Actualité - Équateur : Un moment crucial pour l’avenir de ce pays
Tout peut arriver dans ce pays où 80% de la population vit sous le seuil de la pauvreté. La confiance dans le système politique n’existe pratiquement plus, à cause de toutes les promesses non tenues. Et nombreux sont ceux qui n’accordent que très peu de crédit au résultat du vote, sachant fort bien qu’on va gouverner sans eux.
Mais c’est une des rares fois dans l’histoire de ce pays où le ballottage est à ce point polarisé. Le 26 novembre prochain, les électeurs devront choisir entre deux projets bien identifiés, mais totalement antagoniques et irréconciliables. Le projet de Rafael Correa et de son organisation Alianza Pais qui privilégie l’aspect social et qui propose une voie indépendante, opposée au néolibéralisme, pour construire le socialisme du XXIe siècle. Par contre, si Alvaro Noboa l’emporte, le Parti Renovador Institucional ouvrira encore davantage les portes aux capitaux étrangers, pavera la voie au Traité de libre commerce avec les États-Unis, privatisera certaines sociétés d’État et, par la même occasion — mais cela resterait à vérifier car il ne s’agit que d’une promesse — construira 300 000 logements pour les pauvres.
Bien entendu, l’homme le plus riche de l’Équateur, dont la fortune est estimée à 1 milliard 200 millions de dollars et qui contrôlent 120 entreprises, a reçu l’appui de Washington. En échange, s’il est élu, Alvaro Noboa devra reconduire le honteux contrat de la base militaire nord-américaine de Manta, dans le sud-ouest du pays, tel que convenu dans le Plan Colombie. Mais il y a plus. S’il est élu, le multimillionnaire de la banane et candidat de l’extrême-droite et des transnationales a promis de rompre les relations diplomatiques avec Cuba et le Venezuela. Depuis le début de la campagne électorale, le mot d’ordre «tous contre un» a été lancé contre le candidat Correa afin de l’empêcher d’accéder au pouvoir. La candidature de Correa représente, en effet, une alternative au néolibéralisme. S’il est élu, l’Équateur pourrait participer aux projets d’une société nouvelle qui voient le jour un peu partout sur le continent latino-américain et mettre de l’avant ses propres programmes de justice sociale et d’intégration économique, pour le plus grand bien de toute la population.
Les derniers sondages semblent indiquer que les deux adversaires seraient maintenant au coude à coude, alors qu’auparavant on donnait un avantage pour le candidat de la droite. Certains analystes affirment que le recul noté pour Noboa s’expliquerait par le fait que des organismes des droits de la personne ont sévèrement critiqué le comportement du candidat de la droite envers ses propres employés. On parle de mauvais traitements et de non-respect de ses engagements. On affirme également que Noboa emploierait des enfants d’à peine huit ans pour travailler dans ses plantations de bananes.
Quoi qu’il en soit, le panorama électoral équatorien est des plus compliqué.
Le candidat du PRIAN bénéficie de l’appui de l’ensemble des forces de droite, des partis traditionnels social-chrétiens et roldosistes, de l’oligarchie nationale et de l’ambassade yankee à Quito, sans parler du pouvoir médiatique qui s’est acharné à diaboliser son adversaire.
Quant à Correa, il devra recevoir l’appui du mouvement populaire et révolutionnaire qui, même s’il a connu d’importantes divisions, constitue un atout important, surtout lorsque les intérêts du pays sont en jeu.
Les promesses populistes de Alvaro Noboa vont certes lui attirer plusieurs votes de secteurs de la population qui n’en peuvent plus de vivre dans la pauvreté. Il va aussi attirer ceux à qui il a donné de l’argent et fait miroiter toutes sortes de belles promesses, grâce à sa fortune colossale.
Mais lorsque le moment sera venu, ces mêmes secteurs de la population n’hésiteront pas, aux côtés des autres Équatoriens, à le chasser du pouvoir lorsqu’ils se rendront compte qu’il ne pourra pas respecter ses engagements, comme cela s’est passé pour Abdala Bucaram, Jamil Mahuad et Lucio Gutiérrez. Cela, Noboa ne devra jamais l’oublier.
Il ne fait pas de doute que lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts, le mouvement populaire équatorien sait démontrer un bon niveau de combativité. Il faut maintenant que cela se manifeste lorsque viendra le temps d’aller aux urnes, en votant pour le candidat qui saura le mieux défendre ses intérêts.
(Granma International)
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