mardi, décembre 05, 2006

Actualité - Les travailleurs étrangers ne sont pas des esclaves! La «pénurie de travailleurs» est une fraude!

Le gouvernement Harper et les monopoles s'engagent à toute vitesse dans les stratagèmes antiouvriers en utilisant le prétexte d'une «pénurie de travailleurs» qui menacerait la prospérité économique du Canada.

Il y a tout juste un mois, le ministre de Citoyenneté et Immigration Monte Solberg annonçait que son gouvernement n'allait pas donner de statut légal aux travailleurs sans papiers. Il vient maintenant d'annoncer une série de mesures qui rendent plus aisé pour les monopoles d'engager des Travailleurs étrangers temporaires (TET) en Alberta et en Colombie-Britannique. Voilà une façon «légale» selon Solberg pour les travailleurs étrangers de travailler au Canada. C'est aussi la meilleure façon, ajoute-t-il, d'aider les monopoles «qui ont beaucoup de difficulté à trouver un nombre suffisant de travailleur».

Ce à quoi nous assistons, c'est à l'expansion d'une caste de travailleurs à statut inférieur, d'ici où de l'étranger, par un usage accru de travailleurs étrangers temporaires sous contrat. Les travailleurs migrants agricoles et les aides familiaux résidants font déjà partie de cette catégorie et ils comptent parmi les travailleurs les plus vulnérables et les plus marginalisés. Au lieu de corriger leur situation, le gouvernement présente le travailleur étranger temporaire sous contrat comme le modèle à suivre pour le plus grand nombre de secteurs possibles.

Les travailleurs doivent s'opposer à ces stratagèmes antiouvriers en défendant les droits de tous. Il faut en particulier s'attaquer au statut de servitude sous contrat fixe des travailleurs étrangers de même qu'aux tentatives de monter les travailleurs d'ici contre les travailleurs de l'étranger. Il faut aussi condamner l'usage de ce statut inférieur pour briser les syndicats et faire baisser les salaires et les conditions de travail de tous. L'asservissement de ces travailleurs est une violation honteuse des droits humains.

Les mesures annoncées par le ministre Solberg le 15 novembre vont accroître le recours aux travailleurs étrangers temporaires sous contrat. Le gouvernement a commencé à créer des listes régionales d'occupations qui connaissent des «pénuries de travailleurs». Deux listes ont été dévoilées le 15 novembre. L'une, pour l'Alberta, comporte 159 occupations, dont la majorité sont dans la construction, l'opération de machines dans l'industrie lourde de même que dans la vente au détail et les services. La liste pour la Colombie-Britannique comporte 120 occupations. Les listes pour les autres provinces et territoires doivent suivre prochainement.

Selon les nouvelles règles, une compagnie qui veut faire une demande au programme de TET n'a maintenant qu'à annoncer ses offres d'emplois sur le site web de la banque d'emplois du gouvernement fédéral pendant sept jours. Dans certains cas, elle doit aussi le faire sur d'autres sites web, comme le sien ou ceux des syndicats et des associations professionnelles. Lorsqu'une compagnie dit qu'elle n'a pas reçu de demandes pour ces positions de travailleurs qui sont citoyens canadiens ou immigrants reçus pendant cette période de temps, elle devient admissible au programme. Ressources humaines et Développement social Canada accepte alors la prétention qu'il y a pénurie de travailleurs par un avis sur le marché du travail et l'organisme gouvernemental permet à la compagnie d'engager des travailleurs temporaires à l'étranger.

En d'autres mots, on décide qu'il y a «pénurie de travailleurs» quand les travailleurs refusent les conditions asservissantes des compagnies qui ne veulent pas engager des travailleurs syndiqués ou refusent de payer les taux syndicaux.

Le gouvernement dit très ouvertement qu'il a changé les règles afin d'accélérer le processus parce qu'auparavant les offres d'emplois devaient être annoncées plus longtemps. On doit s'attendre à une aggravation des abus et de la terreur contre les travailleurs migrants. Déjà, les travailleurs de l'Alberta rapportent que les agences d'immigration et les contracteurs s'activent afin de puiser dans ce marché très lucratif. Dans ces conditions, disent-ils, qu'est-ce qui restera pour les travailleurs quand ces agences auront pris leur part? Qui va s'assurer que les travailleurs engagés vont même toucher le salaire qui est écrit dans le contrat qui les amène au Canada? Ce contrat est leur seul document légal pendant leur séjour au Canada et ils n'ont aucun moyen de le faire respecter.

On a déjà des cas où des travailleurs ont reçu un salaire beaucoup plus bas que leurs collègues de travail. Dans d'autres cas, des compagnies ont créé une «pénurie de travailleurs» après avoir congédié des travailleurs ou après que des travailleurs aient refusé des coupures de salaire et des concessions. Ils ont crié à la «pénurie de travailleurs» parce qu'ils ne trouvaient pas ou ne voulaient pas trouver de travailleurs d'ici qui accepteraient ces nouvelles conditions.

On doit se rappeler que les travailleurs du programme TET n'ont pas droit de demander un statut permanent pendant qu'ils sont au Canada. On les retourne dans leur pays aussitôt leur contrat terminé ou même avant s'ils se battent pour le respect du contrat qui les amène au Canada. Ils sont très vulnérables parce qu'ils peuvent être déportés s'ils protestent contre leurs mauvaises conditions de vie et de travail. Ils comptent sur le courage des travailleurs d'ici pour être défendus.

Le gouvernement prétend que ces travailleurs recevront des conditions comparables aux travailleurs d'ici ou seront protégés par les lois du travail. En réalité, il n'y a aucun mécanisme de prévu dans le programme qui assure quelque protection que ce soit aux travailleurs. Pour les monopoles, ils représentent une main-d'oeuvre asservie et jetable après usage, la main-d'oeuvre parfaite. Cela ne doit pas passer!

Les travailleurs qui sont engagés dans ce programme doivent recevoir le statut d'immigrants reçus dès qu'ils arrivent au Canada et on doit leur fournir toute l'aide nécessaire pour qu'ils se fassent une vie au Canada. Ils doivent être sous la protection des syndicats et être traités en égaux dans tous les domaines. Les organisations des travailleurs doivent tenir le gouvernement responsable de la protection de ces travailleurs. En fait, ce sont les syndicats qui devraient déterminer s'il y a «pénurie de travailleurs» et faire venir les travailleurs temporaires de l'étranger à des taux syndicaux.

On doit aussi s'opposer au régime d'employeur unique qui est imposé à ces travailleurs. Ils devraient avoir le droit d'occuper un emploi qui leur convient davantage comme n'importe qui d'autre.

C'est seulement en défendant les droits de tous que les travailleurs priveront les monopoles de la possibilité d'utiliser ce programme pour abaisser les conditions de travail et les salaires de tous et pour écraser les organisations des travailleurs. C'est seulement en limitant la capacité des monopoles et de leur État d'exploiter brutalement ces travailleurs que nous trouverons la façon de faire progresser notre cause au sein de cette situation. C'est une question de principe et de droits.

(Le Marxiste-Léniniste - Pierre Chénier)

* Pierre Chénier est le secrétaire du Centre ouvrier du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste).

Libellés :