Actualité - C'est du peuple que vient le pouvoir et la paix
Au cours des 88 jours d'action des Six Nations pour réclamer nos terres près de Caledonia, en Ontario, nous avons reçu des milliers de courriels et d'appels de gens de partout dans le monde. Nous n'avons pas été en mesure de répondre à tous. Le soutien et les idées que nous avons reçus ont été extrêmement utiles et encourageant. Nous remercions tout le monde. Sans cette solidarité des autochtones et non-autochtones, la Police provinciale de l'Ontario aurait réussi le coup d'éclat qu'elle préparait. Le sang aurait été versé. Sans compter le retour de nos terres, bien que, là-dessus, nous attendons toujours.
Nous assistons à un renouveau de solidarité entre autochtones et non-autochtones. La promesse britannique de protéger les Six Nations sur le territoire de Haldimand que nous défendons avait commencé avec cette solidarité. Les Six Nations étaient des alliés des Britanniques. C'est cette alliance qui a mené à la création du Canada d'aujourd'hui. À cause de cette alliance avec les Britanniques, nous avons été repoussés de la Vallée des Mohawk par les Américains, vers ce qui est maintenant l'État de New-York, où notre peuple avait vécu depuis le début des temps. Les Mohawks furent de valeureux alliés des Britanniques durant la Révolution américaine. Ils ont toujours été sur les lignes de front à chaque fois que les Britanniques avaient besoin d'aide pour se défendre: durant la Bataille de Queenston Heights de 1813, durant la première et la deuxième guerres mondiales et à d'autres occasions. Le territoire de Haldimand est sur les terres traditionnelles Rotino'shon:ni/iroquoises. Il a été attribué aux Mohawks en 1784. Les Six Nations ont toujours été prêtes à se battre pour nos alliés canadiens. Il est bon de voir que la majorité soutient cette alliance et est prête à nous défendre.
La tradition, c'est que nous collaborons. Malheureusement, le gouvernement canadien, et en particulier le ministère des Affaires indiennes, a été usurpé par des gens qui ne veulent pas de cette collaboration. Ils veulent être rois et maîtres. Alors ils nous ont trahis et ont trahi le peuple canadien. Ils n'ont pas voulu nous traiter honorablement, comme des alliés. Ils ont volé nos terres, volé nos richesses, et ont manigancé le génocide. Ils nous ont traités comme des enfants incapables de s'occuper d'eux-mêmes. Ils ont épuisé nos fiducies avec des investissements illégaux dans des machinations financières douteuses qui profitaient à leurs amis.
Au lieu de nous traiter comme des alliés, ils nous ont traités comme des sujets britanniques. Vous vous demandez sans doute pourquoi nous n'avons pas protesté contre notre absence de droits au Canada. C'est parce que nous ne sommes pas des Canadiens. Nous nous mêlions de nos affaires. Nous nous sommes organisés sur nos terres et nous avons tout payé nous-mêmes.
Nous avons cru que le problème, c'était seulement ces personnes responsables aux Affaires indiennes et que notre relation avec la reine demeurait honorable. Nous avons eu tort.
La promesse originale concernant le territoire Haldimand était qu'il n'y aurait aucun empiétement. Bref, c'est au gouvernement canadien, pas au peuple canadien, que nous en voulons.
L'Ontario, comme le reste du Canada d'ailleurs, est déterminée à réduire les possessions territoriales indigènes, et pas seulement sur le territoire de Haldimand. Cela se fait carrément par le vol. Leur devise de ne pas nous remettre un pouce de terre, ce n'est pas pour le bénéfice des Ontariens. C'est pour servir les intérêts d'entreprises qui veulent exploiter nos ressources sans aucun égard pour l'environnement ou pour les générations présentes et futures de ceux qui doivent y vivre. Ce sont les milliardaires qui dirigent le gouvernement en réalité. Eh oui, c'est le faire-semblant de la démocratie canadienne.
Nous assumons maintenant l'intendance de nos terres illégalement occupées. Jusqu'à présent nous avons beaucoup investi dans la recherche historique et juridique des derniers 200 ans. À chaque coup, quand nous rappelons les faits, les représentants du Canada sont exposés: ils ont mal géré le Canada et maltraité les peuples autochtones. C'est toujours nous qui écopions. C'est fini maintenant! Ce squelette dans le placard affecte aussi les Canadiens. Leur gouvernement ne s'occupe pas d'eux et ne protège pas l'avenir de leurs générations futures. C'est ce qui est au coeur du problème.
Qu'est-ce que le gouvernement et quelles sont ses fonctions? Est-ce un véhicule pour la poignée d'individus qui parasitent sur le travail et les possessions des autres? Ou est-ce un moyen de réunir les personnes pour résoudre les problèmes d'un commun effort pour se créer une vie meilleure? La rupture fondamentale est entre notre philosophie indigène, qui provient de notre constitution, la Kaianereh'ko:wa/Grande Loi, et la philosophie des gestionnaires de l'État. Nous avons appris, par nos relations avec lui, que le gouvernement canadien ne représente pas le peuple canadien.
Nous n'avons jamais perdu la juridiction sur nos terres ancestrales. Nous avons le profond sentiment d'avoir été trahis et volés dans nos relations avec les colonisateurs et c'est source de colère et d'indignation pour notre peuple. Le retour de nos terres illégalement occupées serait-il trop demander pour les parasites qui noyautent le gouvernement canadien? C'est sans compter que le gouvernement a autorisé et encouragé ses propres citoyens à empiéter sur nos terres en les achetant comme propriété privée et qu'il a institutionnalisé les titres fonciers en violation de la loi. Il laisse les Américains venir acheter nos terres aussi! Tout cela fait partie de leur plans de 100 ans pour se défaire du «problème indien», comme le dit ce détraqué des Affaires indiennes, Duncan Campbell Scott. Bon nombre des premiers colons arrivés sur nos terres étaient des Américains qui nous avaient chassés de nos terres dans la Vallée des Mohawks. Ils sont venus, ils ont aimé le paysage et sont restés. Des squatteurs!
Il est intéressant de voir qu'un grand pourcentage de Canadiens considèrent que nous avons été volés et que nous méritons nos territoires, libres de toute juridiction coloniale. Dans le cas des Six Nations, le public au Canada, aux États-Unis et dans le monde nous a fortement appuyés. C'est à espérer, pour le bien de Terre mère, que c'est parce que beaucoup de Canadiens se rendent compte de l'importance de notre philosophie de la préservation de la terre.
Car de l'autre côté, nous sommes un obstacle au «progrès», dans la mesure où ce progrès signifie l'exploitation de nos terres et de nos ressources par une poignée d'étrangers agissant par l'entremise de sociétés étrangères. Ils agissent comme s'ils n'avaient de compte à rendre à personne et sans égard pour le peuple, autochtone et non autochtone. Nous sommes tous des pions dans leur jeu. La façon de leur faire échec est d'affirmer notre droit sur les terres de Turtle Island et d'en refaire une «terre d'abondance» pour le peuple.
Malgré le grand appui que nous recevons, il y a beaucoup d'opposition de la part des grandes entreprises qui agissent dans les corridors du pouvoir gouvernemental. Ils exercent des pressions sur les institutions établies pour que justice nous soit niée. Ils parviennent à manipuler les hyper-nationalistes pour faire beaucoup de tapage, avec leurs batailles de drapeaux, dans les médias contre nous. C'est ce qui s'est produit à la «Guerre pain et fromage» à Caledonia le 22 mai 2006: des émeutiers, à l'instigation du gouvernement, sont venus nous provoquer. Mais le public ne l'a pas accepté.
Leur argument est qu'il faut empêcher l'affirmation de la juridiction indigène, sinon nous allons l'étendre et devenir indépendants. Pourquoi croient-ils que l'extension de la juridiction indigène serait une mauvaise affaire? Est-ce bien grave si le ministère des Affaires indiennes n'a plus sa part du gâteau? Ont-ils peur que ce soit bon pour l'environnement et pour l'économie et pas juste pour nous?
Nous avons besoin d'une approche unifiée, autochtones et non-autochtones. Nous sommes tous perdants à l'heure actuelle. Nous devons collaborer. Mais il faut guetter ceux qui essaient de nous faire taire au nom de l'unité. Nous devons respecter nos lois et nous en tenir aux arrangements du début. Laissez-nous affirmer notre juridiction. Ne nous laissez pas patauger dans le marais des légalités sans fin qui consomment trop de temps et argent. Nous devons nous libérer des embarras inutiles.
Il faudrait peut-être une grande «Cérémonie de condoléances». Ce serait une occasion de nous essuyer les yeux avec un tissu de cuir pour mieux voir de quoi il s'agit; de nous nettoyer les oreilles avec une plume d'aigle pour mieux nous entendre les uns les autres; de boire un verre d'eau pour parler plus clairement et nous dire la vérité limpide. Souvent la solution à des problèmes difficiles est toute simple. Souvent tout ce qu'il faut, c'est une démonstration de respect mutuel.
Car en fin de compte, il n'est pas nécessaire de nous remettre les terres prises par Henco Industries. Elles nous appartiennent déjà. Elles nous ont toujours appartenues. Le gouvernement ontarien n'a qu'à le reconnaître. Nous devons affirmer les relations légales de gouvernement à gouvernement. Le public nous appuie. Nous devons faire ressortir la vérité. Nous devons faire en sorte que le Canada arrête de vivre dans le péché. Canada, cesse de faire l'enfant! Le colonialisme est terminé! Nous n'y retournerons jamais plus!
(Mohawk Nation News - Kahentinetha Horn)
Libellés : La lutte des Premières Nations pour leurs droits ancestraux
1 Comments:
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