Actualité - Une affaire sordide que ce «nouveau gouvernement» du Canada
Le Parti conservateur de Stephen Harper est arrivé au pouvoir par un coup de force électoral après qu'il était devenu évident que les libéraux de Paul Martin ne parviendraient pas à se dissocier de la corruption exposée par le scandale des commandites. Avec l'aide des masse-médias et de la GRC, une section de la bourgeoisie a exploité le dégoût ressenti par les Canadiens face à cette corruption, face aux exécrables querelles intestines pour les positions de pouvoir et de privilège, face à des années d'offensive antisociale et face à l'utilisation illégale des derniers publics pour s'ingérer dans le référendum au Québec et financer la manipulation du vote. C'est par ces moyens que le Parti libéral du Canada avait tenté de maintenir sa position dominante dans les affaires politiques du pays. Et tout cela parce que la classe dominante refuse de rénover le processus politique et d'entamer une réforme constitutionnelle qui garantira les droits de tous — le droit du Québec à l'autodétermination, les droits ancestraux des Premières Nations et les droits des minorités nationales et des citoyens. Tout cela parce qu'elle refuse de répondre à la demande du peuple d'exercer un contrôle sur ce qui lui arrive.
Alors au beau milieu des élections, l'establishment canadien et ses masse-médias ont cessé de présenter Stephen Harper comme le vilain petit canard aux valeurs dogmatiques et non canadiennes pour le transformer en un cygne blanc de la rectitude canadienne, de la vertu et de la modération. L'establishment canadien et ses masse-médias ont cherché à cacher les plans de la classe dominante et le fait que le système multipartite actuel sert ces plans en affublant le programme de droit du Parti conservateur du drapeau de la modération. La promesse creuse de responsabilité et d'imputabilité des conservateurs et leurs engagements à corriger le déséquilibre fiscal sont tout à coup devenus l'alternative et on a déclaré que les Canadiens avaient maintenant un «choix».
Pour la classe ouvrière et son parti politique, le Parti marxiste-léniniste du Canada, les paroles s'expriment par des actes et la responsabilité commence chez soi. Le PMLC fait sienne la cause du mouvement pour changer les conditions sociales et politiques et mettre en valeur le facteur humain, éclairé par la conscience sociale. Pour noyer le mouvement progressiste et donner plus de poids au coup électoral durant la campagne, il n'est pas surprenant que la GRC ait annoncé, très publiquement, la tenue d'une enquête criminelle sur les agissements du ministère des Finances du gouvernement libéral à propos de fuites sur l'impôt des fiducies de revenu par la bouche d'une députée du NPD. C'était le coup de grâce du coup de force électoral. Les masse-médias sont entrés dans la danse avec tout le tapage à propos de la corruption — pas la corruption endémique de la classe dominante et de son système politique qui légalise le vol, mais spécifiquement la corruption telle que pratiquée par le Parti libéral; pas les valeurs de l'élite dominante du Canada, qui sont les valeurs de son système économique basé sur la quête de richesse individuelle par l'exploitation du travail des autres au pays et à l'étranger, mais les valeurs idéalisées de ceux dont les actes ne comptent pas et qui n'ont jamais de comptes à rendre.
Ainsi, par proclamation de la classe dominante, le Parti conservateur de Stephen Harper a damé le pion aux libéraux sans devoir être jugé par ses actes, sans devoir changer les conditions sociales. La vie par la suite a néanmoins démontré ce que le PMLC avait indiqué: que l'élection du gouvernement minoritaire de Stephen Harper serait une autre tentative échouée de la classe dominante de se donner un champion qui sache faire valoir ses intérêts et son programme. La classe dominante n'est pas parvenue à rétablir un équilibre parlementaire viable qui lui permette de poursuivre en paix ses plans antisociaux, bellicistes et annexionnistes, et ni les congrès du NPD et du Parti libéral, ni le choix d'un nouveau leader du Parti libéral ne lui offrent une perspective prometteuse. Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre son assaut destructeur comme si de rien n'était. Elle a créé un scénario dans lequel le peuple a pour rôle d'élire un gouvernement majoritaire, plus stable. Si le peuple accepte d'être ainsi marginalisé dans le système multipartite, la bourgeoisie monopoliste pourra poursuivre ses plans sans être embêtée par une opposition organisée et effective.
Le Parti conservateur au pouvoir révèle rapidement les facettes sordides du plan de la classe dominante au pays et à l'étranger. Nous avons eu un avant-goût de ce que le gouvernement Harper entend par responsabilité dès le lendemain des élections avec la nomination de l'ex-libéral David Emerson au poste du ministre du Commerce international et de la Porte d'entrée du Pacifique et des Olympiques de Vancouver-Whistler du gouvernement conservateur. Sa première tâche fut de coordonner et d'achever l'acte de trahison nationale que fut la signature de l'accord scandaleux sur le bois d'oeuvre. Puis il y a eu la nomination de Michael Fortier, non élu, au poste de ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, pour remplacer le bouc émissaire du régime précédent, Alfonso Gagliano. La stratégie de Stephen Harper était de créer l'impression que le Québec avait désormais sa place à la table du cabinet fédéral. Mais cela n'a fait qu'ajouter au scandale car on n'allait certainement pas résoudre le problème du Québec de cette façon. L'objectif des conservateurs, libéraux et néo-démocrates de gagner des sièges au Québec pour déloger le Bloc québécois une fois pour toutes et rétablir l'équilibre parlementaire semble plus irréalisable que jamais. Tous les trois cherchent donc de nouveaux moyens de contourner la nécessité d'une réforme constitutionnelle qui reconnaîtrait le droit du Québec à l'autodétermination et rétablirait le partage des pouvoirs fédéraux-provinciaux sur une base moderne. Leur stratégie pour s'imposer au Québec bat de l'aile.
Les hauts discours à propos des valeurs et de la responsabilité, de pair avec l'attitude autocrate de Stephen Harper avec ses ministres et les médias, ont créé le battage publicitaire nécessaire pour accroître la participation du Canada à la guerre annexionniste en Afghanistan et à l'ingérence en Haïti, à la «construction de la démocratie» en Irak et dans les territoires palestiniens et justifier son appui éhonté à l'agression sioniste au Liban, laquelle il a présentée comme «modérée» et comme un acte de légitime défense.
En fournissant de la chair à canon à l'impérialisme américain et à l'OTAN, son alliance militaire agressive, en Afghanistan, au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans le reste du monde, le Canada cherche à se prouver pour prendre part au butin de la surexploitation des peuples du monde.
Puis les promesses de bannir la corruption, de ne pas toucher aux fiducies de revenu et de laisser les agriculteurs de l'Ouest décider de l'avenir de la Commission canadienne du blé ont toutes été exposées comme étant promesses creuses. (Voir ci-dessous une courte liste des activités sordides du «nouveau gouvernement» l'année dernière qui révèle les plans cachés pour restructurer l'État pour garantir le droit de monopole dans les affaires politiques, économiques, militaires et sociales.)
Au bout du compte, les agissements sordides de ce que le Parti conservateur au pouvoir appelle le «nouveau gouvernement du Canada» exposent une élite dominante qui parcourt le pays et le monde sans culottes. Le peuple raille les prétentions de ce gouvernement car il le voit dans toute sa nudité: l'agression, la militarisation, les compressions budgétaires antisociales et l'irresponsabilité totale face au besoin de réforme constitutionnelle, le refus de la responsabilité politique envers le peuple, l'irresponsabilité envers les Premières Nations et les minorités nationales, les jeunes, les femmes et les travailleurs, le refus de s'attaquer au changement climatique et à d'autres problèmes importants. Or, ce parti détient le pouvoir politique et les cordons de la bourse. La classe dominante dispose d'un système multipartite et de partis politiques qui peuvent embaucher des firmes de relations publiques et faire des sondages pour fausser ce que veut dire créer une opinion publique et embellir un processus décisionnel dépassé qui n'est plus perçu comme étant démocratique. Et elle peut aussi compter sur les masse-médias pour déclarer: «Oui, c'est vrai, le gouvernement est sans culottes. Mais ce n'est pas grave. Lui et les autres partis majeurs ont de si belles valeurs à offrir. Vous avez un choix.»
En somme, pour les Canadiens il ne s'agit pas d'exposer la nudité du Parti conservateur au pouvoir ou des autres partis. Nue ou pas, la classe dominante a tous les moyens financiers et le pouvoir pour déclarer que le noir est blanc, que la guerre est la paix, que l'occupation est la démocratie et que la liberté est «le choix», et de mettre en place tous les arrangements qu'elle veut pour défendre le droit de monopole. La Loi fédérale sur la responsabilité, l'accord sur le bois d'oeuvre, le démantèlement de la Commission canadienne du blé, l'enrôlement de la jeunesse comme chair à canon pour les guerres injustes pour le contrôle du monde, le profilage racial des musulmans et des autres minorités qui refusent de renoncer à leur droit d'être, le vol continuel des terres autochtones et l'oppression des Premières Nations, les programmes pour «travailleurs invités», l'offensive contre les syndicats, la dévastation des régions et la criminalisation de la conscience au nom du «choix» et de la «guerre contre la terreur» — tout cela n'est que la pointe de l'iceberg pour ce qui est des plans cachés de la classe dominante.
Pour la classe ouvrière et le peuple, il ne s'agit pas de contredire les fauteurs de guerre, mercenaires, firmes de relations publiques et masse-médias quand ils proclament que le «nouveau gouvernement» n'est pas nu, ni de «choisir» entre les valeurs offertes par les partis de l'élite dominante. Lorsque la classe ouvrière et le peuple se regardent dans le miroir politique, ce sont eux-mêmes qu'ils voient nus et sans pouvoir. À quoi bon répéter que l'empereur est sans culottes quand la classe sociale moderne qui devrait être à la barre des affaires du corps politique n'a pas le pouvoir de changer la situation?
En commençant la nouvelle année, les travailleurs font face à la nécessité de changer leur situation politiquement pour se donner le pouvoir de changer les conditions de la société. Ils doivent ramener l'autorité politique en conformité avec l'économie socialisée pour changer les conditions en faveur du peuple. La classe ouvrière peut commencer à se donner un pouvoir en répondant à l'appel de faire des travailleurs des politiciens ouvriers qui se présentent aux élections parlementaires ou qui sélectionnent des candidats parmi les leurs. Cette activité politique donne à la classe ouvrière et au peuple une véritable alternative au statu quo. Le temps est venu pour les travailleurs de s'organiser directement et en masse pour former une opposition politique organisée à un statu quo non viable. Ce n'est qu'en créant leurs organisations politiques qu'ils peuvent acquérir la conscience nécessaire en ce moment pour intervenir dans le cours des événements de manière à faire valoir leurs intérêts et ceux de tous les collectifs qui constituent notre réalité actuelle.
Durant l'année qui vient de s'écouler, les travailleurs ont fait de la politique de plusieurs façons en rejetant l'idée qu'ils ont besoin d'intermédiaires pour définir leurs intérêts et les représenter. Ils ont commencé à rejeter les chaînes que la bourgeoisie leur a mises autour du cou il y a longtemps, lorsqu'elle a proclamé que les travailleurs ne sont que des muscles et qu'ils ont besoin d'une classe dominante pour leur servir de cerveau. La classe ouvrière doit entreprendre de se constituer en la nation et investir le peuple du pouvoir souverain. C'est l'alternative et la voie vers l'avant pour le Canada. C'est ainsi qu'on vêtira le corps politique en fonction des nouveaux arrangements qui sont nécessaires.
Le système de parti en place, qui tient le peuple à l'écart du pouvoir, est conçu exprès pour faciliter les plans cachés de la classe dominante au pays et à l'étranger. Le mécanisme du gouvernement responsable est brisé. Son système de parti de démocratie représentative ne peut par conséquent qu'empêcher la classe ouvrière d'acquérir la conscience politique nécessaire pour gouverner la société. Il prétend offrir au peuple un choix entre les valeurs professées par les différents partis politiques de la classe dominante pour empêcher la classe ouvrière et le peuple d'acquérir quelque pouvoir que ce soit. Les travailleurs doivent s'attaquer à ce blocage qui les prive du pouvoir politique dont ils ont besoin pour changer le processus politique de manière à faire du peuple le décideur. En s'organisant politiquement, ils se donnent une conscience politique leur permettant de décider de la direction de l'économie socialisée, de garantir leurs droits, de rapatrier les soldats et les agents qui participent à des guerres annexionnistes et à l'ingérence dans les affaires souveraines de peuples étrangers, et d'entamer l'harmonisation consciente de l'environnement naturel et social. Pour ce faire, la classe ouvrière doit apporter sa politique à toutes les sections de la société, unir le peuple dans l'action et avancer avec confiance.
C'est ce programme de la classe ouvrière que défendra le PMLC en 2007. Les chefs que la bourgeoisie propose au peuple par les masse-médias chercheront à diviser la classe ouvrière idéologiquement sur la base de croyances, pendant que l'État est restructuré pour criminaliser la conscience de tous ceux qui n'épousent pas les valeurs de la classe dominante. L'idée que la liberté est garantie lorsque le peuple a un «choix» servira à criminaliser l'affirmation de la conscience et donc à criminaliser la lutte pour l'affirmation du droit d'être. La classe ouvrière ainsi divisée et incapable de jouer son rôle dirigeant, les prochaines élections serviront à diviser le peuple pour que la bourgeoisie puisse continuer librement ses plans anti-peuple, antisociaux et guerriers. Le peuple doit rejeter la notion que s'il a un «choix» entre différentes idéologies et différentes valeurs, il défend une cause juste. Au contraire, il faut faire échec à la tentative de criminaliser ainsi les luttes du peuple. Pour ce faire, adoptons le programme politique du renouveau du PMLC et unissons-nous politiquement en dirigeant ensemble le mouvement pour le changement social et le renouveau politique.
(Le Marxiste-Léniniste, 1er janvier 2006 - Sandra L. Smith*)
*Sandra L. Smith est la dirigeante nationale du Parti marxiste-léniniste du Canada
Libellés : Actualité nationale, La lutte contre l'annexion du Canada aux États-Unis, La lutte contre la création d'un État fasciste
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