Actualité - La conférence internationale de Bush pour la paix : un complot contre le peuple palestinien
Washington estime que les régimes arabes non seulement souscriront à un accord qui prendrait au piège le peuple palestinien à l’intérieur de ghettos militarisés et appauvris dans les différentes zones de la Cisjordanie et de la bande de Gaza mais qu’ils se joindront à l’Egypte et à la Jordanie pour finalement reconnaître Israël.
Le tribut le plus lourd payé pour un accord le sera à Gaza où le gouvernement du Hamas, que le Fatah d’Abbas a destitué par un coup constitutionnel soutenu par l’occident, est destiné à être détruit.
La conférence proposée est une affirmation de la politique américaine que Washington a annoncée indépendamment des autres membres du Quartette pour le Proche-Orient : l’Union européenne, les Nations unies et la Russie. Elle sera présidée par la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice.
Bush a présenté son annonce comme un ultimatum, en déclarant que la présence à la réunion sera réservée à ceux qui soutiennent la création d’un Etat palestinien, qui rejettent la violence et qui reconnaissent Israël. Présentant la conférence comme « l’heure du choix », il a mis en garde qu’un soutien pour le Hamas serait une victoire pour ses « promoteurs étrangers » en Syrie et en Iran qui « détruiraient la possibilité d’un Etat palestinien ».
Le président américain a décrit la prise de contrôle de Gaza par le Hamas comme une trahison « violente et illégale » et a menacé le Hamas en déclarant : « Il faut empêcher que Gaza ne devienne un sanctuaire d’où sont lancées des attaques contre Israël. Il faut accepter le gouvernement palestinien légitime, laisser l’aide se rendre à Gaza, désarmer la milice et reconnaître Israël. »
Il a également insisté pour qu’Abbas arrête les militants et mette fin à la corruption avant le début des pourparlers, et il a dit aux nations arabes de mettre un terme « à la fiction qu’Israël n’existe pas », de réfréner la rhétorique anti-Israël dans leurs médias et d’envoyer des responsables ministériels dans l’Etat juif.
En comparaison, Bush a déclaré que les Israéliens « pouvaient être sûrs que les Etats-Unis n’abandonneraient jamais leur engagement pour la sécurité d’Israël en tant qu’Etat juif et terre natale du peuple juif ». Il a poursuivi en lançant un appel superficiel à Tel Aviv pour « le retrait des avant-postes non autorisés et la fin de l’expansion des colonies ». Aucun appel ne fut lancé pour le démantèlement de la plus grande partie des colonies israéliennes.
L’annonce fut suivie par des appels téléphoniques de Bush à l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Egypte pour recevoir leur appui à cette initiative.
Bush a offert 190 millions de dollars US pour soutenir financièrement le régime d’Abbas en Cisjordanie, en plus des 80 millions de dollars pour aider tout spécialement Abbas à réaliser la réforme des services de sécurité. Les responsables américains ont dit que l’argent était détourné de Gaza, acculant le peuple à la famine.
Israël a salué la reprise des pourparlers mais a immédiatement fait savoir que les trois questions clés des frontières, du droit au retour des réfugiés palestiniens et de Jérusalem ne figuraient pas à l’ordre du jour.
Abbas a dit qu’il espérait arriver à une « paix complète avec les Israéliens d’ici un an ou même moins que cela », donc avant que Bush ne quitte son poste. « Je l’ai entendu de mes propres oreilles, du président lui-même et de la secrétaire d’Etat Rice », a-t-il ajouté.
Sami Abu Zuhri, un porte-parole du Hamas, a rejeté la conférence de Bush, en l’appelant « une nouvelle croisade de Bush contre le peuple palestinien ».
L’envoyé de paix choisi par Bush, l’ancien premier ministre britannique Tony Blair, a été envoyé en mission cette semaine pour avoir des entretiens durant deux jours avec Abbas et le gouvernement israélien d’Ehud Olmert. Le président israélien, Shimon Peres n’a pas tari d’éloges envers Blair. « Je ne peux pas trouver un meilleur homme », a-t-il dit en ajoutant :
« Nous avons de la musique au Proche-Orient, nous disposons d’un orchestre au Proche-Orient, ce qu’il nous faut c’est un bon chef d’orchestre et je pense que Tony peut devenir ce chef d’orchestre ».
Les lettres de recommandation de Blair comme envoyé de paix ont été rédigées sur la base de son empressement à suivre à la lettre les instructions de Bush. James Wolfensohn, l’ex-directeur de la Banque mondiale et envoyé spécial du Quartette qui a démissionné en 2006, a déclaré récemment au quotidien israélien Ha’aretz : « Les Etats-Unis n’ont jamais renoncé à garder la haute main sur les négociations et je serais fort étonné si pour le département d’Etat… je n’étais pas une gêne.
« Le problème central, c’est que je ne disposais pas de l’autorité nécessaire. Cette autorité revenait au Quartette et au sein du Quartette elle revenait aux Américains. »
La Jordanie, l’Egypte et l’Arabie saoudite ont salué les propositions de Bush, et ce, en dépit du fait que l’Arabie saoudite ait poliment décliné d’y participer.
Le ministre des Affaires étrangères jordanien, Abdelelah Khatib et son homologue égyptien, Ahmed Aboul Gheït, se sont rendus le 25 juillet en Israël pour une visite inédite en tant qu’émissaires de la Ligue arabe. Ils ont remis à Olmert, au ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni et à d’autres ministres et membres de la Knesset le texte de l’initiative de paix saoudienne, d’un retrait des territoires en échange de la paix, en offrant, a déclaré Gheït, « la sécurité, la reconnaissance et l’acceptation pour cette région, ce qu’Israël avait attendu depuis si longtemps ».
Israël n’acceptera pas l’appel de la Ligue arabe d’un retrait total de la Cisjordanie où elle dispose d’importantes colonies mais elle sait aussi qu’il s’agit là d’un point négociable de toute manière pour ce qui est des Etats arabes. Youval Steinitz du parti d’opposition de droite, Likoud, a déclaré : « Je suis heureux de dire qu’après avoir entendu nos critiques ils ont dit [le plan] n’était pas un ultimatum, que ce n’était pas ’à prendre ou à laisser’ ».
Bush a reçu cette semaine le roi Abdallah de Jordanie à la Maison blanche pour pousser en avant son projet.
Les Etats-Unis et Israël considèrent la division entre les factions rivales palestiniennes, le Fatah et le Hamas, la division politique de fait entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, et la formation d’un gouvernement d’urgence par Abbas comme une occasion de poursuivre leurs intérêts géo politiques dans la région.
A cette fin, ils offrent quelques miettes à leurs agents politiques, Abbas et son nouveau premier ministre, Salam Fayyad, un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, tout en isolant et en assiégeant la bande de Gaza qui se trouve sous le contrôle du Hamas.
Mais, la soi-disant stratégie « West Bank First » (La Cisjordanie d’abord) de Bush vise également à s’assurer le soutien des Etats sunnites arabes, l’Egypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite, à l’encontre de l’Iran chiite dont l’influence croissante dans la région est tout autant une abomination pour ces derniers qu’elle l’est pour la Maison blanche. Bush a accusé l’Iran de soutenir les insurgés chiites en Irak, le Hezbollah au Liban et le Hamas en Palestine, en décrivant le tout comme un arc de l’extrémisme chiite.
Ceci est à la fois une justification pour une action hostile à l’encontre de l’Iran et un appel à la formation d’un autre arc des Etats sunnites en recourant au sectarisme afin de diviser les travailleurs et les paysans pauvres et de détourner les luttes sociales au sein de leurs propres pays.
La Syrie a été continuellement associée à l’Iran depuis qu’elle s’était jointe à l’Iran pendant la guerre Iran-Irak de 1980. Les deux pays sont unis par des liens économiques très forts, le commerce annuel atteignant 200 millions de dollars et les entreprises iraniennes ont investi plus d’un milliard de dollars en Syrie, dans le marché de l’énergie, dans l’industrie automobile, le ciment et l’agriculture.
Damas cherche désespérément à améliorer ses relations avec les Etats-Unis et Israël et est plus que disposée à traiter avec Israël, pour avoir à maintes reprises cherché à engager des pourparlers de paix avec Jérusalem. Elle n’était cependant pas disposée à participer aux pourparlers de paix en l’absence d’un parti tiers et de l’engagement d’Israël de rendre le plateau du Golan, illégalement occupé et colonisé par Israël depuis la guerre de 1967. Le premier ministre Olmert a refusé ceci de but en blanc et a appelé la Syrie à rompre toute relation avec l’Iran et les partis anti-israéliens. Ainsi, sans aucune indication de compromis, la Syrie a refusé de participer à la conférence proposée par Bush.
La semaine dernière, le président syrien Bashar al Assad avait reçu le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, pour discuter de l’Irak, de la Palestine et du Liban. Ahmadinejad a également rencontré le dirigeant du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah qui était venu du Liban pour le voir.
Les préparatifs de la conférence proposée par Bush ont lieu dans le contexte à la fois d’une intensification de l’offensive menée par Israël contre Gaza et contre Nablus, le bastion du Hamas en Cisjordanie, et des « exécutions ciblées » de son personnel par des avions israéliens.
Israël a à présent complètement bouclé ses frontières avec la bande de Gaza, ne permettant que l’acheminement de l’aide humanitaire, entraînant ainsi la perte d’au moins 68.000 emplois. Des milliers de petites usines, d’entreprises et de fermes sont fermées vu que les importations et les exportations ont été réduites à néant et qu’environ 85 pour cent des salariés du secteur privé de Gaza se retrouvent à présent au chômage.
Les fonctionnaires des Nations unies ont lancé l’avertissement que la fermeture contribue à créer une catastrophe humanitaire. « Si la fermeture actuelle continue, nous craignons de devenir à Gaza une société pratiquement totalement dépendante de l’aide, une société à qui on a volé toute possibilité d’autosuffisance et de dignité par le travail », a dit John Ging, le directeur des Nations unies pour les opérations dans la bande de Gaza.
Le gouvernement de la Cisjordanie a également resserré l’étau sur le Hamas et Gaza. Il a étendu le pouvoir des tribunaux militaires et accordé au ministère de l’Intérieur le droit de fermer des organisations non gouvernementales. Il a dit au 17. 000 policiers de Gaza dont il verse les salaires de ne pas retourner au travail. Abbas a aussi annoncé la tenue de nouvelles élections sans l’accord des 120 membres du parlement dont le quorum requis n’est pas atteint : la moitié de ses 75 membres Hamas sont détenus dans des prisons israéliennes sans procès et le restant refuse d’y participer.
Le ministre adjoint de l’Information du Hamas, Hassan Abu Hasheish, a déclaré cette semaine :
« Il y a eu 750 cas d’agression commis contre des gens du Hamas en Cisjordanie au cours de ces six dernières semaines. Je ne pense pas que les gens puissent tolérer et pardonner cela. Si les choses continuent ainsi ça va exploser. Voici ce que Fatah a fait à Gaza. »
(World Socialist Web Site, par Jean Shaoul)
Libellés : États-Unis, La lutte de résistance du peuple palestinien
0 Comments:
Publier un commentaire
<< Home