vendredi, avril 21, 2006

Actualité - La lutte des Six Nations - Un rapport de Mohawk Nation News

Franc-Parler publie ici le rapport de Mohawk Nation News sur le déroulement de la journée du 20 avril dans la lutte pour les droits ancestraux des Six Nations.

À 5h50 ce matin, jeudi le 20 avril, plus de 150 officiers de la Police provinciale de l'Ontario (OPP) lourdement armés, avec des mercenaires autochtones leur servant de bouclier, ont envahi des terres des Six Nations. Certains étaient armés de M-16 et portaient l'équipement anti-émeute. La sixième ligne est toujours ouverte. Les Rotinoshon'no ne se battent pas parce qu'ils ne sont pas armés. On leur a lancé des bombonnes de gaz lacrymogène. D'autres ont été aspergés de poivre de cayenne. Les traîtres sont de la même espèce que ceux qui ont poignardé Crazy Horse, Géronimo et ceux qui ont combattu pour notre souveraineté et nos vies.

Un des ponts qui mènent au projet a été fermé.

Nous avons besoin de témoins. Cela ne passera pas aux nouvelles à la télévision. Allez-y et voyez vous-mêmes ce qui se passe. C'est un très dangereux précédent. Prenez des photos. Écrivez des rapports. Assurez-vous que le monde sache ce qui se passe. Rapportez. RAPPORTEZ. RAPPORTEZ. Aidez-les pour qu'il n'y ait pas de victimes. Nous n'avons jamais voulu la violence. Le Canada a ouvert la porte à la violence d'État cachée sur une échelle sans précédent au Canada. C'en est fini avec les prétentions de vouloir négocier avec les autochtones. Ils veulent la terre et c'est tout. Le Canada est venu avec des armes, des fusils, des fourgonnettes (et nous ne savons pas ce qu'il y a là-dedans).

Ne laissez pas le Canada devenir un autre Chili. Dites au monde ce qui se passe. Les Rotino'shon:we sont sur leurs terres.

6h20

Il y a des policiers partout. Il y a beaucoup de gens aussi. D'autres s'en viennent. Aspergés de poivre de cayenne. Jusqu'à date ils laissent partir tout le monde. Il y en a peut-être qui ont été arrêtés. Sait pas. Le Canada use de tactiques de Gestapo au lieu de faire ce qui serait correct. Le Canada, sur les pas du grand frère George Bush — invasion, confinement, emprisonnement et torture d'autochtones et de leurs familles. Bientôt le Canada va commencer à pourchasser ceux qui continuent de protéger et d'essayer de préserver la souveraineté et la juridiction de notre peuple. Ce ne serait pas surprenant que le Canada publie un jeu de cartes des 52 personnes autochtones les plus recherchées et leurs amis et alliés. Le pays qu'on dit libre est un pays libéré des Indiens.

6h45

Allez aux Six Nations. Participez au processus «démocratique» du Canada. Faites-vous asperger avec du poivre de cayenne. Faites-vous bardasser et brutaliser. Faites-vous arrêter. Faites-vous tuer. Personne ne va le savoir. C'est vrai, le black-out médiatique donne du pouvoir à ceux qui violent la loi. Ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent et qui sait où tout cela ira. Prenez des photos et dites-le à vos amis. Nous ne voulons pas d'un autre Chili. L'État a été impliqué dans le meurtre de plusieurs personnes, comme Anna May Aquash. Ces attaquants se trouvent des endroits où ils peuvent vivre leur fantaisies et manies bizarres. Ces gens ont une vision très déformée de la société et ils sont armés. Ces membres de la police, de l'armée et de la bureaucratie ne sont pas soumis à des examens psychiatriques. La seule règle de survie est de «suivre les ordres»... pas la loi. Ces gens n'ont aucune idée de ce qu'est la loi ou la démocratie.

7h05

Deux tireurs d'élite ont été chassés par nos gens. Il y a une cinquantaine de policiers qui sont pris, qui ne peuvent pas sortir. Le black-out médiatique peut être un facteur qui joue contre eux. D'autres policiers vont venir. Les Indiens n'ont pas d'armes, mais ils ont une tonne de caméras.

À Ipperwash il y avait eu un black-out médiatique. La seule information qui sortait est celle des gens qui racontaient ce qu'ils avaient vu. C'est pour cela que nous avons besoin du monde ici. On a vu dans l'enquête publique sur l'affaire d'Ipperwash que la police avait d'empêcher la presse de savoir ce qui se passait. Des gens avec des caméras, qui avaient essayé de faire sortir la vérité, avaient été attaqués. La police a appris sa leçon et maintenant elle est mieux préparée. Elle connaît toutes les fissures. Nous avons appris que les envahisseurs sont des gens mentalement désaxés qui prétendent faire respecter la loi. Ce sont des mégalomanes qui pensent pouvoir interpréter la loi à leur façon parce qu'ils ont des fusils. Celle fois-ci ils vont s'y prendre de la «bonne» manière. Le poste de télévision CTV a réalisé deux grands films sur ce qui s'est produit quand on laisse ces personnes mentalement instables faire ce qu'elles veulent contre les Indiens. Nous nous faisons tuer.

Il y a des tractations secrètes dans les coulisses du quartier général de la police pour étouffer l'information et protéger les officiers qui donnent les ordres. Dans le cas d'Ipperwash, trois officiers de l'OPP sont morts soudainement tout juste avant leur comparution à la commission d'enquête. Drôle de coïncidence. C'est malheureux que les pauvres imbéciles qui ne font que «suivre les ordres» ne se rendent pas compte qu'ils risquent leur vie. Ce ne sont pas les Indiens le danger pour eux. Pourquoi toutes ces coïncidences?

Les membres des Six Nations font brûler du tabac depuis le début de l'occupation pour se protéger. C'est la seule arme que nous ayons. Nous savons que la vérité est de notre côté. Nous faisons appel aux forces de la nature, nous leur demandons de nous donner la sagesse et de nous guider pour passer à travers tout cela. Il y a des répercussions pour ceux qui agissent contre des personnes qui sont innocentes et qui ont la loi de leur côté. Les mégalomanes qui font ces choses-là n'ont de respect pour personne. Ils sont un danger pour la société. Nous les autochtones sommes dans le bon droit. Nous voulons que le Canada respecte ses propres lois et qu'il respecte les conventions internationales. Nous voulons une enquête ouverte et impartiale. Si les colonisateurs pensent qu'ils sont propriétaires de nos terres, ils doivent le prouver. En commettant cette attaque, ils ont détruit toute prétention de faire ce qui est juste et de défendre la démocratie et la primauté du droit. Le Canada glisse rapidement vers le despotisme. Comment le Canada peut-il se décoloniser? La réponse est dans la façon de répondre à ceux qui contestent leurs prétentions. Vont-ils utiliser les matraques, les fusils et le poivre de cayenne? Ou vont-ils sortir leurs documents et regarder les faits sérieusement?

La réponse est évidente. Vous n'avez qu'à voir ce qui s'est produit aujourd'hui. C'est l'âme d'un gouvernement colonial. Le Canada ne croit pas à des solutions recherchées, raisonnées et documentées. Nous voyons comment le gouvernement colonial va réagir à toute remise en question de son autorité tirée de la loi du plus fort. Ce sont des indications des agissements d'un gouvernement tyrannique qui cherche à empêcher le peuple d'exprimer une dissidence légitime, de contester une prise de possession par les puissants intérêts élitistes impliqués. Les droits individuels semblent être en train d'être éliminés systématiquement à Turtle Island. Cette suppression de la dissidence aux Six nations se fait dans l'obscurité d'un black-out médiatique. C'est ainsi qu'ils vont faire à l'avenir contre tous les résidants de Turtle Island. C'est une répétition générale avec des tactiques d'État policier contre des gens non armés qui exercent leurs droits.

Ce sont les leçons qu'ils ont appris à Gustafsen Lake en 1995 lorsque 77 000 coups ont été tirés sur les Indiens. À Saskatoon où six garçons indiens ont été trouvés morts gelés à l'extérieur de la ville où des officiers de police les avaient débarqués. À Winnipeg où J.J. Harper a été tué par la police municipale. À Ipperwash où Dudley George a été tué par l'OPP. Plus de 500 femmes autochtones ont «disparu» et la police n'a rien fait pour les retrouver. Dans les années soixante, une plainte avait été déposée en Colombie-Britannique parce que des hommes cherchaient des enfants indiens pour avoir des rapports sexuels avec eux dans la rue. La police n'a rien fait. La prostitution infantile et un sérieux problème à Vancouver. Nous ne voulons pas que la police canadienne assoiffée de sang se rassasie du sang des Indiens. Le régime vampire se rue sur les Indiens comme un requin qui détecte le sang dans l'eau.

8h00

Il y a des affrontements au pont de la ligne 6. Le pont est bloqué. Les traditionnels y ont fait un feu et l'OPP les a aspergés de poivre de cayenne. Mais le peuple riposte. Nos gens sont sur le pont principal de Caledonia. Ils ont repoussé la police du territoire et s'en retournent à l'entrée principale. Les policiers continuent de bloquer le pont qui traverse l'autoroute. L'OPP a été chassé par le peuple et s'est fait dire de s'en aller. Ils sont partis et ils sont dans leurs voitures à regarder et à «attendre les ordres».
Faire circuler ces informations à la radio, dans les journaux et à la télévision.

8h00

La situation est la même. Neuf personnes ont été arrêtées.

8h30

L'OPP mène une bataille. Les policiers sont assis dans leurs voitures, disséminent de la fausse information et attendent le renfort pour écraser le peuple des Six Nations mais ils ne le peuvent pas. Les informations circulent de bouche à oreille.

Tous les policiers ont été chassés du périmètre du projet Douglas Estates pour l'instant. Des officiers essaient d'entrer par derrière des maisons en chantier. Une femme est allée voir. Une policière lui a dit qu'elle était en état d'arrestation. «Comment, en état d'arrestation. C'est vous qui violez les lois, nos lois et le droit international.» D'autres policiers sont arrivés et l'ont jetée par terre. Elle s'est défendue. Ils l'ont agenouillée pour lui mettre les menottes. Elle s'est mise à donner des coups de pied. Puis d'autres Indiens sont arrivés et ont chassé les policiers. Avant de partir ils ont électrocuté son fils dans le dos avec un pistolet électrique. La grosse policière avait un gros fusil qui ressemblait à un Ouzi. Ces policiers sont armés jusqu'aux dents, a dit la femme. Ils n'ont pas réussi à l'amener parce qu'elle s'est défendue. Il y a eu neuf arrestations. Ils sont censés les garder pour seulement deux heures. «Nous ne les avons pas encore revus.» Le peuple va bloquer toutes les routes de Caledonia. «Nous ne sommes pas armés. Nous avons récupéré nos terres. Nous sommes entrés! Nous sommes au feu!»

À la ligne 6, où le chantier Douglas Estates a son entrée sur l'autoroute 6 qui passe par la réserve. Au pont qui traverse l'autoroute vers Caledonia. Au pont de la ligne 6, ceux qui bloquaient la route ont été attaqués par la police. Il y avait des fourgonnettes. Ils ont riposté. Il y a eu une mêlée générale. Les gens ont commencé à sortir de la réserve pour venir les appuyer. Des poteaux d'électricité ont été jetés sur la route et incendiés. Ils sont en train de couper l'approvisionnement principal de l'autoroute 6 qui va jusqu'à la station hydro-électrique de Nanticoke près du lac Érié. C'est la principale route pour les camions qui vont à Hamilton. Elle est bloquée.

Des manifestants continuent de bloquer le pont de Caledonia, l'artère principale de la ville. C'est la confusion totale.

Si vous avez la télévision satellite, trouvez le poste CH de Hamilton. Il y a des reportages en direct. Il y a des hélicoptères qui filment tout.

9h00

À 4h20 l'OPP a lancé une offensive pour les arrêter. Neuf personnes ont été emportées. Des manifestants ont occupé le pont de Caledonia. Les gens de la réserve sont venus pour repousser les policiers. Au moine 150 policiers lourdement armés. Des fourgonnettes, des camions, des paniers à salade, des ambulances (pour les policiers). Ils les ont repoussés. Les policiers sont revenus. Ils ont été repoussés encore une fois. Maintenant, à 9h00, nous gens ont pris possession du terrain en question. Pour se rendre là: De Niagara Falls ou Toronto, prenez l'autoroute 6 direction sud à partir de Hamilton jusqu'à Caledonia. De Buffalo, prenez l'autoroute 3 direction ouest vers l'autoroute 6, puis vers le nord jusqu'à Caledonia. De Windsor, prenez l'autoroute 3 direction est jusqu'à l'autoroute 6 et direction nord. Ce sont des détours et il est peu probable que la police s'en préoccupe.

9h15

Des pneus brûles sur le pont qui traverse l'autoroute. À l'église près de Douglas Estates, près Tim Horton, nos gens ont bloqué l'autoroute.

9h45

L'OPP dit que l'affaire est terminée (POUR EUX). Si c'est le cas, alors allez-vous en chez vous! C'est aussi simple. Il y a des centaines de personnes là. D'autres continuent d'arriver. Nous avons repoussé la police. Nous avons bloqué des autoroutes. La police est supposée arriver en force. Un millier de policiers et l'armée. Un camion de transport bloque la route. Ils vont essayer d'entrer à nouveau. Il y a négligence médiatique, pas de couverture. En fait, il y a eu une réunion à Cornwall où ils ont décidé de ne pas couvrir ces événements. Les médias alternatifs sont là. Mais c'est seulement local. Une femme a été bardassée.

Une situation difficile, tendue. Nous avons besoin de gens ici pour être témoins, avec leurs caméras, leurs yeux ou leur mémoire. C'est notre loi qui est en train d'être violée. C'est la loi canadienne et le droit international qui sont violés. Ils n'ont pas le droit d'être là. Ils ont des fusils bien chargés. Nous ne sommes pas armés. Le moral est bon. Nous demandons aux gens de nous téléphoner, d'envoyer des courriels, de penser à nous. Nous prenons nos responsabilités. Nous avons besoin de l'appui international. Il y avait des enfants sur les lieux quand l'OPP est venue. Nous sommes forts. Nous sommes du côté de la loi et nous n'avons pas l'intention de partir.

La juridiction constitutionnelle appartient aux Indiens. L'Ontario et le Canada empiètent sur notre juridiction. C'est un assaut international, une attaque contre une nation. Nos gens s'en tiennent à la loi. Le Canada s'en tient à la loi du plus fort.

(Traduit de l'anglais par Le Marxiste-Léniniste)

(Mohawk Nation News)

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