mercredi, janvier 24, 2007

Actualité - L'ASEAN veut devenir un bloc régional avec un pouvoir

L'Association des pays du sud-est asiatique (ASEAN) a tenu son 12e sommet à Cebu, aux Philippines, du 13 au 15 janvier, précédé par des consultations internes et suivi par des rencontres avec d'autres partenaires régionaux: Australie, Chine, Inde, Japon, République de Corée et Nouvelle-Zélande. Le gouvernement des Philippines, qui se livre au terrorisme d'État contre l'insurrection armée de son peuple qui dure depuis des décennies, et qui est notoirement corrompu et maintient son peuple dans la pauvreté abjecte, a donné au sommet le thème: «Une communauté de partage et compassion». Selon les représentants gouvernementaux, ce thème représente les objectifs d'intégration et de coopération de l'ASEAN pour ce qui est du commerce, de la sécurité et de l'énergie. Gloria Macapagal Arroyo, présidente des Philippines, a dit que «l'ASEAN est engagée à élargir sa zone de commerce afin de devenir un des grands blocs commerciaux du monde».

Plus de 10 000 soldats et policiers ont été déployés pour «assuer la sécurité» du Sommet.

L'ASEAN est un bloc régional de dix pays: Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande et Vietnam. Elle fut créée à l'insistance des États-Unis pour forger un front commun contre le communisme lors des interventions de ces derniers en Indochine pour nier au Vietnam son droit à l'autodétermination. Avec l'effondrement de l'Union soviétique en 1989-1990, l'ASEAN a perdu sa raison d'être et cherche depuis à se réinventer en un bloc commercial et politique du Sud-Est asiatique.

Le Sommet avait entre autres à son ordre du jour le renforcement organisationnel pour mieux centraliser le pouvoir décisionnel. Une commission de haut niveau a été créée pour rédiger la charte de l'organisation avec pour but d'en faire une organisation de type Union européenne. Elle remplace le Groupe de Personnes éminentes (GPE).

La Charte de l'ASEAN sera également muni d'un mécanisme de résolution de conflit sans consensus, ce dernier ayant été le principe du processus décisionnel depuis quarante ans.

Les diplomates disent qu'il est devenu nécessaire de créer ce mécanisme puisqu'il est devenu plus difficile de réaliser le consensus quand l'ASEAN a élargi ses rangs.

Le GPE avait déposé un rapport et des recommandations sur la volonté politique, l'intégration régionale et les commissions décisionnelles après douze mois de consultation auprès des représentants gouvernements, des parlementaires, de la société civile et d'autres groupes, écrivent les agences de presse.

Le Rapport du GPE recommande que les principes et objectifs de base de la charte de l'ASEAN reflètent la devise: «Une vision, une identité, une communauté».

La clé de l'avenir de l'ASEAN, selon le rapport, est d'être concurrentielle, d'accroître sa part du marché économique régional et d'exploiter différentes possibilités de «dialogues gagnants» avec les partenaires.

Le GPE recommande également de remplacer le «Sommet de l'ASEAN» par le «Conseil de l'ASEAN» en tant qu'instance suprême de l'organisation.

Il propose aussi d'ajuster la politique traditionnelle de non-intervention de l'ASEAN et d'imposer des sanctions pour non-respect des décisions des pays membres «dans des circonstances exceptionnelles».

Le GPE recommande de donner plus de pouvoir au secrétariat de l'ASEAN et d'accroître ses capacités de recherche, d'analyse, de planification et de contrôle.

L'ASEAN cherche à s'établir comme marché unique et comme base unique de production d'ici 2020. L'ASEAN et la Chine veulent établir un accord de libre-échange d'ici 2010 pour une population totale de près de deux milliards de personnes et un Produit intérieur brut (PIB) dépassant les 2 billions $. Pour le mettre en contexte, à l'heure actuelle le PIB du Japon représente environ 55% du PIB combiné de l'ensemble du Sud-Est asiatique.

Le Sommet a abordé le sujet de la coopération dans le secteur des services, notamment la question du travail migratoire et en particulier celui des infirmières. Les infirmières des Philippines et d'autres pays membres pourraient se déplacer librement dans la région aux termes de l'Accord de reconnaissance mutuelle signé par les ministres des Finances des pays membres.

L'accord sur les travailleurs migrants a pour but de donner à ces derniers un libre accès aux tribunaux du pays où ils travaillent.

Sur le plan énergétique, l'ASEAN et ses partenaires régionaux «réduiront la dépendance sur les carburants conventionnels grâce à des programmes d'efficience énergétique, à l'expansion des systèmes d'énergie renouvelable et à la production des biocarburants. Ils cherchent également à réduire les émissions de gaz à effet de serre et veulent établir un approvisionnement énergétique stable en investissant dans des infrastructures régionales, comme les réseaux électriques et les oléoduques», écrit People's Daily Online.

Les chefs d'État de l'ASEAN ont également adopté une convention sur le terrorisme. Les gouvernements des pays membres auraient exprimé leur inquiétude «face au grave danger que représente le terrorisme pour la vie d'innocents, les infrastructures et l'environnement, la paix régionale et internationale».

L'accord appelle les pays membres à améliorer leur coopération régionale pour prévenir les attaques et partager les renseignements et les avertissements. Par contre, aucun pays ne peut mener des opérations anti-terroristes sur le territoire d'un autre.

On rapporte que durant les rencontres qui ont précédé le sommet, on a proposé des pourparlers pour trouver des voies pacifiques pour le règlement de la crise nucléaire dans la péninsule coréenne. L'ASEAN s'est engagée à n'épargner aucun effort pour la réussite des pourparlers à six et réitéré son engagement envers une Asie- Pacifique libre des armes nucléaires. Des centaines de manifestants ont scandé des slogans et battu les tambours à plusieurs kilomètres du centre de Cebu pour protester contre le sommet, rapportent les agences de presse. Ils ont dénoncé les nouvelles lois anti-terrorisme en disant qu'elles mènent à la multiplications de atteintes aux droits humains. Ils ont également dénoncé les plans de libéralisation du commerce parce qu'ils vont faire du tort aux industries nationales, notamment à l'industrie de la pêche.

Quelques faits concernant l'ASEAN

L'ASEAN regroupe l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, le Singapour, la Thaïlande, le Brunei, let Vietnam, le Laos, le Myanmar et le Cambodge.

Elle fut créée le 8 août 1967 à Bangkok, en Thaïlande, par cinq pays: Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Thaïlande. Le Brunei s'est joint au groupe en janvier 1984, suivi du Vietnam en 1995, du Laos et du Myanmar en 1997 et du Cambodge en 1999.

Les buts et objectifs de l'ASEAN sont: 1) accélérer la croissance économique, le progrès social et le développement culturel de la région et 2) promouvoir la paix et la stabilité dans la région par le respect de la justice et de la primauté du droit afin de maintenir des relations amicales entre les pays de la région et en adhérant aux principes de la Charte de l'ONU.

Le document Vision 2020, adoptée par les chefs de l'ASEAN lors du 30e anniversaire du groupe en 1997, décrit l'alliance comme un «concert des nations du sud-est asiatique tourné vers l'extérieure, vivant dans la paix, la stabilité et la prospérité, liée par un partenariat dans le développement dynamique et dans une communauté de sociétés humanitaires»

En 2003, les chefs des pays de l'ASEAN ont résolu que la communauté établisse trois piliers constituants: la communauté de sécurité, la communauté économique et la communauté socio-culturelle.

La région a une population combinée d'environ 537 millions de personnes, ce qui est plus que l'Union européenne et des trois pays membres de l'ALÉNA (États-Unis, Canada et Mexique). Elle couvre un territoire d'environ 4,5 millions de kilomètres carrés.

Les pays de l'ASEAN ont un produit intérieur total de 876 milliards $US, et un revenu per capita de 1,582$. Le commerce total était de 1,22 billions $, plus que le Japon.

La coopération économique de l'ASEAN couvre le commerce, l'investissement, l'industrie, les services, les finances, l'agriculture, la foresterie, l'énergie, les transports et communications, la propriété intellectuelle, les petites et moyennes entreprises et le tourisme.

La plus grande instance décisionnelle est le Sommet. Le secrétaire général de l'organisation, qui est nommé sur la base du mérite et selon le statut ministériel, a un mandat de cinq ans et est responsable d'initier, de conseiller, de coordonner et d'appliquer les activités de l'ASEAN.

(Sources: People's Daily Online, Al-Jazeera, Prensa Latina)

(Le Marxiste-Léniniste)

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