Actualité - Dans son discours à la nation, Bush promet plus de sang et l'élargissement de la guerre en Irak
Sa décision d’intensifier l’intervention militaire américaine est une répudiation directe des résultats électoraux des élections de mi-mandat de 2006, dans lesquelles des millions d’électeurs américains ont exprimé leur opposition à la guerre en Irak en mettant fin au contrôle républicain du Sénat et de la Chambre des représentants.
La première vague de soldats additionnels a déjà commencé son déploiement dans la région et un total de six brigades se rendront en Irak, cinq dans la ville de Bagdad et une dans la province d’Anbar, le centre de l’insurrection sunnite contre l’occupation américaine. Bush a aussi envoyé un porte-avion, équipé de centaines d’ogives nucléaires, dans le golfe Persique.
Bush a fait plusieurs fois référence à la possibilité d’une augmentation des victimes américaines et irakiennes en conséquence de l’intensification des opérations militaires. Il a fait usage d’une langue qu’on ne peut mieux nommé qu’orwellienne pour présenter ses plans pour un immense bain de sang comme un programme pour « réduire la violence à Bagdad ».
Il a blâmé les échecs des forces d’occupations américaines sur le fait qu’il n’y avait pas assez de troupes en Irak et « trop de contraintes pour les soldats en Irak ». En d’autres mots, une campagne militaire qui a déjà produit torture et humiliation à Abou Ghraib, meurtres de masse à Haditha et viol et meurtre d’écolières irakiennes va maintenant « passer aux choses sérieuses ».
Bush a esquissé ses plans pour grandement augmenter l’action militaire dans la capitale irakienne. Les forces militaires irakiennes et américaines vont envahir la capitale et « aller de porte en porte pour gagner la confiance des résidents de Bagdad ». Ce que cela signifie en pratique a été montré le jour avant le discours dans la rue Haifa au centre de Bagdad, lorsque des soldats irakiens chiites et des soldats américains ont mené une opération militaire dans un quartier sunnite, tuant au moins 50 personnes et rasant des pâtés de maisons entiers.
Dès que les quartiers sunnites de la ville seront soumis, l’offensive se dirigera vers les quartiers chiites, particulièrement vers la grande zone ouvrière à l’est de Bagdad connue sous le nom de Sadr City. Les forces militaires américaines n’ont pas eu l’autorisation de mener des opérations de combat dans cette partie de la capitale, mais maintenant, selon la déclaration de Bush, « Les forces irakiennes et américaines auront l’autorisation de pénétrer dans ces quartiers et le premier ministre Maliki a juré qu’aucune interférence politique ou sectaire ne serait tolérée. » La conséquence sera l’incinération de quartiers entiers par la puissance de feu américaine, et un massacre des chiites qui sera encore plus important que sous Hussein.
L’intensification de la violence en Irak n’est que le début. Bush a menacé d’action militaire l’Iran et la Syrie, insinuant que la position qui se détériore pour le régime d’occupation américain en Irak pourrait être sauvée en augmentant l’ampleur de la guerre.
Dans des mots qui rappelaient les déclarations de Richard Nixon ordonnant l’invasion du Cambodge et du Laos durant la guerre du Viêt-Nam, Bush a affirmé que l’Iran et la Syrie aidaient activement la résistance irakienne et il a juré vengeance : « Nous allons contrecarrer les attaques contre nos forces. Nous allons bloquer l’appui en provenance de l’Iran et de la Syrie. Et nous allons débusquer et détruire les réseaux fournissant des armes sophistiquées et de l’entraînement à nos ennemis en Irak. »
Bush a insulté l’intelligence de son public lorsqu’il a ressorti la vieille rengaine selon laquelle la guerre en Irak avait pour but de détruire la menace terroriste pesant sur les États-Unis et était une réaction aux attaques du 11-Septembre sur New York et Washington. Il a aussi tenté une fois de plus de présenter la guerre comme une noble lutte pour établir la démocratie au Moyen-Orient, alors que c’est en réalité une tentative de l’élite dirigeante américaine de s’emparer d’un pays ayant la troisième plus importante réserve de pétrole et constituant une position stratégique cruciale.
« De l’Afghanistan au Liban, jusqu’aux Territoires palestiniens, des millions de gens ordinaires en ont assez de la violence », a-t-il affirmé. « Et ils voient la situation en Irak. Ils veulent savoir : Les États-Unis se retireront-ils pour laisser le futur de ce pays aux mains des extrémistes ou allons-nous joindre les Irakiens qui ont choisi la liberté ? »
Des dizaines de millions de personnes au Moyen-Orient, et la très grande majorité de la population mondiale, s’opposent à l’invasion et la conquête américaines de l’Irak et les perçoivent, très justement, comme une réaffirmation du colonialisme occidentale sous une forme particulièrement grossière et brutale. Selon une étude de l'École Bloomberg de santé publique de l'Université Johns Hopkins, l’intervention américaine en Irak a déjà causé approximativement 655 000 morts. Mais dans le monde à l’envers et démentiel de Bush, ce sont les Irakiens combattants l’occupation américaine qui sont des « extrémistes qui tuent des innocents ».
La fausseté et le cynisme du discours de Bush sur la liberté et la démocratie en Irak et au Moyen-Orient sont démontrés par son attitude envers la démocratie aux États-Unis. Il a débuté son discours en acclamant la tenue d’élections en Irak en 2005, mais il n’a absolument rien dit à propos des élections législatives américaines qui ont eu lieu voilà seulement deux mois.
(World Socialist Web Site)
Libellés : États-Unis, L'Irak résiste à l'occupation
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