jeudi, mars 23, 2006

Journée internationale de la femme 2006

Examinons les faits à propos des conditions de vie et de travail des femmes au Canada
Franc-Parler reproduit un article à propos des conditions de vie et de travail des femmes au Canada dans le cadre de la Journée internationale de la femme 2006. Nous saluons par le fait même la lutte des femmes pour leur émancipation et celle de l'humanité entière.
Selon le recensement de 2001, les femmes constituent un peu plus que 50% de la population canadienne, soit 15 300 240 par rapport à 30 007 095.

Au Canada une nouveau-née a plus de chance qu'un nouveau-né de grandir dans la pauvreté. Quelque 18% des femmes canadiennes (soit un peu moins de 2,8 millions de femmes) vivent dans la pauvreté, comparativement à 15% de la population mâle. Pour les femmes issues des minorités nationales les chiffres en date de 1995 étaient de 37% alors que 43% des femmes autochtones vivent sous le seuil de la pauvreté. Tout indique que la situation des femmes autochtones et des minorités nationales ne s'est pas améliorée et s'est au contraire détériorée durant la dernière décennie. Les mères célibataires et les autres femmes seules sont les plus vulnérables face à la pauvreté où 46% des mères célibataires et où 43% des femmes seules âgées de plus de 65 ans vivent dans la pauvreté. Comparativement, 31% des hommes célibataires âgés de plus de 65 ans vivent dans la pauvreté.

La misère que vivent les mères célibataires est si prononcée qu'elles sont incluses dans une catégorie à part de ceux qui ont le plus de chance d'être parmi les travailleurs à faible revenu, selon Statistique Canada. En 2001, le revenu annuel d'une mère de famille monoparentale était en moyenne de 25 356$, comparativement à 31 797$ pour un père de famille monoparentale. Cependant, en date de 2001, au moins 37% des mères célibataires élevaient leurs familles et payaient tous les coûts des services de garderie avec un salaire de moins de 10$ l'heure. L'ampleur de l'appauvrissement des mères célibataires se voit dans le fait que 40,9% des enfants vivant dans une famille monoparentale dirigée par une femme sont classés comme étant des personnes à faible revenu alors que seulement 7,7% des enfants vivant dans une famille dirigée par deux parents sont classés comme étant des personnes à faible revenu.

Depuis le milieu des années 90, le taux de participation des femmes à la population active rémunérée s'est accru régulièrement, atteignant 60% en 2002 alors le taux de participation des hommes a chuté de 76,1% à 73,3% de 1990 à 2002, au point que le fossé entre la participation des femmes et des hommes à la population active rémunérée a diminué de 17,0% à 12,6% sur une période de 12 ans.

Malgré cela, les femmes font face à une ségrégation prononcée dans l'emploi. La majorité des femmes (70%), selon les chiffres compilés par Statistique Canada en date de 2001, travaillait dans les secteurs de l'enseignement, des soins infirmiers et des autres emplois liés aux soins de santé, des emplois de bureau ou administratifs, des ventes et des services. Cela se compare à seulement un peu plus que 30% des hommes qui travaillent dans de tels secteurs. Ils sont tous traditionnellement des secteurs à faible rémunération pour la population active. Très peu de femmes (8,7%) occupent un emploi de «col bleu».

Les chiffres de Statistique Canada pour 2005 indiquent que la population active dans le secteur de production des biens est composée à 23% de femmes et à 28,4% de femmes dans le secteur manufacturier. Comparativement, les femmes constituent 54,7% de tous les travailleurs dans le secteur des services et, malgré leur plus bas taux de participation globale à la population active, les femmes constituent pleinement 82,2% de tous les travailleurs dans les secteurs des soins de santé et des services sociaux, 66,7% des travailleurs parmi les services à l'éducation et 59,9% des travailleurs dans le secteur de l'hébergement et de la restauration.

En 2002, une femme sur 4 (24,5%) travaillait dans le secteur public (défini comme travaillant directement pour le gouvernement ou pour des organisations presque entièrement financées par le gouvernement telles que des écoles, des universités et des hôpitaux), comparativement à 13,9% des hommes.

En 2002, la travailleuse moyenne gagnait 15,82$ l'heure, soit 81,6% du 19,38$ l'heure gagné par le travailleur moyen. Lorsque l'on tient compte du revenu annuel moyen des travailleurs à plein temps et à longueur d'année, le fossé est encore plus important. En 1995, les revenus des femmes représentant cette catégorie se sont élevés jusqu'à représenter 73% des revenus des hommes, un seuil historique, pour se mettre à baisser jusqu'à représenter 71,7% des revenus annuels moyens des hommes. Ce qui est particulièrement remarquable, est le fait que les femmes possédant un degré universitaire, un groupe qui a traditionnellement le plus petit fossé par rapport aux revenus des hommes de cette même catégorie, ont gagné seulement 69,8% de ce que leurs homologues mâles ont gagné en 2002, en baisse de leur seuil historique de 1995 qui était de 75,9%.

Presque une femme sur 3 (31,5%) recevait une faible rémunération, selon les chiffres compilés en 2002, comparativement à un homme sur 5 (19,5%). Une faible rémunération est définie comme un revenu moindre que les 2/3 du salaire national médian.

La concurrence des monopoles sur les marchés mondiaux a entraîné durant la dernière décennie une hausse constante de ce qui est communément appelé des emplois atypiques ou précaires. La plupart des estimés établissent le nombre de travailleurs possédant un emploi «atypique» ou «précaire» (ce qui s'accompagne de faibles salaires, de revenus instables, de travail à relais, de manque d'avantages sociaux, d'accès limité aux droits dans le domaine du travail et à un faible taux de syndicalisation) entre 33 et 37% de la population active. Les femmes sont surreprésentées dans cette catégorie avec plus de 41% des femmes, comparativement à 29% des hommes, qui occupent cette catégorie. Cette catégorie comprend les travailleurs forcés de devenir des «travailleurs autonomes» qui, selon les plus récents chiffres, possèdent un revenu annuel moyen d'environ 15 500$, dans le cas des femmes oeuvrant à leur propre compte.

Les femmes travaillant à des emplois précaires font face à des heures de travail instables et imprévisibles et peuvent seulement travailler soit à temps partiel, soit de manière intermittente ou sinon de très longues heures. Durant les années 90, il y a eu aussi une augmentation du nombre de femmes et hommes travaillant de nuit et les fins de semaines. En 2002, une femme sur 7 travaillait plus de 41 heures par semaine; 7,6% des femmes travaillaient de 41 à 49 heures par semaine à leur emploi principal et 6,8% d'entre elles travaillaient plus de 50 heures par semaine à leur emploi principal.

Une forme d'emploi précaire est le soi-disant «travail autonome». Selon le compte-rendu publié à la fin de 2003 par une équipe de travail fédérale, il y avait au Canada 821 000 «femmes entrepreneuses», soit une augmentation de 208% entre 1981 et 2001, comparativement à 38% d'augmentation pour les hommes. La croissance des «travailleurs indépendants» durant la décennie 90 était le résultat d'une augmentation du nombre de travailleurs «à leur propre compte» qui étaient des travailleurs sans statut professionnel et qui sont de l'aide embauchée sans rémunération horaire fixe. Plusieurs des femmes de cette catégorie sont vraiment des travailleuses temporaires contractuelles soit avec un employeur qui leur offre une série de contrats à court terme ou soit qu'elles mènent leurs affaires à partir de leur domicile. En 2002, 61,1% de toutes les femmes à leur propre compte se retrouvent dans cette catégorie, comparativement à seulement 44,5% des hommes à leur propre compte. En 1999, le revenu moyen des femmes qui travaillaient indépendamment «à leur propre compte» était de 13 032$ par année.

La récente période a été témoin d'une nette augmentation dans le taux d'emploi des femmes plus âgées. De 1995 à 2002, le taux d'emploi des femmes âgées de 55 à 59 ans s'est accru de 44,0% à 50,9% et celui des femmes âgées de 60 à 64 ans s'est accru de 22,0% à 28,8%. Ceci s'explique en partie par le fait que plus de femmes contemporaines âgées ont travaillé presque ou la majorité de leurs vies comparativement aux générations précédentes. Mais cela peut aussi s'expliquer par le besoin de plusieurs femmes âgées de continuer à travailler à cause d'une pension de retraite insuffisante, explicitement pour celles qui sont parmi les travailleurs à faible salaire.

En date de 2003, le pourcentage de femmes parmi la population active qui font l'objet d'une couverture par un régime de pension agréé était de 33,2%.

(Tiré du Le Marxiste-Léniniste du 18 mars 2006)
(Franc-Parler, Vol.1, No.2 - 21 mars 2006)

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