jeudi, avril 13, 2006

76e Anniversaire de la Marche du Sel en Inde

- Mandy Poitras -

«Ce sont les événements qui commandent aux hommes et non les hommes aux événements.»
-Hérodote-

Le 15 février 1930, Gandhi annonce à ses compagnons du Congrès, le parti indépendantiste, qu’il a choisi comme objectif de la campagne de désobéissance civile l’abrogation de la loi qui les contraint à payer un impôt sur le sel. C’était alors un délit de fabriquer du sel, d’en posséder, de le vendre, de l’acheter, de le colporter, et même d’emporter du sel naturel déposé sur une plage. Le sel étant une denrée vitale, à la fois condiment du pauvre, aliment du bétail, ingrédient en culture et dans de nombreuses fabrications, conservateur d’aliments, cet impôt est « la taxe la plus inhumaine que l’ingéniosité de l’homme puisse imaginer ».

Le 2 mars, il adresse une lettre d’ultimatum au vice-roi, Lord Irwin, dans laquelle il écrit notamment « Face à des arguments convaincants ou pas, la Grande Bretagne défendra son commerce et ses intérêts en utilisant toutes les forces dont elle dispose. L’Inde, par conséquent, doit accumuler une force suffisante pour qu’elle puisse se libérer elle-même de l’étreinte de la mort ».

Le 12 mars 1930 au matin, Gandhi, âgé de 61 ans, quitte la ville d’Ahmedabad à la tête de 79 compagnons. Ils se proposent d’atteindre à pied le village de Dandi situé au bord de l’Océan Indien, à 380 kilomètres de distance. La presse internationale couvre l’événement. Tout au long de cette marche, « le Mahatma » prêche aux Indiens le devoir de déloyauté à l’égard du régime colonial qui asservit leur nation. Au cours de ses 350 km de route des villageois, des journalistes et des intellectuels se rallieront à sa cause. 24 jours après son départ Gandhi atteindra la mer où symboliquement il recueille dans ses mains un peu de... sel. Par ce geste dérisoire et hautement symbolique, Gandhi encourage ses compatriotes à violer le monopole d'État sur la distribution du sel.

Sur la plage, la foule, grossie de plusieurs milliers de sympathisants, imite le Mahatma et recueille de l'eau salée dans des récipients. Leur exemple est suivi partout dans le pays... À Karachi comme à Bombay, les Indiens font évaporer l'eau et collectent le sel au vu des Anglais. Ces derniers jettent plus de 60.000 contrevenants en prison. Les Indiens, fidèles aux recommandations de Gandhi, se gardent bien de résister. Le Mahatma lui-même est arrêté et passe neuf mois en prison. À la fin, le vice-roi reconnaît son impuissance à imposer la loi britannique. Cédant aux injonctions du Mahatma, il libère tous les prisonniers et accorde aux Indiens le droit de collecter eux-mêmes le sel.
(Franc-Parler, Vol.1, No.3 - 10 avril 2006)

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