mercredi, avril 19, 2006

Actualité - 45e anniversaire de l’invasion de Playa Giron

Au moment même où l'impérialisme américain fait fit des désir de paix et des souveraineté des peuples en menaçant les nations qu'il juge comme "états faillis" ou "états voyous", Cuba se souvient de l'invasion de Playa Giron du 14 avril 1961. L'invasion orchestrée par la CIA fût héroïquement répoussée par le peuple cubain. Franc-Parler salue les commémorations du 45e anniversaire de cet évènement significatif dans la lutte de Cuba pour la souveraineté et condamne les manoeuvres militaires américaines d'intimidations dans les Caraïbes.

(Granma International) - L’invasion de Playa Giron commença à se tramer au milieu de l’année 1960, lorsque les plus brillants des hommes de cape et d’épée conjuguèrent leur science jusque là couronnée de succès lorsqu’il s’agissait de renverser des gouvernements non sympathisants. C’était déjà décidé: jamais Fidel Castro ne serait persona grata…

Ce fut le début d’une série de faux pas, de glissades, de vacillements… et de bourdes! . On réunit une force de plus de cinq mille hommes, dont 1 325 sélectionnés par la CIA pour leur bonne conduite pendant les neuf mois d’entraînement subis au Guatemala et au Nicaragua, sous l’ombre protectrice d’Idigoras et de Somoza. Dans toute guerre qui se respecte, il faut une armée et un chef. Celui-ci était tout trouvé: Manuel Artime. «Manolito» était déjà l’enfant chéri de l’invincible CIA, un «garçon en or»… (hélas, c’était du toc!)

Il ne restait plus à ajouter à ces ingrédients que la sauce démocratique, et ainsi surgit le Conseil révolutionnaire présidé par rien moins que le Dr Antonio de Varona. Le Docteur en question recevait chaque mois de 130 000 à 520 000 dollars pour ses dépenses courantes (paix sur la terre aux nantis!). Il fut malencontreusement retenu pendant l’invasion dans un aéroport abandonné et isolé de la Floride. N’empêche… ceux qui allaient débarquer à Playa Giron ne tarderaient pas à installer un gouvernement qui, si virtuel fût-il, serait tout de même reconnu immédiatement par tous les gouvernements épris de liberté. L’affaire était dans le sac!

A la caserne générale de Virginie on se mit à tracer un formidable plan qui aurait pu passer pour brillant, n’était la résistance populaire tout à fait inattendue à laquelle il se heurta. Le 14 avril 1961, la force libératrice embarqua dons dans cette galère, pardon, dans cinq navires escortés par des destroyers et un porte-avions nord-américain qui stationna à six milles des côtes cubaines. Le lundi 17 à 2 heures du matin, les valeureux libérateurs touchaient la terre cubaine. Peu avant, des parachutistes avaient sauté dans le vide, un vide qui n’avait rien de métaphorique, et des hommes grenouilles étaient descendus sous l’eau pour prévenir, pensaient-ils, toute éventualité. Les seize avions B-26, escortés par des jets de la Marine nord-américaine, commencèrent à bombarder dès les premières lueurs du jour qui allait être le dernier pour onze d’entre eux.

Et la Révolution contre-attaqua le 18, sans leur laisser un instant de répit avant que ne tombe leur dernier bastion, 36 heures après le début des opérations, sur les sables de Playa Giron, la plage où commença une nouvelle ère pour les peuples du tiers monde. Il en avait coûté la vie à 89 agresseurs et 157 révolutionnaires, ainsi qu’à des civils habitant la zone, dont des enfants. Parmi les «libérateurs», 1 197 furent faits prisonniers.

Mais que s’était-il passé? Comment la première puissance du monde avait-elle pu commettre une telle erreur de calcul, se ridiculisant aux yeux de toute la communauté internationale?

Il faut retourner en arrière pour chercher une réponse rationnelle à ces questions. Première erreur: c’est vrai, si la guerre est une affaire bien trop sérieuse pour la laisser entre les mains de militaires, il est encore plus dangereux de la confier à des espions. D’où s’ensuivirent les autres erreurs: croire que la population cubaine allait recevoir en héros épiques ces libérateurs de pacotille, miser sur la rébellion ou la désertion des forces armées révolutionnaires, des attentats, la fuite des dirigeants, des grèves générales, etc, etc… Bref, comme les prisonniers ne se lassèrent pas de le répéter, ils avaient subi un lavage de cerveau dans les règles de l’art et croyaient fermement qu’ils partaient pour une simple formalité: défiler sur la 5e avenue de Miramar sous un torrent de confettis et de fleurs pleuvant sur les «vainqueurs»…

Les envahisseurs en veulent encore au président Kennedy d’avoir interdit au dernier moment la couverture aérienne, même s’il reste encore à démontrer que les bombardements aériens, qui certes causent de sérieux dégâts parmi les populations civiles, décident de l’issue de la guerre. Voir la Grande-Bretagne pendant la seconde guerre mondiale, le Vietnam et, plus récemment, l’Irak. C’est qu’ils n’ont pas encore compris qu’ils étaient déjà battus avant d’embarquer, ayant remis leur destinée entre les mains de la déloyauté fondamentale de la première puissance mondiale.

Le problème, c’est que la CIA, les principaux généraux, secrétaires, conseillers, etc., croyaient dur comme fer à leurs fadaises… et les firent croire aux autres! Les médias donnaient un coup de main, annonçant le suicide du Che et des débarquements dans le «port» de Bayamo; ils divulguèrent aussi de honteuses escroqueries: les valeureux envahisseurs auraient peinturluré les insignes des FAR sur leurs avions, un prétendu déserteur aurait atterri à Miami dans un soi-disant B-26 qui ne ressemblait d’ailleurs pas à ceux de Cuba, mais on connaît l’efficacité de la CIA.

Les pires mensonges sortirent indubitablement de la Maison Blanche, où l’on voulut faire croire au monde que les Etats-Unis n’appuieraient pas une invasion de Cuba. Kennedy l’avait répété dans sa lettre du 18 avril adressée à Krhrouchov. Ce qui ne l’empêchait pas de confirmer, le 25, sa pleine responsabilité dans l’invasion et, finalement, le lendemain, de caresser ses faucons délirants dans le sens du poil, ou des plumes, avec l’implantation transcendantale et stupide de l’embargo ou du blocus, chacun choisira son mot pour désigner cette infamie. C’est à juste titre que Fidel qualifia tout cela de «travail bâclé».

Pourquoi une révolution naissante dans un tout petit pays a-t-elle pu triompher en deux temps trois mouvements (en toute précision : en trois jours) de ses ennemis?

La Révolution prit immédiatement des mesures efficaces et ciblées pour neutraliser la cinquième colonne interne: les rebelles de l’Escambray furent encerclés, les dirigeants des organisations contre-révolutionnaires furent arrêtés, et la plupart de leurs sympathisants appréhendés. La Révolution protégea aussi sa minuscule force aérienne contre les bombardements qui ne servirent à rien d’autre qu’à donner l’alerte: Fidel put prévenir la population dans son discours du 16 avril: «L’attaque d’hier est le prélude de l’invasion.»

Mais rien ne fut plus déterminant que la préparation militaire de la population, organisée et entraînée, qui commença à occuper les tranchées dès le jour où Fidel, qui scrutait l’horizon, dissipa les ténèbres et mit en lumière le caractère socialiste, jusque là tacite et brumeux, de la Révolution. Le sort en était jeté… et cette fois, contrairement à l’habitude, le jugement de Dieu pencha du côté des pauvres d’Amérique.

Structure sociale des vaincus

100 propriétaires terriens
24 propriétaires tout court
67 propriétaires fonciers
112 commerçants
194 ex militaires
179 nantis
35 industriels
112 bons à rien

Personnalités opposées à l’invasion

Lazaro Cardenas
Joris Ivens
Ezequiel Martinez Estrada
Alberto Moravia
Salvatore Quasimodo
Alan Resnais
Jean Paul Sartre
Norman Thomas
C. Wright Mills
Cesare Zabattini

(Granma International - Guillermo Jimenez Soler)
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Évènement au Canada
45th Anniversary of Bay of Pigs Invasion
They Did Not Pass & They Shall Not Pass
Cultural Evening Toronto -- Saturday, April 22 -- 7:30 pm
University of Toronto Trinity College, JCR Room 6 (Hoskin Ave)
Suggested donation: $5
Organized by Women's Coordinating Committee Cuba '98
For information: wccc_98@hotmail.com

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