jeudi, avril 19, 2007

Actualité - 900 millions $ des fonds publics pour les monopoles de l'aérospatiale et de l'industrie militaire

Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense

Le Parti conservateur au pouvoir au fédéral a annoncé qu'il versait 900 millions $ en subventions et prêts sans intérêt aux monopoles privés des industries de aéronautique et militaire. Le programme s'appelle «Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense».

Les principaux bénéficiaires de ces fonds publics sont Bombardier, Héroux-Devtek et CAE Inc, entreprises basées au Canada, et le géant militaire américain United Technologies Corporation et sa filiale Pratt and Whitney. Tous ces monopoles sont liés au design et à la production d'équipements militaires et à la formation de personnel militaire des États-Unis et d'autres pays, en particuliers les pilotes de combat. Environ 60% des opérations canadiennes de ces monopoles mondiaux se retrouvent dans la région de Montréal.

Le Marxiste-Léniniste a identifié plusieurs aspects de cette annonce et de cette pratique de payer les riches que les Canadiens devraient discuter dans leurs collectifs et avec leurs collègues, amis et familles. Ils ont à voir avec:

la contradiction entre le caractère socialisé de l'économie moderne et sa division en composantes privées rivales;

la contradiction spécifique à l'aéronautique et à d'autres secteurs de l'industrie lourde entre l'exigence d'un rendement immédiatement par les propriétaires du capital sur leurs investissements et le fait qu'il y a un délai considérable entre le moment de l'investissement et la réalisation de la valeur ajoutée;

les guerres de conquête, l'occupation et les conflits inter-impérialistes qui s'inscrivent dans le projet d'empire américain auquel le Canada est annexé.

Aspect 1: Des fonds publics sont utilisés pour grossir les avoirs privés et améliorer la performance de certains investissements canadiens et étrangers. Peu importe les raisons que donne le gouvernement pour justifier l'utilisation de fonds publics par des intérêts privés, les 900 millions $ ne sont pas versés dans des projets publics qui profitent à l'ensemble des Canadiens et dont le public conserve la propriété entière, mais dans des projets privés choisis qui demeurent la propriété de certaines personnes et de leurs entreprises privées. Payer les riches est la théorie et la pratique néolibérales des «effets de retombée», selon lesquelles la population bénéficie à créer les conditions permettant à certains individus et à certaines entreprises de s'enrichir et de devenir plus puissants. Les adversaires du néolibéralisme affirment que l'argent public doit être dépensé pour renforcer le secteur public et ainsi créer une valeur ajoutée, des emplois ou des avantages sociaux qui servent le bien public et restreignent le droit de monopole. De cette façon, toutes les dépenses publiques dans l'économie socialisée, à part les transferts aux individus par les programmes sociaux, resteraient dans le secteur public. Cela devrait être considéré comme un crime grave que de prendre de l'argent des fonds publics pour enrichir des individus ou des entreprises et renforcer leur droit de monopole et leur pouvoir. Les dépenses publiques doivent profiter entièrement à la population sans préjugé ni privilège en fonction du statut social. D'autre part, tout le capital, y compris la partie transformée en biens immobiliers, doit rester de propriété publique. La pratique corrompue qui consiste à verser des fonds publics sous forme de prêts conditionnels sans intérêts ou de subventions à certaines entreprises privées doit cesser. Il y a incohérence dans le fait que les gouvernements utilisent les fonds publics pour payer les riches plutôt que de réclamer une valeur ajoutée directement à partir des centres de production et de distribution pour répondre aux besoins de la société. Les gouvernements versent l'argent des impôts perçus auprès de particuliers à certains monopoles privilégiés.

Aspect 2: Avec ce versement particulier de fonds publics à certains individus et monopoles principalement dans la région de Montréal, le Parti conservateur au pouvoir tente d'acheter des votes au Québec à la prochaine élection fédérale. Les masse-médias présentent la pratique de payer les riches comme quelque chose qui bénéficie aux populations des régions où les fonds publics sont acheminés. On crée une fausse identification entre les résidants de la région donnée et les monopoles qui reçoivent l'argent et on déclare que les retombées, habituellement des emplois, sont une raison suffisante pour voter pour le parti au pouvoir qui pilote le projet. Cette pratique est aussi corrompue que le scandale des commandites ou toute autre pratique où la considération première n'est pas le bien public mais la fortune électorale d'un parti politique donné et l'enrichissement d'individus ou d'entreprises données. Les masse-médias jouent un rôle particulièrement méprisable à cet égard, puisque 90% de ce qu'ils appellent «la politique» tourne autour des stratégies du gouvernement et des partis pour obtenir plus de votes à la prochaine élection. Cela montre la nécessité du renouveau du système politique de manière à ce que ce soit le peuple qui soit porté au pouvoir plutôt que les partis politiques.

Aspect 3: Le fait que la majeure partie des 900 millions $ en subventions et prêts sans intérêts sont acheminés dans la région de Montréal ajoute aux tensions entre le Québec et le reste du pays. Le Parti conservateur au pouvoir a accentué le mécontentement régional partout au pays par son refus de s'adresser au problème clé du renouveau démocratique et du besoin d'une nouvelle constitution. Les relations entre le gouvernement fédéral et les provinces sont constamment tendues. Les premiers ministres de Terre-Neuve et Labrador et de la Saskatchewan dénoncent Harper dans leurs conférences de presse. Le gouvernement fédéral s'est immiscé dans les récentes élections au Québec et a ajouté au discrédit du système politique.

Au delà du ressentiment général créé par le fait qu'une région est favorisée par rapport aux autres, ce transfert d'argent public met en lumière une situation bien particulière. Le néolibéralisme fait grand cas de la concurrence sur les marchés. Le plus grand récipiendaire de cet argent public sera sans doute le monopole international Bombardier, comme c'est le cas depuis des dizaines d'années. Une bonne partie des opérations de Bombardier sont maintenant situées à l'extérieure du Canada. Même si, selon le communiqué, ce transfert de richesse est pour la recherche et le développement dans l'industrie aérospatiale, cela renforce Bombardier en général dans sa bataille contre les monopoles concurrents dans tous les domaines, y compris la conception et la fabrication de wagons. Ce n'est par coïncidence que le concurrent américain du design et de la fabrication de wagons, Greenbrier Corporation, prenait les résidants de la Nouvelle-Écosse par surprise en annonçant le démantèlement de ses usines Trenton Railcar Works dans cette province et leur déménagement au Mexique, au moment même où le ministre non-élu des Travaux publics Michael Fortier annonçait les subventions à Bombardier. Il n'y a pas longtemps, 2 000 travailleurs des usines Trenton fabriquaient des wagons de la plus grande qualité, ce qui nécessite évidement de l'acier de la plus grande qualité. Dans la Nouvelle-Écosse d'aujourd'hui, les aciéries ont disparu. Maintenant ce sont les usines de wagons qui vont disparaître. C'est un dur coup pour la Nouvelle-Écosse et le Canada et les gens de Pictou County auront raison d'y voir une grande injustice. Les masse-médias en Nouvelle-Écosse ont déjà commencé leur campagne pour blâmer le Québec et sa demande de souveraineté plutôt que d'identifier le problème: la constitution archaïque et les arrangements fédéraux-provinciaux dépassés et le système politique actuel qui permet à certains monopoles de dominer et de manipuler l'État et le trésor public à leurs fins. Les conflits régionaux sont de plus en plus tendus et ce transfert de fonds publics dans des mains privées ne fera que les accentuer davantage. Déjà Harper et le premier ministre de Terre-Neuve et Labrador Danny Williams se battent en public au sujet des paiements de péréquation et les revenus de l'exploitation pétrolière et gazière de la province. Ces conflits pour la mainmise sur l'exploitation des ressources naturelles sont de nature à dégénérer en une guerre civile réactionnaire.

Une conscience sociale est nécessaire qui pose les problèmes dans une perspective d'ensemble avec le bien public au centre. Cette conscience saisit l'incohérence d'une économie socialisée divisée en composantes privées rivales qui fait obstacle au développement d'une économie autosuffisante qui croît dans tous les domaines et toutes les régions. Cette conception du monde reconnaît la nécessité de restreindre le droit de monopole, d'arrêter de payer les riches et d'augmenter les investissements dans les programmes sociaux. La conscience sociale moderne est celle qui a le courage de faire face à l'incohérence d'une économie socialisée divisée en composantes privées rivales et d'organiser en vue de la réalisation d'une alternative. La conscience sociale moderne est celle qui participe au mouvement général pour de nouveaux arrangements politiques fédéral-provincial dans le cadre d'une constitution moderne et pour une économie socialisée qui croît dans tous les sens, s'appuie sur elle même et ne laisse pas les régions pour compte. Les Maritimes, le Québec, l'Ontario, les Prairies, la Colombie-Britannique et d'autres régions du Canada ont besoin d'aciéries et d'usines industrielles sur lesquelles bâtir une économie forte et autosuffisante sur tous les plans avec pour objectif de répondre aux besoins de la population.

Il faut mettre fin à la pratique qui consiste à payer les riches et à permettre aux monopoles de déménager leurs opérations à volonté à l'intérieur ou à l'extérieur du pays, comme menacent de le faire Greenbrier Corporation, Hamilton Specialty Bar, Stelco et Gildan Activeware à Montréal.

Aspect 4: La majeure partie des fonds destinés à la recherche et au développement annoncés par le ministre Fortier est liée à l'utilisation militaire, en particulier aux préparatifs de guerre et à la force aérienne des États-Unis. Des commentateurs dans les masse-médias parlent maintenant d'une course aux armements entre l'empire américain et les groupes de résistance armée!

Cet appel à accroître les dépenses pour les armements et pour une plus grande armée arrive à un moment où de plus en plus de Canadiens se rendent compte que l'armée canadienne est annexée à la machine de guerre des États-Unis. Ils demandent que le gouvernement rompt tout contact militaire avec les bâtisseurs d'empire américains. Il y a un mouvement grandissant pour un gouvernement anti-guerre et pour arrêter la participation du Canada à la guerre d'agression et d'occupation en Afghanistan. Les guerres et conflits provoqués par les États-Unis partout dans le monde atteignent des proportions inégalées et doivent être arrêtés. Les Canadiens peuvent jouer un rôle important en refusant que les fonds publics, les forces militaires, les produits finis et les matières premières, notamment le pétrole et le gaz, servent au renforcement de l'armée américaine. La remise de fonds publics à des monopoles privés engagés dans la production militaire et les préparatifs de guerre en relation étroite avec l'impérialisme américain va à l'encontre du bien public. Il faut songer sérieusement à rompre tout contact avec la recherche et le développement militaires américains et à retirer le Canada des alliances militaires agressives que sont l'OTAN et le NORAD et du parapluie de l'annexion militaire qu'est le U.S. Northern Command.

Aspect 5: Ce transfert de 900 millions $ du trésor fédéral à certains monopoles arrive à un moment où il y a un important manque de financement public pour les programmes sociaux. Il faut aussi des investissements publics pour stopper la désindustrialisation des régions. Des fonds publics pourraient servir à investir dans le développement industriel public, comme dans le secteur forestier partout au Canada, dans l'industrie métallurgique et dans d'autres secteurs où il y a des fermetures importantes, comme à l'usine de pneu Goodyear à Valleyfield où un appel a été lancé à établir un centre québécois de recyclage et de rechapage du pneu. Il faut aussi investir pour arrêter le démantèlement des usines Hamilton Specialty Bar, Stelco et Trenton Works. Il faut explorer la possibilité de retirer des installations industrielles des mains des monopoles et de les placer entre les mains du peuple et du gouvernement, comme base pour créer une économie socialisée qui croît dans tous les sens et dans toutes les régions et qui s'appuie sur elle-même.

Aspect 6: Neuf cents millions de dollars seront pris au trésor public pour payer pour des conditions de production particulières dans les industries militaire et aéronautique, c'est-à-dire pour la recherche et le développement. La R-D est nécessaire à la production socialisée moderne et est un produit du savoir humain. Les monopoles se servent d'employés éduqués socialement pour le gain privé, sans remboursement direct au système d'éducation et à la société qui les a formés. Les résultats de la R-D financée publiquement mais orientée par des entreprises privées sont accaparés par les monopoles et déclarés propriété intellectuelle privée. Ils sont légalement protégés comme tels par des brevets d'invention. La garde de la science «privée» produite socialement est financée et organisée dans une grande mesure par les institutions juridiques et de sécurité de l'État. Le Service canadien du renseignement de sécurité et la GRC se livrent tous deux au contre-espionnage industriel pour le compte des monopoles. Évidemment, les industries aéronautique et militaire et leur science et technologie sont inter-reliées et sont essentielles à la construction d'empires. Les armes avancées sont nécessaires pour contrer la supériorité des peuples opprimés du point de vue nombre et détermination. L'armée canadienne ne durerait pas un jour en Afghanistan sans des armes supérieures et sans le support aérien de l'armée américaine. Le maintien de la supériorité militaire dans les airs avec de meilleurs avions de combat et des missiles est considéré comme un élément crucial du projet d'empire américain.

La fusion des institutions privées de R-D, de projets financés par le gouvernement et d'universités publiques, comme l'Université de Montréal, a pour effet de subordonner l'éducation et le savoir publics aux intérêts privés et au droit de monopole. Le savoir, la science et la technologie publics sont officiellement privatisés et servent à renforcer le contrôle monopoliste, dans l'application de la science et de la technologie à la production en général et dans la mise au point d'armes modernes en particulier. Le contrôle monopoliste de la R-D écarte la population et même les politiciens des prises de décisions sur l'orientation sur la recherche, sur ce que la société considère comme étant des problèmes scientifiques prioritaires.

Aspect 7: Certains monopoles dominants structurent l'État pour servir leur diktat aux dépens du peuple et de ses droits souverains. Dans ce cas-ci, l'argent du trésor public sert à créer des conditions particulières de production plus favorables pour certains monopoles des secteurs militaire et aérospatial. C'est une extension du rôle général de l'État dans le financement de travaux publics pour créer les conditions favorable à la production au sein de l'économie socialisée. Cela fait partie de la tendance néolibérale régressive qui consiste à utiliser des fonds publics pour créer des conditions de production particulièrement favorables à certains monopoles. C'est une politique qui divise et déstabilise, une source de conflit et de corruption. Dans ces conditions, le contrôle du pouvoir politique est crucial pour les monopoles s'ils veulent survivre, sans parler d'étendre leur empire. Le conflit intermonopoliste violent pour le contrôle de l'État est inévitable et comprend des forces à l'oeuvre à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
La prédominance de certains monopoles mène à une distorsion de l'économie socialisée en opposition à un développement général et autosuffisant. La pratique consistant à favoriser une section particulière des riches aux dépens des conditions générales de production, du bien public et de la santé de l'environnement social et naturel est associée au parasitisme et à la putréfaction du système économique.

Aspect 8: Un aspect peu compris et peu discuté de cette initiative gouvernementale est la contradiction à laquelle sont confrontés les secteurs de l'aéronautique et d'autres industries lourdes entre la demande de rendement immédiat des propriétaires du capital et le délai relativement long entre le moment de l'investissement et la réalisation de la valeur ajoutée. Ce n'est pas un problème nouveau: les propriétaires du capital et les bâtisseurs d'empire colonial britanniques ont été confrontés au même problème en raison de l'étendue géographique du pays. Comment financer et bâtir un réseau ferroviaire moderne quand les revenus sur investissement prennent des années à se matérialiser? Comment financer la construction des réseaux électriques et fournir l'électricité à l'industrie quand le prix du marché basé sur le prix de production est inabordable pour les usagers industriels? Comment construire une industrie de l'acier et d'autres industries lourdes quand les revenus suffisants pour couvrir les coûts de production prennent des décennies à se matérialiser et que l'entretien et la modernisation requièrent le réinvestissement de quantités massives de revenus? Et aujourd'hui, alors que les investisseurs privés s'attendent en règle générale à un rendement de 10% ou plus, comment cela est-il possible dans des industries comme l'acier, l'aéronautique et les forêts qui requièrent d'énormes investissements en capital, un entretien constant et des fonds pour la recherche et le développement? Sans accaparer une partie de la valeur ajoutée provenant des autres secteurs de l'économie où le rendement est plus élevé, certains secteurs disparaîtraient. C'est un problème important dans une économie socialisée divisée en composantes privées rivales. (Voir note de bas de page)

Ou bien les fonds proviennent de l'État qui les retire à la propriété privée, les amasse sous contrôle public dans la forme du trésor public et l'investit sous propriété publique, ou bien ils sont pris au trésor public contrôlé par l'intérêt privé et remis à la propriété privée par la pratique de payer les riches.

La recherche et le développement est une partie intégrante des processus de production de l'industrie moderne. La R-D crée une valeur ajoutée mais sa réalisation dans la vente des marchandises peut prendre des années sinon des décennies à se réaliser. C'est un problème pour les monopoles comme le consortium Airbus en Europe qui a mis au point un nouvel avion gros porteur. Les investisseurs privés ne sont pas disposés à attendre des années ou des décennies pour obtenir un rendement sur leurs investissements. Ils veulent leur 10% et plus tout de suite! Le système capitaliste monopoliste résout ce problème en payant les riches à même les fonds publics. Les fonds publics servent à combler le manque durant les années d'attente.

Par exemple, durant la fraude de faillite de l'aciérie Stelco à Hamilton, les monopoles qui détenaient le contrôle de la compagnie et du processus de faillite ont obligé Stelco à faire des emprunts de restructuration à plus de 10% d'intérêt. Ces prêts provenaient d'alliés et d'une autre division de la même compagnie qui contrôlait le processus de faillite et qui a par la suite acquis les actions majoritaires de Stelco. Entre-temps, le gouvernement provincial a donné à Stelco 150 millions $ en prêts remboursables sous conditions à 1% d'intérêt! Et maintenant les principaux propriétaires des avoirs et de la dette de Stelco veulent détruire les usines de Hamilton pour réaliser des projets secrets qui ont à voir avec la propriétaire des installations portuaires de la ville. Ils disent que l'aciérie est vieille et perd de l'argent. Et pourtant ils continuent de percevoir leur 10% d'intérêt depuis la restructuration, ont vu la valeur de leurs actions Stelco passer de 5$ à 22$ et ont su profiter de la panique d'acquisition puisqu'ils en étaient les incitateurs. Belle manoeuvre! Ils devraient tous se voir retirer leurs droits de propriété pour fraude, duperie et négligence criminelle dans l'utilisation de fonds publics. Il faut immédiatement entreprendre de créer une aciérie de propriété et de contrôle publics à Hamilton, entretenue comme il faut et modernisée.

Les monopoles ont également pour tactique de transférer la production si possible dans d'autres régions ou à l'étranger où les réclamations de la classe ouvrière et des gouvernements à la valeur ajoutée sont inférieures, où la propriété foncière est moins dispendieuse et la réglementation plus flexible.

Dans le système marchand actuel, le temps de travail des chercheurs (augmenté par leur éducation spécialisée) et les coûts d'équipements connexes représentent une partie du prix de production des marchandises. Lorsque des marchandises des secteurs aérospatial et militaire sont vendues, leur prix du marché devrait inclure le temps de travail et les coûts associés de la R-D. Le délai dans la réalisation de la valeur ajoutée et les coûts de production devraient également contribuer à augmenter le prix du marché. Les monopoles accaparent l'entière valeur ajoutée provenant de la R-D comme propriété privée, moins les sommes versées en salaires et en impôts. Les coûts de la R-D sont également récupérés par le prix du marché. Si le prix du marché reflète le coût général de la production, la somme reçue par le monopole donné serait approximativement l'équivalent de la somme des coûts de production et de la valeur ajoutée, y compris la R-D.

La valeur ajoutée produite par la R-D comprend les salaires des chercheurs, les impôts (versés en majeure partie par les particuliers et la taxe de vente) et les profits du monopole. Les coûts de production, qui sont les coûts des équipements et des structures, devraient être plus ou moins récupérés.

Certains rapports indiquent que les monopoles ne remboursent jamais entièrement les prêts sans intérêt que leur accordent les gouvernements, sans parler de la valeur ajoutée qu'ils conservent à titre de profits, laquelle provient directement du temps de travail des chercheurs et d'autres participants à la R-D (voir ci- dessous). Cela veut dire que les monopoles qui reçoivent des subventions et des prêts remboursables sous conditions profitent non seulement du résultat de la R-D, qui facilite la création de la valeur ajoutée dans la production directe, mais réclament aussi une partie de la valeur ajoutée par la R-D, en plus de la partie des coûts de production qui ont déjà été payés par le trésor public.

L'important pour les investisseurs est le rendement rapide. Ils ne sont pas disposés à attendre pendant que la R-D se réalise dans la marchandise vendue. Ce lapse de temps devrait être une partie normale du reinvestissement des revenus non distribués dans l'entretien et la modernisation des usines. Mais rien n'est «normal» sous le diktat des monopoles où même le réinvestissement de la valeur ajoutée (revenus non distribués) dans les usines de production est perçu comme une diminution inutile de la réclamation de l'investisseur. Algoma Steel à Sault-Sainte-Marie est particulièrement notoire à cet égard.

Le fait que les monopoles des secteurs aérospatial et militaire ne remboursent pas entièrement les prêts conditionnels du gouvernement pour la R-D signifie qu'une somme équivalente est prise à d'autres secteurs de l'économie socialisée. Si le trésor public assume le coût de la R-D mais n'est pas remboursé après la vente du produit, pour le capital et pour la partie de la valeur ajoutée à laquelle il peut prétendre à titre d'investisseur, cela signifie que le gouvernement est forcé de payer la différence à même ses revenus d'impôts. Cela signifie qu'il a moins de revenus pour s'acquitter de ses responsabilités sociales dans une société moderne.

C'est de la désinformation que de présenter ce paiement aux riches comme une bonne chose pour le peuple et pour l'économie socialisée. Entre autres, cela cache la réalité que certains monopoles subordonnent les institutions d'État et le trésor public à leurs intérêts privés pour écraser leurs concurrents, attaquer le bien-être fondamental du peuple et la santé de sa société et bloquer la voie au progrès.

(Le Marxiste-Léniniste)

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