mercredi, septembre 13, 2006

Actualité - Tranchée de défense des aspirations et des espoirs du tiers monde

On a beaucoup parlé de la diversité et de l’hétérogénéité du Mouvement des pays non alignés, et certains ont voulu y voir un obstacle à la cohésion et à l’unité des nations qui en sont membres et, par voie de conséquence, l’indice de la fragilité de ses objectifs.

Au 14e Sommet de La Havane, les journalistes chargés de couvrir l’événement ont pu constater, d’interview en interview, que la somme des problématiques nationales devient précisément le dénominateur commun que tous recherchent pour le règlement des conflits, dont la plupart sont hérités du colonialisme ou suscités par l’hégémonie du Nord développé et qui non seulement perturbent la paix et le développement mais mettent aussi en danger jusqu’à l’indépendance des peuples du tiers monde.

Ce n’est pas un hasard si ce sont les nations du Sud qui demandent à entrer au MNOAL: elles veulent faire entendre leur voix et, sur la base d’une stratégie commune, affronter les défis et les risques associés à la mondialisation néolibérale et unilatérale qu’on entend leur imposer.

Granma international a interviewé des délégués d’Afrique, du Moyen Orient, de la Caraïbe sur l’importance actuelle du Mouvement non aligné, et tous, sans exception, estiment que son existence est plus que jamais nécessaire, 45 ans après sa fondation.

Un facteur pour l'équilibre des forces au niveau international

Virgilio Marques de Faria est ambassadeur et directeur des organisations internationales au ministère angolais des Relations extérieures. Il estime que ce 14ème Sommet du Mouvement des pays non alignés doit constituer un facteur décisif dans l’équilibre des forces au niveau international, du fait que la majeure partie des pays de l’Union européenne et les Etats-Unis se sont imposés pour règle de bloquer toutes les résolutions des instances internationales qui contribueraient à surmonter les inégalités injustes.

Par conséquent, en conclut-il, nous devons serrer les rangs, redoubler d’efforts et nous unir pour dialoguer et discuter des affaires et des problématiques qui servent les intérêts de nos peuples.

L’Angola, un pays agressé pendant de longues années par les forces de l’impérialisme et du racisme pour éviter qu’il n’accède à la véritable indépendance, est porteur d’une résolution qui concerne l’aide à la reconstruction : une dette que les agresseurs de l’Angola n’ont toujours pas soldée, assure Marques. Nous estimons, a-t-il ajouté, que nous pourrons recevoir, dans le cadre de ce Sommet, le soutien de tous les pays du Mouvement pour obtenir cette aide dont d’autres nations ont déjà bénéficié, mais jamais l’Angola.

Soutien à la cause palestienne

La cause du peuple palestinien a toujours constitué un étendard de lutte au sein du MNOAL. Cette fois, Riyad Mansow, ambassadeur permanent de ce peuple devant les Nations unies et chef de sa délégation à la réunion des hauts fonctionnaires, a exprimé la certitude que le Sommet adoptera une résolution dont le texte a déjà été travaillé à New York, au Bureau de coordination du Mouvement, et qui défend les droits du peuple palestinien tout en dénonçant les agressions israéliennes, surtout la dernière contre Gaza.

Ce document exigera la fin de l’agression, le retrait des troupes israéliennes jusqu’à la ligne où elles se trouvaient avant de pénétrer à Gaza, et la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers palestiniens.

Mansow a ajouté que,de la même façon, l’agresseur sera prié de réparer les dommages causés à l’infrastructure palestinienne. Le document condamnera le caractère unilatéral des attaques perpétrées par Israël dans la Cisjordanie occidentale. Le Conseil de sécurité sera ainsi invité à assumer ses responsabilité et à exiger l’application des résolutions sur le Moyen Orient.

A l’issue de ce 14e Sommet de La Havane, nous sommes convaincus que les nouveaux leaders du Mouvement ; en l’occurrence Cuba, uniront leurs efforts à ceux des ministres des pays arabes au sein du Conseil de sécurité, dans la dernière semaine de septembre, en défense de la cause palestinienne, de sorte que cet organe commence à appliquer ses résolutions dans les plus brefs délais.

Nous espérons, a-t-il ajouté, que le Sommet adoptera ce document spécial sur la Palestine, qui fait état de tous ces problèmes et constitue un puissant message de soutien à la lutte de notre peuple.

«Au nom du peuple palestinien et de notre direction et en particulier de notre président Mahmud Abbas, je tiens à adresser mes plus chaleureuses salutations au peuple et au gouvernement de Cuba et à souhaiter un prompt rétablissement au camarade Fidel.»

Pour finir, il a rappelé que le peuple palestinien et la direction du pays ont toujours été infiniment reconnaissants au peuple et au gouvernement de Cuba de leur soutien indéfectible pendant de longues années.

Induire l'Assemblée générale à examiner le cas de Porto Rico

Julio Muriente, co-président du Mouvement indépendantiste national hostonien de Porto Rico, dont la cause a toujours été présente aux réunions du Mouvement des pays non alignés depuis sa fondation, a bien voulu faire quelques déclarations à Granma international entre deux séances de travail.

Il est bon de rappeler que le mouvement indépendantiste portoricain est membre observateur du MNOAL depuis 1964, dans le but que la communauté internationale exprime sa compréhension et sa solidarité envers la lutte du peuple de Porto Rico.

Pour ce 14e Sommet, a expliqué Muriente, nous nous proposons de faire en sorte que les NOAL se prononcent en faveur d’une demande que nous avons faite à l’ONU et qui consiste à porter le cas devant l’Assemblée générale.

Pour nous, cet objectif revêt la plus haute importance, car au moment de la fondation de l’Etat libre associé en 1952, les Etats-Unis –un pays pour lequel la légitimité internationale n’est importante que dans certains cas— ont présenté une résolution dans laquelle il était dit que le «cas colonial» de Porto Rico avait été tranché.

Ce document avait finalement été approuvé par six ou sept voix, la somme des abstentions et des votes contraires étant bien plus élevée. Il établissait qu’ayant trouvé une formule alternative d’association, les Etats-Unis étaient dispensés de présenter des rapports annuels en tant que pays possesseur de colonies.

Il est évident que Washington a brandi cette résolution pour remettre en question notre effort international dans la direction contraire, mais n’a pas pu empêché l’approbation, à la chaleur du processus de décolonisation en Afrique et en Asie, de la résolution 1514 et de la création du Comité de décolonisation de l’ONU.

Ce comité a approuvé 15 résolutions qui reconnaissent le droit à l’indépendance du peuple portoricain et le caractère colonial de l’Etat libre associé; toutefois, la résolution approuvée en Assemblée générale dans les années 50 en faveur des Etats-Unis se maintient.

Nous espérons donc que ce 14e Sommet reconnaîtra notre droit à l’indépendance et réclamera la démilitarisation de notre île, et que, dans sa Déclaration finale, il priera l’Assemblée générale des Nations unies de bien vouloir examiner le cas colonial de Porto Rico. Aucun forum n’est mieux autorisé que celui-ci à défendre le droit du peuple portoricain.

(Granma International)

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