Actualité - Le juge veut un règlement «rapide» d'une revendication territoriale de 200 ans
Hier, Caledonia a été envahi: hélicoptères, paniers à salade, renfort de la Police provinciale de l'Ontario, patrouilleurs, ambulances et camionnettes. Il y en avait partout. Dans le ciel, à gauche et à droite. Nous nous sommes demandés s'il serait plus prudent de garder les enfants à la maison et de ne pas aller faire l'épicerie. Tout le monde était sur un pied d'alerte, inquiet. Pourquoi tout ce cirque? Selon la police, tout ce tintamarre dans le ciel était pour s'assurer qu'une «vente de garage» à Caledonia ne dégénère pas en «émeute». A-t-on vu autant d'attention pour une vente de garage? Que vendaient-ils, des surplus de poivre de cayenne? Des bâtons de base-ball? Des mitrailleuses? Un char d'assaut pour y faire pousser des géraniums?
S'il s'agissait d'une opération de contrôle des foules, pourquoi la police se cachait-elle derrière les immeubles et dans les bois, armée jusqu'aux dents? C'était trop étrange et les autochtones partout au Canada étaient sur un pied d'alerte. Mais ce n'est pas la seule chose d'étrange qui s'est produite hier.
Le juge David Marshall a tenu séance à la cour de Cayuga. Il allait demander à la police provinciale de faire appliquer les mandats qu'il a émis en mars dernier de chasser du chantier 34 personnes non citées nommément. Ces mandats incomplets sont illégaux selon leur propre loi. Il s'instituait en juge, jury et bourreau en condamnant des personnes non citées nommément et pour des crimes non cités nommément -- parce que ces personnes n'avaient rien fait de mal et ne seraient peut être pas les mêmes. Ça, c'est le monde surréel du juge Marshall. Pour revenir à la réalité, nous avons réclamé notre terre le 28 février. Parce que nous n'avons pas les forces policières nécessaires pour faire respecter nos revendications territoriales, nous sommes restés sur le chantier pour empêcher les squatters de les occuper.
Piquant une crise, Marshall a donné deux semaines à toutes les parties comparaissant devant lui pour «régler le problème». Il a envoyé une ordonnance judiciaire au ministre des Affaires indiennes, Jim Prentice, et au procureur général du Canada les enjoignant d'intervenir dans cette affaire. Jusqu'à présent le fédéral n'a pas voulu s'en mêler.
Tout le monde, sauf les représentants des Six Nations, était convoqué à l'audience. Chacun y est allé de sa proposition pour «régler le conflit». Il n'y a pas de conflit. C'est clair! Ces terres nous appartiennent! Les avocats de la compagnie Henco, la compagnie de construction du projet domiciliaire, et ceux de la ville de Hagersville, ont exigé une intervention policière immédiate pour mettre à exécution leur plans de construction sur les terres des Six Nations. Ils pensent que la demande est encore bonne pour les propriétés volées. Ils devraient se réveiller. Ils devraient commencer par respecter la loi. Henco s'est trompé d'adresse. C'est au gouvernement de l'Ontario qu'il faut s'adresser, pas à nous.
Les représentants de la police provinciale ont dit que la police a essayé de faire appliquer l'injonction lorsqu'elle a tenté d'envahir le site occupé par les Six Nations le matin du 20 avril. Ils ont dit: «C'est aux politiciens maintenant de s'en occuper.» Félicitations! Pour une fois, nous sommes d'accord avec la Police provinciale de l'Ontario. L'affaire doit être résolue par les moyens légaux et politiques, pas par la force des armes. Le conseil de bande a assisté à l'audience du juge Marshall à titre d'organisme colonial de l'appareil gouvernemental fédéral pour les comparutions juridiques. Les membres du conseil parlaient en leur propre nom. Sachez que la vaste majorité des membres des Six Nations ont toujours boycotté les élections illégales des conseils de bande pour protester contre les manoeuvres juridiques du Canada pour se débarrasser du Conseil de la Confédération en 1924. Dans la plupart des communautés Mohawk, seulement environ 3% des électeurs admissibles ont déjà voté dans ces élections frauduleuses organisées par le gouvernement fédéral.
Le seul problème dans ce scénario, c'est que la cour représente une des partis au litige. Il est donc impossible qu'elle soit impartiale. D'ailleurs, les représentants des Six Nations refusent d'entrer dans une cour étrangère. Le juge Marshall avoue ne pas avoir l'autorité de forcer les chefs de la Confédération, qui s'occupent des questions des revendications territoriales, de comparaître parce que son tribunal n'a pas juridiction sur nous. Toutes les parties à la séance étaient donc du même côté, contre les Six Nations. Ce qu'il faudrait, c'est une médiateur international qui soit impartial et accepté par les deux côtés. Nous pouvons lui présenter nos documents et le Canada les siens. Nous savons déjà quel serait le résultat. C'est pourquoi le Canada ne prend pas ce moyen là: il serait perdant à coup sûr.
Ils ont dû avoir du plaisir à se féliciter les uns les autres en cour hier! Marshall a sans doute fait une petite enquête. Il sait que la souveraineté des Six Nations était acceptée dès le tournant du siècle. Le Canada et l'Ontario n'ont pas juridiction sur nous et sur nos terres. Les pourparlers devront se faire de nation à nation. D'ailleurs, quand toute la vérité sera connue à propos de Marshall, il n'aura pas le choix que de se retirer de l'affaire à cause de conflit d'intérêts. En effet, le juge Marshall possède lui-même une partie des terres de Haldimand volées aux Six Nations.
Marshall a dit: «C'est la responsabilité constitutionnelle du gouvernement fédéral et en ce moment il ne veut pas l'assumer.» En fait, la solution toute simple est que nous affirmions notre juridiction constitutionnelle légitime sur nos terres et notre peuple. Et voilà!
Marshall a rendu sa décision sur l'application des mandats après une parade d'exposés de la police provinciale, du procureur général, des autochtones et des compagnies de chemin de fer, de construction immobilière et de la communauté. Chacun y est allé de sa proposition pour mettre fin à l'occupation. Tant de bavardage pour rien. C'est sur l'émission de certificats de titres sur nos terres par le gouvernement de l'Ontario qu'ils doivent se pencher. Nous sommes sur nos terres et nous restons. Il va falloir s'y faire.
David Marshall a dit: «Si tout va bien, dans 14 jours nous auront une entente avec le gouvernement de l'Ontario [...] pour l'achat du territoire (des Six Nations) au prix du marché [...] et nous n'aurons plus besoin de revenir là-dessus.» Ouille! Il s'agit d'une terre volée qui nous appartient! Comment le gouvernement provincial peut-il l'acheter si elle n'est pas à vendre? Et notre loi nous interdit de la vendre. Henco veut vendre nos terres à l'Ontario, qui nous les rendrait. Pas nécessaire de se donner tant de misère, ces terres nous appartiennent déjà!
Mercredi, le 31 mai, les Six nations ont fait du piquetage au Casino de Brantford. Nous voulions montrer que notre lutte est plus que l'occupation d'un projet de construction domiciliaire. Le Casino a été construit sur une terre que nous n'avons jamais vendue ou cédée. Nous avons protesté à l'époque. Cela fait partie de notre territoire, le territoire de Haldimand d'une superficie d'environ un million d'acres. Quant aux joueurs au Casino, ne vous en faites pas. Vous pourrez continuer de venir, à moins que cela vous embête que le gouvernement ne soit plus celui prenne votre argent.
Le gouvernement de l'Ontario a peur que cela devienne «Caledonia... la suite». Mais non, c'est: «Six Nations... le début»!
Buck Sloat, un conseiller municipal de Haldimand, a dit à la télévision: «Ils doivent faire venir les autorités nécessaires pour mettre fin à ce conflit immédiatement. Que ce soit la police provinciale ou l'armée, cela doit cesser tout de suite.» Prend-il la relève de la mairesse de Caledonia, l'étroite d'esprit Marie Trainer? Ils lui ont sûrement dit d'aller se reposer encore une fois. C'est difficile à croire que les firmes de relations publiques torontoises n'aient pas trouvé un meilleur argument pour leurs politiciens à cervelle d'oiseau.
Pensez à tous les emplois que nous avons créés: les firmes de relations publiques, les policiers qui travaillent en temps supplémentaire, les juges, les conseillers juridiques, les grands médias, les firmes-conseil qui ont la responsabilité de garder la vérité hors des journaux, sans parler de l'expansion du système carcéral! Harper a déjà annoncé l'embauche d'un autre millier d'agents de la GRC. Ils vont s'occuper de nous surveiller et d'épier nos conversations. Ils pourraient même envoyer tout cela en sous-traitance à un centre d'appel en Inde? Cela commence à prendre des proportions importantes. Avant longtemps l'industrie de la surveillance des Indiens va être plus grande que General Motors, si ce n'est pas déjà fait puisque GM est en train de perdre aux concurrents japonais.
Il serait plus sage de dire: «C'est formidable que tous ces gens des Six Nations fassent preuve de tant de retenue pendant que nous dépensons des millions de dollars pour les provoquer pour que nous puissions les mettre en prison et les faire taire pour deux ou trois générations encore.»
Tout cela remonte au plan de Duncun Campbell Scott de laisser les colons s'installer sur nos terres dans l'espoir que le problème indien disparaisse en deux ou trois générations. Il s'est drôlement trompé!
(Traduit de l'anglais par Le Marxiste-Léniniste)
(Mohawk Nation News - Kahentinetha Horn)
Libellés : La lutte des Premières Nations pour leurs droits ancestraux
1 Comments:
This site is one of the best I have ever seen, wish I had one like this.
»
Publier un commentaire
<< Home