vendredi, octobre 06, 2006

Actualité - La responsabilité de la CIA dans le crime de la Barbade

On était en 1967. La contre-révolution avait été écrasée à Cuba. La station de la CIA à Miami, JM-Wave, commençait à limiter ses opérations de guerre sale contre le territoire cubain, après de longues années de crimes et d’agressions. On démontait les radars de communications, les mitrailleuses et les canons sans retour de 57 mm des embarcations pirates, qui étaient vendues à bas prix. Les résidences luxueuses des îlots floridiens, autrefois secrètes, étaient mises en location. Peu à peu, toute la logistique de guerre était désarticulée. Ce qui devait se maintenir dans les années suivantes, c’étaient des actions paramilitaires contre les bateaux de pêches ou d’autres installations cubaines. Le terrorisme n’avait pas cessé, mais il visait maintenant les intérêts cubains à l’étranger. Ses cibles privilégiées devenaient les fonctionnaires diplomatiques et commerciaux, les ambassades, les consulats, les délégations de lignes aériennes ou maritimes, de Cuba ou de toute autre pays entretenant des relations avec Cuba. La politique de terreur changeait de stratégie.

A cette époque, un tueur à gages du nom de Luis Posada Carriles, assis à un bar de Miami, si l’on en croit ses propres mémoires, intitulées Les chemins du guerrier, tournait et retournait ces idées dans sa tête: « Les opérations tendant à la libération de Cuba menées par la CIA avaient nettement diminué. On ne faisait pratiquement plus rien. Tout s’était perdu: les opérations paramilitaires, les contacts en territoire cubain, les caches souterraines d’armements, les infiltrations, toutes ces activités qui entretenaient l’espoir des Cubains qui, comme moi, travaillaient pour la CIA. Les bases des îlots floridiens fermaient, lentement mais sûrement, et on assistait à la démobilisation, lente mais sûre, de tous les Cubains au service de la CIA. Mon tour venait de se présenter, tout récemment.»

Posada Carriles ment délibérément. La CIA n’abandonna jamais ses brillants élèves de Fort Benning. Ses principaux agents d’origine cubaine à JM-Wave furent envoyés au service de gouvernements pro-yankees d’Amérique latine, en qualité de «conseillers» en matière de lutte anti-insurrectionnelle, histoire d’éteindre rapidement toute étincelle, si dérisoire soit-elle, de révolution. Son très cher ami Félix Rodriguez Mendigutia était parti pour la Bolivie collaborer aux opérations contre le Guérillero héroïque, Ernesto Che Guevara. Plus tard il devait gagner l’Équateur, le Pérou le Vietnam, le Nicaragua et le Salvador, où il rejoignait Posada dans la guerre sale menée en Amérique centrale sous les ordres directs de la Maison Blanche.

Posada Carriles fut envoyé à Caracas, au Venezuela, en 1967. Mercenaire de la CIA, il avait vite escaladé les échelons des services secrets et occupait un poste important au sein de la Direction des services de renseignement et de prévention (DISIP). Ses tâches principales consistaient à éliminer les foyers d’«insurrection» et à soutenir le travail d’espionnage de la CIA dans un milieu diplomatique hostile aux États-Unis et dans les hautes sphères de la politique locale. Cet avancement n’était pas dû au hasard: il s’agissait d’un poste de confiance dans un pays représentant d’importants intérêts économiques et géopolitiques pour les États-Unis dans la région des Caraïbes et de l’Amérique latine, et de surcroît uni à Cuba par de solides liens historiques.

George Bush père, directeur de la CIA en 1976, déclara alors en privé au chef de la DINA chilienne, le général Juan Manuel Contreras Sepulveda, au cours d’une réunion tenue à Washington, que la DISIP avait été réorganisée avec la participation d’agents cubains au service de l’agence, et lui suggéra de faire une brève escale à Caracas lors de son retour au Chili pour rendre visite à cet organe policier. Contreras reconnaît avoir rencontré à Caracas des agents cubains. L’un d’eux était Posada Carriles.

La «restructuration» dont parlait le directeur de la CIA impliquait des investissements généreux de toutes sortes, dans le but de renforcer le dispositif policier. Posada en parle dans ses mémoires, sans mentionner la CIA: «La police s’était incroyablement améliorée: des cours à l’étranger, des instructeurs bien payés, l’acquisition d’équipements coûteux mais très efficaces pour mettre les lignes téléphoniques sous écoute, pour poser des transmetteurs cachés dans des pièces, l’acquisition de véhicules, de motos, mais surtout la mise à disposition de ressources suffisantes pour créer des réseaux de collaborateurs dans les hôtels, les restaurants, les bureaux de location de véhicules, etc., tout cela facilitait notre travail: un «client» d’un hôtel était installé dans une chambre «sonorisée»; au restaurant, il s’asseyait à une table «sous contrôle». Le département le plus coûteux mais aussi le plus efficace était celui de «contrôle et manipulation de sources vives» ou informateurs. Le corps policier centrait ses recherches sur les groupes subversifs de gauche, les militaires de tendance putschiste, les groupes politiques et financiers, des personnages déterminés ou tout groupe de population présentant un quelconque intérêt pour le gouvernement. On y infiltrait nos agents. »

Luis Posada Carriles n’abandonna donc pas son activité terroriste contre Cuba pendant ces années, bien au contraire, il l’intensifia sous la couverture officielle de son poste à la DISIP vénézuélienne, dont il fut désigné commissaire le 4 octobre 1971 par son ami et collaborateur Remberto Uzcategui Bruzual, qui le fit entrer dans le groupe répressif placé sous ses ordres et connu sous le nom des «Douze Apôtres». De ce poste, il était mieux placé pour mener des actions qui intéressaient la CIA et dont il s’occupait depuis plusieurs années.

La façade de l'agence privée de détectives

En 1974, des désaccords avec le nouveau gouvernement de Carlos Andrés Pérez obligèrent Posada Carriles à démissionner, ce qui mettait la CIA en difficulté. Mais du jour au lendemain de nouveaux fonds apparurent, dont certains auraient été fournis par son ancien compagnon de la DISIP, Joaquin Chafardet Ramos, et servirent à créer une agence privée de détectives à Caracas: "Investigaciones Comerciales e Industriales, Compañía Anónima" (ICICA), dirigée par Posada Carriles en personne.

L’ICICA s’installa d’abord au bureau 78 du Centre d’affaires Majestic, sur l’avenue Libertador. En 1976, elle déménagea pour un lieu à la fois plus spacieux et plus discret, la Quinta Maria Nina, dans le quartier Las Palmas, avenue Valencia, à Caracas. Sur ordre de Posada Carriles, ses «enquêteurs» devaient entrer par la porte de service pour ne pas attirer l’attention sur leurs mouvements. L’ICICA eut ensuite une filiale dans la ville de Valencia, dans l’Etat de Carabobo, près de Puerto Cabello: l’éloignement de la capitale facilitait les mouvements en direction d’autres régions.

L’agence en question déploya son activité des premiers mois de 1974 à octobre 1976: la période de pire violence terroriste contre les sièges diplomatiques et commerciaux et les intérêts cubains sur le continent.

Dans ses mémoires, Posada Carriles tente de dissimuler le caractère subversif de l’ICICA et de justifier les ressources techniques et financières dont il disposait: « Jamais nous ne nous sommes chargés d’affaires d’adultères ni de conflits entre hommes politiques, une branche qui nous semblait de très faible importance par rapport à l’enquête commerciale et industrielle, bien plus rentable et séduisante, en particulier dans le domaine de l’espionnage de la technologie, du commerce et des finances d’entreprises nationales et étrangères. Nous avons mené des enquêtes sur des conflits de compétence, des vols et des fraudes, pour le pré-emploi d’exécutifs importants, souvent pour des entreprises multinationales. Nos enquêteurs s’appuyaient dans leur travail sur un réseau d’équipements mobiles de communication avec enregistreurs, caméras opératives, microphones sophistiqués, etc.»

Selon des documents déclassés de l’époque, une bonne part de l’équipement en armes et explosifs dont disposait la nouvelle agence avait été soustrait à la DISIP. D’autres moyens techniques d’espionnage auraient été «donnés» par la CIA. Des versions non confirmées accusaient l’ambassade des États-Unis à Caracas d’avoir introduit pour l’agence des explosifs au plastic, utilisés ultérieurement dans des opérations terroristes contre Cuba.

La très efficace agence de Posada Carriles, devenue un centre subversif dangereux pour la région des Caraïbes et d’Amérique du Sud, pouvait aussi être considérée comme une structure paramilitaire qui entretenait des relations de «services mutuels» avec des fonctionnaires des organismes policiers du Venezuela. Posada continua en effet de collaborer à des opérations de poursuite et de tortures contre des groupes de la gauche du Venezuela, tout en menant des actions secrètes pour le compte de la CIA et en participant, avec Orlando Bosch Avila, à l’Opération Condor aux côtés de la DINA fasciste d’Augusto Pinochet. Il est de notoriété publique que certains membres de l’ICICA, en particulier Hernan Ricardo Lozano, entretenaient des relations étroites avec un fonctionnaire de l’ambassade des États-Unis à Caracas du nom de Joe Leo, officier des services spéciaux selon certaines sources publiques.

Ce centre terroriste compta jusqu’à 36 employés, dont certains étaient d’ex-agents des services spéciaux vénézuéliens ou terroristes d’origine cubaine, entraînés à des tâches clandestines telles que la filature et le contrôle technique d’objectifs, les écoutes illégales, les interrogatoires violents et le maniement d’armes et d’explosifs. Le chef en second et chef des opérations de l’agence était rien moins que Diego Argüello Lastre, un ancien policier de la tyrannie batistienne.

La CIA ne pouvait pas ignorer les agissements terroristes de Posada Carriles

Le niveau d’agressivité et d’efficacité de l’agence n’avait d’autre explication que le matériel sophistiqué dont elle disposait: interception téléphonique, transmetteurs de radio miniaturisés pour applications secrètes, petits micros à incruster dans les murs (certains en vente dans le commerce et d’autres d’origine inconnue mais probablement fabriqués par des professionnels de l’espionnage), enregistreurs professionnels, stéthoscopes pour écoute au travers d’un mur, instruments de serrurerie, de photographie professionnelle, équipements portatifs pour le montage de points mobiles d’enregistrement de conversations, liquides radioactifs pour le marquage et la filature d’objectifs, entre autres.

Cet équipement porte à penser que les cibles de l’agence pouvaient être des personnalités politiques ou gouvernementales, des agents diplomatiques ou commerciaux étrangers, des dirigeants révolutionnaires de gauche, des chefs d’entreprises et des hommes d’affaires.

C’est dans cette agence qu’ont été préparés de nombreux actes terroristes: des commandos armés et entraînés en partaient discrètement pour poser des bombes aux sièges d’installations civiles cubaines à l’étranger, effectuer des attentats et des enlèvements, très probablement en coordination avec d’autres groupes de la mafia cubano-américaine de Miami. Selon plusieurs sources historiques, l’ICICA a mené des études opérationnelles sur des installations diplomatiques et commerciales cubaines à Trinité, à la Barbade, en Colombie et au Panama et détenait les itinéraires de vols de la compagnie aérienne Cubana de Aviacion dans la région.

La CIA ne pouvait pas y être étrangère. Posada Carriles restait un homme de confiance et, probablement, son officier illégal le plus fidèle et le plus expérimenté de la région, un homme qui lui avait rendu de bons services.

Quelques jours après le crime de la Barbade, une note aujourd’hui déclassée des services secrets du Département d’État datée du 19 octobre 1976 et adressée à la CIA, posait quelques questions. La première était une manière de mettre les pieds dans le plat: «La CIA a-t-elle eu une relation quelconque avec l’agence de détectives de Posada ou toute autre affaire à son nom?» On ignore si la CIA y a répondu.

Ce n’était pas par hasard si le terrorisme s’intensifiait dans la région. On estime qu’entre mars 1974 et octobre 1976, date de fermeture de l’ICICA, plus de 40 bombes explosèrent en Amérique centrale, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud contre des installations diplomatiques cubaines, des lignes aériennes et des intérêts appartenant à d’autres pays ayant des relations avec Cuba. Pendant la même période furent assassinés deux techniciens cubains au Pérou et au Mexique, deux fonctionnaires cubains en Argentine et 73 personnes qui se trouvaient à bord du vol 445 de Cubana de Aviacion Barbade-La Havane.

Des recherches menées à Cuba offrent une vision un peu plus détaillée de ces actes de sauvagerie. En 1974, il y eut trois attentats aux explosifs contre l’ambassade cubaine à la Jamaïque et quatre autres au siège diplomatique cubain du Mexique; des lettres piégées envoyées aux ambassades cubaines en Argentine et au Canada; d’autres bombes posées dans des installations diplomatiques cubaines et étrangères au Pérou, à la Jamaïque, en Équateur, au Venezuela, au Panama et aux Bahamas. Au Mexique, treize bombes explosent dans trois villes différentes aux sièges de banques, d’entreprises commerciales et gouvernementales au moment où des bruits courent sur l’éventuelle normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis.

En 1975, neuf charges explosives sont placées dans cinq pays de la région. Une bombe est détectée dans la voiture de l’ambassadeur cubain au Mexique; des inconnus ouvrent le feu sur la voiture dans laquelle voyage l’ambassadeur cubain en Argentine, Emilio Aragonés Navarro, qui en sort heureusement indemne. Cette année-là, le peuple nord-américain aussi fut victime d’attentats terroristes organisés par les groupes anticubains les plus violents qui opéraient aux États-Unis.

En janvier, une explosion à Porto Rico avait fait quatre morts et deux blessés. En février, une bombe était désactivée dans les bureaux de la ligne aérienne colombienne à San Juan, Porto Rico. En mars, deux bombes explosaient dans le bureau de tourisme de Panama et au consulat du Costa Rica à Los Angeles, Californie. En mai et juillet, c’était le tour des ambassades du Venezuela et du Costa Rica à Washington. En juillet un bateau portoricain fut victime d’un sabotage à San Juan. En octobre, deux bombes éclataient à Miami; le 29 décembre, un autre engin posé dans la salle des bagages de la ligne aérienne dominicaine à l’aéroport La Guardia, de New York, faisait 13 morts et 75 blessés .

Nouvelle escalade de la capacité opérationelle du terrorisme avec la création de l'ONU

Une fois de plus, la tolérance et la complicité des autorités nord-américaines avec les groupes terroristes anticubains commençaient à susciter des problèmes internes. Le gouvernement des États-Unis trouva un remède aussi pratique qu’avantageux: la création de la Coordination des organisations révolutionnaires unies (CORU).

En juin 1976, Luis Posada et Orlando Bosch participaient en République dominicaine à la création du regroupement terroriste CORU, due à l’initiative des services secrets des États-Unis. Un officier vétéran de la division antiterroriste de la police de Miami déclarait en 1979: « Les Cubains ont constitué la CORU à la demande de la CIA, les États-Unis ont appuyé la réunion pour les avoir tous logés à la même adresse, et sous le contrôle du gouvernement. La consigne était: en avant, faites ce qui vous chante, en dehors du territoire nord-américain.»

La CORU constituait un noyau d’idéologie fasciste qui devait démultiplier le terrorisme international contre Cuba, capter les terroristes les plus décidés et porter des coups mortels à la Révolution cubaine. Elle regroupa les groupes fascistes d’origine cubaine les plus actifs qui opéraient depuis les États-Unis, comme Action cubaine, Brigade 2506, Front de libération de Cuba, Alpha 66, Abdala, Mouvement nationaliste cubain. Orlando Bosch Davila fut désigné à la tête de ce groupe. Le FBI suivit dans le détail la réunion qui eut lieu à Bonao, en République dominicaine. Plusieurs de ses agents camouflés y assistaient. Bien qu’on n’ait pas trouvé de commentaires dans les documents déclassés du FBI, il existe des preuves de la présence de Luis Posada Carriles à Saint-Domingue à cette date.

La CORU fasciste dirigée par Orlando Bosch serait la tête visible. Dans les coulisses, avec le pouvoir efficace que lui conférait l’ICICA, l’homme fort de la CIA, Posada Carriles, devait participer très activement à cette conspiration internationale.

La capacité opérationnelle de l’agence terroriste dirigée par Posada depuis 1974 et, ultérieurement, l’efficacité de la CORU prouvaientque les groupes criminels de cette époque avaient atteint un niveau d’organisation jamais vu, ce qui ne se concevait qu’avec le soutien direct d’un service comme la CIA.

De manière contradictoire, le drame de l’avion de Cubana de Aviacion de la Barbade, en octobre 1976, soit quelques mois après, obligeait ces deux sinistres criminels à sortir de la circulation et faisait échec, pour le moment, à la stratégie de la CIA placée sous les ordres de George Bush père.

Sous l’influence de la CORU et souvent avec le soutien opérationnel décisif de Posada Carriles depuis le Venezuela, il se produisit des attentats terroristes aux sièges cubains du Pérou, de Colombie, de Guyana, du Canada et du Venezuela. En vertu d’un accord préalable pris lors de la réunion de constitution de la CORU, un groupe dirigé personnellement par Posada, aidé d’Orlando Bosch, s’occupa de planifier le sabotage du vol 467 de Cubana de Aviacion Panama-Havane, mais l’action échoua.

Le 9 juillet, une bombe éclatait dans une valise qui devait être déposée à bord d’un avion de passagers à Kingston, à la Jamaïque. Le vol avait été retardé de quarante minutes pour problèmes techniques, et c’est ainsi que les passagers échappèrent à une sinistre catastrophe.

Le 10 juillet, une bombe éclata dans les bureaux de la British West Indian Airline, à la Barbade. On présume qu’elle avait été posée par Hernan Ricardo et Freddy Lugo, des sbires au service de l’agence de Posada qui participèrent ensuite directement à la destruction en plein vol de l’avion cubain à la Barbade.

Le 11 juillet, une autre bombe explosait dans les bureaux de la ligne aérienne Air Panama en Colombie. Quelques jours plus tard, des inconnus ouvraient le feu sur l’ambassade cubaine dans ce pays. Il est à supposer qu’un commando terroriste aux ordres de Posada Carriles et dont faisait partie Hernan Ricardo voyagea dans ce pays au même moment pour se livrer à un acte terroriste de grande envergure publicitaire.

Le 23 juillet, le technicien cubain de la flotte de pêche à la crevette Artaignan Diaz Diaz fut assassiné à Mérida, dans le Yucatan, pendant une tentative d’enlèvement d’un fonctionnaire consulaire cubain. À cette action participait un vieux complice de Posada, le criminel Gaspar Jiménez Escobedo, qui devait le seconder des années plus tard dans la tentative d’assassinat du président Fidel Castro au Xe Sommet ibéro-américain de Panama, en l’an 2000.

Le 9 août furent enlevés, torturés et assassinés Crescencio Galañena Hernandez et Jesus Cejas Arias, fonctionnaires de l’ambassade cubaine en Argentine, par des groupes paramilitaires au service de la junte militaire argentine. Selon certaines informations, Orlando Bosch, Luis Posada Carriles et Guillermo Novo Sampol auraient trempé dans ces crimes. Peu après, le 21 septembre à Washington, sont assassinés l’ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement de l’Unité populaire de Salvador Allende, Orlando Letelier, et son assistante Ronni Karpen Mofitt. Les auteurs de ces assassinats sont des sbires de la CORU au service de Pinochet, dont les terroristes d’origine cubaine Guillermo et Ignacio Novo Sampol, Dionisio Suarez Esquivel et Virgilio Paz Romero.

Le 6 octobre 1976, l’avion cubain explosait en plein vol au large de la Barbade, avec 73 personnes à son bord: le crime le plus hallucinant de tous qui endeuille encore notre peuple, en proie à l’indignation et à la tristesse.

Juste quelques jours avant, l’ambassade des États-Unis à Caracas refusait son visa d’entrée à Porto Rico à Hernan Ricardo Lozano, un des auteurs matériels du crime. Selon des sources historiques, l’ambassade des États-Unis à Port of Spain, Trinité et Tobago, savait que Ricardo se trouvait dans ce pays au moment où la CORU posait une bombe au consulat de Guyana, le 1er septembre 1976. Il se peut que la CIA ait craint que ses vieilles relations avec Hernan Ricardo la mettent dans l’embarras.

Après les détentions opérées par les autorités vénézuéliennes suite au sabotage de l’avion cubain, le gouvernement des États-Unis manœuvra pour qu’il n’y eût pas de procès et que Posada fût libéré et Bosch livré à l’autorité nord-américaine.

Le gouvernement des États-Unis fut l’auteur intellectuel de cet acte, qui n’était pas un fait isolé. Les documents déclassés montrent que les services de renseignements nord-américains n’étaient pas étrangers aux tentatives du CORU de sabotage contre un avion en vol. Ils connaissaient le travail de subversion mené dans la région par l’ICICA, d’où sont partis les auteurs matériels du crime avec les explosifs. Ceci pourrait expliquer, entre autres raisons, pourquoi le gouvernement des États-Unis refuse l’extradition de Posada Carriles au Venezuela.

La CIA et son gouvernement ont ensuite facilité la fuite de Posada de sa prison vénézuélienne et lui ont confié une mission importante dans la sale guerre d’Amérique centrale. Des années après ils offraient l’asile définitif à Bosch, ce qu’ils feront très bientôt pour Posada Carriles, en raison de ses brillants états de services dans le terrorisme.

Mais un jour ils devront rendre compte de leur actes devant l'humanité.

(Granma International - Manuel Hevia Frasquieri & Andrés Zaldivar Diéguez)

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