Actualité - Retour à la case "Oka"
La crise autochtone de Caledonia prouve qu'Ottawa ne s'est jamais attaqué aux maux véritables
La crise n'est que la pointe de l'iceberg d'un problème fondamental dénoncé sévèrement par le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones du Canada, en 1996, comme suite des événements d'Oka. La fatalité a fait en sorte que ce soit encore le Parti conservateur qui soit au pouvoir.
" Une étude attentive de l'histoire de notre pays montre que le Canada s'est construit à partir d'une série d'ententes avec les peuples autochtones- ententes que ce pays n'a jamais pleinement honorées. Les traités entre les gouvernements autochtones et non autochtones étaient des ententes pour le partage des terres. Ces traités ont été remplacés par des politiques destinées à chasser les autochtones de leurs terres ancestrales, à anéantir les nations autochtones et leurs gouvernements, à miner les cultures autochtones et à étouffer l'identité autochtone ".
Relation honnête
Selon les commissaires, il est temps de reconnaître cette vérité et de commencer à rétablir la relation entre les peuples en la fondant sur l'honnêteté, le respect mutuel et le partage équitable. Plus encore, les commissaires ont prétendu que le contenu de certaines ententes a été imposé aux peuples autochtones. Ces derniers ne comprenaient même pas les limites que leur imposaient les autorités gouvernementales du Canada, leur fiduciaire...
Une telle interprétation, si éloignée des uns et des autres, a donné comme résultats que les Mohawk des Six Nations à Caledonia sont convaincus que leurs terres ancestrales sont à eux depuis 1784. De son côté, le gouvernement du Canada affirme que ces terres leur ont été reprises en 1841.
Les chefs des Nations mohawk et cayuga croient plutôt que leurs terres ancestrales leur ont été louées, il y a deux siècles, pour le passage de la route transcanadienne. D'une façon ou d'une autre, les Indiens n'avaient pas le pouvoir de vendre ces terres ancestrales sans avoir obtenu l'autorisation des membres de la nation par un vote au cours d'une assemblée publique.
Une telle interprétation est loin d'être dépourvue de bon sens puisque, tel que dénoncée généralement par la Commission royale sur les peuples autochtones du Canada dans son rapport, cette époque première du Canada sous l'empire britannique a été la période de " l'occupation pacifique " et de la signature des fameux traités numérotés. Il fallait libérer ces terres rapidement pour construire la voie ferrée transcanadienne, offrir aux immigrants européens des terres pour la culture afin qu'ils s'établissent à ces endroits et permettent ainsi aux gouvernements de développer ces parties du Canada en s'accaparant de leurs richesses.
Ce n'est qu'un an plus tard, à l'anniversaire de la publication du rapport de la commission royale que la ministre des Affaires indiennes et du Nord Canada, madame Jane Stuart, a reconnu officiellement, dans une Déclaration de réconciliation, " les effets néfastes des traitements subis par les Autochtones par le passé ".
Pour les commissaires, tels qu'ils l'ont souligné à maintes reprises, sans justice, il ne peut y avoir ni paix, ni harmonie. Ces derniers ont donc recherché, en toute justice, quels sont les fondements réels d'une relation équitable et honorable entre les habitants du Canada. Ils ont d'ailleurs résumé, en quelques mots, leur conclusion essentielle: " "... " c'est une mauvaise ligne de conduite qui a été suivie pendant plus de 150 ans par les gouvernements coloniaux et par les gouvernements canadiens ultérieurs ".
La Commission royale a dégagé une vision totalement différente. La guérison sociale des peuples aborigènes canadiens passe surtout par la recouvrance de leur fierté perdue. Elle doit favoriser le respect de leurs droits ancestraux de Premières Nations et le développement de leur autonomie personnelle et politique, un droit nécessairement inhérent. Enfin, la rétrocession d'une partie importante de leurs terres ancestrales, leurs droits territoriaux, doit fermer la boucle. Ce que prône aussi la Cour suprême du Canada dans ses récents jugements.
L'effet boomerang des ententes ou des traités numérotés, ou autres, signés(es) avec les Nations autochtones, dans lesquelles les gouvernements du Canada et des provinces ont imposé leurs volontés, sont des mines qui risquent d'exploser en tout temps et faire des victimes. Le passé de tricherie du fiduciaire des Indiens du Canada ne peut que faire surface au fur et à mesure des découvertes comme c'est le cas aujourd'hui. À moins que le fiduciaire des Indiens du Canada suive le plus tôt possible les recommandations de la Commission royale sur les peuples autochtones du Canada et actualise ces ententes et ces traités numérotés par les négociations.
Ex-député du Bloc québécois l'auteur a été le premier Autochtone du Québec à siéger à la Chambre des communes.
(Tiré de La Presse du 28 avril)
Libellés : La lutte des Premières Nations pour leurs droits ancestraux
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