dimanche, mai 21, 2006

Adil Charkaoui tente de casser ses conditions de libération

L’audition du 7 avril pour la révision des conditions de libération d’Adil Charkaoui a donné lieu à un long témoignage de ce dernier. Il explique toutes les restrictions inhumaines qu’occasionne à lui et à sa famille le port permanent d’un bracelet de sécurité, l’accompagnement obligatoire d’un membre de sa famille lors de ses sorties et un couvre-feu entre 20h30 et 8h30.

« Est-ce que je devrais préparer mon dossier en silence? », s’interroge Adil Charkaoui, un des cinq « accusés » sous certificat de sécurité. Sur écoute en tout temps, il devient très difficile pour ce « présumé terroriste » d’organiser une défense solide contre les allégations du Service canadien de renseignements et de sécurité (SCRS). Cette organisation d’espionnage gouvernemental détient des « preuves » pour soumettre M.Charkaoui à des conditions de libérations sévères. Le problème réside dans le maintien au secret de la « preuve. »

Sous le coup d’un certificat de sécurité depuis mai 2003, il ne peut toujours pas prendre connaissance des « preuves » détenu par le ministère de la Justice. L’État canadien le considère comme un « danger à la sécurité nationale. » Les mécanismes du certificat de sécurité combiné au harcèlement du SCRS l’empêche d’exercer une défense pleine et entière. Il est d’ailleurs toujours en procès, qualifié de kafkaïen, pour juger des « allégations » pesant contre lui.

« Comment a-t-on pu me diaboliser à ce point? Je n’arrive pas à comprendre. », explique t-il. Après 11 ans au Canada et aucune tache à son dossier, cet universitaire dénonce le profilage racial dont est victime la communauté arabe au Canada.

Ses tentatives pour reprendre une vie normale après une détention de plus de deux ans s’avèrent pratiquement impossibles. Autant dans sa recherche d’emploi que dans ses études, ses déplacements limités et la défense d’utiliser internet ou un téléphone autre que celui à domicile le prive de mener à bien ses projets futurs. Ces restrictions entraînent des situations où sa sécurité ainsi que celles de ses proches peut être en danger.

La déportation dans son pays d’origine signifierait pour Adil Charkaoui la torture voire même la mort. Ainsi, ces « allégations » peuvent avoir des conséquences désastreuses. Certains rapports font états de lourdes peines d’emprisonnement ou de disparition au Maroc pour les individus déportés sous l’étiquette de terroriste. Si la Cour fédérale de justice considère qu’il existe un « doute raisonnable » de croire qu’il est une « menace à la sécurité nationale » la déportation sera sans appel.

« La liberté est brimé, j’en suis parfaitement conscient, » a expliqué le juge de la Cour fédérale, au terme du témoignage de M. Charkaoui. Il s’en remet donc à la « justice » et précise les limites de ses fonctions étant régis par le système judiciaire et les ministres signataires des certificats de sécurité même si la Cour fédérale doit en principe déterminer les conditions de libération.

Du 13 au 15 juin prochain à Ottawa, Adil Charkaoui, Mohamed Harkat et Hassan Almrei tenteront de briser le certificat de sécurité devant la Cour Suprême au nom des droits démocratiques.

(Franc-Parler, Vol.1, No.4 - 1er mai 2006)
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