-libanais pour tenter de revenir dans la communauté internationale et se dispenser de participer à l’enquête (sur le meurtre de Hariri) » [20]..

Que faut il conclure de tout cela ? Qu’Israël continue à être considéré comme innocent malgré ses mains couvertes de sang. Et que ses complices se trouvent dans les palais présidentiels en Europe et de l’autre côté de l’Atlantique où ils font semblant de croire à la démocratie.

Notes

[1] « Hisbollah im Visier der États-Unis und Israels », par Jürgen Cain Külbel, Neues Deutschland, 7 juillet 2005.
[2] « Quo vadis, Hisbollah ? », par Jürgen Cain Külbel, Junge Welt, 20 juillet 2005.
[3] « Attentat vereitelt », Jürgen Cain Külbel, Junge Welt, 12 avril 2006.
[4] « Im Terrorsumpf », Jürgen Cain Külbel, Junge Welt, 19 avril 2006.
[5] « Israelischer Bombenterror », par Jürgen Cain Külbel, Junge Welt, 31 mai 2006.
[6] « Israeli Plane Detonated Bomb That Killed Two Islamic Djihad Officials, Defense Minister Says », An Nahar, 16 juin 2006.
[7] « Beirut steps up search for head of terror group tied to Mossad », par Karine Raad, Daily Star, 20 juin 2006.
[8] « Lebanon exposes deadly Israeli spy ring », par Nicholas Blanford, Times, 15 juin 2006.
[9] « Jund al-Sham and Mossad ? », par Ahmed Abu Adas, 16 juin 2006.
[10] « Lebanese demand UN action on Mossad cell », par Rym Ghazal, Daily Star, 17 juin 2006.
[11] « Haftbefehl für Mossad-Terroristen », par Jürgen Cain Külbel, Junge Welt, 14 juin 2006.
[12] « An exploding car door detonated by an Israeli plane over Lebanon is suspected of killing the brothers Mahmoud and Nidal Mahjub in Sidon », 26 mai 2006.
[13] « Mossad’s new chief revives Israel’s death squads », par Ed Blanche, Daily Star, 24mai 2003.
[14] « Lebanon Condemns U.N. for Ignoring « Israeli Spy Network » », 25 juin 2006
[15] paru le 2 juillet 2006 en première page du quotidien libanais Ad Diyar.
[16] « Jewish state maintains ’high alert’ on Lebanese border », par Nada Bakri, Daily Star, 7 juillet 2006.
[17] « Western countries urge Beirut not to call for a UN Security Council meeting over the captured Israeli network », 11 juillet 2006.
[18] « USA und Frankreich schützen Mossad », par Jürgen Cain Külbel, Junge Welt, 14 juillet 2006.
[19] « Vorhut der Invasoren », par Jürgen Cain Külbel, Junge Welt, 28 juillet 2006.
[20] « France Warns Syria Against Using Lebanon to Shun Hariri Probe », An Nahar, 25 août 2006.

(Réseau Voltaire - Jürgen Cain Külbel)

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vendredi, janvier 05, 2007

Actualité - La longue route d’Israël vers la guerre de Juillet 2006

L’histoire le montre, les Etats fauteurs de guerre se sont toujours efforcés de tromper l’opinion sur les raisons et causes de leur agression. Un exemple parmi d’autres est la fausse attaque de la station de radio de Gleiwitz, organisée par les Nazis, qui fut le prétexte de l’attaque de la Pologne et marqua ainsi le début de la Deuxième Guerre Mondiale. Ou encore « l’incident » de la Baie de Tonkin qui fut fabriqué par les États-Unis afin d’avoir un prétexte pour envahir le Vietnam. Ou, plus récemment, la falsification des preuves concernant les soi-disant armes de destruction massive de Saddam Hussein et qui permirent à l’administration états-uniennes, aux mains maculées de pétrole et de sang, de dépecer l’Irak et de s’emparer de ses ressources pétrolières.

Israël vient d’apporter sa contribution à cette pyromanie mondiale, organisée par « l’Internationale démocratique » et menée avec un entrain redoublé depuis que Bush junior et ses comparses sont au pouvoir. Les raisons de l’attaque israélienne sont multiples : depuis des années, Israël s’efforce, avec l’aide active des États-Unis, de balkaniser le Moyen-Orient afin de garantir son hégémonie vis à vis de ses voisins arabes, toujours présentés comme « menaçant l’existence de l’État hébreu » . Dans cette stratégie, l’État d’Israël s’est fixé, entre autres « objectifs stratégiques » , de sécuriser sa frontière au Nord et d’éliminer définitivement la résistance libanaise du Hezbollah, qui garde la frontière côté libanais.

La pseudo « Révolution des Cèdres » au Liban n’a pas profité à Israël ; le nouveau gouvernement à Beyrouth est faible et s’avère incapable de répondre aux exigences de l’administration états-unienne et à celles du gouvernement de Tel-Aviv. Il est notamment incapable de désarmer véritablement la milice chiite. Au contraire.

Par ailleurs, peu avant le début de la guerre, Israël se retrouvait dans la situation d’un boxeur K.O., allongé sur le ring. En effet, des preuves avaient été découvertes par les Libanais qui démontraient que les services secrets de l’État hébreu étaient activement impliqués dans des activités terroristes au Liban : notamment des attentats à la bombe, des voitures piégées et des assassinats de cadres palestiniens et d’élus du Hezbollah. Par ailleurs un faisceau d’indices était mis au jour et qui semblait désigner Israël et non la Syrie comme étant l’instigateur de l’attentat sanglant qui avait coûté la vie à l’ancien Premiers ministre libanais, Rafic Hariri.

Le fait que cette guerre, pourtant planifiée de longue date par Israël, ait été déclenchée dans l’urgence face aux découvertes embarrassantes des Libanais et qu’elle se soit muée en une débâcle pour l’agresseur n’a finalement pas beaucoup d’importance. Elle aura au moins prouvé une chose : la guerre menée par la machine militaire surpuissante contre le Liban est représentative des futures batailles du XXIème siècle, menées sans complexes et avec une cruauté criminelle. On cible désormais la population civile avec des actes de terreur et on détruit sciemment des infrastructures vitales afin de faire souffrir la population et la briser. Ni « l’Internationale démocratique » ni l’ONU se sont véritablement opposés à la punition collective imposée aux Libanais. Ils restèrent muets face aux innombrables bombardements d’infrastructures civiles, d’usines de lait en poudre, d’écoles, d’hôpitaux, d’ambulances, de convois de réfugiés, de voitures individuelles ou de motocyclettes, de quartiers d’habitation densément peuplés ainsi que la quasi totalité des routes et ponts autoroutiers du pays. Bien au contraire, les politiques des États-Unis et l’Union européenne, dont la Première Ministre allemande Angela Merkel, accordèrent indirectement un blanc-seing à l’agresseur israélien en refusant de mentionner, et encore moins de condamner, l’utilisation par Israël d’armes interdites par la communauté internationale, par exemple que des obus au phosphore, des bombes à sous munitions et apparemment également des obus contenant de l’uranium appauvri.

L’opération commando israélienne

Quelques jours après que le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz ait poussé son cri de guerre et ordonné, le 12. juillet 2006 à son aviation de « détruire les villages du Hezbollah ainsi que l’infrastructure du Liban » , le Premier ministre libanais, Fouad Siniora a pu constater que ce n’était pas le Hezbollah mais son pays qui avait été détruit. A Tel-Aviv on a pris pour prétexte la capture des soldats Ehud Goldwasser et Eldad Regev par la milice chiite, au matin du 12 juillet, pour déclencher sans attendre une guerre dévastatrice et sans aucun égard pour les vies innocentes.

Que s’est il exactement passé ce jour là ? Ce mercredi, à 9h05 exactement, un communiqué de l’organisation résistante, lu sur l’antenne de la station de télévision du Hezbollah, Al Manar, annonçait que, ses « soldats ont attaqué une patrouille israélienne près de la frontière et fait prisonnier deux soldats. » Hassan Sayyed Nasrallah, chef de la milice chiite, expliqua que « cette opération était planifiée depuis 5 mois » par son organisation. Comme l’explique Philip Abi Akl dans le journal conservateur libanais Daily Star, la milice affirmait vouloir, par cette action, « tenir une promesse vis à vis du peuple libanais. L’enlèvement permettrait d’échanger les soldats israéliens contre des prisonniers libanais retenus en Israël » [1]. Le Dr. Mazin Qumsiyeh, ancien enseignant à la Duke & Yale University, et auteur du livre Partage de la terre de Canaan précise : « Le Hezbollah est un mouvement libanais de résistance armée, fondé après l’invasion israélienne du Liban en 1982. Il est important de rappeler, pour ceux qui auraient la mémoire courte, que - pour la seule année 1982 - des dizaines de milliers de Libanais et de Palestiniens (ces derniers étant déjà des réfugiés de la guerre israélienne de 1948) furent assassinés par les troupes d’occupation israéliennes dans le Sud du Liban. Le Hezbollah a connu une grande popularité et obtenu le soutien d’une bonne partie de la population libanaise (y compris chez les chrétiens) à cause de sa victoire sur la brutale machine militaire d’occupation israélienne, victoire ayant permis de chasser Israël et ses vassaux de la plus grande partie du territoire libanais. Bien sûr, Israël continue d’occuper illégalement Gaza, la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), les « fermes de Chebaa » ainsi que le plateau du Golan. De la même manière Israël continue à s’opposer au droit international en interdisant aux réfugiés palestiniens de retourner dans leurs maisons et de retrouver leurs terres. Plus important encore : l’armée israélienne continue a garder prisonniers de très nombreux citoyens libanais ainsi que plus de 10.000 prisonnier politiques palestiniens. L’histoire des enlèvements de Libanais et de Palestiniens par Israël remonte à loin. Par ailleurs ces prisonniers sont régulièrement torturés. » [2].

Le Hezbollah lui même n’a donné aucune indication quand au lieu de l’enlèvement. Ce n’est que le lendemain de l’enlèvement que l’AFP indique : « Aux dires de la police libanaise, les deux soldats ont été faits prisonniers sur territoire libanais, dans la région de Aïta Al-Chaab, proche de la frontière israélienne, région qui avait été la cible d’une incursion de l’unité israélienne tôt dans la matinée. » La lettre d’information française Réseau Voltaire indique de son côté, « De manière délibérée, Tsahal (l’armée israélienne) a envoyé un commando dans l’arrière-pays libanais à Aïta al Chaab. Il a été attaqué par le Hezbollah, faisant deux prisonniers. Israël a alors feint d’être agressé et a attaqué le Liban » [3]. Le quotidien italien La Reppublica cite des sources au sein du Hezbollah pour affirmer que « la capture a eu lieu dans la zone Aïta Al Chaab, non loin du village Zarit » , les deux se situant au Liban. Les Français dénoncent par ailleurs le fait que, « à la demande du colonel Sima Vaknin-Gil, chef de la censure militaire israélienne, la presse occidentale a accepté de relayer une version tronquée des événements survenus ces derniers jours au Proche-Orient. (...) Sur injonction de la censure militaire israélienne, les agences de presse et médias ayant des journalistes accrédités en Israël ont renoncé à informer leurs lecteurs du lieu où les soldats israéliens ont été faits prisonniers » . La journaliste suisse Silvia Cattori, travaillant pour le Réseau Voltaire s’est vue enlever son accréditation de travail en Israël pour avoir refusé de d’obéir aux consignes de la censure militaire » [4].

Mais, pour le Premier ministre israélien Ehud Olmert les soldats ont été enlevés sur territoire israélien. « Les évènements de ce matin ne sont pas une attaque terroriste, mais l’action d’un État souverain qui a attaqué Israël sans raison. Le Liban en paiera le prix » a t’il menacé lors d’une conférence de presse en présence du premier ministre japonais Junichiro Koizumi tout en annonçant une riposte « très douloureuse et très étendue » . Son ministre de la Défense Amir Peretz et les services secrets avaient de toute évidence prévu le coup depuis longtemps et tout préparé. C’est la raison pour laquelle, le jour même de l’enlèvement des deux soldats, le 12 juillet, l’armée israélienne envahit le Liban tandis que la rapide mobilisation des réservistes et l’extension des opérations démontrent clairement qu’Israël avait tout planifié longtemps à l’avance, et ne réagissait donc pas simplement à l’enlèvement de ses deux soldats. Outre les bombardement extrêmement ciblés - qui montrent à quel point les services israéliens et leurs collaborateurs sur le terrain avaient repéré les cibles au Liban, l’armée israélienne disposait par ailleurs des coordonnées détaillées de chaque restaurant, de chaque usine de savon, de chaque école, le tout repéré depuis longtemps en prévision de cette guerre. Peretz savait parfaitement ce qu’il disait quand il menaçait de « ramener le Liban 50 ans en arrière » avec ses bombardement. Ce n’étaient pas des paroles de vantard, il savait qu’il en avait les moyens [5].

Le Liban : une guerre préparée en laboratoire

« De toutes les guerres qu’Israël a menées depuis 1948, celle-ci [contre le Liban] est la seule pour laquelle le pays était parfaitement préparé » , a déclaré Gerald Steinberg, professeur d’études politiques à l’université Bar-Ilan de Ramat Gan, quelques jours après le début du conflit. Cet universitaire, qui travaille pour le ministère israélien des Affaires étrangères et de la Sécurité nationale, ajoute : « Dans un certain sens, les préparatifs ont débuté dès le mois de mai 2000, juste après le retrait israélien [du Liban]. En 2004 la campagne militaire, prévue pour une durée de trois semaines et à laquelle nous assistons en ce moment, était déjà planifiée et a été simulée et testée en laboratoire depuis un ou deux ans. » . [6].

Matthew Kalman confirme ces dires le 21 juillet 2006 dans le San Francisco Chronicle : « Il y a plus d’un an, un haut gradé de l’armée israélienne a commencé à présenter à des diplomates, des journalistes et des think tanks états-uniens et autres, des simulations PowerPoint non destinées au public et comportant des détails révélateurs de l’opération actuellement en cours. » L’identité de ce gradé, selon Kalman, a été tenue secrète. Ce militaire a présenté les plans d’une « campagne de trois semaines » contre le Liban en ces termes : « La première semaine sera consacrée à la destruction des roquettes puissantes et de longue portée du Hezbollah, au bombardement du poste de commandement et de contrôle et à rendre impraticables les grands axes de transport et de communication du pays. La deuxième semaine devra être principalement consacrée aux attaques contre des localités abritant des rampes de lancement de missiles ou des dépôts d’armes. La troisième semaine, on enverra un effectif plus important de forces terrestres […] pour détruire les cibles repérées au cours des missions de reconnaissance [...] Par contre il n’est pas prévu d’occuper à nouveau le Sud-Liban pour une longue période. » .

Moshé Marzuk, un ancien membre des Services secrets militaires israéliens, aujourd’hui chercheur à l’Institut du contre-terrorisme d’Herzlia, ajoute : « Israël a tiré les leçons des guerres précédentes au Liban, en Cisjordanie et à Gaza, tout comme des expériences des États-Unis en Afghanistan et en Irak : l’armée à compris qu’un campagne militaire classique serait inefficace » . Néanmoins, cela faisait dix ans qu’Israël projetait d’attaquer à nouveau le Liban, quelle que soit la stratégie employée [7]

Clean Break – Déclaration de guerre à l’Orient arabe

Wayne Madsen, un ancien agent de la NSA, une des agences de renseignement états-unienne, écrivait le 22 juillet 2006 : « Les 17 et 18 juin 2006, au cours d’une conférence de l’American Enterprise Institute (néo-conservateur), à Beaver Creek. (Colorado), l’ancien Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahu, Nathan Sharansky [8], un membre de la Knesset et le vice-président des États-Unis Dick Cheney sont tombés d’accord pour envahir le Liban » Cheney « a donné son feu vert » poursuit Wayne Madsen. Netanyahu est retourné en Israël où il a fait part, « au cours d’une rencontre entre anciens Premiers ministres, du soutien de l’administration Bush » [9]

La rencontre entre Cheney et Netanyahu, rapportée par Madsen présente un caractère quelque peu explosif. En 1996, le Study Group on a New Israeli Strategy Toward 2000, un groupe de néo-conservateurs américains du think tank privé The Institute for Advanced Strategy and Political Studies, avait élaboré pour Netanyahu, alors Premier ministre israélien, le projet tristement célèbre A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm [10].

Dans ce pamphlet militariste, les stratèges néo-conservateurs exhortaient Israël à dénoncer l’intégralité des accords de paix d’Oslo avec les Palestiniens, à envahir les territoires autonomes et à « attaquer le Hezbollah, la Syrie et l’Iran, les trois principaux agresseurs du Liban » . Le groupe qui avait rédigé le pamphlet était supervisé par Cheney et dirigé par Richard Perle, surnommé le « prince des ténèbres » , membre du premier gouvernement de Bush Jr et l’un des pires fauteurs de guerre lors de la préparation de l’invasion de l’Irak. Parmi les rédacteurs figuraient d’autres membres du cabinet Cheney, tels que Douglas Feith et David Wurmser ; toutes ces personnes sont également membres du fameux « Golden Circle » , qui regroupe les dirigeants de l’United States Committee for a Free Lebanon (SCFL), une officine dont nous aurons l’occasion de reparler.

Le Clean Break affirme : « La Syrie menace Israël depuis le territoire libanais. Israël devrait attaquer le Hezbollah, la Syrie ainsi que l’Iran, qui sont les principaux agresseurs du Liban : mener des attaques contre les installations militaires syriennes au Liban et, si cela devait s’avérer inefficace, attaquer des objectifs ciblés en Syrie même » [11]. Israël doit en outre « utiliser les groupes d’opposition libanais pour affaiblir le pouvoir syrien au Liban » . Les groupes libanais, associés à Israël, pourraient « attaquer les objectifs militaires syriens présents sur leur territoire » ou « si cela devait s’avérer insuffisant » , Israël pourrait même « attaquer des objectifs ciblés en Syrie » et montrer ainsi que « le territoire syrien n’est plus considéré comme un sanctuaire » . Bien sûr il faut également renverser le régime de Saddam Hussein en Irak. Finalement un « nouveau Proche-Orient » devrait voir le jour, composé d’États affaiblis et morcelés, sans unité interne et dirigés par des marionnettes, tandis qu’Israël jouirait d’une hégémonie incontestée sur la région. Autrement dit, un projet qui ressemble énormément au « nouveau Proche-Orient » dont Condoleezza Rice, la secrétaire d’État des États-Unis, rêvait publiquement en juillet dernier, au début du conflit.

Ce genre de projets est tout à fait du goût de Daniel Pipes [12] directeur de la « revue de géopolitique renommée » Middle East Forum et thuriféraire anti-arabe patenté. Pipes s’évertue depuis des années à prêcher une politique états-unienne au Moyen-Orient orientée vers une solide alliance avec Israël, la Turquie et d’ » autres démocraties, si elles adviennent » , car pour lui, le Moyen-Orient est « une source majeure de problèmes pour les États-Unis à cause de la quantité prodigieuse de dictatures, d’idéologies radicales, de conflits existentiels et de frontières, de violence politique et d’armes de destruction massive qui s’y trouvent » . [13].

Une grande partie des membres du comité exécutif de ce forum semblent entretenir par ailleurs des liens étroits avec l’American Enterprise Institute de Cheney et Perle ainsi qu’avec l’United States Committee for a Free Lebanon (USCFL). Ziad K. Abdelnour, le président du comité et influent banquier de Wall Street (à une époque on le considérait comme un futur Ahmed Chalabi libanais), savait dès juillet 2002 que « le meilleur moyen pour les Libanais d’accéder à la paix passe par un alignement sur la politique états-unienne. ».

« Le règlement de la guerre au Liban ne se situe pas au Moyen-Orient. Ni au Liban. Ni même sur le sol libanais. Nous ne gagnerons jamais sur le sol libanais. Les cartes sont à Washington. » Depuis longtemps Abdelnour avait déclaré la guerre totale à son pays natal, un pays dont il disait que « c’est un État -Gestapo, exactement comme la France sous l’occupation nazie allemande » [14]. Abdelnour et Pipes entretiennent des liens inquiétants ; ils ont publié ensemble, en mai 2000, sous le titre « En finir avec l’occupation syrienne au Liban, le rôle des États-Unis » ( « Ending Syria’s Occupation of Lebanon : The U.S. Role » ) une étude élaborée dans le cadre d’un soi-disant Groupe d’études libanaises (Lebanon Study Group). Cette publication va-t’en-guerre milite pour une intervention militaire contre la Syrie afin de détruire les prétendues armes de destruction massive qui y seraient dissimulées et mettre fin à la présence militaire syrienne au Liban..

Des plans d’attaque prêts depuis 2004

Ziad K. Abdelnour souhaite débarasser le Liban de la Syrie - par quelle que manière que ce soit - et renverser le régime syrien afin de transformer la région en une zone économique capitaliste. Pour arriver à ces fins il semble qu’il entretienne depuis des années des contacts et des échanges avec des dirigeants et des responsables tant à Tel-Aviv qu’à Washington, qui lui fournissent des informations. Dans son livre sur l’affaire Hariri, paru en mars 2006 en Allemagne sous le titre Mordakte Hariri – Unterdrückte Spuren im Libanon , l’auteur de cet article publie un interview de Ziad K. Abdelnour, où ce dernier fait allusion à une montée de la menace de guerre :

Interview de Ziad K. Abdelnour, réalisé le 24. Dezember 2005 :

Q :En septembre 2003, vous teniez un discours très optimiste : « Au Liban, un millier de guerilleros libanais n’attendent qu’un signal (de votre part) pour lancer l’insurrection et repousser tant les Syriens, qui ont la haute main sur tous les leviers de la politique libanaise depuis une génération, que le Hezbollah, le groupe terroriste chiite qui s’est installé dans le Sud à partir de l’étroite zone qui longe la côte orientale de la Méditerranée. Tout ce dont nous avons besoin, c’est d’un soutien de l’aviation de guerre américaine. »

R : Je ne me souviens pas avoir jamais fait une telle déclaration et je me demande d’où vous tirez ces propos déformés.

Q :Vous avez même déclaré : « Cela ne durera pas trois semaines comme en Irak. Cela durera 48 heures. L’expulsion (des Syriens) devrait prendre encore 48 heures de plus. C’est un boulot soit pour les Israéliens, soit pour les Américains. » Pourquoi ceci devrait-il être un « boulot » pour les Israéliens ? Vous voulez dire l’Armée du Liban Sud (ALS), ou bien Tsahal (IDF), ou encore les deux ? A : Pourquoi j’ai dit que c’était un boulot pour les Israéliens ? Eh bien, il est évident que ce sont soit les Américains soit les Israéliens qui auront à se charger de ce travail, dans un avenir assez proche.

Q : Votre hypothèse d’un « prise de contrôle en 48 heures » est erronée ; elle se fonde sur le scénario « soulèvement armé de la population et soutien aérien » , un scénario qui était également celui d’Ahmed Chalabi, l’ancien chef du Congrès national irakien. Ce scénario rencontre-t-il la même adhésion chez les hommes politiques états-uniens de premier plan ?

R : Mon hypothèse d’une prise de contrôle en 48 heures ? De quoi parlez-vous, je vous le demande ? C’est de la science-fiction que vous écrivez, c’est un livre de propagande politique, qu’est-ce que vous écrivez au juste ? Ca me dépasse là, vraiment. [15]

Q :Ces propos de votre part figurent dans une interview que vous avez accordée en septembre 2003 à Mr. Spencer Ackerman et dans laquelle vous avez ébruité ce plan. Je vous ai déjà fait parvenir la version intégrale de cet entretien. [16]

R : Toutes ces sources (articles de journaux) que vous citez proviennent de journalistes libéraux ou de gauche bien connus qui tournent les choses de telle manière qu’en fin de compte elles plaisent à leurs patrons... c’est de la daube, de la pure propagande, mon cher . [17]

Commentaire de Spencer Ackermann : « Il est étonnant d’entendre Ziad dire qu’il n’a aucun souvenir de ces citations. Je suis absolument certain du contraire. De fait, quand l’article est paru en 2003 dans le journal New York Press, il m’a écrit pour me dire qu’il le considérait comme incisif mais néanmoins objectif — pour autant que je sache, il n’en a jamais contesté un seul mot auprès de moi ni de qui que ce soit au journal. En tout cas, je voudrais que ce soit bien clair : le ton de mon article était ironique, mais lors des événements des années 2002 et 2003, au moment où j’ai interviewé Ziad, il souhaitait très sérieusement se trouver à la pointe de la lutte pour libérer le Liban de la Syrie. » [18]

Six mois plus tard, la libération du Liban se faisant attendre, Abdelnour réconforte ses acolytes en leur faisant part d’informations qui circulent au sein d’un réseau confidentiel regroupant des Libanais exilés, des néoconservateurs états-uniens, des politiciens et des lobbyistes de l’administration Bush. Ci-dessous quelques unes de ces informations, peu nombreuses mais révélatrices, que le banquier politicien avait envoyé à ses amis :

De : « Ziad K. Abdelnour » Date : Mon Apr 26, 2004 2:44 am Je t’assure que cette administration avance à toute vapeur contre LES DEUX, la Syrie et l’Iran. J’ai eu pas moins de trois discussions privées à ce sujet avec le président et des personnalités-clés de son administration. Meilleures salutations, ZKA

De : « Ziad K. Abdelnour » Date : Sat Sep 4, 2004 7:34 pm Les jours de la Syrie au Liban sont comptés. Comme nous le disons depuis quelque temps déjà au sein de l’USCFL (United States Committee for a Free Lebanon), il n’y a pas d’autre voie que la manière forte... La force est en marche. Le Hezbollah et la Syrie, l’un comme l’autre, peuvent déjà considérer que leur grande aventure libanaise tire à sa fin, ils vont en déguerpir sous peu. Observez attentivement ce qui va se passer prochainement et souvenez-vous de ce que je vous ai dit aujourd’hui. ZKA

De : « Ziad K. Abdelnour » Date : Sun Sep 5, 2004 12:45 am Commencer par l’Iran, puis redescendre la filière jusqu’au Hezbollah en passant par la Syrie. Je ne peux vraiment pas vous révéler qui va provoquer l’Iran, je trahirais l’effet de surprise ; mais je peux vous assurer qu’ils seront mis en pièces tous les trois, en commençant par l’Iran. Les plans sont déjà échafaudés. Oui, nous allons vivre un scénario très sombre et ce sera le chapitre II de la campagne de Bush... Pas étonnant que toutes les gauches et les Arabes soient furibonds... Vous savez bien... ou au moins vous vous doutez bien de ce qui se joue ici. Franchement, je préfère encore avoir une deuxième guerre civile au Liban que de continuer dans le statu quo actuel...Avec Bush au pouvoir, c’est garanti à 100 %. Les plans sont prêts, la tactique et la stratégie aussi.

Suite de l’interview de Ziad K. Abdelnour les 24. et 25 décembre 2005 :

Q :Après la révolution dite « des cèdres » et les premières élections « démocratiques » de mai et juin 2005, le Liban a enfin accédé au statut d’État libre. Vous pouvez donc vous retirer, vous et tous les autres, et vous concentrer sur vos projets économiques !

R : Le Liban est un pays libre depuis mai-juin ? Etes-vous sûr que nous parlons du même Liban ? On y trouve encore quantité d’agents des services secrets syriens, pleinement tolérés par le président Lahoud. Ils sont présents à tous les niveaux, jusqu’au plus petit sous-lieutenant des services secrets libanais ; ils contrôlent la moindre facette de la scène politique libanaise, ils orchestrent en permanence des attentats de grande ampleur... comme ceux contre le premier ministre Hariri, contre Samir Kassir, contre Gebran Tuesni, etc. Et vous parlez de liberté ? Il en va de même pour le Hezbollah, qui n’en fait qu’à sa tête et retient le pays en otage tout en l’inondant de tentatives d’intimidation et de propagande mensongère. Tant que le régime syrien n’aura pas été remplacé, tant que l’infrastructure militaire du Hezbollah n’aura pas été démantelée, je crains que le Liban ne puisse accéder à la liberté. Je l’ai dit il y a plus de dix ans déjà, bien avant n’importe quel dirigeant libanais. Aujourd’hui, ils commencent tous à comprendre ; mais malheureusement, au prix d’un énorme gâchis humain et financier ! Et pourtant, je garde aujourd’hui encore une grande confiance dans l’âme libanaise et je suis persuadé que nous vaincrons... et bien plus tôt qu’on ne le croit. Que Dieu protège les États-Unis d’Amérique.

Q :Pouvez vous m’indiquer quelle est la voie qui permettrait au Liban de résoudre tous ses problèmes ? Le pays a un « nouveau » gouvernement suite à la révolution dite « des cèdres » . Mais c’est toujours la même équipe aux commandes, une équipe quelque peu usée, sans une seule nouvelle tête. Et en face il n’y a qu’une opposition narcissique. Comptez-vous tous les jeter à la mer ? Selon vous, qui est capable de conduire votre pays vers un avenir plus prometteur ? Joumblatt, Aoun, Siniora, Nasrallah, Berri, le blanc-bec Saad Hariri, Geagea, Pakradouni ? Pour ma part, je n’en ai pas la moindre idée. Et vous ?

R : Le Liban ne sera pas LIBRE tant que le régime syrien n’aura pas été remplacé et l’infrastructure militaire du Hezbollah mise hors d’état. Le Liban ne sera pas LIBRE tant que la vieille classe corrompue des politiciens libanais n’aura pas été dépossédée de son pouvoir, à commencer par le président Emile Lahoud. Le Liban ne sera pas LIBRE tant qu’on n’aura pas promulgué une loi donnant le droit de vote aux Libanais de la diaspora. Le Liban a des centaines, des milliers d’hommes d’affaires et de politiciens compétents, possédant le savoir-faire et les moyens nécessaires pour transformer le pays ; mais ces gens-là n’émergeront pas tant qu’il n’y aura pas de réelles élections démocratiques, libérées tant de la contrainte syrienne que des pressions du Hezbollah, ce qui nous ramène au point 1, qui est le point de départ de tout le reste.
Q :Êtes-vous impliqué dans l’évolution politique actuelle au Liban ou bien n’êtes-vous encore qu’un homme d’affaires privé ?

R : Mon activité politique a décuplé. Mais aujourd’hui, et c’est la leçon que je tire du passé, il n’y a aucune raison de faire savoir à tous les Libanais ce que nous comptons faire. Ceux qui tirent les ficelles ne sont pas toujours sous les projecteurs. Regardez l’activité des Syriens au Liban , il y a là matière à s’instruire. Vous voulez battre votre ennemi ? Jouez son jeu mieux que lui. À tous ceux qui veulent notre défaite, je dis qu’ils doivent s’attendre à voir émerger au contraire à une organisation plus puissante, qui deviendra « le pire de leurs cauchemars ».

Q :Mais la partie est terminée. L‘intervention en Irak a démobilisé les États-Unis. Que peut faire Israël tout seul ? Pour ma part je ne sais pas. Qu’en pensez-vous ?

R : Bush a encore deux années à gouverner. Le match n’est pas gagné tant que la partie n’est pas finie. Je crains que vos souhaits ne se concrétisent pas. Mais libre à vous de rêver. [19]

Les États-Unis impliqués dans les préparatifs de guerre israéliens

Seymour Hersh, un journaliste d’investigation américain mondialement connu et lauréat du prix Pulitzer, a publié le 14 août 2006 dans The New Yorker son reportage « Watching Lebanon » [20] dans lequel il affirmait que la guerre d’Israël contre le Liban avait été préparée de longue date. Hersh se réfère exclusivement à des sources anonymes au sein du gouvernement des États-Unis et des services secrets, sources qui lui ont révélé que l’enlèvement des deux soldats israéliens avait fourni le prétexte rêvé pour déclencher une guerre planifiée depuis longtemps par les stratèges israéliens.

Selon Hersh, des diplomates israéliens se seraient rendus à Washington au début de l’été, afin de demander le « feu vert » pour l’agression et prendre la mesure du soutien qu’ils pourraient attendre des États-Unis. Cette information se recoupe avec les recherches de Madsen. Les Israéliens auraient d’abord enrôlé le vice-président américain Dick Cheney. Israël avait commencé par Cheney, car, selon Hersh « convaincre Bush n’était pas un problème. » D’après un spécialiste du Proche-Orient, anonyme lui aussi, Bush avait de nombreuses raisons de soutenir l’offensive militaire israélienne. « Bush en voulait aux deux. Il en a après l’Iran — maillon de l’Axe du Mal— et à ses installations nucléaires ; d’autre part, dans le cadre de son projet de démocratisation du Moyen-Orient, projet qui sert ses intérêts, le Hezbollah était dans son collimateur. Et un Liban « libéré » aurait constitué le fleuron de son projet de construction d’un Proche-Orient démocratique. ». Et surtout Bush voulait voir l’arsenal du Hezbollah détruit afin que, dans le cas d’une attaque américaine contre les installations nucléaires iraniennes, le risque de représailles du Hezbollah contre Israël soit neutralisé.

Un ancien agent des services secrets explique : « Nous avons dit aux Israéliens : si vous devez aller au charbon, nous vous soutiendrons sur toute la ligne. Et nous pensons que le plus tôt sera le mieux. Plus vous attendrez, moins il nous restera de temps pour procéder à une évaluation et faire nos plans contre l’Iran avant que Bush ne quitte ses fonctions ». Les militaires états-uniens espéraient d’ailleurs pouvoir compléter leurs informations sur l’arsenal iranien, grâce aux frappes israéliennes contre les réseaux de tunnels et de bunkers du Hezbollah, leur conception étant, aux dires des experts, semblable à celle des fortifications iraniennes. Depuis le printemps 2006, sous la pression de la Maison Blanche, des hauts responsables de la stratégie aérienne des États-Unis consultaient les militaires israéliens au sujet d’éventuelles frappes militaires contre les installations nucléaires iraniennes. « La grande question, pour notre aviation, c’était de savoir comment on allait pouvoir faire mouche sur toute une série de cibles iraniennes difficiles » ajoute l’ex-agent des services secrets, car « chacun sait que ce sont des ingénieurs iraniens qui ont conseillé le Hezbollah lors de la construction des tunnels et des arsenaux souterrains. C’est pour cela que l’aviation des États-Unis est allée soumettre ses nouveaux plans d’opérations aux Israéliens et leur a dit : « Concentrons-nous sur les bombardements et échangeons nos informations : nous vous disons ce que nous savons de l’Iran et vous ce que vous savez du Liban. ». Donald Rumsfeld, le secrétaire à la Défense, était présent lors de ces discussions.

Israël pensait en outre que ses attaques aériennes - dirigées contre les infrastructures du Liban et visant à leur anéantissement - dresseraient les populations chrétiennes et sunnites contre le Hezbollah. « La campagne de bombardements israélienne » , toujours selon Hersh, « était conçue pour être une préfiguration des plans états-uniens contre l’Iran. ». Les gouvernements de Washington et Tel-Aviv ont violemment critiqué ces révélations de Seymour Hersh.

Il est donc difficile de croire que, quand, au printemps 2006, George Bush, déclare - cité par le quotidien libanais Ad Diyar - que « l’été libanais sera chaud. », il s’agit là de l’expression d’une de ces prémonitions « envoyées par Dieu » dont se targue le Texan. À ce moment là, les préparatifs de guerre d’Olmert étaient déjà en route depuis longtemps et le boss de Washington lui avait manifestement déjà donné son accord pour la démolition du Liban et du Hezbollah.

Notes

[1] « clashes raise familiar questions » , par Philip Abi akl, 13 juillet 2006.
[2] « Libanon, Israel, Palästina : Interview mit Mazin Qumsiyeh, Fragen von Anis » , 24 juillet 2006.
[3] « Les agences de presse occidentales victimes consentantes de la censure militaire israélienne » , 18 juillet 2006.
[4] Id.
[5] « Krieg gegen Libanon ? » , par Cain Külbel, Jürgen : Provozierter, Neues Deutschland, 26 juillet 2006
[6] « Jürgen : Power-Point-Inszenierung » par Cain Külbel, Junge Welt, 27 juillet 2006.
[7] « Israel set war plan more than a year ago » par Matthew Kalman, : San Francisco Chronicle, 21.juillet 2006.
[8] « Natan Sharansky, idéologue de la démocratisation forcée » , Réseau Voltaire, 24 février 2005.
[9] « Israel and US planned Lebanon invasion in June » , Wayne Madsen Report, 22 et 23 juillet 2006.
[10] « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm »
[11] « Der Ölpreis und Libanon » , Zeit-Fragen, 21 mars 2005.
[12] « Daniel Pipes, expert de la haine » , Réseau Voltaire, 5 mai 2004.
[13] « About the Middle East Forum », Middle East Forum
[14] « Lebanese seek end to Syrian stranglehold », par Mandy Steele, WorldNet Daily.com, 15 juillet 2002
[15] Toutes ces réponses s’appuient sur des communications personnelles transmises par e-mail le 24 décembre 2005
[16] « Ziad Abdelnour is plotting regime change in Lebanon from Park Ave », par Spencer Ackermann, News & Columns, Volume 16, Issue 38, 17.septembre 2003.
[17] Communication personnelle du 26 décembre 2005 : par cette brève déclaration, Abdel-Nour réagit globalement à un certain nombre de sources qui lui ont été soumises. C’est pourquoi cette réponse apparaît à plusieurs reprises dans ce texte.
[18] Communication personnelle du 27 décembre 2005
[19] Ziad K. Abdelnour par e-mail les 24, 25 et 27.décembre 2005
[20] « Watching Lebanon », 14 août 2006.

(Réseau Voltaire - Jürgen Cain Külbel)

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