vendredi, novembre 10, 2006

Actualité - La guerre économique livrée parles États-Unis contre Cuba équivaut à un acte de génocide

Intervention de Felipe Pérez Roque, ministre des Relations extérieures de la République de Cuba, sur le thème 18 de l’agenda de l’Assemblée générale intitulé «Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique

Le 8 novembre 2006, New York

Madame la Présidente,
Messieurs les délégués,

Pour la quinzième fois consécutive, Cuba présente devant l’Assemblée générale le projet de résolution intitulé «Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique».

Nous le faisons pour défendre les droits du peuple cubain mais aussi ceux du peuple nord-américain et ceux des peuples que vous représentez devant cette Assemblée.

La guerre économique livrée par les États-Unis contre Cuba, la plus prolongée et la plus cruelle qu’on connaisse, équivaut à un acte de génocide et constitue une violation flagrante du Droit internationale et de la Charte des Nations unies. En 48 ans, le blocus nord-américain a représenté pour Cuba des pertes supérieures à 86 milliards de dollars. Sept Cubains sur dix vivent sous le régime du blocus depuis leur naissance et résistent aux effets de cette guerre qui a pour objectif de nous réduire par la faim et les maladies.

Le blocus empêche Cuba de commercer avec les États-Unis et de recevoir de ce pays des touristes. Il interdit à Cuba d’utiliser le dollar dans ses transactions internationales et de recevoir des crédits ou de réaliser des opérations avec des banques nord-américaine ou leurs filiales dans d’autres pays.

Le blocus ne permet pas à la Banque mondiale ou à la Banque interaméricaine de développement de concéder à Cuba ne serait-ce qu’un modeste crédit.

Plus grave encore que tout ceci: le blocus des États-Unis impose ses dispositions criminelles aux relations de Cuba avec les autres pays membres de cette Assemblée générale.

Messieurs les délégués, nous venons de voir le représentant du Gouvernement des États-Unis répéter devant cette Assemblée les mêmes arguments fallacieux et les mêmes mensonges que toutes les années précédentes.

Il ment quand il dit que l’embargo est un thème bilatéral.

Il ment quand il dit que Cuba peut commercer et acheter à d’autres pays ce qu’elle ne peut pas acheter aux États-Unis.

Il ment quand il dit que les États-Unis ne poursuivent pas les cargos d’autres pays qui tentent d’accoster à Cuba.

Il dit aussi à cette Assemblée que Cuba se sert du blocus comme d’un prétexte. Je répète donc au distingué délégué ce que je lui ai dit l’an dernier: si le gouvernement des États-Unis considère que Cuba se sert du blocus comme d’un prétexte, pourquoi ne nous prive-t-il pas du prétexte en levant le blocus? Pourquoi ne pas éliminer le blocus de Cuba si, à son avis, Cuba l’invoque comme prétexte justifiant ses prétendus échecs?

Le blocus interdit tout commerce avec Cuba aux entreprises installées dans vos pays, Messieurs les délégués, pas seulement aux entreprises nord-américaines mais aussi aux entreprises des pays que vous représentez à cette Assemblée et qui sont des filiales de compagnies nord-américaines. Ne peuvent pas non plus toucher les ports nord-américains les bateaux battant pavillon de vos pays, Messieurs les délégués, s’ils ont préalablement transporté des marchandises en provenance ou à destination de Cuba. C’est ce que dit la loi Torricelli, signée par le président Bush père en 1992.

Le blocus nord-américain interdit aussi aux entreprises du reste du monde, celles de vos pays, Messieurs les délégués, d’exporter aux États-Unis des produits contenant des matières premières cubaines. Il empêche ces mêmes entreprises d’exporter à Cuba des produits ou des équipements contenant des pièces nord-américaines pour plus de 10%. Voilà la vérité.

Le blocus, Messieurs les délégués, poursuit les hommes d’affaires d’autres pays, pas seulement ceux des États-Unis, mais ceux d’autres pays, vos compatriotes, s’ils se proposent d’investir à Cuba. Eux-mêmes et leurs familles sont menacés de se voir refuser l’entrée aux États-Unis, et même d’être traduits en justice devant des tribunaux nord-américains. C’est ce que signifie la loi Helms-Burton, de 1996.

Je ne vais pas m’attarder sur des exemples qui étayeraient ce que j’ai dit. Monsieur le Secrétaire général a distribué un rapport détaillé, rassemblant les contributions de 96 pays et de 20 organismes et organisations internationales, qui démontrent sans équivoque les souffrances et les pénuries imposées par le blocus à la vie et au développement du peuple cubain.

Par contre il nous semble crucial, Messieurs les délégués, d’informer l’Assemblée générale du plan de reconquête de Cuba approuvé par le président Bush en mai 2004 et actualisé en juillet 2006. Il y est exposé clairement ce que le gouvernement nord-américain ferait de notre pays s’il parvenait un jour à en assumer le contrôle.

Selon le président des États-Unis, le point le plus important consisterait à restituer tous leurs biens à Cuba aux anciens propriétaires. Cela impliquerait, par exemple, de priver de leurs terres des centaines de milliers de paysans qui aujourd’hui, à Cuba, en sont propriétaires à titre individuel ou sous le statut de coopératives, pour y rétablir le latifundium. Cela supposerait aussi l’expulsion de leurs logements de millions de propriétaires cubains, pour rendre immeubles et terrains à leurs anciens possesseurs.

Le président Bush a annoncé que le processus devait être accéléré et se déroulerait sous le contrôle total du gouvernement des États-Unis, qui constituerait à cette fin une Commission pour la restitution des droits de propriété.

Une autre structure verrait le jour: le Comité permanent du Gouvernement des États-Unis pour la reconstruction économique de Cuba, qui dirigerait l’imposition à Cuba d’un programme d’ajustement néo-libéral draconien, incluant la privatisation sauvage des services d’éducation et de santé et l’élimination de la sécurité et de l’assistance sociale. Les retraites et pensions seraient supprimées et les retraités se verraient offrir la possibilité de travailler dans le bâtiment au sein d’un dénommé Corps de retraités cubains.

Le président Bush reconnaît qu’«il ne sera pas facile» d’appliquer le plan à Cuba. Par conséquent, il charge le Département d’État de constituer, «comme une priorité immédiate», un appareil répressif dont on imagine aisément qu’il sera entraîné aux brutales techniques d’asphyxie qui aux yeux du vice-président Cheney ne constituent pas des tortures, pour suffoquer l’interminable résistance du peuple cubain. Il prévoit même que la liste des Cubains qui seront poursuivis, torturés et massacrés «sera longue».

Il est aussi prévu de constituer un Service central d’adoption d’enfants, qui aurait pour mission de remettre à des familles des États-Unis ou d’ailleurs les enfants dont les parents seraient morts au combat ou victimes de la répression.

Ce programme cynique et brutal de recolonisation d’un pays, après destruction et invasion, serait dirigé par un personnage déjà nommé et portant le titre ridicule, qui rappelle celui de Paul Bremer, de «Coordonnateur pour la transition à Cuba». Il s’agit d’un certain Caleb McCarry, dont l’unique antécédent notoire est qu’il entretient des relations d‘étroite amitié avec les groupes terroristes d’origine cubaine qui continuent de planifier et d’exécuter depuis Miami, en toute impunité, de nouveaux plans d’assassinat et de sabotage contre Cuba. Ce sont ces mêmes groupes qui demandent au président Bush de remettre en liberté le terroriste Luis Posada Carriles, auteur du sabotage en vol d’un avion civil cubain, alors même que cinq courageux combattants antiterroristes cubains se voient infliger des peines de prison cruelles et prolongées aux États-Unis, où ils sont incarcérés depuis 1998.

Deux ans après sa proclamation, Messieurs les délégués, une partie du plan est déjà en cours d’exécution.

Ainsi, de nouvelles restrictions ont été imposées aux visites familiales à Cuba de Cubains résidant aux États-Unis.

Les Nord-Américains qui voyagent à Cuba sont en butte à un véritable harcèlement. Ces deux dernières années, plus de 800 personnes ont dû payer de lourdes amendes pour avoir voyagé dans notre pays.

Des restrictions supplémentaires pèsent aussi sur l’envoi d’aide financière aux familles cubaines.
Les échanges académiques, culturels, scientifiques et sportifs ont pratiquement été éliminés.

Depuis 2004, 85 compagnies ont été sanctionnées pour violations du blocus contre Cuba.

La persécution féroce de toute transaction financière et commerciale avec Cuba s’est intensifiée. Ledit Groupe d’identification d’actifs cubains fouille le monde entier, en quête de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à un paiement depuis ou à destination de Cuba, et les résultats s’en font déjà sentir.

Outre le renforcement du blocus, le président Bush a approuvé en mai 2004 59 autres millions de dollars pour payer ses quelques mercenaires à Cuba dans le but de fabriquer une opposition intérieure inexistante, et pour payer des campagnes de propagande et de transmissions illégales de radio et de télévision contre Cuba.

Mais tout cela a été en vain. Le président Bush s’est aperçu que le temps lui manquait et qu’il ne pouvait respecter sa promesse envers les groupes extrémistes cubains de la Floride. Ses problèmes intérieurs et extérieurs s’accroissaient et croissent et la Cuba socialiste continuait et continue ici, droite et inflexible.

Alors, le 10 juillet 2006, le président Bush a ajouté de nouvelles mesures à son plan.

Une particularité importante de cette nouvelle élucubration de 93 pages c’est qu’il contient une annexe secrète, avec des actions contre Cuba qui ne sont pas rendues publiques et ils expliquent que c’est «pour obtenir sa réalisation effective» et «pour des raisons de sécurité nationale».

Sont-ce de nouveaux plans d’assassinat contre des dirigeants cubains, plus d’actes terroristes, une agression militaire? Depuis cette tribune, nous mettons en demeure aujourd’hui, devant l’Assemblée générale des Nations unies, le président George W. Bush de rendre public le contenu de ce document, qu’il n’a pas eu jusqu’à présent le courage de révéler.

Le plan prévoit aussi, bien sûr, davantage d’argent. Cette fois il s’agit de 80 millions de dollars en deux ans et pas moins de 20 millions par année jusqu’à la défaite de la Révolution cubaine. C’est-à-dire, pour toujours.

Les transmissions de radio et de télévision contre Cuba sont aussi en augmentation, en violation ouverte des normes de l’Union internationale des télécommunications.

D’un autre côté, on redouble d’efforts pour créer une dénommée «coalition» de pays pour appuyer le soi-disant «changement de régime» à Cuba.

Le plan de Bush met surtout en avant l’application extraterritoriale de la guerre économique contre Cuba.

Ainsi, de nouveaux mécanismes sont mis en place pour perfectionner la machine qui applique les réglementations du blocus et de nouvelles sanctions sont adoptées. Parmi celles-ci se détachent, par sa nouveauté, les poursuites pénales contre les violateurs.

On annonce, en vertu du 3e chapitre de la loi Helms-Burton, l’autorisation pour engager des poursuites auprès des tribunaux nord-américains contre les investisseurs étrangers à Cuba, en particulier ceux venant de ces pays qui soutiennent la continuité de la Révolution cubaine.

On établit aussi une application plus rigoureuse du 4e chapitre, qui refuse l’entrée aux États-Unis des investisseurs cubains et de leurs familles, mais destinée maintenant à poursuivre spécialement ceux qui investissent dans l’exploration et l’extraction de pétrole, le tourisme, le niquel, le rhum et le tabac.

Comme instrument pour s’en prendre aux ventes de niquel cubain vers d’autres marchés – non pas à destination du marché nord-américain, mais pour poursuivre les ventes cubaines à des entreprises situées dans les pays que vous représentez ici dans cette Assemblée –, a été créée la dénommée «Force de travail inter-agence du niquel cubain».

Le harcèlement contre les échanges entre les églises nord-américaines et cubaines s’est perfectionné et l’envoi de dons humanitaires à des organisations religieuses cubaines a été interdit.

Mais il y a une nouvelle mesure de blocus approuvé par le président Bush et qui mérite un commentaire à part. Le document établit que les États-Unis refuseront toute exportation concernant des équipements médicaux qui peuvent être utilisés dans des programmes d’attention pour des patients étrangers.

C’est-à-dire que le gouvernement des États-Unis, qui a toujours fait le maximum pour faire échouer les programmes de coopération médicale menés par Cuba, reconnaît aujourd’hui que sa persécution va jusqu’à essayer d’empêcher l’achat par Cuba des équipements nécessaires.

J’insiste sur ce que j’ai déjà évoqué à propos du blocus qui concerne maintenant les échanges entre les Églises des États-Unis et les Églises cubaines; on interdit aux Églises aux États-Unis d’envoyer aux Églises amies à Cuba des dons humanitaires, des fauteuils roulants, des médicaments ou des produits à but humanitaire. Le blocus du président Bush contre Cuba l’amène à même déclarer aux Églises nord-américaines et cubaines; il essaie même de proscrire le commandement de Dieu. Et, en deuxième lieu, il tente d’empêcher Cuba d’acheter des équipements médicaux pour des programmes de coopération médicale internationale.

Il est indispensable de fournir quelques détails sur ce sujet :

- Depuis 1962, année où les médecins cubains ont fourni pour la première fois une aide à l’étranger, en Algérie, presque 132 000 médecins, infirmiers et techniciens cubains de la santé ont apporté leur aide dans 102 pays.

- Actuellement, 31 000 collaborateurs cubains de la santé prêtent leurs services dans 69 pays. Dans 69 pays, je répète, travaillent aujourd’hui 31 000 collaborateurs cubains de la santé, dans de nombreux pays que vous représentez ici.

- Messieurs les délégués: Un contingent médical spécialisé en catastrophes et dans les situations d’urgence a été fondé le 19 septembre 2005, précisément au milieu du fléau qui s’est abattu sur 2 millions de pauvres et de noirs du Sud des États-Unis à la suite de l’effet combiné de l’ouragan Katrina et de l’irresponsabilité et de l’insensibilité de son gouvernement. Il est composé de 10 000 membres bien entraînés et équipés et porte le nom d’un jeune nord-américain, Henri Reeve, mort glorieusement en 1873 dans les champs de Cuba, avec le grade de général de notre Armée de Libération. À ce moment, plus de 1 500 médecins cubains étaient prêts pour partir vers les zones les plus touchées et sauver je ne sais combien de vies, qui ont été perdues face au refus du président Bush de les recevoir.

- Un total de 2 564 membres de ce contingent a travaillé durant 8 mois au Pakistan, après le séisme. Ils ont construit 32 hôpitaux qui ont ensuite été offerts à ce peuple frère. Ils ont soigné 1 million 800 000 patients et sauvé 2 086 vies. Ensuite, 135 autres médecins cubains ont fourni leur aide en Indonésie et construit deux hôpitaux, aussi offerts; ils ont soigné 91 000 patients et réalisé 1 900 interventions chirurgicales.

- Des médecins cubains avaient travaillé auparavant durant des catastrophes naturelles survenues au Pérou en 1970, au Venezuela en 1999, au Sri Lanka et en Indonésie en 2004 et au Guatemala en 2005, pour ne citer que quelques exemples.

Si le président Bush réussissait dans son plan cynique, Cuba serait empêchée d’apporter à d’autres peuples, à ceux que beaucoup d’entre vous représentent ici, messieurs les délégués, ses modestes et généreux efforts dans un domaine où personne ne peut nier notre développement et notre expérience.

- Depuis 2004, Cuba a développé l’Opération Miracle, en vertu de laquelle ont été opérés gratuitement de la vue presque 400 000 patients de 28 pays, sans compter quelque 100 000 cubains.

Bien que notre pays ne pourrait pas payer seul toutes les dépenses afférentes, aujourd’hui les médecins, les techniciens, la technologie et les équipements cubains ont créé les capacités pour opérer un million de latino-américains et de caribéens par année.

Si l’offensive nord-américaine arrivait à paralyser cet effort, un nombre équivalent de personnes victimes de plus de 20 maladies ophtalmologiques perdraient la vue. Le gouvernement des États-Unis le sait mais il ne renonce pas pour cela à son plan macabre d’asphyxier Cuba. Cela pour ne parler que de ceux qui sont soignés pour la vue et non des centaines de millions de personnes qui profitent des programmes intégraux de santé des médecins internationalistes cubains.

Cuba non seulement prête des services médicaux: elle forme actuellement plus de 46 000 jeunes étudiants de médecine de 82 pays du Tiers monde à Cuba et dans leurs propres pays.

Madame la présidente,
Messieurs les délégués,

Mais Cuba ne se rendra, ni ne faiblira en promouvant ces plans humanistes, symboles de ce qu’un monde de paix, de justice et de coopération est possible. L’engagement de Cuba envers les droits de chaque déshérité de la planète est plus fort que la haine des bourreaux.

Messieurs les délégués:

Des millions de Cubains sont maintenant dans l’attente de la décision que vous prendrez. Nous vous demandons d’appuyer aujourd’hui le respect au droit de Cuba qui est aussi le respect aux droits des peuples que vous représentez. Nous vous demandons de voter en faveur du projet de résolution Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique contre Cuba.

Nous le faisons le front haut, optimistes et sûrs, avec l’espoir de répéter les vers du poète de notre génération, parce qu’à Cuba, messieurs les délégués,

Personne ne va mourir, toute la vie
Est notre talisman, est notre manteau.
Personne ne va mourir, moins encore maintenant
Que le chant de la Patrie est notre champ

Et s’ils nous imposent la guerre, il n’y aura pas assez de soldats pour couvrir les pertes qu’ils subiront face à un pays qui a résisté et s’est préparé pour sa défense durant plus de 45 ans.

Messieurs les délégués:

Le discours que j’ai préparé pour présenter notre projet de résolution se termine ici. Cependant, un fait inédit dans cette assemblée m’oblige; à dire quelques mots additionnels. Pour la première fois depuis qu’en 1992 l’Assemblée a commencé à considérer le sujet du blocus contre Cuba, le gouvernement des États-Unis essaie de saboter ce vote, par un amendement.

Après plusieurs semaines à exercer des pressions brutales, les États-Unis ont constaté qu’ils ne pouvaient renverser l’appui écrasant que ce projet de résolution obtient. Il ont alors tenté de faire en sorte qu’un grand nombre de délégations s’abstiennent et ils ont échoué. Ils ont enfin menacé et exercé un chantage pour qu’elles se retirent et ils ont échoué de nouveau.

Et finalement, ils ont décidé de boycotter ce vote, de distraire l’attention du sujet principal qui est son blocus contre Cuba, violation flagrante du Droit international, et ils ont décrété que la délégation de l’Australie présenterait le projet d’amendement élaboré à Washington.

J’ai ici, messieurs les délégués, les talking points distribués par les États-Unis depuis lundi le 6, demandant un appui pour un amendement que l’Australie n’a fait sien qu’hier, mardi, en après-midi. Il est curieux que la délégation des États-Unis demandait un appui dans ce document pour un amendement que l’Australie n’avait toujours pas décidé de présenter.

Les États-Unis ont tenté de faire en sorte qu’un pays de l’Union européenne le présente et n’y est pas arrivé; ils ont cherché un appui parmi d’autres pays et n’a pu le trouver non plus.

Finalement, un appel de très haut niveau depuis Washington au ministre des Relations extérieures australien a déterminé que l’Australie se prête au rôle d’homme de paille de l’amendement des États-Unis.

Cet amendement est-il réellement, messieurs les délégués, l’expression d’une préoccupation véritable de l’Australie? Non. C’est seulement la preuve de sa soumission abjecte au gouvernement des États-Unis.

Mais, en outre, l’Australie n’a pas l’autorité morale pour tenter de faire référence aux droits de l’homme à Cuba.

Le gouvernement de l’Australie est complice de l’impérialisme nord-américain. Une sorte d’impérialisme de poche, toujours prêt, dans le Pacifique, à suivre ses mentors de Washington.

Ainsi, il a non seulement collaboré et envoyé des troupes avec l’armée nord-américaine à la guerre du Vietnam où 4 millions de Vietnamiens ont perdu la vie, mais il a aussi participé avec enthousiasme, avec plus de 2 000 soldats, à l’invasion de l’Irak, une guerre préventive absolument illégale. Il y a toujours aujourd’hui 1 300 soldats australiens qui demeurent là-bas alors que seulement 22% de la population de l’Australie appuie cette aventure.

Le gouvernement australien qui soumet la population aborigène du pays à un véritable apartheid, n’a pas de morale pour critiquer Cuba. Le gouvernement australien qui appuie le centre de tortures que les États-Unis maintiennent à Guantanamo et qui appuie les procès sommaires devant des tribunaux militaires de prisonniers humiliés et torturés là-bas, y compris des prisonniers australiens, n’a pas de morale pour critiquer Cuba.

Les États-Unis encore moins. Nous avons tous vu les images de la prison d’Abou Ghraib, les images effrayantes de Guantanamo. Nous savons qu’ils ont organisé et maintiennent des prisons clandestines et des vols secrets par lesquels ils ont déplacé des prisonniers drogués et menottés.

Nous avons vu les images d’horreur de l’ouragan Katrina quand on a condamné à mourir des êtres humains pour être noirs et pour être pauvres. Avec tout ce que nous savons, cette assemblée ne peut être trompée et manipulée.

Pour cela, au nom de Cuba, nous vous demandons, messieurs les délégués, de voter d’abord en faveur de la Motion de non action que nous présenterons pour faire face à l’amendement présenté par l’Australie puis de voter en faveur du projet de résolution L.10 présenté par Cuba.

Le délégué des États-Unis a invoqué à cette assemblée le nom sacré de José Marti, Apôtre de l’indépendance de Cuba, dans son intervention; il salit le nom glorieux pour les Cubains, l’homme qui a dit que la guerre qu’il organisait à Cuba pour l’indépendance était davantage pour empêcher à temps que les États-Unis d’Amérique s’étendent avec encore plus de force sur les Antilles. Que l’on invoque José Marti pour justifier le blocus offense notre délégation.

Mais je rappelle à l’Assemblée et à la délégation nord-américaine en particulier que José Marti a aussi dit que «les tranchées d’idées valent mieux que les tranchées de pierre», et ce sont les tranchées d’idée qui rendent invincible le peuple noble, généreux et héroïque que je représente ici.

Merci beaucoup.

(Granma International)

Libellés :