dimanche, octobre 01, 2006

Actualité - Le contrôle monopoliste des prix, de l'offre et des marchés du bois d'oeuvre

Discussion
Le bois d'oeuvre, la concurrence monopoliste et l'annexion du Canada

- Centre ouvrier du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) -

Les monopoles forestiers américains et d'autres membres de l'oligarchie financière tentent, par l'entremise de leur gouvernement, de manipuler les prix, l'offre et les marchés du bois d'oeuvre pour atteindre des objectifs cachés. Le contrôle monopoliste des prix, de l'offre et des marchés du bois est contraire au bien public et à l'économie sociale tant des États-Unis que du Canada. Ces influents propriétaires du capital ne manipulent pas les prix, l'offre et les marchés en partant de la science et de l'objectivité de considération ou en tenant compte de la valeur réelle de la production et des besoins de l'économie sociale aux États-Unis et au Canada. Ils se livrent à ces pratiques pour étendre leurs empires et pour améliorer leurs options sur contrats à terme du bois sur le Chicago Mercantile Exchange et d'autres bourses.

La manipulation des prix, de l'offre et des marchés facilite les grandes rentrées d'argent, l'élimination des plus petits concurrents et l'expansion des empires, tels que Weyerhaeuser et Canfor dans l'industrie bois (tous deux possédant d'importantes opérations forestières des deux côtés de la frontière), Inco et Falconbridge pour le nickel et le cuivre et Mitall/Arcelor, ThyssenKrupp et U.S. Steel pour l'acier.

Le jeu sur les options sur contrats à terme de marchandises

La transaction de contrats à terme de marchandises a un effet déstabilisateur et corrupteur sur l'économie sociale, sur les moyens de production et les marchés partout dans le monde. Les transactions de contrats à terme du pétrole et du gaz naturel ont fait grimper les prix du marché cette année. La perte de 6 milliards $ par le fonds commercial Amaranth Avisors pour le gaz naturel et les pertes énormes encourues par MotherRock LP et d'autres fonds de pensions montrent que les transactions de contrats à terme de marchandises affectent directement les prix du marché de toutes les marchandises de base, dont le bois, et ont un effet de plus en plus déstabilisateur sur l'économie sociale.

L'accord sur le bois d'oeuvre

Selon l'accord sur le bois d'oeuvre présentement débattu au parlement, un prix de référence servira à déterminer si des droits et des restrictions seront imposés à l'exportation du bois d'oeuvre canadien sur le marché américain. Cela aura pour effet d'exercer une pression à la hausse sur les prix du marchés aux États-Unis pour le bois et une pression à la baisse sur les prix au Canada. Les pressions contradictoires sur le prix du bois et l'offre du bois d'oeuvre aux États-Unis et au Canada font partie du plan du capital financier du secteur forestier pour accroître les empires privés dans les États-Unis des Monopoles d'Amérique du Nord. David Emerson, ancien PDG de l'empire forestier Canfor, pilote ce plan, d'abord en tant que ministre du gouvernement libéral et maintenant en tant que ministre du gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Le commerce entre les États-Unis et le Canada

Le capital financier entraîne l'économie sociale et l'industrie du bois d'oeuvre au Canada et aux États-Unis dans sa concurrence monopoliste privée et la poursuite de gains privés aux dépens du bien public. Le commerce entre pays ne doit pas être basé sur l'intérêt privé. Le commerce entre économies sociales doit être fondé sur la coopération, l'autosuffisance de l'économie nationale (ou la non-dépendance quand l'économie sociale est petite), le respect de la souveraineté et le bien public de tous les partenaires concernés. Les relations commerciales ne peuvent être laissées aux monopoles, car leurs intérêts privés étroits sont invariablement contraires à toute définition moderne du commerce international et du bien public. Les conflits sur le commerce international mènent à des guerres commerciales et sont en tant que tels des précurseurs de véritables guerres. La société politique moderne ne peut laisser le commerce international aux intérêts privés, tout comme la décision d'aller ou de ne pas aller en guerre ne peut être laissée à des intérêts privés étroits.

Le commerce du bois d'oeuvre

Les consommateurs américains ont-ils besoin du bois d'oeuvre canadien et en veulent-ils? C'est une question légitime pour eux. Pour répondre à ces questions, les peuples doivent s'opposer au droit de monopole et aux objectifs cachés de l'oligarchie financière. Si on décide aux États-Unis qu'il est nécessaire d'acheter du bois d'oeuvre du Canada, la quantité et le prix d'achat sont un sujet de négociations avec les Canadiens.

Les Américains ne peuvent pas dicter le prix à l'avance. Ils doivent le négocier pour que ce soit à l'avantage réciproque. Le fait que les Américains décident qu'ils veulent acheter du bois d'oeuvre du Canada ne leur donne pas le droit de dicter le prix ou de s'ingérer dans la coupe des forêts et la production du bois d'oeuvre au Canada. La coupe des forêts, la production du bois d'oeuvre et la négociation du prix de vente relèvent du droit souverain des Canadiens. Le fait que des monopoles forestiers au Canada, dont bon nombre ont des liens financiers et structurels avec le capital américain, contrôlent une bonne partie du financement, de la coupe et de la production du bois d'oeuvre ne change rien au droit inaliénable du peuple dans une économie socialisée moderne.

L'accord sur le bois d'oeuvre est une atteinte aux droits souverains des Canadiens et contraire à la volonté populaire puisqu'on ne permet même pas qu'elle s'exprime sur ce sujet. Les autorités canadiennes ont le devoir de défendre la souveraineté et le bien public et de permettre l'expression de la volonté populaire sur toutes les questions d'importance. Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux doivent répudier l'accord du bois d'oeuvre. Ils doivent déclarer que cet accord qui porte atteinte à la souveraineté du Canada et qui ne protège pas le bien public, en particulier les travailleurs forestiers, leurs communautés et les forêts, n'a aucune valeur ou juridiction dans l'économie sociale du Canada. À l'avenir, tous ceux qui sont directement ou indirectement touchés par la vente et l'utilisation de nos ressources naturelles doivent participer à l'élaboration des politiques à ce sujet.

Les prix du marché dans l'accord sur le bois d'oeuvre

Les Canadiens sont contre cette pratique du gouvernement américain qui consiste à vanter les mérites du libre échange tout en imposant un accord qui est contraire au concept de libre échange et même à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Selon l'accord sur le bois d'oeuvre, le libre échange est possible seulement suivant les termes dictés par les monopoles américains les plus influents. Même les Canadiens qui sont en faveur du libre échange ne peuvent accepter cette logique de brute. L'accord sur le bois d'oeuvre montre que le libre échange est une farce et que l'ALENA et d'autres importants accords commerciaux portent atteinte aux principes du commerce international suivant toute définition moderne. L'ALENA et les grandes alliances économiques doivent être remplacés par des accords commerciaux sur des produits spécifiques suivant les principes de la coopération, de l'autosuffisance de l'économie nationale (ou la non-dépendance quand l'économie sociale est petite), du respect de la souveraineté et de la protection du bien public des deux partenaires.

Les Canadiens qui défendent les principes d'une économie souveraine, autosuffisante et prosociale rejettent l'ALENA et l'accord sur le bois d'oeuvre. Cet accord ne peut même pas servir de base de discussion, puisqu'il n'y a rien à discuter.

L'accord établit un prix de référence de 355$ US par millier de pieds-planche. Le bois canadien exporté aux États-Unis et dont le prix est déterminé de cette façon est sujet à des droits compensatoires et des restrictions de quantité. Le 25 août, le prix moyen pour le bois d'oeuvre était de 280$US par millier de pieds-planche, bien en- deçà du prix de référence. Le prix de référence est un subterfuge et sert les objectifs cachés de certains monopoles. On ne présente aucun argument scientifique qui prouve que 355$ représente la valeur réelle de la production, que ce soit aux États-Unis ou n'importe où au Canada. Le fait qu'il n'y ait aucune restriction sur l'exportation de billots non transformés aux États-Unis montre qu'il s'agit tout simplement d'un outil d'expansion des monopoles forestiers les plus influents d'Amérique du Nord.

Le prix de référence de 355$ reflète peut-être la valeur de la production au Mississippi, mais cela n'a rien à voir avec la valeur de la production au Canada ou avec les besoins et la demande de bois d'oeuvre canadien aux États-Unis. La concurrence monopoliste est la raison principale pour laquelle il est impossible de conclure d'entente sur le commerce international suivant toute définition moderne. Les arguments présentés par la Coalition for Fair Lumber Imports comme quoi les producteurs canadiens ont un avantage injuste parce qu'ils ont accès à de vastes terres de la Couronne et que cela fait baisser les prix sur le marché américain cachent le fait que le capital financier refuse toute restriction du droit de monopole de dicter le commerce international et de jouer avec les transactions de contrats à terme de marchandises. Ils considèrent comme sacro-saint le droit d'élargir leur capital privé par tous les moyens possibles en concurrence avec d'autres centres du capital monopoliste et en contradiction avec le bien public et une définition moderne du commerce international.

Les arguments du capital financier américain à propos de la concurrence déloyale dans le secteur du bois d'oeuvre montrent aux peuples des deux pays que rien ne peut être réglé sans contester le droit de monopole. Cela veut dire restreindre le commerce sous le contrôle privé de monopoles et le placer sous contrôle public suivant une définition moderne du commerce international. Il faut pour cela des institutions publiques qui établissent les prix du marché de façon objective en utilisant la science et la valeur réelle de la production et en se servant du bien public des producteurs et consommateurs des deux pays comme critère.

Un prix de référence moyen pour le bois d'oeuvre canadien pourrait refléter la valeur de la production, laquelle varie d'une région à l'autre. Par exemple, la valeur de la production en Colombie-Britannique doit tenir compte du besoin d'investissements pour combattre les épidémies de dendoctrone du pin argenté et des besoins de développement économique et social des Premières Nations. En Ontario et au Québec, il doit tenir compte des investissements nécessaires pour défendre le moyen de subsistance des travailleurs forestiers et du bien-être et de la préservation de leurs communautés et des Premières Nations. Cela a trait à la souveraineté du Canada en tant que nation et aux garanties que doit se donner une société moderne concernant le bien-être de ses membres et leur droit d'être. Les États-Unis et leur prix de référence arbitraire n'ont rien à voir là-dedans.

Une section du capital financier américain et du gouvernement américain a forcé les Canadiens à songer à des moyens de restreindre le droit de monopole dans le secteur forestier et le commerce international en général et à chercher les moyens de moderniser les relations internationales. La participation consciente aux prises de décision est nécessaire pour déterminer quel type d'arrangements il faut pour faire avancer la situation. Il faut des changements institutionnels sur la façon dont le bois d'oeuvre et les autres produits forestiers sont distribués et exportés. Entre autres, le gouvernement canadien pourrait devenir l'unique vendeur de gros des produits forestiers et établir des commissions de mise en marché pour différents produits dont le commerce a un impact important sur l'économie. Une Commission canadienne de mise en marché du bois d'oeuvre pourrait acheter tout le bois d'oeuvre pour s'occuper de la vente au Canada et à l'étranger. Elle établirait sur une base scientifique la valeur régionale de la production et la moyenne nationale. La valeur nationale moyenne de la production deviendrait le point de départ des négociations sur les prix et les quantités avec les acheteurs étrangers. De cette façon, les Canadiens ne seraient pas forcés de faire des choses qui sont contraires aux intérêts des travailleurs forestiers, de leurs communautés et du bien public dans les régions productrices de bois au Canada et à l'étranger, y compris aux États-Unis.

Tout doit être repensé pour que les relations commerciales avec les États-Unis dans le secteur du bois d'oeuvre ne soient pas cause de discorde et d'échec comme c'est le cas présentement. Une définition moderne du commerce international doit être à la base des relations économiques dans tous les secteurs et servir de base à l'établissement de bons rapports qui tiennent compte des besoins de la classe ouvrière et des peuples des deux pays, du bien public et de l'harmonisation de l'environnement naturel et de l'environnement social.

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