mardi, avril 11, 2006

Actualité - Un débat exploratoire au nom des "valeurs canadiennes"

Franc-Parler publie un texte paru dans Le Marxiste-Léniniste qui s'inscrit dans une des thématiques de son troisième numéro, à savoir la présence du Canada en Afghanistan. Il sera intéressant de suivre ce dossier pour voir si les partis de l'opposition sauront mener un réel débat sur la question des forces d'occupation canadienne en terre afghane et s'ils prendront en considération les désirs du peuple canadien. Actuellement, les positions des partis représentés au Parlement vont de l'exportation des "valeurs canadiennes" à la conciliation avec l'impérialisme pour des considérations oppurtunistes.

Aujourd'hui 10 avril, le gouvernement minoritaire de Stephen Harper, avec l'accord des partis de l'opposition, tiend un «débat exploratoire» au parlement sur l'implication militaire du Canada en Afghanistan. Harper a décidé de tenir la session après avoir assuré le président des États-Unis de l'appui du Canada lors de la rencontre de Cancún et après avoir reçu l'assurance des partis de l'opposition que les conservateurs auraient l'appui de la majorité des députés. Il convoque donc un «débat exploratoire» avec la présomption que tout le monde est d'accord avec la participation du Canada à cette guerre. Cela ne fait honneur ni au Canada, ni aux Canadiens.

Les Canadiens seraient en droit de se demander ce qui motive le gouvernement à tenir un tel débat. Au fil des années, grâce à l'acharnement du mouvement anti-guerre, de petits partis et de certains candidats indépendants durant l'élection fédérale, la participation du Canada en Haïti, en Israël, en Irak et en Afghanistan et dans la Zone de libre-échange des Amériques est posée comme une importante question de principe qui concerne l'ensemble du corps politique. C'est l'ensemble du peuple qui est préoccupé par cette affaire et des milliers de collectifs de la société s'activent à ce sujet à différents degrés.

Pourtant, nous avons traversé une longue campagne électorale cet hiver durant laquelle les partis dits «majeurs» ont convenu entre eux que les affaires étrangères ne seraient pas discutées. Cette unanimité du silence dans une campagne électorale, et sur une question aussi cruciale pour les Canadiens et la cause de la paix, la sécurité et la souveraineté, n'est possible que s'il y a une entente de coulisses entre les différents intérêts en place. Et depuis l'élection, il y a eu le Discours du Trône du nouveau gouvernement qui attribue au Canada en Afghanistan le rôle de «défendre nos intérêts nationaux, combattre le terrorisme mondial et aider le peuple afghan à faire un nouveau départ en tant que société libre, démocratique et pacifique.»

Aucune remise en cause de cette position n'a été faite par les partis au parlement malgré que les gens d'un bout à l'autre du pays ne cessent de multiplier les actions de protestation et qu'une situation explosive est en train de se créer à l'échelle mondiale. Au Moyen-Orient, on assiste à des menaces d'attaques nucléaires contre l'Iran. La politique de génocide contre les Palestiniens s'intensifie, parallèlement à l'incitation criminelle à la guerre civile en Irak. Les manoeuvres militaires du Southern Command américain dans les Caraïbes représentent une grave menace pour la paix en Amérique latine et dans les Caraïbes. Puis le gouvernement Harper s'est déclaré pleinement d'accord avec le plan belliqueux du gouvernement Bush et du Conseil canadien des chefs d'entreprises rendu public le 21 février.

La symbiose de l'unité collective des «partis majeurs» durant les élections était évidente lorsque le chef du NPD, Jack Layton, a assuré l'animateur d'une émission politique de la CBC que le NPD avait toujours été convaincu que le déploiement canadien en Afghanistan était conforme au «rôle traditionnel de maintien de la paix» du Canada. Layton a par contre dit à l'électorat qu'il n'avait qu'à attendre l'ouverture du parlement car le NPD avait «certaines questions d'appoint» à poser au gouvernement concernant «ce qui, récemment, apparaît comme un rôle de plus en plus offensif» pour le Canada en Afghanistan. Le NPD, que certains disent opposé à la participation du Canada à la guerre mais qui déclarait en octobre 2001 appuyer l'emploi de la force militaire en Afghanistan bien qu'il eût préféré que cela se fasse sous la bannière de l'ONU, s'est avéré incapable de défendre une position de principe.

La tenue de ce «débat exploratoire» arrive néanmoins en même temps que de nouvelles révélations en provenance d'Irak et d'Afghanistan concernant l'implication du Canada. Le général Rick Hillier prédit que le Canada y sera pendant au moins dix ans et les médias mettent toutes voiles déployées pour répandre la désinformation du gouvernement.

D'abord il y a eu l'annonce que d'autres Canadiens ont été tués dans le sud de l'Afghanistan et que quatre ressortissants étrangers enlevés (dont deux du Canada) ont été libérés. La «libération» de ces deux derniers a fait l'objet d'un tapage incessant dans les médias et aurait été l'oeuvre d'un groupe militaire canadien agissant clandestinement en Irak. Ce dernier fait fut révélé par le commandant américain, pas par Ottawa. Les médias ont même reproché aux ressortissants étrangers de ne pas être assez reconnaissants envers leurs «libérateurs». La déclaration de l'un d'eux a fait les manchettes en Nouvelle-Zélande la semaine dernière: Il a dit que leur «libération» ne consistait en rien de plus q'une promenade en voiture, que des pots-de-vin avaient été versés et que, par voie de conséquence, les enlèvements comme tels étaient l'oeuvre d'opérations secrètes des Forces spéciales. Les médias canadiens n'en ont pas soufflé mot.

L'importance de la participation du Canada en Afghanistan se voit non seulement dans le nombre de soldats déployés mais aussi dans l'envoi de journalistes «encadrés» par toutes les grandes agences de nouvelles canadiennes, y compris plusieurs chefs de pupitre. Jamais le comportement civilisé n'a été rabaissé autant. Nous sommes maintenant témoins d'un discours dans les médias qui fait ouvertement référence à des plans pour commettre le génocide contre un peuple au nom de «valeurs canadiennes». La mort d'un soldat canadien, le transport de son cercueil au pays, l'arrivée de l'avion à la base militaire et les funérailles ont été exploités au maximum, comme on pouvait s'y attendre, pour demander non plus de nouveaux équipements pour l'armée, mais le soutien «à nos hommes et femmes et forces armées». La tentative de chantage émotif contre les Canadiens, dont les fils et filles, frères et soeurs, mères et pères sont les hommes et femmes des fores armées, était évidente. Et ce sera sans aucun doute le thème du «débat exploratoire» dont l'objectif est d'éclipser les principes.

Le PCC(M-L) posait la question dans les termes suivants le 15 octobre 2001: «Évidemment, les frères et soeurs, filles et filles, mères et pères se soutiennent les uns les autres, mais que soutiennent-ils? Comment le soutien aux hommes et femmes des forces armées est-il synonyme de soutien à la participation du Canada à cette guerre contre l'Afghanistan? Comment cela peut-il être synonyme de l'acceptation que l'OTAN devienne une alliance militaire agressive mondiale au service des ambitions de domination des États-Unis en Europe et en Asie?»

La question se pose encore: Quel intérêt les médias ont-ils à personnaliser les affaires politiques sinon pour couvrir le fait qu'ils cachent les questions de fond et laissent le gouvernement Harper et les intérêts qu'il représente s'en sauver avec la même chose? Ce n'est pas acceptable.

Le chantage médiatique a frappé un noeud quand on a appris que quatre enquêtes ont été lancées pour déterminer si la mort du soldat canadien de 22 ans, tué par balles, ne serait pas encore une fois l'oeuvre de «tirs amis», comme dans le cas de la mort de quatre canadiens tués par des pilotes américains en 2001. Des membres de «forces de la coalition» des États-Unis, de Grande-Bretagne et du Canada sous commandement britannique ont participé à l'échange de coups de feu à Kandahar, bien que le Canada, pour appuyer sa prétention d'agir en toute souveraineté et son affirmation que l'armée canadienne «a atteint sa majorité», ne cesse de répéter que ses soldats sont sous commandement canadien.

Par définition, aucune décision n'est prise à l'issue d'un «débat exploratoire». Cela veut dire que le gouvernement conservateur ne fait qu'informer le parlement des mesures qu'il prend pour poursuivre la voie tracée par l'alliance libéraux-NPD dans le parlement précédent. Une motion sera déposée à l'effet que le parlement «prend note des actions internationales contre le terrorisme» ou quelque chose du genre. Le débat ne durera pas plus que quelques heures et les députés passeront ensuite à autre chose, aux «vraies questions». Le but du débat est d'amener les Canadiens à renoncer à leur opposition à la mission canadienne en Afghanistan. À preuve le fait que certains médias ont fait une «auto-critique» à l'effet que durant les élections ils n'ont pas suffisamment informé les Canadiens à propos de l'implication du Canada en Afghanistan. On affirme ainsi que le problème comme tel n'est pas la mission du Canada en Afghanistan, mais que la population n'est pas suffisamment informée. Ainsi, le message du «débat exploratoire», sur un fond de chantage émotionnel de style américain pour appuyer nos hommes et femmes des forces armées, sera que le Canada n'est pas en guerre et n'est en Afghanistan que pour aider à la reconstruction.

Dans le passé, comme le permettent les pouvoirs conférés par les institutions de la démocratie représentative, le Canada a toujours déployé ses forces armées à l'intérieur comme à l'extérieur du pays par décret exécutif, ordre du cabinet ou ordonnance en conseil. Le corps politique est complètement écarté. La dernière fois que la Chambre des communes a voté sur une action militaire du Canada a eu lieu il y a 14 ans, durant la guerre du Golfe de 1991. Le vote a eu lieu alors que des avions de combats CF-18 canadiens participaient déjà des raids aériens contre Bagdad. Depuis, les Forces armées canadiennes ont été déployées sans vote au parlement dans le golfe Persique pour imposer le «régime de sanctions» anglo-américain contre l'Irak ainsi qu'en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et en Haïti. Aucune de ces actions ne saurait être considérée comme une «opération de maintien de la paix». Cette pratique anti-démocratique (de pair avec les révélations à l'effet que la décision d'envoyer des forces d'expédition en Somalie comme auxiliaires des forces américaines fut prise par un comité de quatre personnes après que le premier ministre de l'époque, Brian Mulroney, ait reçu un appel téléphonique de la Maison Blanche en décembre 1992) accentue la crise de légitimité et de crédibilité du système de démocratie non représentative.

Le «débat exploratoire» a été innové par la suite pour donner une impression de consultation. Mais il sert à attiser les passions tout en cachant le processus par lequel les décisions sont prises. Au lieu de rescaper la crédibilité de la démocratie parlementaire, cela ne fait que marginaliser davantage les citoyens et contribuer à créer une situation dangereuse.

Le «débat exploratoire» et l'expression de «la diversité des opinions» permettent ainsi à Stephen Harper, premier ministre de guerre autoproclamé, de projeter l'image d'une volonté collective pour justifier sa décision d'engager davantage le Canada dans des opérations américaines au Moyen-Orient et en Afghanistan au nom de «valeurs canadiennes», au nom de la «sécurité» et de la «guerre contre la terreur». Cela permettra encore une fois aux États-Unis de prétendre avoir «une coalition» avec eux, malgré l'opposition massive des peuples et de nombreux gouvernements à l'usage de la force militaire, et en particulier l'usage d'armes nucléaires tactiques que les États-Unis font planer contre l'Iran et l'action militaire contre les gouvernements d'Amérique latine et des Caraïbes qui refusent de se soumettre au diktat américain.

Pour freiner l'élan du gouvernement dans cette voie, un parti d'opposition ou un simple député pourrait profiter du forum parlementaire pour invoquer la procédure pour ralentir les travaux de la Chambre, frustrer les efforts du gouvernement et permettre aux Canadiens d'exprimer leur opposition. La promesse de «laisser le gouvernement de fonctionner» et de plutôt «lui poser des questions d'appoint» cache un refus de défendre une position de principe. Les Canadiens, en particulier le mouvement anti-guerre, doit mettre de l'avant un programme indépendant, comme celui d'établir un gouvernement anti-guerre en s'opposant aux tentatives de désinformer le mouvement et en bâtissant l'organisation et l'unité nécessaires pour le réaliser. Les soldats canadiens doivent être ramenés au pays et ne servir qu'à la défense nationale, à la protection du territoire et de la souveraineté du Canada.

(Le Marxiste-Léniniste du 10 avril)

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ninest123 16.02

8:17 p.m.  

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