Actualité - Second tour électoral en Équateur - Deux choix contradictions
Comme cela arrive très rarement, le ballottage présente deux projets non seulement bien définis, mais aussi opposés et irréconciliables: celui de Correa et d’Alliance Pays qui privilégie le social et la voie indépendante anti-néolibérale; et celui de Noboa qui se dit avoir été élu par Dieu pour transformer les équatoriens pauvres – 60% de la population –, en classe moyenne sur la base d’un programme qui renforcera les investissements étrangers spéculatifs, le libre-échange, le marché et l’extension de l’accord impopulaire concernant l’établissement de la base militaire de Manta, au sud-ouest de l’Équateur, en soutien au Plan Colombie. Noboa, en outre, a réaffirmé qu’il romprait les relations avec les gouvernements de Cuba et du Venezuela en cas de victoire.
La confrontation, comme l’a déclaré le magnat de la banane, est d’abord idéologique et sur cette base, le candidat de l’extrême-droite et des grands monopoles étrangers a appelé à serrer les rangs contre le choix d’un nouveau pays, représenté par la candidature de Rafael Correa qu’ils diabolisent à l’aide des mêmes arguments utilisés par les forces politiques du capital et la droite vénézuélienne contre Hugo Chavez.
L’ex-ministre de l’Économie du gouvernement d’Alfredo Palacio a été clair: il ne fera pas alliance pour gagner au second tour avec les partis traditionnels, ceux qui font parti de ce qu’il appelle la partitocratie.
Nous préférons perdre mille fois, a déclaré Correa, plutôt que de renoncer à un seul de nos principes car ce sont eux, les représentants de la bourgeoisie, les ennemis du peuple, qui ont mené le pays à une situation d’instabilité et de détérioration dans laquelle se trouve le pays.
Il faut se rappeler qu’Alvaro Noboa, du Parti Rénovateur Institutionnel Action Nationale (PRIAN) et riche homme d’affaires, représente tout ce que les Equatoriens ont combattu et contre quoi ils ont uni leurs forces pour évincer du pouvoir après des manifestations immenses trois présidents: Abdala Bucaram, Jamil Mahuad et Lucio Gutiérrez, démontrant leur capacité de mobilisation et leur fermeté de position face aux représentants du modèle néo-libéral qui a appauvri le pays.
De toutes façons, les résultats de ce dimanche n’ont pas surpris. Depuis 1979 aucun président n’a été élu dès le premier tour. Il n’est pas étonnant non plus que le candidat de Alliance Pays ait été la cible tout au long de la campagne non seulement d’une campagne de discrédit de la part d’une droite locale haineuse mais aussi du puissant voisin du Nord qui n’est pas disposé à voir l’Équateur rejoindre les processus qui se déroulent dans la région d’une alternative anti-libérale et nationaliste et qui ont mis en échec les positions hégémoniques de l’empire.
De là la responsabilité historique de l’électorat équatorien qui doit lutter contre l’apathie des urnes et du modèle de démocratie représentative qui a cessé depuis longtemps de le représenter. Presque 30% des gens n’ont pas exercé leur droit de vote. Il est probable qu’une bonne partie d’entre eux ont été les acteurs des manifestations de rues contre ceux qui ont trahi leur confiance.
Le problème aujourd’hui est de savoir s’ils vont voter pour le programme de la droite et de l’empire, ou s’ils vont unir leurs forces au-delà des désaccords tactiques avec l’une ou l’autre des forces de gauche et élire ce qu’il convient le mieux pour le pays.
Ce dont nous sommes sûrs c’est que ce pays ne sera plus dirigé par ceux qui ont pillé l’Équateur durant des dizaines d’années, utilisé la politique pour s’enrichir et exclure et marginaliser le peuple.
L’alternative est la suivante le 26 novembre: ou ils votent pour la continuité, ou ils décident de construire un nouvel Équateur de tous pour le bien de tous.
(Granma International - Nidia Diaz)
Libellés : Notre Amérique
0 Comments:
Publier un commentaire
<< Home