Emily Carr et les Premières Nations
Les Premières Nations prises d’assaut
L’entrée de la Colombie-Britannique dans la Confédération canadienne en 1871 cause un tort irréparable aux Premières Nations de cette province. La présence de plus en plus envahissante des Blancs sur leurs terres ancestrales nuit considérablement à la préservation de leur identité culturelle. L’appropriation du territoire dans le but de vendre pour obtenir des titres de propriété amène peu à peu le morcellement des communautés autochtones établies depuis des centenaires.
Sans tarder l’État met en place une réglementation sévère pour assimiler et le contrôler les peuples fondateurs au grand profit de la bourgeoisie. En ce sens, en 1884, le gouvernement canadien interdit les potlatchs, cérémonie sur la base d’un échange entre deux groupes et très répandue dans le Nord-Ouest. Ces célébrations commémorent les événements importants chez les autochtones : naissances, deuils, initiations et investitures de chefs. Par cette loi, le gouvernement fédéral optait pour la destruction des traditions des peuples fondateurs. La loi antipotlatch profite énormément aux collectionneurs qui s’arrachent les biens culturels des autochtones. Devenue illégale, cette cérémonie le demeurera jusqu’en 1951.
Dans la même veine, en 1927, la loi sur les Indiens est promulguée. Cette nouvelle législation interdit aux Premières Nations de parler leur propre langue et de pratiquer des rituels traditionnels. De plus, il est dorénavant proscrit de former des regroupements politiques donc de s’organiser pour survivre à ces lois d’apartheid.
La menace de disparition, le déclin de la population autochtone par l’assimilation et l’appropriation des terres ancestrales interpellent à ses débuts Emily Carr. Ce contexte sociopolitique l’inspire et la motive dans son engagement artistique. Il l’a pousse dans l’exploration de la culture des Premières Nations. Sa prise de conscience des injustices commises envers les Premières Nations entretient son inspiration. Son art devient une façon de militer et de décrier la destruction de leur héritage culturelle.
Nouvelles perspectives
Le Musée des Beaux-Arts d’Ottawa (MBAC) adopte avec ce projet une approche tout à fait intéressante pour plonger le visiteur dans l’univers de l’artiste et dans le contexte sociopolitique de son époque. En fait, la rétrospective se divise en trois sections pour s’immiscer et goûter à la vie d’Emily Carr…
Née en 1871 à Victoria en Colombie-Britannique, elle effectue des études en peinture de 1890 à 1893 à San Francisco à la California School of Design. En 1898, elle fait sa première esquisse de monuments ancestraux autochtones. En 1899, elle se rend en Angleterre et en Cornouailles pour améliorer sa technique. En 1907, elle décide de peindre des mâts totémiques des peuples autochtones et elle s’engage dans la représentation de ces sites en voie de disparition.
Dans le cadre de plusieurs voyages dans des villages autochtones du nord de la Colombie-Britannique et de l’Alaska, elle dessine un nombre impressionnant d’esquisses et d’études qui seront par la suite transposées sur toile.
Grâce à Eric Brown, directeur du Musée des beaux-arts du Canada, Emily carr participe à une exposition en 1927. D’ailleurs, la présente exposition ouvre ses portes sur une reconstitution de L'Art de la côte ouest du Canada: autochtone et moderne de 1927, présentée à l’époque à la Galerie nationale du Canada. Alors âgée d’une cinquantaine d’années, elle profite de cette occasion pour faire la rencontre de peintres plus connus tels que le groupe des sept. Lawren Harris, un des membres du groupe, la pousse et l’encourage à poursuivre sa quête artistique. En 1929, elle délaisse la représentation fidèle de sujets autochtones peints tels quel pour se concentrer davantage sur la nature les entourant et les coupes forestières de plus en plus menaçantes en Colombie-Britannique.
La seconde partie de l’exposition présente la rétrospective de l'Art Gallery of Toronto a fait en 1945 à sa mort : l’Exposition commémorative des œuvres d'Emily Carr. Le modernisme de Carr s’exprime alors par ses couleurs vivantes, par son utilisation plus sensible du pinceau et par ses préoccupations spirituelles et primitives.
Cette partie découle de son voyage de 1910 à Paris. Désirant perfectionner son art et ouvrir ses horizons, elle se rend dans la ville lumière pour s’imprégner de post-modernisme et de fauvisme, courants alors en vogue en France. Les couleurs vives des « bêtes fauves » auront une incidence sur son travail futur par la redéfinition de ses sujets dans l’exploration des différents pigments colorés. Les couleurs autrefois terne et stagnantes deviennent vite éclatantes et dansantes. Sa toile intitulée L’homme de bienvenue de 1913 illustre cette influence. La première version de cette toile aux tonalités ternes se différencie grandement de la seconde qui attire promptement le regard du spectateur par son travail plus raffiné des couleurs et ses coups de pinceaux plus expressifs.
De cet ajustement, une émotivité se dégage de son travail. Ses choix thématiques tels que Étouffé par la vie et Le mât totémique pleurant laisse présager la quête personnelle de l’artiste. La nature reprend ses droits et transporte le visiteur dans une ambiance sombre et profonde empreinte de calme et de mystère. Les arbres gigantesques et l’utilisation de courbes submergent le spectateur si petit devant cette immensité. Son travail présente dorénavant un contexte qui guide vers la réflexion. Pour elle, la nature domine l’homme. Par conséquent, il se doit de « refermer les plaies et combler les trous » pour insuffler à nouveau la vie à la terre.
Photographies de coupes forestières, peintures autobiographiques, caricatures de l’artiste, lettres et commentaires d’amis se mêlent dans la troisième section de la rétrospective. Le visiteur se retrouve dans l’exploration de différentes facettes de la personnalité d’Emily Carr et de l’appréciation de son entourage à son égard. Cette vision plus large de l’artiste le rapproche de cette femme peintre et écrivaine engagée pour la préservation de l’environnement et le respect des peuples dans leur lutte pour l’autodétermination.
Le MBAC et la Vancouver Art Gallery ont réuni quelques 200 objets - peintures, dessins, aquarelles, caricatures, oeuvres en céramique, sculptures, tapis crochetés, livres, cartes géographiques, photographies et documents dont 150 relèvent directement de Carr. Jusqu’au 4 septembre 2006, l’exposition Nouvelles perspectives y est présentée. Par la suite, elle sera déplacée vers quelques autres grandes villes dont Montréal et Toronto.
Libellés : Franc-Parler
1 Comments:
off white hoodie
kobe sneakers
kate spade handbags
kyrie shoes
christian louboutin outlet
air max 270
off white clothing
nike cortez
jordan shoes
moncler outlet
Publier un commentaire
<< Home