Maxime Gorki et son oeuvre La Mère
Par la suite, il s’implique dans la politique russe en s’opposant au régime tsariste. Pour son opposition à la monarchie, il est arrêté plusieurs fois. Malgré tout, il poursuit son implication pour la reconnaissance des droits du peuple et pour l’amélioration des conditions de travail des ouvriers exploités. En 1905, il joint le mouvement bolchevique par son adhésion au Parti social-démocrate des travailleurs russes, l’ancêtre du Parti communiste d’Union Soviétique. En 1917, il participe à la révolution russe pour la chute du tsar Nicolas II. Cependant, ses relations avec les communistes tournent au vinaigre en raison de certains désaccords avec Lénine, son ami, sur sa façon de gérer l’État. Ainsi, en 1921, il quitte la Russie pour ne revenir qu’en 1928 sous l’invitation de Joseph Staline. Après sa rentrée au pays, il est nommé le président de l’Union des écrivains soviétiques. Il meurt en 1936, un an après la mort de son fils.
Son roman La mère paru en 1907. Il traite de l’émergence du mouvement ouvrier en Russie. Cette oeuvre littéraire reflète l’implication politique de Gorky dans la Russie de l’époque. Cette Russie est sous l’emprise tsariste, régime écrasant et étouffant pour le peuple russe. Paul, le porte-parole du mouvement ouvrier, tente de sortir la population asphysiée en leur donnant du courage pour s’opposer à la prison sociale qui les empêche de s’épanouir et de s’affirmer. Par ses discours enflammés et rassembleurs, il dépeint les conditions de travail difficiles des ouvriers en usine. Il dénonce le régime tsariste qui nourrit un sentiment de mépris à l’égard de sa population, la vraie force du pays. « Comment pardonner à celui qui se précipite sur toi comme une bête sauvage, qui ne reconnaît pas en toi une âme vivante et qui frappe à coup de poing ta face d’homme? »(p.124)
Femme soumise à un mari violent et abusif, la mère de Paul et de tous passe de chenille à papillon en sortant de sa torpeur. Elle s’implique de plus en plus dans le mouvement révolutionnaire russe pour apporter sa contribution dans l’opération du changement qui se manifeste peu à peu dans la structure sociale. Elle se laisse bercer par la vague populaire qui déferle sur son patelin et sur toute la Russie. Elle s’ouvre et se met à croire en la possibilité d’un monde meilleur pour se « libérer de l’envie, de la haine et du mensonge, ces trois monstres qui asservissaient et épouvantaient la terre par leur force cynique. »(p.363)
Elle laisse doucement ses réflexions voguer. « Les murs nus de la pièce renvoyaient le son étouffé de sa voix, comme étonnés et sceptiques, en entendant ces histoires de héros modestes et désintéressés qui sacrifiaient leurs forces à la grande oeuvre de la rénovation du monde. Des ombres douces et amicales entouraient la mère, son coeur s’emplissait d’une chaude tendresse pour ces inconnus qui se résumaient tous dans son imagination en un seul être gigantesque, doué d’une force et d’un courage inépuisable. »(p.363)
Arrêtés pour leur marche pacifique dans l’espoir d’un développement constructif et égalitaire de la société russe, Paul et ses camarades se retrouvent devant la justice du tsar. Corrompue et injuste, elle les condamne à l’exil dans les contrées reculées de la Sibérie. Dans un discours remarquable et imprégné du désir de liberté, Paul tient son bout et refuse de se plier au système de monarchie qui le juge. Il termine sa tirade par une prise de conscience à l’égard des juges. « Je termine. Je ne veux pas vous offenser personnellement, au contraire: assistant par force à cette comédie que vous appelez un jugement, j’éprouve de la compassion pour vous. Malgré tout, vous êtes des hommes, et il nous est toujours pénible de voir des gens, bien qu’hostiles à nos buts, s’abaisser d’une façon aussi vile au service de la contrainte, perdre à un tel point la conscience de leur dignité d’homme.»
Bref, ce roman de la littérature russe se glisse parmi les chefs-d’oeuvre du siècle dernier. Son écriture intelligente et imagée est parsemée de piste réflexive, empreinte que laisse Gorki et qui s’exprime dans les méditations de ses personnages attachants. Cet atout contribue à augmenter qualité du récit. Cette présence de l’ombre de Gorki constitue une caractéristique propre à l’écriture russe. Elle rappelle les oeuvres d’Anton Tchekov, autre auteur russe prolifique.
Gorki, Maxim, La Mère, Les Éditeurs Français Réunis (EFR), 1952, Paris, 448 pages
(Franc-Parler, Vol.1, No.2 - 21 mars 2006)
francparlerjournal@yahoo.ca
Libellés : Franc-Parler
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